C’est une bonne chose d’avoir peur, ça prouve au moins qu’on a encore quelque chose à perdre. (FELIN)

J’avais cette sensation que quand je faisais un pas vers l’avant, quelque chose me forçait à faire demi-tour et de reculer de plusieurs pas. Je n’ai jamais eu une belle vie. Je me suis battue longuement pour en arriver où je suis aujourd’hui, et je suis fière de mon parcours. Malgré les obstacles, je m’étais toujours relevée, ne laissant rien m’arrêter dans ma quête. Et pourtant, ce petit message, cette petite nouvelle me bousculait totalement. Ma dernière année n’avait pas été facile. Il y avait des jours où j’aurais aimé arrêter, abandonner. Ma flamme s’était en quelque sorte éteinte. Hardin était un peu comme l’huile qui rallumait le feu. J’étais heureuse, épanouie, sereine avec lui. Il n’y avait pas ce manque de confiance, cette barrière que je mettais à tout le monde, et ceux bien que je ne savais pas tout de lui. Etait-ce le fait qu’on connaissait des choses sur l’autre que l’on ne dirait jamais à quelqu’un d’autre? Puis assumer qu’il me fait sentir quelque chose, c’était plus qu’un défi pour moi. Passer une belle soirée, c’était possible? Peut-être que j’avais simplement trop espéré. Mon regard droit sur lui, j’essayais de comprendre pourquoi quelqu’un ferait ça? Que c’était-il passé entre lui et ma soeur? Je commençais à comprendre un peu plus ses réactions, ses messages alors que je lui parlais de Hardin. Secouant la tête négativement pour lui répondre, je lui tendis mon téléphone pour lui montrer la question qu’il avait reçu sur forms. « Je veux pas être un jeu avec lequel tu peux blesser Alaska… » Parce que pour le coup, il y avait un tas de questions qui se bousculaient dans ma tête. Et si c’était juste un jeu pour lui, se rapprocher de moi car il y avait encore de l’eau dans le gaz entre les deux. Tout me retombait dessus. Quand je trouvais enfin quelqu’un avec qui je me sentais bien, en qui j’avais confiance, il avait besoin d’être l’ex de ma soeur. Je pouvais pas lui faire ça quoi. Quelle soeur va coucher avec l’ex de sa soeur?

Jusque là, je n'y avais pas réfléchi. Mais en même temps, je m'en foutais totalement. Que Feldt soit la soeur de Alaska ou non, ça ne changeait rien pour moi. Elle et moi c'était de l'histoire ancienne, et ça depuis longtemps. Je comprends même pas pourquoi cette histoire revenait sur le devant de la scène. C'était idiot, inutile et juste ici pour foutre la merde. Alors oui peut être que cela pouvait paraître malsain vu de l'extérieur.. mais non en fait. Pour moi ça ne l'était pas, ce n'était pas comme si je cherchais à faire du mal à Feldt pour atteindre sa soeur, ou comme si il se passait encore un truc entre nous. Rien de tout ça, donc je ne voyais pas le problème. Là, elle me tendait son téléphone. Je regardais et je voyais la question forms. Les gens n'ont pas de vie, c'est fou. J'en avais marre de toutes ces gamineries, vivement la fin de l'année. C'est pas pour moi ça, les gens qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas et qui s'ennuie de leur propre vie. Mais ce qui m'énerve par dessus tout, c'est ce qu'elle me sort. Un jeu? Je pense plus avoir 18 ans, à faire ce genre de choses minables. Et la vérité, ça me vexe un peu. T'es sérieuse Feldt ? J'étais choqué quand même, qu'elle puisse penser ça. Je m'en fou d'Alaska ! dis-je simplement. Le pire, c'est que j'aimais pas avoir à me justifier.

Je me faisais un tas de film pour le coup. Je ne savais plus quoi penser de la situation. Je voulais faire confiance à Hardin. Il n’allait pas me faire du mal. Il y avait cependant une partie de moi qui continuait de penser aux pires des choses. J’avais pas assez confiance en moi pour qu’on puisse m’aimer. Des relations décevantes à répétitions m’avaient cassés au fil du temps. Aujourd’hui, je n’arrivais simplement plus à me laisser aller sans penser à toutes les situations possibles. Je rangeais mon téléphone alors qu’il avait fini de lire la question, peut-être que j’aurai pas dû y penser, ni lui en parler. Ça aurait évité que l’on se prenne la tête maintenant. Et pourtant, ma conscience m’avait fait ouvrir ma bouche pour en savoir plus. Je le regardais anxieuse. « Je sais pas. Tu me parles pas ! Je sais rien de toi, alors je sais pas quoi penser quand je lis ça. » Je soupire. Je me sentais conne d’avoir réagi comme cela. « J’ai peur de ce qu’il va en advenir, de nous, de ça, de cette situation. Et peut-être, j’ai peur de te souffrir à nouveau. » Finis-je par avouer.

Depuis qu'elle avait mit un pieds dans mon appartement, c'était les montagnes russes. On s'engueulait, mais on se réconciliait sur le porche. Et là, ça partait en vrille à nouveau. On peut pas retourner sur le porche ? Ça a l'air de se passer mieux là bas. Là, je n'aimais pas la tournure de la discussion. C'est usant quand même, de pas pouvoir passer plus de dix minutes sans embrouilles. Et pourtant, celle ci venait de nulle part. Franchement ? Combien de chances il y avait pour que quelqu'un dise un truc comme ça ? C'était pour ma poire, évidemment. Mais je n'avais rien à me reprocher, alors j'en ai rien à faire de cette histoire. Tu sais rien de moi ? T'es une des personnes qui sait le plus de choses à propos de moi ! J'étais sur le cul. J'suis quelqu'un qui se livre pas, qui parle pas et pourtant je pensais l'avoir fait avec elle. Surtout à l'époque où je ne savais que c'était elle, derrière un numéro de téléphone. Je me levais finalement, me rapprochant de Feldt. J'ai pas envie de me prendre la tête, Feldt. Je sais pas comment ça va se passer, mais j'ai pas envie de me prendre la tête avec toi pour des conneries. Je soupirais. Essaye d'avoir confiance en moi, ce serait un bon début dis-je simplement. J'avais envie que ce quelque chose marche, étonnement.

Je ne sais pas ce qu’il allait advenir de cette soirée. A un moment, on s’en gueulait, après on se réconciliait pour finalement s’en gueuler à nouveau. Peut-être qu’au final cela ne servait à rien, que c’était perdu d’avance. Je ne voulais pas y croire. Je me comportais comme un enfant qui ne savait pas ce qu’elle voulait. Je m’énervais envers Hardin alors que depuis le début il essayait de montrer qu’il tenait à moi. Pour une petite question stupide posée sur formspring, je m’emportais ruinant ainsi mes chances avec lui. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser au pire, d’une nouvelle fois souffrir car j’avais laissé un homme entré dans ma vie. « Je sais rien sur ta vie amoureuse ou tes relations passées. » Ou comment s’enfoncer encore plus. Il fallait que j’arrête de parler je crois. Mes yeux se posèrent sur Hardin. Peut-être que c’était juste une erreur. Je finis par hocher la tête. Lui faire confiance. Je pouvais faire ça. Je lui avais déjà assez fait confiance pour avoir passer le cap de coucher avec lui, alors malgré mon amnésie, je pourrais faire ça. « D’accord. Je vais essayer. » Dis-je d’une petite voix. J’avais pas envie qu’on continue à se prendre la tête ce soir, et si nous pouvions passer le reste de la soirée tranquillement chez lui ça serait bien aussi. « Je suis désolée de m’être emportée. » Avouais-je, quelque peu gênée.

C'est étrange car même quand je pense en faire assez, ce n'est visiblement pas le cas. Peut être qu'au fond je n'ai aucune notion des choses, que je ne sais pas quand je fais un truc bien ou un truc mal. Sauf que la, je n'avais strictement rien fait. Donc oui, j'étais un peu frustré de me prendre la tête avec feldt pour des conneries. C'est vrai qu'elle savait beaucoup de choses, mais pas sur ce sujet. En même temps, j'avais pas eu de filles importantes dans ma vie. Je n'ai jamais eu de copine officielle car j'en voulais pas. J'ai toujours été très bien dans mon célibat, aller par ci par là sans avoir aucune obligation, ou sans devoir quoi que ce soit à une fille.  Y a rien à savoir sur ca ! C'était ridicule comme discussion. Personnellement je m'en foutais, le passé c'est le passé. Enfin bon, maintenant je voulais simplement qu'on laisse ca de côté, qu'elle me fasse confiance, et c'est tout. On pouvait faire ca, non?  Elle s'excusait finalement de s'être emporté et moi je ne suis pas du genre à vouloir faire durer ca même si j'ai tendance à être rancunier, je le suis pas pour si peu.  C'est pas grave... Je doute pas du fait que tu vas trouver de quoi te faire pardonner ! Bah oui, pourquoi pas ? Ca n'a jamais fait de mal d'avoir une femme aux petits soins pour soi. Enfin bon, je me faisais pas trop d'illusions, avec un caractère comme ça, ça ne va pas être facile tous les jours.

Essayer de trouver le juste milieu dans cette situation était assez difficile. Je fonctionnais comme du noir et blanc. Il n’y avait jamais ou rarement un entre deux. Soit cela marchait, soit cela ne marchait pas. Je ne cherchais plus vraiment à trouver un compris, bien trop déçue par mes relations du passés. Je savais que ce qu’il y avait dans le passé faisait parti du passé. Ce que j’avais enduré avec Elios et Wyatt, ce n’était pas ce que Hardin me ferait. Une partie de moi lui faisait confiance, et une partie de moi me disait tout de même de faire attention. Cette peur constante en moi me contrôlait, me freinait peut-être même dans mon bonheur. Je pouvais faire confiance à Hardin, et la pensée de commencer quelque chose avec lui me faisait sourire. Laisser le mauvais pour ne retenir que le bon. J’en apprendrai peut-être plus sur lui au fil du temps. Hardin n’avait jamais été du genre à parler de lui, et tout ce que je savais c’était car il m’en avait parlé via un numéro de téléphone sans savoir que c’était moi. Je laissais tomber pour ce soir. Cela ne servait à rien d’essayer de trouver une fin à cette discussion. Je souris alors qu’il m’avouait que je trouverai de quoi me faire pardonner. Il était donc comme ça. Je me rapprochais de lui, faisant passer mes bras dans son cou. « Ça dépend, si j’ai le droit de rester pour la nuit, et que tu me prêtes encore une fois un de tes t-shirts ! » Je me souvenais pas de tout, mais de cela je m’en souvenais un peu. Au cours de la soirée, il y avait doucement des bouts de souvenirs qui revenaient. Peut-être que me faire forcer les souvenirs m’avaient au final aidé à les faire revenir. Tout était encore un peu flou. Nous avions passé la journée ensemble, puis nous étions allés à la chambre d’Hardin, nous avions mangé et après tout devenait confus car mes propres émotions de cette soirée étaient confus.

Je n'ai aucune idée de ce que cela va donner. Si on va continuer à se prendre la tête pour tout et rien, si au contraire tout va bien se passer. Je n'en ai aucune idée et au fond c'est peut être mieux. Ouais, c'est un peu flippant d'aller vers le flou, vers quelque chose que je connais pas, mais je pense que si j'étais prêt à laisser une chance à Feldt, alors c'est que j'étais prêt pour ça. J'avais toujours dit que je me prenais pas la tête, mais là c'était différent. Je voulais pas me prendre la tête mais en même temps être avec elle. Bon en fait, j'ai aucune idée de ce que l'on est. Mais moi ça me va. C'est déjà un bon début. Et visiblement, comme la situation semblait s'apaiser, j'étais content de voir qu'elle se détendait aussi. Car la tête qu'elle faisait en arrivant ici, ce n'était plus la même que maintenant. Heureusement, d'ailleurs. Je souriais quand elle se rapprochait de moi, enroulant ses bras autour de mon cou. J'étais d'abord surpris, quand elle abordait le sujet du t-shirt. C'était un détail dont elle se souvenait maintenant ? Je préférais pas relever la chose, c'était tant mieux si elle commençait à retrouver la mémoire. Et en plus t'as des exigences ! Vraiment, il va falloir faire fort là ! dis-je en rigolant.  Je peux te donner un t-shirt badigeonner de parfum comme ça, quand tu seras seule dans ton lit le soir tu le sentiras, et tu penseras à moi, dis-je d'un ton mielleux, à la limite d'exploser de rire. Mon dieeeu, que ça me dégoûtait ahah. Hardin le faux romantique, le come back. Ça faisait longtemps tiens.  Mais t'en auras pas besoin ce soir car tu m'auras carrément moi, plutôt sympa non ? dis-je avec un petit sourire en coin. Voilà, j'étais de bonne humeur maintenant.

M'avancer la tête première dans une situation, ce n'était tellement pas mon genre. Au cours de ma vie, je suivais toujours un plan élaboré avec précision. Quand j'avais appris pour ma grossesse, je m'étais assurée que j'avais ce qu'il me fallait pour pouvoir assurer la meilleure vie qu'il soit pour les jumeaux, que ma relation' avec leur père ne serait las tumultueuse, et que mes émotions ne prendraient jamais le dessus. Au final, je m'étais pris un poteau dans la figure. Le plan que je m'étais fait n'avait pas fonctionné, et en résultait une relation tumultueuse et difficile avec Elios. Je ne lui avais las parle en fait depuis avant le Spring Break. Est-ce qu'il savait? J'en avais quelque peu rien à faire. Si il pouvait disparaître de ma vie, cela m'arrangerait bien. Laisser le passé derrière pour une meilleure vie dans le future. M'aventurer vers l'inconnu avec Hardin sans que je ne sois constamment chassée par les erreurs du passé. Je ne m'étais pas sentie si bien depuis un moment. Le jeune anglais me complétait sans que je ne sache vraiment l'expliquer. Mes bras autour de son cou, je profitais de cet instant. Même si cela serait difficile, que nous aurions surement des moments de prises de têtes, je savais aussi que si après ce soir, nous étions capable de mettre notre ego de côté. Par contre, je crois qu'au niveau du romantisme, Hardin avait beaucoup à apprendre. Je me retenais de ne pas rigoler, une tache difficile. Je gardais une expression sérieuse. Moi je voulais son t-shirt, avec moi dedans. Enfin le portant. Cela ferait un peu trop psychopathe si il me donnait un t-shirt à lui imbibé de son parfum avec lequel je pourrais dormir quand il me manquait. Je m'attachais facilement, mais tout de même pas a ce point. "Et je vais dormir avec quoi moi, du coup?" Lui demandais-je de la manière la plus sérieuse qu'il soit. Aucune idée de quel était ses plans a lui, mais moi, je voulais simplement passer la nuit avec lui, m'endormir dans ses bras, rien de plus. Certains avaient du travail à faire demain.

J'essayais de le prendre à la rigolade, car tout ça, c'était trop sérieux pour moi. Je ne sais pas ce que nous sommes, ni ce que l'on va devenir. Mais je me surprenais moi même d'accepter la situation. D'accepter en quelque sorte d'essayer quelque chose avec quelqu'un. Je n'ai jamais voulu de ça, d'une fille au dessus des autres. Et pourtant, c'est comme si je commençais un peu à me faire à cette idée. Je n'avais en quelque sorte pas le droit à l'erreur. Je ne voulais pas blesser Feldt, ce n'était pas mon intention. Peu importe ce que nous étions, ce qu'on pouvait penser de l'autre, je n'étais pas aussi bête au point de ne pas comprendre que si je faisais une connerie, je lui ferais du mal. Alors au fond.. si maintenant je restais comme ça avec elle, je m'engageais en quelque sorte. Vu comme ça, c'était vraiment, vraiment pas ce à quoi je m'étais attendu au départ. Mais je me retrouvais dedans tout de même, et je devais m'y faire. Je souriais quand elle me demandait avec quoi elle allait dormir, du coup. Moi ? dis-je avec un sourire en coin. Comme si j'allais la laisser dormir sur le canapé. Va pour un t-shirt, déclarai-je en approchant mon visage du sien pour l'embrasser doucement.