This side of paradise (sonan)

Les lamentations valsent aveugles contre mon visage attendri. Je frotte avec un peu plus de conviction son dos, comme pour le consoler bien qu'il ne soit pas triste mais je ne veux pas qu'il culpabilise pour son comportement, en tout cas pas cette fois. « Mon connard. » Je ris lâchement, il faut avouer que pour une fois qu'il daigne se remettre en question, j'ai bien envie d'en profiter. Cette attitude est comme la plus vieille des tenues de mon placard, elle ne sort jamais et malheureusement quand elle sort, tout le monde la remarque. Banale et si différente, elle attire l'attention. Je l'écoute dans son entièreté et accepte totalement sa proposition, mon ventre est toujours aussi vide que le butin de ces chasseurs qui ne savent guère viser. J'approche finalement mes lèvres des siennes, seulement quelques millimètres nous séparent, son souffle chaud caresse mon visage, je simule méticuleusement un baiser et au dernier instant, dévie mon chemin et m'écarte du beau brun en un roulement sur le lit. « Je ne vais pas trop en abuser pour aujourd'hui sinon je ne vais plus m'arrêter. » Je m'installe assis à côté de lui et attrape le plateau, toujours aussi déterminé avant de loger un croissant entre mes doigts. Je l'approche de sa bouche et le lui fais manger de manière douce, comme pour corriger ma mauvaise action de la journée. Mes doigts rencontrent ses lèvres, sa salive, sa faim. « Tu dois préférer quand je te les donnes ainsi, non ? » Pourtant gêné d'avoir agis aussi brutalement, je rebondis dessus tout sourire, persuadé de part sa remise en question qu'il ne m'en veut aucunement et qu'il ne peut qu'apprécier cette prise en main que je lui offre avec une flamme de passion que personne ne semble capable d'éteindre, pas même lui. Je baille, loin d'être gracieux, la gêne n'est pas de la partie quand je suis avec lui. Ce n'est pas dans mon habitude d'être aussi relâché, pourtant il est la clé d'une certaine liberté que je ne me suis peut-être pas assez permis durant ma vie. « Tu as quelque chose à faire aujourd'hui ? » Je le regarde un peu perdu, entre mes devoirs et mes envies. Je dois préparer mes affaires mais la seule chose dont j'ai envie, c'est de passer toute ma journée avec lui. J'ai envie d'apprendre à le connaître de façon différente, car tout est différent. Il n'est plus Roméo, il est Ronan. Il n'est plus mon meilleur ami, il est l'homme dont j'ai inconditionnellement envie.

Je me sentais soulagé d'un poids. Il ne m'avait pas rejeter. J'avais tellement eu peur de ça. Soren n'était définitivement pas comme les autres et il me le montrait encore. Il représentait ce que je recherchais chez quelqu'un, même si je ne recherchais pas spécialement quelque chose en particulier. J'avais cette impression qu'il me comprenait mieux que les autres et bizarrement sa tendresse ne me répugnait pas, au contraire. Je trouvais ça mignon. Oui moi Ronan je trouvais ça mignon. Tout allait bien je vous rassure. Je ne m'étais pas cogné la tête quelque part. Non je ne sais pas. En présence de Soren je m'étais toujours senti différent de toute manière. J'avais toujours été différent avec lui, je me sentais différent et en mieux. « Je suis ton connard attitré. » Ses lèvres s'approche des miennes lentement mais il dévie la tête à la dernière minute. Cet homme me rendait dingue. S'il voulait ne plus s'arrêter ça m'allait parfaitement, au contraire je n'étais absolument pas contre. Je m'assaillais à mon tour en tailleur en soufflant légèrement. Qu'est-ce qui m'avait pris de dire qu'on devait aller doucement et donc manger ? Etais-je malade ? Qu'est-ce qui m'arrivait sérieusement ? Je ne comprenais pas ce comportement venant de ma part. Ce n'était pas moi et pourtant... Il me tendit un croissant du bout des doigts. Mes lèvres rencontrèrent la peau de ses mains et je le regardais fixement tout en prenant le croisant dans ma bouche. Il était tellement beau quand il souriait. Je crois que de toute ma vie je n'avais jamais vu un homme aussi beau. Mon... Hum oui bon je m'égare. « Oui en effet je préfère ainsi. » -dis-je en lui souriant à mon tour avant de l'embrasser sur la bouche. Je pris une tartine sur le plateau qu'il avait soigneusement préparé. « Tu en veux ? » -dis-je en pointant la tartine dans sa direction. Il était réellement adorable et je n'en revenais pas de dire ça mais c'était bel et bien le cas. « Non je n'ai rien à faire, et toi ? Tu veux que je t'aide à faire ta valise ? »

Ses lèvres se collent aux miennes, la pression est si forte, si intense, si réelle. Plus passionnée encore que des fans de foot assis dans les tribunes d'un stade en plein match, elle ne semble vouloir prendre fin, pourtant l'oxygène fini par être le seul élément entre nous. La distance, courte comme éperdument longue me mène à un éternel conflit, ancré du désir de la peau, de la chair, du goût de l'autre. Je me mord la lèvre, cherchant à retrouver cette force légère qui me plais tant, qui s'exerce à la présence de son visage contre le mien dans un combat pacifique. « Quelle question, je meurs de faim. » Les dents exposées en cette matinée fauve, je croque avec gourmandise l’appât, me vouant à être une cible capturée. « Ne t'en fais pas pour ma valise, je vais m'en occuper. Tu devrais sans doute faire la tienne par la même occasion, je ne voudrai pas que tu oublies quelque chose ici par ma faute. » Je caresse son bras, tendresse acharnée, pendue à mon corps assoiffé de cette dernière puis glisse un baiser à son cou. « Aller, on se revoit à Boston mon beau. Enfin si la route ne te fais pas changer d'avis sur tout cela... » Je lui fais confiance au point de le laisser me guider, aveuglé sur le toit d'un bâtiment. Pourtant il est évidence que je le connais mieux que n'importe qui, je ne doute guère qu'il m'apprécie en revanche, croire au fait qu'il ne s'en tienne qu'au corps d'une personne est un rêve, un beau rêve, encore faut-il espérer qu'il soit prémonitoire, un bout de réalité logé dans le vestige d'un monde parallèle. Je laisse ma main glisser sur son corps puis fini par quitter le lit, malgré mon effort pour me détacher de son emprise, je ne peux avancer plus sans lui jeter un dernier regard vêtu de mon désir à son égard.

Je lui avais proposé de rester pour l'aider à faire sa valise, je n'avais pas envie de partir tout de suite je dois dire. « T'en fais pas pour moi, je l'a ferais sans doute à la dernière minute comme j'en ai l'habitude. » J'allais certainement oublié des trucs à l'hôtel mais tant pis j'avais les moyens pour m'en racheter d'autres alors ce n'était pas spécialement important je dois dire. Je n'allais pas pleurer parce que j'avais oublié une chemise, un short ou je ne sais quoi d'autre. J'avais de l'argent donc pas besoin de pleurer pour des choses si futiles. J'espère qu'on sera à côté dans l'avion, je n'avais pas envie de me taper encore une de ces grognasse sans cervelle. « Tu vas me manquer. » -dis-je en l'embrassant. Je l'avais dit sans vraiment réfléchir, c'était sortit comme ça.... « On se revoie dans l'avion. » Je partis en lui souriant. Je ne savais pas trop ce que j'allais faire de ma journée, sans doute penser à tout ce qu'il c'était passé ce matin.