we're gonna be legends ◇ Willow

« Au pire on ira s’empiffrer au mcdo si elle est pas si délicieuse que ça. » J'acquiesça, approuvant ce plan de secours. « Là au moins on sera  sûr de pas se gourer » burger frites, c'est quand même un peu la base après tout. Enfin, j'étais pas inquiet, nous allions lui faire la fête à cette pizza et sans nous faire prier. Lorsque Willow, à mon allusion à l'été à venir, me parla du fait que en ce qui la concernait le programme était pas génial, je ne pus m'empêcher de la vanner un peu. Que voulez-vous ? Elle me tendait une perche et je ne pouvais pas m'empêcher de la saisir. « Moi qui voulait te donner un voyage gratuit en Italie. Voir ta réaction, tu ne le mérites pas. » Je fis la moue. « Ca, c'est méchant, Willow » dis-je avant d'hausser les épaules, un sourire confiant aux lèvres. « Mais je sais que tu m'inviteras quand même, je te manquerais trop sinon » si, si, je vous jure. La conversation pris ensuite une tournure plus sérieuse lorsque Willow en revint à la raison de mon tourment et je décidais de larguer la bombe car c'était naturel, c'était normal. Je parlais à Willow de tout et ça me faisait toujours du bien, comme si mes soucis perdaient de leur intensité lorsque je lui en faisais part. J'essaya de mettre un peu d'humour dans ma révélation, mais je savais qu'elle ne s'y tromperait pas. Ca me tourmentait beaucoup et c'était normal, c'est davantage le contraire qui aurait été franchement inquiétant. Après que j'ai fermé la bouche, Willow me regardait avec de grands yeux, sous le choc. Comment ne pas l'être, en même temps ? « Jumeau ? Puis tu viens tout juste de l'apprendre ? Pourquoi ta mère ne t'en a pas parler.. » Ca c'était la question à dix milles dollars, la question que j'avais pas encore eut le courage de poser directement à la principale intéressée. Je secoua la tête, désorienté. « Je te jure, j'ai l'impression d'être coincé dans un de ces mauvais films qui passe le dimanche après-midi. » Ma vie était brusquement devenue une farce dépourvue de tout sens logique. « Il a débarqué dans mon cours de sport il y a quelques jours, il me cherchait. Il l'a découvert et il a voulu me rencontrer. De ce que son père, enfin le notre, lui a dit ils ont mentis pour nous protéger » j'avais du mal à cacher le cynisme dans ma voix. Nous protéger. Je la trouvais vraiment nulle leur excuse. « Je veux pas de cette excuse, moi je retiens juste le mensonge. »

« Tu le mérites amplement. » Peut-être bien, mais c'était pas une raison. De toute façon, quoi qu'elle en dise, elle pouvait pas se passer de moi durant l'été comme je me plu à le lui souligner. Et c'était réciproque. Il était pas envisageable que je passe mon été loin de Willow, ou du moins pas tout l'été, hors de question, sinon mes nerfs allaient finir par craquer et ils étaient déjà suffisamment mis à l'épreuve comme ça par le bordel qu'était devenu ma famille du jour au lendemain. J'en fis part à Willow car j'avais envie qu'elle sache et envie de lui en parler. J'aimais parler de tout avec elle et d'autant plus quand c'était à propos de quelque chose d'aussi énorme. Et puis j'avais pas envie qu'elle fasse sa fête (dans le bon sens du terme) à Eden par erreur. Les frères sont peut-être sensés tout partager, mais j'avais pas envie de partager Willow. « Je te comprend... Ça a été pareil quand j'ai su que j'étais adoptée. » J'acquiesça. « J'arrive pas à croire qu'on puisse mentir sur quelque chose d'aussi énorme. Comment on peut faire ça ? » Je pensais à ma mère, à toutes les fois où j'avais passé du temps avec mon père, celui que je croyais être mon père biologique tout en sachant que mon vrai père était quelque part en Californie avec mon frère, SON fils. Et de même pour mon vrai père. C'était vraiment ridicule. « Pour vous protéger ? Mais de quoi ?. » J'eut un rire roc. « C'est une excellente question » question à laquelle je n'avais pas de réponses autres que celle qu'Eden m'avait donné, reprenant les propos de notre père. Une excuse idiote qu'il me faudrait entendre de la bouche de ma mère également. « La première que je poserais à ma mère quand je lui téléphonerais. Je l'ai pas encore fais, j'ai peur de lui dire des trucs que je regretterais si je me calme pas un peu avant » je me connaissais, je ne prenais vraiment pas de pincettes quand j'en avais gros sur le coeur et là c'était vraiment, vraiment, le cas.

Parler de ce que j'avais découvert par la manière forte sur ma famille récememnt me faisait du bien autant que ça me peinait quelque part. Ca me faisait du bien car j'avais besoin d'en parler, j'avais besoin de sortir un peu tout ce qui était en train de s'entasser sur mon coeur depuis qu'Eden avait débarqué dans les vestiaires, faisant sa grande entrée dans ma vie. Mais ça me faisait du mal aussi, car quelque part, ça rendait tout ça encore plus réel et parfois, moi, j'avais juste envie de fantasmer un peu en m'imaginant que tout ça n'était qu'un rêve, que mon père était toujours mon père et que ma mère n'était pas une menteuse. Ce n'était pas une chose à faire et je savais que je devais affronter la réalité, mais ce n'était pas simple du tout. « Tu sais, je me pose déjà la même question que toi sur ce sujet. » J'acquiesça. Peut-être que ça faisait parti de ces trucs qu'on n'a pas les outils pour comprendre avant de devenir parents nous-même. Quoique non. Un si gros mensonge avec tant de répercussions, ça ne s'expliquait tout bonnement pas pour moi. « C'est quoi ? Ton père est un agent de la CIA et qu'il peut pas vous en parler parce qu'il veux pas que des méchants vous assassine ? » Je ris, un peu jaune mais je riais quand même. « Peut-être bien. Ou alors c'est juste un gentil type que ma mère préférait hors de sa vie, par soucis de commodité » dis-je. Je n'avais pas encore eut l'explication de cette dernière, mais je ne pensais pas être loin de la vérité. Elle avait eut des jumeaux avec une autre personne que son époux, c'était le genre de fait bien humiliant avec laquelle ma mère ne saurait vivre. Au final, on en revenait toujours aux apparences. Elle s'était protégé elle, voilà ce que je pensais et j'en avais mal au coeur de l'imaginer si affreusement égoïste. « J'ai revue Cooper en Italie. » J'haussa les sourcils, pas mécontents de laisser un peu derrière moi mes soucis de famille pour penser à autre chose et en l'occurrence la relation compliquée de Willow et Cooper, un mec très sympas avec qui j'étais devenu ami de mon côté. « Ah oui ? Ca c'est passé comment ? » J'étais curieux, il faut dire que dans cette histoire, j'avais le droit aux deux sons de cloches, étant resté très complice avec Cooper et sachant ce qui l'avait poussé à la base à couper les ponts avec ma meilleure amie.

J'avais conscience que la seule façon d'obtenir des explications à même de me toucher, de faire sens pour moi, était d'en exiger de la part de ma mère. Il allait falloir que je l'appelle, que je prenne sur moi et que je lui demande de but en blanc de m'expliquer ce qui avait bien lui passer par la tête pour qu'elle accepte de rayer de ma vie mon père biologique et mon frère jumeau. Qu'elle m'explique comment elle avait put abandonner un fils, un bébé et comment elle avait pu mentir à l'autre durant tout ce temps. Et j'avais besoin d'une meilleure excuse que c'était pour te protéger, car là, je ne me sentais pas le moins du monde protégé. A l'inverse, je ne me souvenais pas de m'être déjà senti aussi vulnérable, aussi mis à nu. « Ouais sans doute, il est sûr que tu vas devoir lui en parler afin d'avoir des réponses. » J'acquiesça. J'en avais besoin, mais pour l'heure, je me sentais trop touché encore. Je doutais que le temps aide en quoi que ce soit à ce niveau, mais j'avais peur de m'emporter au téléphone, ce qui allait sans doute se passer. Je pouvais aussi rentrer à New York ou la faire venir à Cambridge pour avoir cette discussion de vive voix, mais je trouvais particulièrement séduisant l'idée de pouvoir juste raccrocher si ça devenait trop dur. Je n'avais tout simplement pas envie d'être confronté à elle en ce moment même si, de nous deux, c'était elle qui devrait craindre cette conversation. Saisissant mon malaise, Willow changea ensuite de sujet, pour mon plus grand plaisir. J'étais vraiment pas mécontent de laisser de côté mon drame perso pour parler de sa vie à elle. « Hm, ça s'est quand même bien passé. On est pas redevenus les meilleurs amis du monde, mais au moins on a eut droit à une explication. » J'allais dire que c'était une bonne chose, mais je fus coupé par l'arrivée de la pizza et du vin. Une fois le vin versé, je remercia poliment le serveur. Ce dernier à peine éloigné, Willow brandit son verre dans ma direction pour m'inviter à trinquer.  « À Gideon qui ne peut pas se passer de Willow. » Je tira légèrement la langue, en laissant juste un petit bout apparaître entre mes lèvres avant de lever mon verre à mon tour. « Et à Willow qui serait perdu sans son Gideon » nos verres s'entrechoquèrent et je but une gorgée de vin. Je reposa ensuite mon verre pour observer la pizza. « Bon, on se lance ? » Dis-je en arquant un sourcil. Allions-nous finir au Mcdo ? Là était la grande question.

J'éprouva un soulagement certain quand Willow, répondant au cri de détresse que je n'avais pas poussé ou du moins que je n'avais pas besoin de pousser, pas avec elle, décida de changer de sujet. Qu'on s'entende là-dessus : j'étais heureux de lui en avoir parlé car c'était énormé, ça remettait toute ma vie en question et je pouvais pas lui cacher un truc pareil, j'avasi besoin qu'elle sache de sorte à pouvoir lui en parler et ça n'avait rien de personnel. Au contraire, elle était dans le top des personnes avec qui je pouvais parler de tout et ce sans me forcer. C'était juste qu'en parler, ça rendait tout ça vachement réel et ça me semblait encore un peu irréel tout ça. C'était tellement absurde tout ça, tellement dépourvu de sens et sans doute que j'étais encore légèrement dans une phase de déni. Oui, j'avais envie de remonter de temps à l'époque où Eden n'était pas entré dans ma vie car ça rendait tout vachement compliqué, mais c'était comme ça. Enfin, je préférais parler de Cooper, même si c'était pas le sujet le plus heureux du monde en ce qui concernait Willow. Au final, la pizza arriva et la conversation prit une tournure nettement plus festive. Je trinqua avec mon amie, reconnaissant envers elle d'avoir été à l'initiative de cette petite soirée au resto. « T'as bien raison là-dessus. » Je lui adressa un petit clin d'oeil en réponse à son sourire avant de boire une gorgée de vin. Arriva ensuite le moment d'attaquer la pizza, la fameuse pizza de l'aventure. Je me découpa une part en deux-deux, la fit glisser sur son assiette et la commença, en prenant une bonne bouchée. « Elle est délicieuse. Le mcdo devra attendre je crois. » Je confirma de la tête, savourant encore le morceau que j'avais en bouche. Une fois avalé, je repris la parole après avoir essuyé un peu de sauce autour de ma bouche. « Je confirme, elle est super bonne, on a eut de la chance » dis-je. « Enfin, si on peut parler de chance. Une pizza reste une pizza et je crois que je suis programmé pour adorer la pizza sous toutes ses formes et toutes ses déclinaisons » j'en étais sûr en fait.