Ziggy voulait qu'on lui dise la vérité en face ? Que Thomas lui parle avec la même haine que Zig avait eu des années auparavant ? Et bien voilà, c'était chose faite. Franchement, ça lui faisait mal au coeur. Il n'aurait jamais cru ça. Il ne savait pas si c'était à cause de l'alcool qui s'évaporait de son corps ou bien parce que Thomas venait de lui balancer un tas de reproches. Son air blasé habituel sur le visage, Ziggy encaissa le tout sans broncher. Dans le fond, il savait qu'il le méritait. C'était le juste retour des autres pour ses erreurs passées. Dans ta gueule, Cartstairs. C'était quand même dur à accepter d'entendre Thomas parler de la sorte. C'était étrange, lui qui avait pour habitude d'être si gentil. C'était d'ailleurs ce qui avait toujours séduit Zig. Le Thomas de l'époque avait cette tendance à l'apaiser et peut-être même le rendre meilleur. "D'accord. Au moins c'est clair." lança simplement Ziggy avant de croquer dans son croissant. Il savait que son côté désinvolte pouvait énerver mais il était incapable d'agir autrement. C'était une sorte de mécanisme de défense. "De toutes façons, quoi que je te dise aujourd'hui, tu ne me feras plus jamais confiance. Donc je vais économiser ma salive." En réalité, le coup de massue était un peu difficile à encaisser pour Zig. Pour une fois, il baissa les yeux, faisant semblant de s'intéresser aux miettes laissées par son croissant sur la table.
J’espérais une réaction, je savais que je l’avais touché et pas qu’un peu. Mais je voulais qu’il réagisse autrement, qu’il montre un peu ces sentiments au lieu de tout garder pour lui comme il était en train de le faire. Cela m’énervait mais j’essayais de tout retenir en moi, parce que j’étais con. Je devrais simplement lui balancer mon café dans la tronche, ça serait beaucoup plus simple comme cela. « En effet, ça l’est. » dis-je d’un ton neutre. Je repris ma dégustation de mon chausson aux pommes avant de l’entendre continuer de parler. Je soupire à ses paroles, serrant un peu plus le gobelet dans ma main. « Je ne sais pas si je dois te tuer ou pas Ziggy ! Quand est-ce que tu vas t’ouvrir un peu bordel ?! Je te jure tu me rends ouf ! » dis-je en explosant d’un coup. Ca aurait pu être pire, il aurait pu se prendre le café dans la tronche ou même la table, me connaissant ça pouvait être clairement plausible. « J’attends que tu me dises les choses pour que je comprenne enfin le pourquoi ! » dis-je en levant les yeux au ciel. Mais clairement, j’ai fait quoi pour avoir cette vie sentimentale de merde ?!
Ziggy était secret et mystérieux. Il gardait tout pour lui, surtout ses plus profondes émotions. Un jour, une amie l'avait appelé "handicapé des sentiments" et c'était sans doute une appellation qui lui convenait à merveille. Zig partait du principe que l'amour n'existait pas, que les relations sérieuses n'étaient qu'un leurre. Il ne supportait pas quelqu'un puisse lui faire entrevoir que peut-être ses convictions étaient mauvaises. Ziggy détestait avoir tort. Et à l'époque, Thomas l'avait fait douter. Et c'était sans doute le cas en ce moment-même. Zig se sentait un peu trop fébrile pour oser prétendre que revoir Thomas et l'entendre prononcer de telles paroles ne lui faisait rien. En vrai, il avait cette boule horrible dans la gorge qui ne cessait de grossir au fur et à mesure que les minutes passaient. Lorsque Thomas explosa de colère, Zig ne cilla pas. Il le laissa s'exprimer puis lorsqu'il eut fini, un long silence s'installa entre eux. "J'ai encore mon petit effet sur toi, apparemment." lança-t-il en le voyant s'énerver. La blague était de mauvais goût et il savait qu'il se s'en sortirait pas avec cette simple pirouette. "Tu crois encore qu'il y a quelque chose à comprendre ?" Lorsque ces mots sortirent de sa bouche, Ziggy savait qu'il pouvait se montrer intraitable encore une fois. "Tu devrais me tuer. Sérieusement, je suis un cas désespéré de toutes façons." Cette fois, pas un sourire sur les lèvres du jeune écossais. Il leva les yeux vers Thomas et en croisant son regard en attente de réponse, Ziggy craqua. "Les battements de mon coeur quand nos torses se touchaient... Tu penses que j'étais assez bon comédien pour les simuler ?" A l'instant où les mots caressent l'air, Ziggy a envie de les rattraper. Putain... S'il avait su que Thomas le rendrait guimauve.
Il me saoulait, si je pouvais l’étrangler là tout de suite, je pense que je le ferais. J’en avais vraiment envie et je pense honnêtement qu’il risque de se prendre un autre coup de poing dans la gueule avant la fin. Je lève mes yeux vers lui après que je me sois énervé contre son côté je-m’en-foutiste qui me gavait pleinement. Je lui lance un regard noir quand il me sort des paroles totalement vraies ce qui me saoule encore plus. « Ta gueule ! » dis-je en ne sillant pas d’un poil. Je vais devoir me mettre au yoga maintenant qu’il est de retour dans ma vie, car j’en étais sûr, j’allais le croiser maintenant. « T’es le mec le plus compliqué que je n’ai jamais vu ! » dis-je en soupirant. J’aurais dû baisser les bras depuis un long moment et même aujourd’hui, je n’arrive pas à le faire. Je cligne plusieurs fois des yeux quand il me parle de ses battements de cœur contre le mien quand on faisait l’amour. Je le fixe quelques secondes avant de détourner le regard. « L’adrénaline fait battre le cœur plus rapidement, il y a aussi l’effort … Tu veux que je te fasse un cours sur le cœur ? » dis-je en replantant mon regard dans le sien. Bien sûr, j’avais très bien compris ces paroles, je n’osais juste pas me l’avouer à moi-même car c’était totalement impossible d’après moi.
Ziggy, un mec compliqué ? C'était peu de le dire. Derrière ses airs de je m'en foutiste se cachait un gars incapable de s'empêcher de penser. Il était en boucle, tout le temps. Et s'il paraissait si blasé et désinvolte, ce n'était qu'une carapace forgée avec le temps. Personne ne savait réellement qui était Ziggy. Il était un mystère pour le monde et peut-être pour lui-même. Parfois, Ziggy se trouvait incompréhensible alors il concevait parfaitement dans quel état il pouvait mettre le pauvre Thomas. "Monsieur le futur pédiatre veut me faire un cours sur le cœur ? Tu sais, je suis pas totalement ignare malgré ce que t'as l'air de penser." Outch, voilà Zig blessé dans son ego. C'était assez rare pour être souligné. "Et tu sais très bien que je ne parle pas de ça. Enfin bref... On s'en fout en fait. Je ne sais même pas pourquoi t'es toujours là. Tu veux m'oublier. Alors vas-y, oublie-moi." Il savait que tout ça n'était pas aussi simple. Et puis dans le fond, Ziggy n'avait pas envie que Thomas se lève et le laisse face à ses démons. C'était encore plus dur à supporter que des insultes ou des vérités. Ziggy observa le visage de son ancien petit ami. Sa mâchoire était serré, signe de son énervement. "Tu as l'air énervé. Si tu veux frapper, choisis cette joue, ça équilibrera." annonça-t-il, son doigt pointant sa joue encore intacte. Ziggy ne savait même plus s'il venait de lancer une blague ou s'il s'attendait vraiment à ce que Thomas le frappe.
J’avais enfin réussi à le faire bouger un peu en le blessant dans son égo, j’ai même réussi à avoir une réaction de sa part… Miracle quand ça arrive, ça fait bizarre. Je le regarde en souriant avant d’hausser les épaules suite à ses paroles. « Nan mais on ne sait jamais, t’as pas l’air de trop t’y connaître. » dis-je en le regardant dans les yeux. J’essayais peut-être de l’énerver moi aussi. Comme ça, on pourra se taper dessus et tout le monde sera content. Je sers les dents à la suite de ses paroles, il avait fait un petit effort mais se refermait toujours comme une huître. « J’ai honnêtement l’impression que tu fais tout pour que je te déteste, mais j’ai aussi l’impression que t’as envie que je reste dans ta vie… Car je t’ai manqué. » dis-je avec un sourire aux lèvres plutôt moqueur pour le coup. Je pourrais me barrer comme ça, on avait fini après tout mais je n’y arrivais pas. Je voulais savoir tout sur lui, je voulais qu’il s’ouvre et qu’il me dise clairement ces sentiments, je ne demande pas plus. Suite à ses paroles un élan se fit en moi et je lève ma main pour la rabattre sur la joue qu’il venait de pointer. Un silence se fit par la suite et je me sentais pour le coup beaucoup mieux. « Tu as raison, je me sens beaucoup mieux maintenant. » dis-je alors qu’un léger rire sorti de ma bouche. Faut pas trop me chercher non plus, je ne suis plus le petit minable de l’époque.
De toutes façons, que Zig le veuille ou non, Thomas provoquait chez lui toutes sortes de réactions auxquelles il n'était clairement pas habitué. C'était juste trop difficile pour lui d'accepter qu'hier soir il était peinard dans sa petite vie merdique et qu'aujourd'hui, Thomas revenait tout bousculer. Il avait tellement raison, en fait. Ziggy n'y connaissait rien quand il s'agissait de coeur. Il avait tenté de fermer le sien il y a bien longtemps. Personne n'avait su pourquoi il s'était résigné à ne rien ressentir. Il avait décidé de ne pas croire en l'amour et là... Thomas était arrivé. Maintenant, quelques années plus tard, alors que Zig était de nouveau convaincu que l'amour n'était qu'un mythe... Thomas était arrivé. C'était répétitif. Comme si le destin s'amusait à l'emmerder. En plus, Thomas avait cette assurance maintenant. Il était beaucoup plus sûr de lui et ça déstabilisait un peu plus Ziggy. Avant qu'il ne puisse répondre quelque chose, le poing de Thomas se retrouva sur sa pommette encore intacte. Ok. Il avait clairement changé. Grimaçant sous l'effet de la douleur, Zig se massa la joue en grommelant quelque chose d'incompréhensible. Deux coups de poings en quelques heures, c'était pas de bol. Pourtant, malgré la douleur, Zig eut envie de rire. Parce que putain, ça faisait du bien d'avoir quelqu'un pour le frapper pour une vraie raison. Son regard sur Thomas fut plus tendre qu'il ne le voulait. "Je pensais que t'avais plus de haine en toi. Tu frappes comme une fillette." C'était pas méchant. C'était du Ziggy tout craché. D'ailleurs, il avait un sourire sur les lèvres. Il se tourna vers la serveuse qui les regardait d'un drôle d'air. "Je vais avoir besoin d'autres glaçons..." ironisa-t-il. Puis, il reporta son regard sur Thomas. "Je... Ça fait du bien de te revoir." Là, l'ironie s'était envolée. C'était juste pur et vrai. Sans artifice.
Je n’étais plus le même qu’avant, il fallait qu’il le comprenne. Maintenant quand on me mettait au défi de faire quelque chose, je le faisais tout simplement. Je lui avais mis un coup de poing dans la tronche, je n’y avais pas été très fort non plus. Mais cela faisait du bien, vraiment du bien. Je souris en le voyant se masser la joue, et la suite de ses paroles me firent rire. « Disons juste que je n’arrive pas à y aller trop fort, ça serait dommage de gâcher la seule chose que tu as de potable chez toi. » dis-je en haussant les épaules. Il avait enfin réagit et cela faisait du bien. Je le regardais sans trop rien dire, je trouvais cette situation plus qu’amusante maintenant et ma colère était partie. Je voyais bien à la tronche de la serveuse qu’elle ne comprenait pas tout mais elle finit par revenir avec des glaçons en plus. J’avais mon éternel sourire au coin quand je l’entendis sortir des paroles que je n’aurais jamais cru entendre de lui. Je le fixais sans rien dire, je clignais plusieurs fois des yeux avant de détourner le regard m’empêchant de sourire. « Je… Toi aussi… J’ai eu du mal à t’oublier. » dis-je en secouant la tête doucement. Je ne savais pas si j’avais vraiment bien fait de lui dire cela.
Ziggy avait sur les lèvres son éternel sourire en coin que Thomas connaissait parfaitement. D'ailleurs, sur ce point, les deux garçons se ressemblaient beaucoup. Il regardait son ancien petit ami avec une tendresse qu'il peinait de plus en plus à dissimuler. Il attrapa sa petite cuillère et rajouta une bonne dose de sucre dans son café. Il porta ensuite la tasse à ses lèvres et constata que, bien entendu, c'était froid. Forcément, il venait de passer son temps à se disputer avec Thomas. En tout cas, ce coup de poing avait l'air d'avoir remis une partie des choses en place. Ziggy savait pertinemment que tout n'était pas arrangé. D'ailleurs, il n'était pas certains qu'ils puissent redevenir amis un jour. Zig n'était pas certain de vouloir infliger ça à Thomas. Il ne voulait pas ruiner sa vie une nouvelle fois. Et Ziggy était le spécialiste pour briser les cœurs et les vies. Parfois, il ne s'en rendait même pas compte et c'était sans doute ça le pire. "La seule chose potable ? Tu as sans doute oublier mes autres talents." Vu la moue taquine qu'affichait Ziggy, il n'y avait pas de doute, quelques pensées coquines venaient de lui traverser l'esprit. C'était sans doute maladroit de parler de ça, d'ailleurs. Mais comme d'habitude, Zig s'en foutait. Ils se moquait des convenances. Lorsque Thomas avoua qu'il avait été dur de l'oublier, Ziggy avala difficilement sa salive et baissa à son tour les yeux. "M'oublier a du être la meilleure chose qui te soit arrivée. Je... Un café et je me casse, ok ? Tu dois être bien plus heureux sans moi dans les parages." Zig releva les yeux vers Thomas, l'air bien plus triste qu'il ne le voulait. Dans le fond, retrouver Thomas lui faisait un plaisir fou. Et il n'avait pas envie de se barrer. Mais il devait bien ça à celui qu'il avait brisé des années plus tôt.
Me retrouver en face de Zigg me mettait toujours dans une situation de gêne, il a été mon premier et mon seul petit ami. En réalité, il a tout vu de ma personnalité et c’est ça le plus gênant quand on regarde bien. Je posais mon regard sur lui, me sentant clairement mieux après lui avoir foutu une droite dans la tronche –mais sur l’autre joue. Je ne pus m’empêcher de rougir légèrement quand il me parle de ces autres talents, j’avais très bien compris de quoi il parlait. Je détourne le regard et tousse légèrement. « Ouais, j’ai eu le temps d’oublier depuis le temps. » dis-je en passant ma main derrière ma nuque. Je finis par lui avouer qu’il m’avait manqué comme lui d’ailleurs, et que cela n’avait pas été facile de l’oublier, ce qui était totalement vrai. Je lui fais un léger sourire, mais sa réaction me refroidit quelque peu. Il faut vraiment que j’arrête d’être aussi fleur bleu, ça commence à me dégoûter. « Au fond, c’était mieux oui mais je ne m’attendais pas non plus à te revoir. Mais oui, c’est sûrement mieux. Tu ne m’en voudras pas, je préfère partir maintenant. Fini ton café, je te paye le tout ne t’inquiète pas. » dis-je en mettant l’argent sur la table alors que j’avais déjà enfilé mon manteau. J’étais plus que mort et il fallait absolument que j’aille dormir si je voulais étudier. « Bonne continuation Ziggy. » dis-je en le regardant avec tristesse. Je lui fais un léger sourire et m’enfuit en direction de la sortie, passant à côté de lui derrière la vitre. Je m’élance jusqu’à chez moi, où je vis maintenant seul, faut vraiment que je trouve des colocataires moi.