(AGADRIEL) why is that so easy to fall back into old habits ?

Je ne me prenais pas pour une personne que je n'étais pas, j'avais conscience de chacun de mes défauts comme de mes qualités et ça ne me gênait pas d'avouer que je pouvais être bizarre. Ça a un certain charme pour certaines personnes. Je préférais de loin fêter ça que cette fête pourrie de la Saint-Valentin. D'ailleurs je prenais un peu trop plaisir à dire des conneries qui ne semblait pas tellement plaire à mon meilleur. Je restai perplexe en l'observant et surtout de sa réponse bien plus froide que d'ordinaire... « Hey, je blaguais hein... » dis-je en m'installant à ses côtés, attrapant sa main dans la mienne une fois la bière déposée sur la petite table basse. La réaction qu'il avait eu me faisait un peu peur et d'un coup je me faisais plusieurs scénarios dans ma tête. Malgré que nous nous étions rapprochés, nous n'avions jamais pris le temps de faire le point sur les différents évènements qui avaient pu nous arriver dans la dernière année alors j'avais l'impression d'ignore un truc important sur mon Dridri.

Il y avait quelque chose qui flottait, quelque chose qu'il voulait me cacher à tout prix et je détestais cela. Quand il s'agissait de moi je ne pouvais rien lui cacher, je n'y arrivais pas ou presque pas mais de son côté je le sentais distant. Pourtant il avait envie de le faire mais il fuyait car c'était mieux pour tout le monde. Le seul problème c'est que j'ai horreur que les choses aillent biens. « Bien sur que je veux, mais avant parle moi s'il-te-plait. » À mon tour je finis ma bière d'un trait comme si j'appréhendais de savoir malgré mon insistance. « Je ne suis pas une petite fille qu'il faut protéger Adriel. Quoi que t'es pu faire, je serai toujours là pour me battre à tes côtés mais pour ça il faut que tu me fasses confiance. Si t'as pas confiance en moi alors c'est que tu ne tiens pas à moi autant que tu le dis. » J'y allais avec les sentiments et j'avais conscience que ce n'était pas étique seulement ça m'apparaissait la seule manière de faire pour qu'il s'ouvre un peu. En temps normal je ne cherchais pas à creuser car je savais qu'il pouvait gérer seul mais cette fois c'était différent, c'était grave, je le connaissais.

Adriel ce n'était pas celui qui se refermait en général, du moins pas avec moi. On pouvait tout se dire ou presque et c'était exactement la base de notre amitié. Ce qui le différenciait lui en tant que meilleur ami de tout ces autres. Cependant cette fois je le sentais plus distant que jamais, il cherchait tous les moyens possibles d'éviter cette conversation et c'est la raison pour laquelle je m'acharnais. Le seul moyen que j'avais trouvé c'était de jouer avec les sentiments. Je ne m'étais fait aucun scénario parce que je savais que c'était toujours plus dramatique que la réalité et je n'avais pas envie d'avoir peur de mon meilleur ami quoi. Je restais donc silencieuse en l'écoutant attentivement, chaque mot, chaque respiration. Maintenant je comprenais mieux ce qui le poussait à se refermer de la sorte; tuer quelqu'un c'était bouleversant. Malheureusement je comprenais trop ça. « Et comment tu as géré exactement ? Le corps t'en a fait quoi ? » Les gens normals seraient sans doute paniqués, troublés, j'aurais du crier et le taper. Mais je n'étais pas normale alors je gardais mon sang froid. J'étais même prête à le couvrir au besoin. Je crois que ce qui m'irritait le plus de cette histoire c'était sa bande de potes en qui je n'avais aucune confiance.

Alors c'était ça... Je comprenais tellement mieux d'un coup pourquoi il avait tenu à ne pas m'en parler, c'était pas une histoire bête genre d'une fille moche avec qui il avait couché parce qu'il était saoul. Ce truc ça te changeait complètement pour le reste de ta vie. Il est vrai que désormais je ne le regarderais plus jamais de la même façon, car je nous sentais encore plus proche, et surtout je voyais que contrairement aux gens que j'avais pu côtoyer : il avait un coeur, un vrai. C'est pour ça qu'il était important pour moi qu'il ait réellement tout fait dans les règles de l'art pour que jamais personne ne remonte jusqu'à lui. « Vous auriez dû la mettre à l'eau, les empreintes auraient disparus beaucoup plus vite... » Ça y est maintenant c'est moi qui va lui faire peur. C'est juste que j'avais pas mal l'habitude de couvrir mes arrières avec mon ex et mon oncle dans la mafia. Une fois qu'il reposa de nouveau ses yeux sur moi, je lui adressai un léger sourire comme pour lui faire comprendre que je ne m'en allais nulle part. Je ne le laisserais jamais quoi qu'il arrive, je lui avais promis, et en ce qui me concerne il restait le même qu'il était quelques minutes plus tôt. « Si on te questionne, ce soir là t'étais chez moi d'accord ? Si je peux faire quoi que ce soit pour t'aider je le ferai. Je connais des gens qui peuvent s'assurer que personne ne parle. » Je prends une grande respiration et resserre un peu plus sa main dans la mienne. « C'était un triste accident, rien de plus. »

On n'est jamais vraiment soulagé, on finit par vivre avec, par voir chaque jour passer l'un après l'autre, mais les visages nous reviennent toujours en tête la nuit. Au moins d'avoir une personne avec qui partager un aussi gros secret et savoir que l'on peut compter sur elle c'est déjà beaucoup plus important qu'on ne le croit. « Je te l'ai dit, je ne suis plus la petite fille innocente que t'as connu il y a deux ans. » J'ignorais si Maxine lui avait parlé de ce qu'il advenait de moi durant mon absence, ou même s'il savait la réelle raison de mon retour. Au moins là je me doutais qu'il allait comprendre un peu entre les lignes, parce que si avouer un meurtre ça faisait peur, avouer tout ce que j'avais pu faire... il n'y avait pas de mots pour l'expliquer. Je lui assurais mon soutien total et inconditionnel, il ne ferait pas de prison, c'est moi qui vous le dit. Nos regards plongèrent l'un dans l'autre quelques secondes avant qu'il n'aborde un sujet encore plus désagréable que le premier. Merde, pourquoi il se souvenait de ça ? « Non c'est pas le mien, c'est celui de Maxine, tu confonds. » Elle est bonne Agathe, c'était ça l'avantage d'avoir une jumelle, on peut tout lui mettre sur le dos. Je me levai pour aller chercher d'autre bières car nous allions certainement en avoir besoin, surtout lui pour oublier mon anniversaire. « Alors t'as envie de quoi comme film ? Hannibal ? » J'étais énervée à l'idée de voir le mec manger pleins d'humains, c'était amusant.