❝ I don't any desire to be elsewhere than here with you - Shut up. ❞
Je retrouve mon souffle petit à petit alors que je me trouve dans ses bras. Nous restions un moment ainsi, collés l'un à l'autre comme deux naufragés qui ne peuvent survivre s'ils sont séparés. À l'entendre me confirmer qu'il n'a jamais eu ce genre de moment avec quiconque, je ne pusse m'empêcher de sourire, heureuse et fière de moi pour le coup. Je lui donnais ce qu'aucune femme ou homme n'avait su lui donner pour l'instant et pour ce que ce que ça valait, je pourrais le refaire autant de fois qu'il voudra. Néanmoins, lorsque mon regard croisait le sien, je pouvais sentir une pointe de doute peser l'air. Il se montre tendre à me caresser le visage de son pouce et la minute qui suit, me repousse sans crier gare. Il m'avoue sincèrement que ce à quoi je pouvais penser, n'arrivera jamais. Mais, suis-je vraiment en train de le penser ?. Je veux dire, c'était un petit moment d'égarement, de faiblesse et je n'avais pas vraiment pesé mes mots. De plus, dans un moment comme nous venions de passer, nous pouvons absolument dire tout ce qui nous passe par la tête sans vraiment faire attention. Je ne voulais pas qu'il fasse une fixation sur ces mots, car après tout, il avait aligné deux phrases en même temps, "ce que je voulais et ce que j'aimais", je n'ai pas vraiment cherché à répondre à chacune d'elles, j'ai juste répondu honnêtement, parce que celui que je voulais, c'était lui et je croyais que ça sautait aux yeux. Qu'ont se voulaient mutuellement, c'est bien pour cela que nous tentions une aventure ensemble non ?. Lorsqu'il s'assoit sur la nappe, je le regarde faire, savourant la vue qu'il m'offrait. Son dos musclé, ses tatouages et cicatrices que je frôle avec mes doigts fins. Je souris, fascinée par sa beauté, sa virilité, son être entier. La peur au ventre que tout cela prenne fin beaucoup trop rapidement. J'osais espérer qu'il finira par se plaire avec moi, mais bon, on ne pouvait pas toujours avoir ce qu'on voulait n'est-ce pas ? Et le mieux que je pouvais faire ou que je devais faire pour mon bien, c'était de ne pas trop espérer ou attendre quoi que ce soit. Juste vivre ces moments à ses côtés sans trop me poser de questions. C'était la base même de notre compromis non ?. Angoissée, stressée, je perds ma respiration et cherche mon air, inspirant profondément pour tenter de me calmer. Calme-toi Sharon ! Il ne va pas tout arrêter à cause de ses maudits mots interdits oh !. Me redressant assise à mon tour, j'ouvre les yeux et croise les siens. Dans son regard, je trouve la force de me calmer et de sourire à nouveau. Une tendre caresse vient s'échouer sur sa nuque alors que de mon pouce, je parcours la longueur de son cou. « J'sais... Oublie simplement ce que j'ai pu dire et mets ça sur le compte de l'excitation. » Murmurais-je d'une voix douce pour le réconforter. « J'sais que tu as peur de goûter au bonheur, peur de t'attacher, peur que l'on s’intéresse à toi... » C'est l'image qu'il donnait, cette façon de repousser les gens lorsque les choses devenaient de plus en plus sérieuses. Au fond, je le comprenais. Moi aussi j'avais peur. « Tu vaux la peine que l'on s’intéresse à toi Sachka et je pourrais te le prouver avec le temps. » S'il m'en laisse évidemment. Il n'y a pas qu'au lit qu'il est doué, pas que pour son corps ou ses exploits sexuels qu'on pourrait l'apprécier. Pour moi, il dégageait bien plus qu'il ne voulait laisser croire. « Mais je ne veux en aucun cas que tu te sentes pris au piège, je ne te demande absolument rien en retour si ce n'est la chance de pouvoir encore faire un bout de chemin en ta compagnie. C'est tout. » Je ne voulais rien lui imposer, pas même ces mots interdits, car je n'attendais strictement rien en ayant lâché cette bêtise. Puis merde quoi, je n'étais même pas lucide alors comment voulez-vous que je prenne moi-même cet aveu au sérieux ?. « On va faire un marché, tu oublies ce que tu as pu entendre ce soir de fâcheux et je ferais tout ce que tu voudras dans les 24h qui suit !. » Certes il fuyait, il repoussait encore ses sentiments, puis moi qui l'encourageais à le faire, mais c'était pour le garder près de moi. Je n'avais pas très envie que nos chemins se séparent aussi vite, pas envie de le voir retourner à son quotidien monotone remplis de baises sans importances, pas envie de le voir aux bras d'une autre et je pouvais concevoir qu'il partageait mon point de vue étant donné l'ampleur de sa jalousie. Notre jalousie respective. « Ceci dit, je me donne le droit de refuser si ça relève de l'impossible ! Car vous les hommes, vous êtes bien rusés. » Terminais-je par dire en lui tirant la langue et en déposant mes lèvres sur les siennes pour un chaste baiser.
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Elle a compris. Au moment où j’avais retiré mes doigts caressant sa joue devenue tiède, Sharon avait compris. Mon regard aussi avait dû jouer. Plus malicieux, ni passionné, mais dur, méfiant, presque craintif. Sa main passant dans mon dos pour remonter jusqu’à ma nuque me procure un bien qui pourtant m’est désagréable. J’ai l’impression d’avoir affaire à une épouse plutôt qu’à une amante. Quelle ironie alors que nous étions effectivement mari et femme. Le problème, c’est qu’en général, je fuyais le lit une fois ma partenaire satisfaite, ça se déroulait toujours comme ça par le passé, pour éviter justement d’avoir affaire à la moindre démonstration d’affection. Sharon était en train de braver tous les interdits. Et allez savoir pourquoi, j’étais encore là, assis auprès d’elle, mais incapable ceci dit de la regarder en face. « J’ai couché avec pas mal de filles, t’es la première à me dire ça ‘sous le coup de l’excitation’. » répondis-je calmement malgré ma colère intérieure. Ses caresses, censées m’apaiser, avaient soudainement l’effet inverse. J’avais l’impression, entre ses bras, d’être redevenu un enfant, et cette sensation me donnait la nausée. « La ferme. » marmonnai-je entre mes dents, les traits de mon visage de plus en plus durs.
« Tais-toi Sharon, s’il te plait. » Me rendant compte quelques secondes plus tard que mon ton, grave et hostile, risquait de la choquer alors qu’elle ne pouvait comprendre le pourquoi du comment, je pris sur moi de me détendre, même si l’effort était conséquent. Je n’avais pas envie de l’entendre me dire ce que je savais déjà, je préférais rester dans mon déni. Je l’avais toujours fait jusqu’à présent. Et le fait de savoir qu’en plus, j’avais affaire à une ancienne maîtresse devenue ma femme et que mes sentiments pour elle étaient plus complexes que je ne voulais l’admettre n’arrangeait pas la situation et me rendait plus imprévisible et farouche encore. Les oreilles dressées, je l’entends sans l’écouter vraiment, songeant à mes cours de psycho, à ce que j’avais appris, à faire le lien avec ce qu’elle m’avait hurlé alors que nous faisions l’amour. « Ca t’arrive souvent ? » Voyant qu’elle ne répondait pas et qu’elle n’avait sans doute pas compris ce à quoi je faisais allusion, je reprends. « …de dire aux mecs qui te baisent que tu les aimes ? » J’étais grossier. Menaçant même, dans ma façon de m’exprimer. Mais ce n’était qu’une façon pour moi de vérifier qu’elle disait vrai, qu’elle ne m’avait pas menti, et paradoxalement, de savoir si la maîtresse avait repris la place de l’épouse à mes côtés. « Ok, première chose que je veux qu’tu fasses pour moi alors : promets que plus jamais tu m’diras ça. Plus jamais ou c’est même pas la peine de continuer. » grondai-je en lui lançant un regard sérieux et froid tout à la fois. Son humour et sa douceur ne parvenaient hélas pas à me faire changer d’avis, ni à me faire oublier ce qui s’était passé. Malgré son dernier baiser, si elle refusait le marché, c’était fini entre nous, avant même d’avoir commencé : je la quitterais.
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Honnêtement ? J'espérais sincèrement que Sachka pourrait encore vivre des choses avec moi, qu'il se laisser aller plutôt qu'être toujours sur la défensive. Je ne peux pas jurer à l'instant que nous allons passer toute une vie ensemble, je ne pouvais pas prédire l'avenir et puis aussi, hors de ces moments intenses que nous passions, il semblait avoir trop de colère et de haine envers lui-même et le monde extérieur. Je le comprenais plus qu'il ne pouvait le penser, c'est pourquoi, j'essayais. Mais si cela impliquait de le mettre en colère et risquer de le voir tout fiche en l'air, valait mieux que je me taise non ?. C'était le cas à présent, le russe entrait dans une colère d'incompréhension total suite à mes paroles. J'allais commencer à croire que mes mots avaient un effet poison sur sa personne et que finalement, je n'étais réduit qu'à ça. Être son poison, son mal-être plutôt que son bien-être. Ça me rendait malade. Mes mains quittaient son corps pour entourer mes genoux que je venais de plaquer contre ma poitrine. D'une oreille attentive, je l'écoute sans vraiment broncher un mot, juste le regard un peu perdu sur l'une de ses phrases que je n'avais pas bien saisie. Mais je laissais couler, continuant de l'écouter jusqu'à ce que finalement, je décide de prendre part à cette conversation que si nous ne stoppons pas, nous risquons de partir à en vrille et ce n'était pas bon après tout ce que nous venions de faire. « Ça ne m'arrive déjà jamais de parler pendant que je baise... Disons que ce n'est pas une baise comme une autre que je viens de vivre alors ouai c'était intense et c'est sortit tout seul. » Je me voulais sincère et je ne fuyais pas contrairement à lui, tout simplement parce que je n'avais ni l'envie, ni le besoin. A présent, j'avais mis Sachka dans une colère qui me choquait un peu, je ne l'avais jamais vu dans cet état pour quelques mots sortis sans arrière pensés. Ou est-ce parce que ces mots avaient eu un impact important à son coeur ?. Peut-être que monsieur le pensait vraiment au fond, peut-être qu'il commençait à prendre finalement goût et tout ce qu'il avait trouvé à faire pour ne pas le montrer, c'était de se laisser guider par une colère dissimulée de son plein gré. Il voulait que je lui promette une chose que je n'étais pas certaine de tenir à l'avenir, sait-on jamais ce qui pouvait arriver non ?. Le futur ne se concevait que par les instants présents. « Tu sais très bien qu'on ne peut pas dire "jamais". » Murmurais-je dans un long soupire tout en me laissant tomber sur la nappe et en attrapant une fraise pour la manger. « Mais je te le promets... Peut-être que ces mots irons pour un autre qui sait... » Est-ce que je tentais de le provoquer et le mettre plus en colère qu'il ne l'est déjà ? Ouai peut-être bien. Il n'avait pas le droit de m'imposer un truc, moi je ne lui imposais rien après tout. Là, il se protégeait du mieux qu'il pouvait, mais jusqu'à quand pensait-il le faire ?. Jusqu'à ce qu'un homme veuille bien cette place et décide de lui retirer la sienne coûte que coûte ?. Enfin peut-être qu'à ce moment-là, il sera débarrassé d'un poids lourd qu'aurait été ma présence et qu'il sera de nouveau heureux d'aller combler des demoiselles en détresses. Grrrr, vaut mieux pas y penser Sha, n'y pense pas. « C'est qu'il commence à faire un peu frisquet par ici... » En même temps, j'étais encore nue comme un ver, du coup, j'attrape ma robe et commence à l'enfiler. « Détends-toi Sachka, ce n'est pas la fin du monde. » Vraiment pas, il n'avait pas à se mettre toute cette pression pour si peu. Je ne lui dirais plus jamais ces foutus mots, même si un jour, il voudra par miracle, les attendre. Je venais de lui en faire la promesse.
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Ce n’était pas aussi simple, malheureusement. Au fond, je désirais aussi vivre pleinement ma relation avec Sharon, sauf que mon passé venait toujours me rappeler à l’ordre. Méfie-toi, …tu ne sais rien d’elle, …elle est certainement comme toutes les autres, … ce n’est que pour du sexe, …elle t’abandonnera forcément un jour, tellement de noires pensées qui me taraudaient l’esprit à longueur de journée, ressassant une vie d’expériences éphémères. Je l’avais dit à Sharon, je n’avais jamais éprouvé de sentiments pour personne, et je n’avais jamais été le petit copain de qui que ce soit. Alors, pour moi, c’était compliqué toute cette question d’engagement, même sur du court terme. C’était compliqué, parce que je ne savais pas vraiment ce que ça représentait. Ca semblait si facile, comme une relation passagère en fait, alors pourquoi c’était si dérangeant désormais si nous faisons exactement les mêmes choses qu’avant ? Et si nous faisions les mêmes choses qu’avant, en quoi le fait de coucher avec un/une autre mettrait en péril notre propre relation ? Même si Sharon me suffisait, ce n’était pas le problème, je voulais comprendre. Savoir ce que je devais faire maintenant. Après le sexe, qu’est-ce qui se passe ? Je dois l’emmener au restaurant ? Nan, ça c’est ce que font les couples normalement, non ?! En attendant, j’avais touché droit au cœur, puisqu’elle s’était brusquement écartée. Mon regard resta perdu dans le vide, encore quelques minutes, avant que je ne me tourne vers la jeune femme pour l’observer en silence, ses jambes repliées en une position défensive. Les mots qu’elle venait de prononcer confirmait mes craintes, et en même temps, j’étais soulagé de savoir qu’il n’y avait qu’avec moi qu’elle avait vécu ça. Pourquoi ? Par jalousie, encore ? Non, ça semblait plus profond que ça. Le fait qu’ensuite je l’entende parler d’un autre comme de celui pour lequel elle pouvait ressentir des sentiments et prononcer des mots que je lui avais moi-même interdit d’exprimer à mon vis-à-vis me gênait terriblement. D’un seul coup, ma colère avait redoublé. Jaloux, furieux, possessif, incrédule était des sentiments qui m’animaient alors que je songeais à cet autre dont je ne voulais pas. Qu’importe, le débat est déjà clos. Et pendant qu’elle enfile sa robe, je me couvre moi aussi, en commençant par mon pantalon, finissant par ma chemise dont deux boutons avaient sauté, sans doute dans la précipitation. Je n’avais en outre pas encore répondu, ni prononcé le moindre mot d’ailleurs. Pensif, je me demandais toujours ce qui venait ensuite. Je n’aime pas les imprévus ni les surprises. Jamais. « Moi non plus j’avais jamais fait ça avec une autre. La prochaine fois, faudra penser à du lubrifiant par contre, parce que là, j’aurai juste un peu de mal à marcher demain matin. » finis-je par marmonner, un sourire petit mais sincère, pointant sur mes lèvres. Peu à peu, ma bonne humeur retrouvait ses marques. « Toi, qu’est-ce que tu veux faire ? » Une fois habillé et la nappe repliée, je m’avance vers elle, sincère. « On f’ra ce que TU veux, pour le reste de la soirée. » Elle en avait le droit. Après le chocolat, ce délicieux dessert, cette vue imprenable et ses sous-vêtements…que j’avais bien l’intention de revoir une fois ou deux à l’occasion, enfin, pour me faire pardonner mon agressivité dont elle avait pourtant habitude, c’était à elle de choisir ce que nous ferions pour la suite. J’étais prêt à la suivre…où qu'elle veuille se rendre.