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Kyla & Bonaventure
Bonaventure avait laissé la journée à Andrea pour qu’elle puisse faire ce dont elle voulait… en réalité, il avait eu besoin de s’éloigner un peu de sa petite-amie pour réfléchir. Le métisse ne savait plus trop quoi penser ces derniers jours : entre ses colères vis-à-vis des agissements de son ex à ce petit gamin qui l’appelait maman, fils d’un ex… Il avait l’impression de n’avoir sa place nulle part. Certes, leur couple était jeune et encore fragile mais il craignait tellement d’être si peu… important.  Il l’aimait comme un dingue comme il n’avait jamais aimé personne, pas même Lucy. Ce qu’il ressentait pour Andrea, cela dépassait tout ce qu’il imaginait, ce qu’il croyait et cet amour n’était pas sans crainte. Maxime, Stuart, tous ces hommes avaient compté pour elle… Il acceptait cela. Andrea avait le droit à un passé amoureux, c’était dans l’ordre des choses mais par moment, il se demandait si elle en avait fait le deuil, s’il y avait réellement un avenir pour eux, pour Weaslacce comme elle aimait les surnommer. Il voulait y croire mais en même temps, Bonaventure n’était pas le genre d’homme sûr de lui. C’était un mec déchiré dont le cœur continuait de battre uniquement par esprit de fierté, comme pour se dire : rien ne m’arrêtera. Le problème, c’est que le métisse en avait assez de se battre : contre sa culpabilité liée à la mort de Jarod, contre les racistes, contre les amis bien-pensant… Il n’avait pas envie non plus de se battre contre le passé d’Andrea. Pour une fois, il voulait juste être heureux, être avec une femme dont il était éperdument amoureux. « Eh merde ! » jura-t-il en se laissant tomber sur une butte d’herbe, sa main se portant automatiquement sur sa jambe droite… La douleur n’avait jamais été aussi forte, aussi vive si bien qu’il en ferma les yeux en grimaçant. Génial, ce Spring Break était juste une horreur à supporter ! Qu’est-ce qui allait lui tomber dessus maintenant ?!
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Je regardais par dessus mon épaule en quittant le petit hôtel qu'on avait investi pour ce week end sur l'île de Pâques. J'étais en plein film. Cole s'était fait frapper hier, je me suis retrouvée à l'aider et j'ai senti le regard de Drimitri. Ça me glace encore le sang rien que d'y penser. Je m'arrête rapidement pour acheter de quoi manger parce qu'il faut bien que je nourrisse le truc dans mon utérus. Même si je n'ai pas très faim et que je doute que la merde que je suis entrain d'ingurgiter soit bon pour lui. Mon sac sur le dos, je me commence à me balader en tentant de profiter du paysage que cette île m'offrait. Devant moi, je vois un jeune homme et soupire légèrement. Si j'avais voulu être seule, ça aurait impossible. Je le vois s'asseoir et me dit que je pourrais l'esquiver en accélérant le pas. Sauf qu'en faisant ça, mon pied glisse sur un petit amas de terre et je chute. Je grogne et me relève rapidement, enlevant la terre que j'ai sur les genoux, les chevilles. Sauf que je fais un pas et mon genou tire. " Non pitié... " Soupirais-je en me rapprochant du jeune homme qui semblait avoir mal au genou, lui aussi. " Hey " Je grimace et me laisse tomber à côté de lui. " Je pensais que l'île était plate mais en fait pas du tout " Je souris légèrement et enlève mon sac de mon dos, portant mes mains à mon genou droit. " Tu t'es fais mal ? " Demandais-je en glissant mes yeux sur sa jambe. J'appuie sur mon ancienne blessure et mon visage se contracte. Déjà que la cicatrice me gêne physiquement mais alors là... Être à terre, ça me gène.
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Le Spring Break était censé être un moment agréable dans la vie d’un étudiant, un moyen de faire sauter la soupape mais la sienne ressemblait plus à une cocotte minute sur le point d’exploser. Le métisse n’avait pas envie de faire des sourires et encore moins de jouer aux princes charmants. Il avait envie de hurler, de taper dans quelque chose bref, il était au bout de sa patience. Qu’allait-il encore lui tomber dessus ?! Mise à part que sa jambe lui faisait un mal de chien… Ironique sachant qu’il n’en avait plus. Une jeune femme vint s’asseoir à ses côtés et il ne lui prêta pas vraiment attention jusqu’à ce qu’elle ouvre la bouche. Alors, il tourna la tête vers elle. « Hey » lâcha-t-il en reprenant sa propre salutation. Un léger sourire vint flotter très fugacement sur ses lèvres. « Non pas vraiment… Disons que j’ai l’impression d’avoir mal mais comme tu l’entends, y a rien d’organique là-dessous » dit-il en donnant quelques petits coups sur sa jambe qui ne laissaient guère de place aux doutes. C’était bien la première fois qu’il évoquait aussi facilement son handicap. Après tout, il s’en fichait bien ! Il avait d’autres chats à fouetter. « Et toi ? Tu as mal où ? Tu crois que si on met une pancarte style croix rouge quelqu’un va avoir pitié de nous ? » lui demanda-t-il avec sarcasme avant de se reprendre et de lui tendre la main. « Bonaventure et toi ? »
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Je me suis fais mal en courant après Dimitri l'autre soir et voilà que ma cheville prenait un nouveau coup. Je soupire. Elle va finir par casser et j'aurais tout gagner quoi. Assise à côté d'un jeune métisse, je tente de commencer la conversation. Pour que ma cheville arrête de me lancer, il va falloir que j'attende un peu voir que je masse tout ça. J'ai pas envie. Je veux rentrer à la maison. J'en ai marre de ce spring break catastrophique mais alors vraiment marre. Dimitri, Cole, Drew, Matthéo, Baptiste, Alaska... Trop de problèmes, trop de sentiments et je ne suis absolument pas prête - ni assez forte - pour ça. Je le regarde et mon visage se déforme légèrement quand il 'toque' contre sa non-jambe. " Ew " Lançais-je, fronçant les sourcils. J'étais une vraie peau de vache et incapable de me concentrer sur autre chose que sa prothèse maintenant qu'il m'en a parlé. " J'aime pas inspirer la pitié. T'es un grand bonhomme, j'suis une grande femme, on va s'en sortir " Riais-je légèrement avant de passer une main dans mes cheveux. " Kyla. Et je me suis fais mal à la cheville en marchant sur un petit tas de terre " Ronchonnais-je en ôtant ma baskets, soupirant parce que ça fait du bien quand même. " Je pue pas des pieds t'inquiète " Riais-je en posant mes mains chaudes sur ma cheville chaude. " Désolée pour ma réaction, ça doit pas être facile de vivre avec un truc pareil " Soufflais-je. Oui, je suis peut être une connasse mais il y a des limites s'il vous plait. Et la limite je l'ai passé en jouant la dégoutée. " T'as besoin d'un truc spécial ? Un médoc, de l'eau à mettre dessus, d'un massage ? " Ouai, j'étais dégoûtée y a deux minutes et là, je lui propose PRESQUE de poser mes petites mimines sur sa blessure de guerrier. Kyla le paradoxe dans toute sa splendeur.
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Bonaventure n’avait pas relevé son « Ew » tellement habitué à ce genre de réaction et puis franchement, aujourd’hui, c’était le cadet de ses soucis. Il s’était simplement montré honnête devant cette parfaite inconnue. Il avait mal mais il n’y avait plus de bidoche, juste une douleur imaginaire qui revenait le hanter dès que sa tête déraillée. C’était durant ces moments-là qu’il avait le plus envie de replonger parce que le métisse ne cherchait pas à endormir la douleur mais bel et bien son cerveau. De temps en temps, pouvoir se mettre en off avait ses charmes. « Est-ce que ta cheville est enflée ? » lui demanda-t-il en fronçant les sourcils, passant outre les quelques mots qu’elle avait prononcé un peu avant. Le plus étrange, c’est qu’il n’était pas poussé par l’envie d’aider mais plutôt par celle de se débarrasser au plus vite de la brunette -oui, monsieur n’était pas d’humeur à jouer les parfaits Quincy. « Si tu puais des pieds, crois-moi, je serais déjà parti à cloche-pied » rétorqua-t-il avec un léger trait d’humour avant de soupirer tant la douleur le rendait dingue. « Ecoute.. Tu l’as dit toi-même, tu n’aimes pas inspirer de la pitié mais moi non plus… j’ai pas envie de jouer à l’handicapé de service qui va bien malgré sa jambe en moins » rétorqua-t-il plus par lassitude que par méchanceté. « Excuse-moi… C’est juste que cela me fait mal… Normalement après un massage ça devrait passer ! Si tu veux, j’ai des antidouleurs dans mon sac, tu en veux pour ta cheville ? » lui demanda-t-il car aussi étrange que cela puisse paraitre, le métisse  avait toujours des médicaments sur lui, même s’ils étaient la tentation du diable. Un bon moyen de se rappeler par quoi qu’il était passé et ce qu’il avait du sacrifier pour en arriver à l’homme qu’il était aujourd’hui.
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J'ai un petit signe de dégoût envers le jeune homme et je m'en veux immédiatement. Ce n'est pas comme ça qu'on se comporte putain. Surtout que c'est moi qui suis venue vers lui. Mais je ne m'attendais pas à ça. En même temps, qui pouvait s'attendre à ce genre de choses, c'est pas franchement courant n'est-ce pas ? Assise et souriante, je glisse mes yeux sur ma cheville et bouge légèrement la main. " Pas des masses mais je me suis fragilisée la cheville en début de semaine dernière " Avec de jolis bandages, j'vaais réussi à tout compresser, à ne pas avoir trop mal. Et c'était pas mal non ? Mais là, ça tiraille un peu. Mettre des chaussures un peu mieux lassées la prochaine fois. Ou qui maintient la cheville. Je l'écoute et ris légèrement quand il me tacle sur le fait que je ne pue pas des pieds. Tout chez moi sens bon, je suis une fleur ! On est pas trop différent, on a pas envie d'inspirer la pitié et pourtant, on est deux bras cassés quoi. Je souris légèrement. " Non merci. J'suis enceinte, j'peux rien prendre " Et c'est pas l'envie qui m'en manque. Mais je suis tombée dans l'alcool, les médocs, la drogue alors autant éviter cette tentation. " Tu veux que je.. ? " Te masse. Ouai, c'est bizarre de demander ça à un inconnu. " Je vais pas te faire plus de mal que de bien t'inquiète " Lançais-je, taquine. Dégoûtée y a deux minutes mais je crois que j'ai besoin de m'occuper l'esprit et les mains. S'envoyer en l'air n'est pas la solution alors peut être que ça... Je sais pas. On verra bien.
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Bonaventure s’en voulait vraiment de son petit éclat mais la douleur lui faisait littéralement péter un câble. Il donnerait tout pour que sa jambe soit réellement là afin de simplement se l’arracher lui-même avec les dents s’il le fallait pour la douleur cesse. Ses nerfs étaient à vif mais cette femme ne lui avait rien fait. Aussi chercha-t-il à se montrer davantage aimable, allant jusqu’à lui proposer des cachets -médicaments qu’il rêvait d’avaler juste pour oublier ses récents soucis mais il ne le ferait pas. Pourquoi ? parce qu’il avait dépassé ce stade et qu’il voulait rester un exemple pour sa petite-amie. S’il flanchait, comment pourrait-il la regarder en face et lui dire : vas-y accroche toi, tu y arriveras ?! « Félicitations… je veux dire pour l’enfant ! » se reprit-il rapidement avec un léger sourire. « C’est prévu pour quand ? » lui demanda-t-il avec curiosité avant qu’elle ne lui coupe l’herbe sous le pied en lui proposant directement de le masser. Bonaventure la regarda d’abord dans un silence étonné avant de détourner le regard. « Je sais pas si… ce n’est pas beau à voir en dessous » soupira-t-il. Des cicatrices, un moignon… De quoi vous dégouter si vous voyez cela pour la première fois de votre vie alors qu’elle le touche… « Et puis, je risque de faire un attentat à la pudeur si j’enlève mon jean ici » plaisanta-t-il pour penser à autre chose qu’à cette envie qu’elle le soulage.
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Ma cheville me lance et j'aimerais avoir une solution miracle, vraiment. Les cachets que le jeune homme me propose semblent être la solution à mes maux du moment. Mais est-ce que je suis comme ça ? Non, absolument pas. Pas alors que j'ai un petit bébé dans le ventre. Je soupire en pensant à ça. Être enceinte à vingt deux ans... Non mais sérieusement ! " Pour octobre. Je suis enceinte d'un mois mais je sais pas si je vais le garder " Me confiais-je rapidement au jeune métisse face à moi. Je pense que je peux tout lui dire, il ne me jugera pas, on ne se connait pas... J'aurais aimé que cette nouvelle soit une bonne nouvelle mais c'est pas le cas. Je suis triste comme une pierre, complètement dégoutée qu'un extra terrestre, qu'un locataire indésiré s'installe sans me demander mon avis. Il faut vraiment que je me sorte ça de la tête. Je ris légèrement quand il dit que c'est pas beau à voir et qu'il fera un attentat à la pudeur en enlevant son jeans. " Quelle idée de mettre un jeans avec la chaleur qu'il fait aussi " Lançais-je avant de me déplacer légèrement. " J'ai été pompier quelques temps " Quelques semaines en fait, pour tout dire. " Je pense que c'est moi dégueulasse qu'un corps brûlé " Ouai parce que la peau calciné et tout ce qui va avec, c'est vraiment horrible. " Enfin, c'est pour toi " Soufflais-je en bougeant légèrement ma cheville, reportant mes regard sur mon petit pied. Pourquoi Dim est pas dans le coin pour me porter comme une princesse ? Oh, je sais. Parce qu'il me déteste et ne supporte pas me voir proche d'un homme...
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Si Bonaventure fut choqué d’entendre qu’elle n’était pas sûre de garder cet enfant, il ne le montra pas dans la mesure où ses opinions religieuses n’avaient en aucun cas à interférer dans la vie d’une tierce personne. Chacun était libre de mener son existence comme bon lui semblait même s’il désapprouvait telle ou telle conduite. « Pourquoi ? Je veux dire pourquoi tu ne veux pas garder cet enfant ? Excuse-moi, je suis indiscret » lui demanda-t-il avant de s’excuser. La curiosité était vraiment un fléau dans sa vie. Il ne pouvait pas s’empêcher de vouloir toujours découvrir les motivations des gens. A ce rythme, il allait être le détective privé ou le reporter de guerre le plus têtu de tout l’univers. « Parce que je pensais pas avoir besoin de l’enlever » rétorqua-t-il par la suite en soupirant tandis qu’elle lui confiait avoir été pompier quelques temps. Bonaventure avait beaucoup de difficulté à la croire mais au point où il en était, il se ferait bien masser par la personne la moins douée de l’univers. « On ferait bien de bouger de là tout de même… Je n’ai pas envie de me faire arrêter pour attentat à la pudeur » répliqua-t-il avec un semblant de sourire en se relevant pour mieux lui tendre la main. « Je t’aide à marcher ? A deux éclopés, on finira bien par trouver un endroit tranquille et si besoin, je pourrais te faire un strap. J’ai toujours des bandes au cas où que je doive changer à cause de ma prothèse » lui expliqua-t-il. Non, il ne se trimbalait pas avec une pharmacie sur lui, juste le strict nécessaire à son propre cas.
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" Non t'inquiète pas c'est pas indiscret... " En fait si, c'est indiscret mais je suis pas le genre de nana qui se cache et s'indigne parce qu'on lui parle de choses 'privées'. Surtout que j'ai besoin d'en parler. " C'est pas voulu et le père en veut pas " Je me demande si Bonaventure est du genre à trouver les hommes qui tentent d'échapper à leurs responsabilités. J'étais comme ça avant, à insulter ceux qui n'accepte pas leur responsabilité. Parce qu'il faut être deux pour faire un enfant. Et, bien sûr, je suis coupable de tout ça mais Cole aussi, malheureusement. J'aimerais bien que rien de tout ça ne se soit passé mais la vie n'est pas comme ça, oh que non. Je l'écoute et ris légèrement. " On sait jamais ce qu'il peut se passer " On peut tomber sur une nana super sexy comme moi, avoir envie de lui faire des cochonneries derrière une statue et hop ! Je ris à ma propre connerie. Je suis perverse, légèrement nympho mais c'est la vie ! Je le regarde et lève les yeux au ciel. Attentat à la pudeur, ici, alors qu'on crève de chaud. " T'as pas de caleçon ? " Riais-je avec un léger sourire en coin. Ça doit être ça ! Il aime bien être à l'air. Alors là, du coup, il y aura bien attentat à la pudeur mais ça me gène pas, c'est rien que je n'ai déjà vu ! Ok, c'est différent sur chaque homme mais bon, je sais ce que je vais voir hein... J'acquiesce et attrape sa main pour le relever. J'ai pas de chaussures, plus de chaussettes, la totale. Je tente de marcher sur la pointe du pied en grimaçant légèrement à chaque pas. " Y a un banc là bas, on va s'y mettre ? " Soufflais-je avec un léger sourire. " J'te paye un coup à boire pour me supporter depuis quinze minutes " Riais-je. Je sais pas pourquoi, mais je pense qu'entre deux blessés de guerre, ça va le faire. " T'as perdu ta jambe comment ? " Demandais-je. Il est curieux, je suis curieuse. C'est donnant-donnant, win-win.
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