In god's hands ☛ Indiana&Ethan

Au final, c’était agréable de se confier face à Ethan. Il m’avait mis en confiance comme d’autres y avaient échoué. Peut-être était-ce la situation, notre rencontre ou la barbapapa, mais j’étais bercée dans un confort rassurant. Trop curieux, il continuait son investigation sur la dite-personne. J’hésitais quelques secondes dans un lourd silence à lui répondre. « Elle. » J’étais consciente que pour certains, ce genre de révélation aurait été gênante. Ma mère en faisait partie. Je ne me suis jamais, pour autant, définie par une sexualité quelconque. J’étais juste amoureuse d’une fille, comme j’aurais pu tomber dans les bras d’un homme. A la maison, nous n’en parlions pas, préférant passer sous silence cet épisode de ma vie. Mais Ethan m’avait ouvert à ses secrets, je me devais de lui retourner cette faveur. Comme un poids soulagé, je continuais ma phrase. « Elle s’appelle Ashley. »
Le soleil face à nous éblouissait notre vue au fur et à mesure qu’il descendait dans le ciel. Ses mots résonnaient dans le pavillon de mon oreille comme un message lointain. Après une année passée loin d’elle, elle restait inéluctablement ancrée dans ma mémoire. A plusieurs reprises, j’avais essayé de passer à autre chose, de laisser tomber et d’oublier en compagnie de nouvelles rencontres. Mais ça ne marchait jamais aussi bien qu’entre nous. Trois ans de passion destructive qui anéantissait mes autres relations dans un simple souvenir. « Je crois.. Je ne devrais pas, mais c’est contre ma volonté. »

Il continuait son interrogatoire sans que cela ne me dérange pour autant. Au fond, c’était libérateur de pouvoir discuter librement de ces choses que j’avais tendance à retenir au fond de moi trop longtemps. « Elle est à Harvard, elle aussi. » Et puis je me laissais à écouter ses conseils. Moi qui, trop têtue, ne suivais jamais les recommandations d’autrui, je m’étais surprise par sa compréhension de ma position. A croire qu’il avait vécu une situation similaire. Mais lorsqu’il m’affirmait que la meilleure des solutions était probablement celle d’abandonner et de me consacrer à mon avenir, je restais dubitative. Affichant une moue déconcertée sur mon visage, je lui répondais franchement. « J’aimerai bien être capable de penser à autre chose aussi simplement. Mais ce n’est pas aussi facile que je l’espère. Je ne sais pas ce qu’il en est pour elle, je n’ai pas eu l’occasion de lui parler depuis un an. Nous nous sommes… évitées. » Malgré ses tentatives de compréhension, je pouvais remarquer une certaine gêne dans ses questions. Et puis, la fameuse question est arrivée. Celle qui demandait un éclaircissement sur ma sexualité. A vrai dire, je n’en avais moi-même aucune idée. Je n’avais jamais cherché à me définir par telle ou telle étiquette. « En tout honnêteté, je n’en sais rien. Je suis tombée amoureuse d’une fille, mais ça ne m’empêche pas de remarquer tout autant les hommes. Je ne pense pas être exclusivement attirée par un seul sexe, alors j’en conclue que je suis bisexuelle. » Je le regardais droit dans les yeux « Tu sais, je n’en parle pas souvent. Ce n’est pas ma plus grande fierté. »

Je haussais les épaules, face à mes doutes. Probablement qu’aller lui parler serait l’une des meilleures solutions qui s’offraient à moi, plutôt que de ressasser le passé indéfiniment, mais ce n’était pas le genre de conversation facile à démarrer. Je n’allais pas la croiser au détour d’un couloir, par le plus grand des hasards, et de but en blanc lui demander what’s up, tu penses toujours à moi ? Néanmoins, je devrais trouver le moyen de l’amener à me parler dès lors que nous serons de retour à Harvard. « J’essaierai. Merci, j’apprécie vraiment d’en parler avec toi. Tu es le genre de personne compréhensif, c’est rare d’en rencontrer de nos jours. » Quand il m’avoua qu’il se chargerait de lui transmettre le message, j’ai laissé échapper un rire de notre conversation trop sérieuse. Bien sûr que c’était une plaisanterie, mais les compliments qu’il avait prononcé m’avaient touchées. « C’est adorable de ta part. Mais tu as raison, c’est à moi d’affronter ça. » Je m’arrêtais quelques secondes dans notre promenade pour l’enlacer amicalement dans mes bras. Il avait une odeur agréable de parfum et dégageait une douceur chaleureuse. J’avais rarement fait de plus belles rencontres. « Votre enfant aura bien de la chance de t’avoir, Ethan. »