Jaysael ∆ Retour au bercail

Je n'essayais pas vraiment d'interpréter son silence. Je ne voulais pas m'imaginer le pire, parce que finalement, ce pire là ne m'aiderait pas à avancer. Non je préférai le déni, sans doute pour les mêmes raisons qui m'avait poussé à oublier les liens que j'entretenais avec chacun des membres de ma famille. Peut-être que j'avais besoin de croire que tout allait bien... J'avais sans doute besoin de me raccrocher à ce mensonge.
Notre conversation dérivait sur Harvard. Je ne me remémorais pas vraiment y avoir jamais été inscrite. Même lorsqu'il m'apprit que j'étais la vice présidente d'une des très célèbre confrérie harvardienne. Je lui expliquais vite la raison de mon enthousiasme, quoique j'étais certaine de ne pas avoir à me justifier avec lui. J'avais surement besoin moi même de verbaliser les raisons de mon élan de joie subitement retrouvé. Jaysael me faisait par à son tour de ce qu'il avait vécu lui même.
Oh j'étais... Au Chili. J'avais perdu mon passeport. La paperasse dans ce genre de pays tu sais... expliquais-je brièvement omettant bien sur de préciser que j'avais surtout oublié ou je pourrais remettre la main dessus. Je l'étais moi aussi ?... demandais-je alors me permettant d'ailleurs de préciser. Près de toi quand tu en avais besoin... avais-je terminé en tournant la tête vers lui tandis qu'il se concentrait sur la route.
Ses conseils et paroles restaient bien entendu dans un coin de ma tête. Même s'il n'était qu'un espoir que tout irait mieux très bientôt, je m'y accrochais comme à une bouée. Soupirant profondément à mon tour, je chassais de ma tête les images qui s'y engouffraient. Réalisant une fois que ce fut chose faite, que j'avais mis de côté quelques uns de mes souvenirs de mes semaines passés au Chili. Essayais-je déjà de les oublier eux aussi... songeais-je en repensant aux yeux larmoyant de Lola qui me faisait promettre de revenir la voir très bientôt et sa mère qui avait eu la gentillesse de m'accepter chez elle. Je me mordais discrètement la lèvre inférieur me forçant à concentrer mon esprit avec autre chose. Sur Jaysael par exemple. Je l'observais alors sans m'en cacher, essayant de retrouver dans ma défaillante mémoire, où nous nous étions rencontrés sans avoir à lui demander. Ou encore quel genre de relation nous entretenions. Il tournait un bref instant la tête vers moi, me souriait. Je rougissais alors violemment et détournais le regard essayant de faire comme si de rien. Désolée m'excusais-je ensuite me rendant bien compte que le dévisager comme je l'avais fait pouvait être perturbant. J'essayais juste de... Je... J'ai voulu... Non rien. bégayais-je en commençant chacune de ses phrases avec une réelle intention de leur donner une suite sans savoir par quoi les finir, pour finalement abandonner. Je ne voulais pas le blesser en soulevant une fois encore le fait que je ne me souvenais pas de lui. Ca viendrait... Ou du moins j'espérais. Tu... Où est ce que tu m'emmènes alors ?... Je veux dire... Tu es sur que ça ne t'embête pas que... Je... Ou... Je peux aller à l'hôtel ? Tu sais... Tu n'es vraiment pas obligé de... Ca me gênerait que tu te sentes obligé de... soupirais-je le temps de retrouver mes mots, choisissant plutôt la facilité. Tu vois ce que je veux dire ?

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Les pneus crissaient sur le sol du parking. Nous nous engagions sur la route tandis que notre conversation allait d'un sujet à l'autre sans que je ne ressente à un seul instant la moindre gêne... En d'autre circonstance on aurait apparenté cela à ma sociabilité, pourtant je savais au fond de moi que je le connaissais et que j'avais été d'une manière ou d'une autre proche de lui. De quel façon exactement ne semblait pas être une réponse à laquelle je tenais présentement, mais une chose était certaine, si nous avions entretenus un lien plus qu'amical lui et moi, ce dernier ne semblait pas avoir porter atteinte à notre relation actuel. Pourquoi donc serais-je aller le voir à l'hôpital sinon. Mais surtout pourquoi diable m'aurait-il proposé de venir chez lui ?
Je me contentais de hocher la tête lorsqu'il fit référence à cette fameuse visite.
J'étais songeuse l'instant d'avant, il semblait autant l'être que moi. Pourquoi ? Cela me concernait-il ? Etais-je en droit de le lui demander ? Je ne préférai pas... Timide ? Manquais-je d'assurance ? Oui un peu de tout ça à la fois. Je ne m'étonnais même pas de bégayer comme une enfant face à lui. Certes, la Mickaela qu'il avait connu débordait de d'assurance, de féminité, de charme, de séduction... Le temps et les désastreuses expériences qui avaient jallonnée ma vie avait eu raison de toute cette timidité qui me caractérisait si bien aujourd'hui.
Je n'avais pas eu besoin de me ré-expliquer - à mon grand soulagement - Jaysael avait très bien compris ou je souhaitais en venir. Je rougissais de nouveau, souriant cette fois. Je secouais la tête avec un non-non avant de reprendre une fois qu'il eu fini. Je voulais juste pas t'embêter et... Tu sais quand je t'ai appelé au Chili j'étais... Tu aurais pu n'importe qui. expliquais-je alors pour légitimer ma réticence du début. Tu l'as dit toi même... Le fait de ne pas savoir à qui je peux me fier me rend vulnérable et j'étais... Méfiante je suppose. Seulement... J'ai la sensation que tu es quelqu'un en qui je peux me fier alors... terminais-je en haussant les épaules.
Nous nous approchions de Harvard. Les panneaux d'indication indiquait sa direction que nous suivions sans mal, la circulation étant fluide à cette heure de la journée. Mon regard ne quittait plus la vitre, je scrutais les building comme une enfant qui découvrait une ville pour la toute première fois. Parfois, un sourire m'échappait, ou encore je me tournais entièrement pour voir un bâtiment que j'aurais raté. Je préférais cette ville à New York finalement... *Je suis à Harvard* me répétais-je pour moi n'ayant toujours pas réaliser la chose.   Bon sang et mes cours ! m'exclamais-je m'alarmant enfin pour mon suivi scolaire.
Je m'étais bien doutée à Puerto Mont être à l'université, mais l'idée de raté quelques cours ne m'avait pas alerté le moins du monde. Mais maintenant que je savais qu'il s'agissait d'harvard ! J'étais dans tout mes état ! Les places dans cet établissement était si cher... Aurais-je le droit de m'y réinscrire après avoir déserté ?! ... Oh non comment je vais faire. me lamentais-je craignant d'avoir la même journée la joie de me savoir à harvard et la déception de l'avoir quitté.

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Que je me méfie des autres n'étaient pas vraiment étonnant, surtout lorsqu'on savait que tout était nouveau pour moi.Je pouvait être naïve, je n'en était pas moins bête pour autant. Cela dit, mon inexpérience pourrait bien vite me faire défaut si je n'étais pas attentive. J'avais donc tout intérêt de l'être . Cela dit pour se faire il me fallait cette précieuse mémoire que j'avais perdu et sans laquelle j'étais comme une enfant qui abordait un monde parfois cruel où je me devais d'évoluer quoiqu'il advienne .
Alors qu'il reprenait, je regardais dans sa direction oubliant le paysage citadin qui avait eu toute mon attention plus tôt. Un léger sourire s'affichait sur mon visage. Je ne doutais guère de sa bonne fois. Non pas parce qu'il me disait de lui faire confiance, mais parce que j'avais un bon pressentiment le concernant.
Un instant plus tard je m'alarmais pour mes cours. Et lui faisant part de mes craintes, Jaysael tentait de me rassurer, faisant référence à ce prof tuteur de la Winthrop House - à laquelle il semblait appartenir - qui pourrait probablement me venir en aide. Il va falloir que je m'occupe de ça aussi aujourd'hui. dis-je tout bas méditant intérieurement sur la question. Oui, "Aussi" parce que finalement, après avoir déposer ma valise il fallait que je ramène l'ensemble des examens et interventions qui avait été réalisé sur moi, dans le centre hospitalier de la ville pour y entrer officiellement mon dossier, puisque l'un des internes de l'hôpital de Boston, était aussi celui qui m'avait secouru dans la forêt, tout en était celui qui avait acheminé mon dossier jusqu'au USA. Et donc à présent en plus de ce passage obligé à l'hôpital, je devais aussi passer par Harvard. Ce qui bien sur n'était pas pour me déplaire étant donné que ce serait pour moi, comme une première visite. Ou du moins une seconde puisque la journée porte ouverte remontait à...
Là encore ma mémoire me faisait défaut. Je n'étais plus sûr de me souvenir quand cette journée porte ouverte avait eu lieu, tout en étant convaincu d'y être pourtant aller. ... Je vais voir ce qu'ils me diront... Je n'aimerai juste pas être interdite de redoublement si je venais à ne pas me présenter aux examens de fin d'année. relevais-je en sachant bien qu'il le savait autant que moi. Un bâillement m'échappait, je m'étais ma main devant ma bouche, plissant les yeux avant de lâcher un petit rire gênée. Désolée... m'excusais-je les yeux larmoyant, m'étirant quelque peu pour me maintenir éveillée. JE me tournais un peu plus vers lui, calant ma tête sur le dossier du siège. On a encore beaucoup de route ? demandais-je aussi impatiente qu'épuisée. A dire vrai, je n'avais pas beaucoup dormi dans l'avion... C'était à mon souvenir la seule fois que je le prenais seule, alors forcément, mon anxiété avait été plus que palpable durant tout le trajet.

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Sur le coup je m'étais demandé pourquoi il me parlait à présent de Rome. Je souriais alors franchement en reconnaissant cette expression. Les américains... songeais-je amusée. Tout ce que disait le jeune homme était vrai. Il fallait que je me donne le temps de voir venir les choses à moi, plutôt que de me jeter à pied joint dans chacun des problèmes que j'avais à résoudre en un même temps ! Je hochais les tête résolue à suivre son conseil, soudainement curieuse je répétais : Un bal ? d'abord étonnée avant de conclure seule Oh... Le bal de promo... fis-je tout bas comme déçue. C'était censé être un événement fort attendue, que j'aurais sans doute préparé avec une très grande impatience. Sauf que... Ce n'était pas tellement le cas et étant donné les circonstances qui m'en voudrait de ne pas venir ? Cela dit... La Mecky qui était partie au Chili pour le Spring Break voudrait sans doute s'y rendre elle. Sauf que elle, n'était plus moi...
Surement aussi épuisée que lui par le voyage, je m'inquiétais de nous savoir arrivé à destination. Se fut le cas quelques minutes plus tard. Toujours aussi galant, Jaysael prit ma valise et j'avança suivant les indications qu'il me donnait assez timidement malgré moi... Une fois dans l'ascenseur, un silence gêné s'installe, je détourne le regard avec un mince sourire tout en me mordillant l'intérieur de la lèvre. Merci... dis-je alors en entrant dans son appartement.
Une fois arrivée, j'étais finalement ravie d'avoir accepté, me retrouver à l'hôtel, seule, sans repère aurait affreux. Pour tout d'ailleurs... ajoutais-je presque aussitôt en me grattant nerveusement le bras.

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Je souriais à mon tour, avançant jusqu'au milieu de l'appart, observant d'un air satisfait. Même décoré par des mecs - ou du moins je supposais - je savais que je me sentirai bien ici. Non pas parce que les lieux m'étaient familier - non... - juste parce que c'était avec le jeune homme que j'étais finalement à l'aise.
Même si la situation n'était que provisoire. Bien sur, Jay n'avait rien dit sur le nombre de jours qu'il me permettrait de rester chez lui, et je savais qu'il ne me mettrait pas dehors, mais je ne pouvais décemment pas rester là éternellement ! Je hochais la tête comme pour promettre de ne plus le remercier, chose que je ne pensais pas vraiment réalisable. M'enfin... Je pourrais toujours essayer.
Sur le coup, lorsqu'il m'annonça me montrer où se trouvait sa chambre, je m'interrogea - à tord ou à raison - sur le pourquoi. Me tournant vivement vers lui, je compris ensuite qu'il me céda sa chambre pour que je puisse y dormir. Je ne vais quand même pas te faire fuir ton propre chez toi. avais-je alors sorti à la suite de sa proposition. Ca me mettrait très mal à l'aise en tout cas. affirmais-je ensuite.
Je le suivais tout de même à travers les couloirs et voyait trois autres portes. Je supposais que l'une d'elle devait être la salle de bain... Quant au autres ? Tu as des coloc ? demandais-je alors me doutant quelque peu de la réponse qu'il me donnerait.

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