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Just you & me against the world. - Adam

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Adam & Rose« Just you & me . »

    Avec toute l’attention du monde, Rose déchiffra les paroles d’Adam sans intervenir à aucun moment. C’était la première fois qu’il se dévoilait ainsi devant elle, révélant un aspect de sa personnalité qu’elle ne soupçonnait même pas. A ses yeux, Adam était la perfection incarnée à bien des égards, jamais encore elle n’avait rencontré quelqu’un comme lui. Contrairement à ce qu’il semblait croire, Rose était persuadée que les gens ne s’intéressaient pas à lui seulement pour son physique. Adam était incroyable et il ne semblait même pas en avoir conscience. Certes, il devait bien y avoir quelques personnes dans le lot qui ne parvenaient pas à voir plus loin que le bout de leur nez et qui s’arrêtaient simplement à son physique charismatique, mais de là à dire que c’était la seule raison pour laquelle il était constamment entouré, Rose n’était pas d’accord. Continuant de fixer ses lèvres, elle fut une fois de plus touchée par tous les compliments qu’il était en train de lui adresser. Elle aurait aimé le répliquer afin de le remercier mais son regard parlait pour elle. Serrant un peu plus la main d’Adam, elle finit par appuyer sa tête contre son bras, scrutant l’horizon d’un noir d’encre tout en réfléchissant à ce qu’il venait de lui confier. Ce genre de démonstration la mettait toujours extrêmement mal à l’aise car comme elle venait de le lui expliquer, elle ne savait généralement pas comment y répondre. Et puis, elle était troublée. C’était malheureusement difficile pour elle de l’admettre mais c’était pourtant bien le cas.

    Il y eut une minute de silence avant que la voix douce et posée de Rose ne se fasse de nouveau entendre. « Moi je resterais.» La jolie anglaise leva les yeux vers Adam avant de lui fournir de plus amples explications. « Même si tu étais en fauteuil roulant, défiguré ou je ne sais quoi d’autre, jamais je ne partirais. Si les gens qui t’entourent ne sont pas capables de voir à quel point tu es merveilleux, alors ils n’en valent pas la peine. Ensuite, tu n’es peut-être pas un scientifique mais ça ne fait pas de toi un inculte. J’ignore qui t’as mis cette idée en tête mais elle est parfaitement absurde et infondée. Et puis ce n’est pas en passant des années enfermé dans un amphithéâtre ou dans d’immenses bibliothèques que l’on apprend ce qu’est la vie. Si tu en doutes encore, tu n’as qu’à me regarder pour comprendre. Je me défends pas trop mal sur bien des sujets mais je n’ai personne avec qui partager mon point de vue et alors en matière de rapports humains, je suis lamentable.» Cette constatation la fit aussitôt sourire tant elle était réaliste. Toutefois, son adorable sourire s’estompa bien vite et de sa main libre, elle caressa la joue d’Adam avec tendresse. « Tu es merveilleux Adam. Et crois-moi, je ne me lasserai jamais de te le répéter encore et encore.» A peine eut-elle terminé son discours qu’elle vint de nouveau se blottir dans les bras d’Adam, sans doute le seul endroit au monde où elle se sentait aussi sereine et apaisée. Rose n’était pas comme toutes ces personnes qui ne s’intéressaient à lui que pour une seule et unique raison. Elle l’aimait pour ce qu’il était tout simplement. « Maintenant que nous avons accompli notre mission d’un soir, peut-être désires-tu rentrer ? Tu avais peut-être des projets pour la soirée ?»

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Je venais de me livrer un peu, et j'avouerai volontiers qu'une sensation particulière me parcourait. Il m'était cependant difficile de poser des mots concrets sur ce que je ressentais, tellement des milliers de choses étaient dans mon esprit. Rose était douce, dans ses attentions, ses intentions, et ses paroles. Je me sentais vraiment bien, à ce moment présent. Je n'avais pas besoin qu'elle me rassure, vraiment, mais ce qu'elle me disait était toujours bon à entendre, parce que je savais qu'elle était d'une sincérité qu'on ne pouvait remettre en question.
Ce qui m'avait mis ça dans la tête ? Tellement de choses. Non en fait, une seule personne, mais qui avait fait suffisamment de dégâts comme ça. Après tout, c'est toujours comme ça que cela se passe, non ? Je m'étais mis en tête que j'allais profiter de tout. Que j'allais profiter de tout ce qu'on allait m'offrir, de tout ce qu'il m'était possible de prendre, et même de chercher plus loin encore. Mais avec la rencontre de Rose, tout avait été remis en cause. Tout, jusque dans mes habitudes. C'est entre autre pour ça que je la trouvais terriblement exceptionnelle, Rose. Et ce qu'elle venait de me dire était vraiment .. indescriptible. Je la regardais longuement dans les yeux, tant qu'elle me laissait les voir. Il n'y avait rien de mieux que de pouvoir me voir à travers elle.

« C'est toujours bon de savoir que j'aurais quelqu'un pour me pousser quand je voudrais sortir dehors. » Je jouais un peu avec l'humour, mais c'était de bonne guerre. Ses mots avaient eu du poids sur mon coeur.
Contre moi, elle me demandait ce que je comptais faire maintenant. Maintenant ? Je voulais la remercier. Maintenant, je voulais profiter. Je n'avais pas la moindre idée de quoi sera fait demain, et je ne voulais pas me dire que j'avais loupé quoi que ce soit. Plissant légèrement les yeux, je m’apprêtais à lui répondre.
« Ce soir, j'ai retenu que j'étais à toi. Alors j'aimerais finir ma soirée avec ma femme. Sauf si tu désires que je te raccompagne. Mais clairement, si tu me demandes ce que je veux faire, c'est passer du temps avec toi. T'emmener danser. Partir et rouler je ne sais où. Finir notre soirée en tête à tête, à regarder les étoiles. Je suis ouvert à toute option » disais-je alors, passant mes bras autour de Rose pour la garder contre moi, une fois qu'elle avait pu lire ce que je venais de lui dire. Elle m'avait vraiment touché avec ce qu'elle venait de dire, et je crois que je ne m'en lasserais pas non plus de l'écouter. C'était une première pour moi.






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Adam & Rose« Just you & me . »


    Ne s’attendant pas le moins du monde à une telle réflexion de sa part, Rose laissa échapper un rire franc et cristallin avant d’essayer de retrouver son sérieux et de lui lancer un regard réprobateur. Ils ne devraient pas plaisanter avec ce genre de choses. Envisager qu’il puisse arriver quoi que ce soit à Adam la rendait malade. Changeant de conversation, Rose lui demanda ce qu’il avait l’intention de faire du reste de sa soirée : la réponse la décontenança une fois encore. Tandis qu’elle déchiffrait les paroles d’Adam, la jeune femme sentit les battements de son cœur adopter un rythme nouveau. Le reste du monde semblait n’avoir plus aucune espèce d’importance, Rose avait la sensation qu’ils étaient seuls au monde. Ce n’était pas une sensation normale. Pour n’importe qui sans doute, mais pas pour Rose. Comment cette éternelle solitaire pouvait-elle soudainement avoir besoin de la présence d’autrui ? Cela allait totalement à l’encontre de ce qu’elle était. C’est une chose qu’elle ne parvenait pas à s’expliquer et qui la perturbait affreusement. Elle n’avait pas l’habitude de s’attacher aux autres, pas de cette manière en tout cas. A vrai dire, la jeune femme ne s’était jamais posé autant de questions. C’est un peu comme si ses propres émotions étaient soudainement décuplées et qu’elle ne pouvait rien faire pour les maîtriser. Elle avait véritablement besoin d’Adam. A croire que sans lui, le monde n’avait plus aucun sens. Elle détestait ça. Pire encore, elle haïssait ce sentiment. C’était beaucoup trop lourd à porter. A choisir, Rose préférait de loin la quiétude de son existence passée, du temps où elle était persuadée que rien ni personne ne pourrait jamais venir troubler son quotidien. Désormais, Adam était au centre même de celui-ci. Elle avait besoin de lui, bien plus qu’elle ne voulait l’admettre.

    Rose resserra sa main et sans quitter son regard un seul instant, s’empara même de la seconde avant de la serrer avec la même douceur. Autant parler d’un pas gigantesque. Il n’y avait jamais chez elle le moindre geste brusque, précipité ou maladroit. Elle était toujours d’une extrême délicatesse. « Tes propositions sont toutes plus alléchantes les unes que les autres, mais pour commencer, je voudrais que nous quittions cet endroit. J’ai envie de finir cette soirée avec toi sans avoir à nous sentir épiés chaque seconde.» Rose se mit à sourire et lança un regard par-dessus l’épaule du jeune homme, lui faisant comprendre que ses admiratrices étaient toujours en pamoison devant lui et attendaient avec impatience qu’il retourne à l’intérieur. « Si nous étions réellement mariés, je pense que ma patience légendaire m’aurait quittée depuis bien longtemps.» Elle se pinça les lèvres afin de ne pas se mettre à rire puis replongea son regard dans celui du jeune homme avec davantage de sérieux. « J’aimerais que tu m’emmènes loin d’ici. Peu importe l’endroit, je veux juste que nous soyons ensemble. Je veux profiter de ta présence tant que je t’ai égoïstement rien que pour moi. Demain, ce sera autre chose.» Elle haussa les yeux au ciel avec amusement, anticipant par avance ce qui allait se passer à l’Université : une fois encore ils n’auraient pas une minute pour se voir. Elle serait trop occupée à étudier et il serait trop entouré pour qu’elle puisse envisager un seul instant de l’approcher. De temps en temps, il lui arrivait de se placer tout en haut des gradins pendant qu’il s’entrainait. Elle restait là un long moment, simplement pour le plaisir de le regarder et de sentir sa présence non loin d’elle. Généralement, Rose faisait en sorte qu’il ne la voit pas, c’était mieux ainsi. Le reste du temps, ils étaient chacun de leur côté. Pour une fois qu’ils pouvaient passer du temps à deux, Rose voulait en profiter et si elle avait eu le pouvoir d’arrêter le temps, elle l’aurait fait sans ciller. « Nous pourrions rouler jusqu’à ce que l’essence vienne à nous manquer et passer le reste de la nuit dans un endroit tranquille à contempler les étoiles. Je sais par avance que je vais maudire l’aube de se lever.»

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J'aimais l'entendre rire. Ce son m'assurait alors qu'elle allait bien, en toute circonstance. Et soudain, j'étais étonné de notre soudain rapprochement. Les choses n'avaient pas vraiment changé d'habitude, pourtant, mais nos contacts s'en trouvaient vraiment différents. Comme si nous avions besoin d'un peu plus qu'à l’accoutumé. Et je dois dire que j'aimais ce rôle qu'elle m'avait attribué, au final. C'était de loin le meilleur rôle qu'il m'avait été permis d'avoir, et la meilleure composition qu'il m'a jamais été permis de faire de toute ma vie. Car même si ce que nous représentions aux yeux des personnes lambda était faux, la complicité et les sentiments que nous partagions étaient les choses les plus sincères que j'ai pu donner et recevoir.

Elle avait raison, nous avions grandement besoin de nous éclipser, comme si nous n'étions pas à notre place ici. Nous avions besoin de plus de libertés, autour de nous, et entre nous. Nous avions besoin de souffler un peu, et d'enlever cet entourage qui devenait étouffant à la longue. Lorsque Rose vint à parler de sa patience, je ne pouvais cacher un sourire qui s'affichait bien trop pour être dissimulé. Mais à l'inverse d'elle, les regards et les attentions que l'on posaient sur elle me tapaient sur le système depuis bien longtemps. Vraiment. Mais je n'allais certainement pas lui dire, non. Il ne fallait pas. « Si nous étions mariés, j'aurais éliminé un par un ces hommes qui osent s'imaginer pouvoir être à ma place l'espace d'une seconde. »
Et lorsque Rose haussait les yeux au ciel, j'en profitais pour montrer un peu plus aux autres, aux femmes comme aux hommes, qu'elle était définitivement intouchable. Je m'approchais lentement, et déposais mes lèvres contre sa joue, pour y déposer un doux baiser. Légèrement appuyé. Chaud. Tendre. Et de me reculer ensuite, pour répondre à toutes les éventualités qu'elle venait de citer précédemment. Elle avait probablement raison, le temps que l'on pourrait se consacrer l'un à l'autre s'en verrait fortement affecté, et diminué. Mais si ça ne tenait qu'à moi, elle aurait la priorité sur mon emploi du temps. Seulement, je voulais l'écarter de tout ça. Des gens qui me tournaient autour, des sollicitations constantes envers moi, et de la pression qui en découlait. Des gens méchants, et de leur bile gratuite qu'ils pourraient déverser, ne serait-ce que pour l'éloigner de moi. Tant que je pouvais protéger Rose, sans qu'elle le sache, je m'y afférais.

« Tu sais quoi ? Je sais exactement où je vais nous emmener. Alors je vais prendre ta main, te dire à quel point encore, tu es ravissante ce soir, et nous allons faire enrager tous ceux qui nous jalousent. Je vais te déposer dans la voiture, et nous allons rouler, rouler. Profiter du temps qui passe, et t'emmener dans un endroit où nous serons aux premières loges pour souffler sur le soleil qui tentera de se lever. Rien que toi, et moi. En espérant que le temps que tu auras passer sera la meilleure façon de l'avoir dépensé. » Et une fois mes paroles terminées, ma main se faisait plus présente, comme si le moment du départ était déjà annoncé, et que je n'attendais plus qu'elle.





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Adam & Rose« Just you & me . »



    S’ils étaient réellement mariés, elle n’aurait même jamais remarqué la présence de ces hommes. Rose se garda toutefois de formuler cette affirmation à voix haute et se contenta de lui adresser un léger sourire avant de baisser le regard. Rester en ces lieux n’avait plus aucun sens désormais. La jeune femme avait obtenu précisément ce qu’elle désirait à savoir un rendez-vous avec l’un des plus grands pontes de la littérature de ce pays. A présent, elle devait se montrer patiente et attendre sagement le dîner organisé la semaine suivante. Pour ce soir elle souhaitait simplement profiter de la compagnie d’Adam, de ces instants bien trop précieux pour qu’elle se permette d’en gâcher la moindre seconde. Il n’y avait qu’en sa présence qu’elle se sentait pleinement vivante, comme s’il était le seul à pouvoir raviver cette petite étincelle de vie qui parfois lui faisait défaut. Rose n’osait pas songer au lendemain matin et à leurs obligations respectives, elle aurait voulu que cette nuit ne s’achève jamais. Peu importe l’endroit, elle voulait juste être avec lui. A croire qu’il s’agissait-là d’un besoin vital. Sans plus attendre Rose s’empara de la main d’Adam et ensemble, ils traversèrent de nouveau l’immense salle de réception, à la décoration et aux dorures parfaites. Fidèle à ses bonnes manières anglaises, la demoiselle salua leur hôte tout en le remerciant chaleureusement de les avoir conviés à cette incroyable réception. L’homme les invita à rester plus longtemps mais Rose trouva un excellent prétexte afin qu’ils puissent s’éclipser rapidement.

    Une fois de plus, les deux jeunes gens avaient accompli leur mission à la perfection. Qui aurait pu croire une seule seconde qu’ils n’étaient que deux infâmes simulateurs ? Alors qu’ils s’éloignaient de la villa pour rejoindre la voiture, Rose aurait pu lâcher la main d’Adam mais ne le fit pourtant pas. Bien au contraire, elle la serra d’autant plus fort dans la sienne tout en demeurant extrêmement proche de lui. A croire qu’elle avait peur qu’il lui échappe dans la seconde ou bien que tout ceci ne soit qu’un rêve. « J’ai hâte de découvrir où tu comptes m’emmener.» Venant de n’importe quelle autre fille sur cette planète, cette attitude aurait pu passer pour un véritable jeu de séduction. Or, venant de Rose, ce n’était absolument pas le cas. Elle était juste un océan de douceur et de tendresse. La présence d’Adam à ses côtés la rassurait et lui faisait un bien fou. Jamais elle ne s’était sentie aussi rassurée de toute son existence et pour la première fois depuis bien longtemps, elle se sentait revivre. « A mes yeux, il n’y a rien de plus précieux que le temps que nous passons ensemble. Je ne parle pas simplement de notre petit numéro afin de conquérir le cœur de tous ces hommes d’affaires peu scrupuleux mais véritablement de nous deux. Je me sens bien quand tu es là. Crois-moi, je n’ai pas eu l’occasion de dire ça souvent au cours de mon existence. C’est dingue mais j’ai l’impression que ma vie toute entière n’a été qu’une succession d’embuches jusqu’à ce que je croise ton chemin. Tu m’as permis de voir les choses autrement, tu m’as fait comprendre qu’il existe encore des personnes dignes de confiance. Tout cela n’a aucun prix. » Rose l’éternelle solitaire comprenait peu à peu qu’elle n’avait pas à avoir peur d’aller vers les autres. Du moins, vers Adam. Difficile pour elle d’emprunter ce chemin inconnu mais grâce à lui, elle parvenait à voir les choses sous un angle nouveau. Il était l’élément qui manquait à son existence pour que celle-ci soit parfaite. Rose faisait partie de ces personnes qui pensent que le hasard n’existe pas. Elle croyait au destin et sans véritablement pouvoir se l’expliquer, elle savait que le sien était étroitement lié à celui d’Adam. Ils arrivèrent enfin devant la voiture et son visage de porcelaine afficha un large sourire, telle une enfant s’apprêtant à découvrir ses cadeaux un matin de Noël. « Tu comptes entretenir le suspens jusqu’à ce que nous arrivions à destination ou bien vas-tu enfin me dire où nous allons ? Je n’ai pas vraiment l’habitude de partir à l’aventure en robe de soirée.» Son sourire parfait s’accentua tandis qu’elle montait à l’intérieur du véhicule avant de découvrir à ses pieds un vêtement de femme qui manifestement, ne lui appartenait pas. Elle le montra à Adam tout en plissant légèrement les yeux avec amusement. « Franchement, je ne préfère même pas savoir ce que cette chose fait dans ta voiture.»

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Tels de jeunes mais expérimentés comédiens, nous nous éclipsions après avoir fait une révérence à notre public, avant que le rideau ne tombe. Nous avions rempli notre mission, et c'était bien là le plus important. Mais en addition à tout cela, j'avais la sensation d'avoir remporté bien plus qu'une simple victoire. Cette victoire, et cette soirée, avaient une toute autre saveur. Une saveur de libération. Un parfum de sentiments mélangés. Et tout cela était en train de durer. Comme si, peu à peu, je réussissais à me détacher de mon ancienne vie, ma vie actuelle. Celle faite de superficialité, de coucheries, et j'en passe. je devenais peut être menteur, mais terriblement responsable, et protecteur. C'est surtout ça que j'aimais le plus maintenant. L'importance et le rôle que j'avais auprès de Rose. Mais je n'oubliais pas le travail que nous avions encore à accomplir. Nous avions eu ce que Rose voulait, c'est à dire le rendez vous. Maintenant, il fallait qu'on aille au bout des choses. Que nous décrochions tout ce dont elle avait besoin et désirait pour y arriver. Et je crois que pour elle, j'étais prêt à décrocher la lune ce soir. Pour le moment, j'avais d'autres choses à penser. Il était temps de décompresser, et de profiter du reste de notre soirée. Car pour moi, elle était loin d'être finie en fait, bien loin de là. J'avais déjà toute une organisation dans ma tête, et je savais déjà ce que je voulais offrir à Rose.

Nous avions dit au revoir à la soirée, comme il se doit. Aux invités, autant qu'à l'hôte. Et nous étions en route pour la voiture, main dans la main. Rose me parlait de nous deux. D'un nous deux radieux, et qui la ravissait. Si je lui ai permis de voir les choses autrement, c'était le cas aussi pour elle. Elle m'avait ouvert une vue sur une vie différente, de celle que j'étais en train de me préparer. Et je me rendais compte de deux choses : la première, c'est à quel point j'étais en train de me planter, à faire la guerre à une chimère qui n'existait que parce que je décidais de la faire vivre; la deuxième, que j'aurais du rencontrer cette femme avant, mais qu'il n'était jamais trop tard pour bien faire les choses. Si tu savais Rose comme je suis content de vivre ce genre de moments. Mais comment le lui dire, hein ? Je n'en avais pas la moindre idée. Alors, je ne disais rien, en tout cas pas sur ce sujet. C'était encore trop sensible pour l'emprunter. Et puis, elle m'avait tendue une perche changer de voie.
« Eh bien, je ne sais pas. Je suis tiraillé entre te le dire, et te faire imaginer, et ne pas te le dire. Mais puisque tu me sembles si impatiente et que je ne peux rien te refuser, je vais t'en dire un morceau. Je vais te conduire vers un endroit où je n'ai encore jamais emmené personne. On peut y voir un magnifique ciel étoilé, car la vue y est dégagée. Et nous aurons même le bruit ambiant pour nous bercer.»
J'étais content de moi. Content de pouvoir lui faire une surprise. Jusqu'à ce que nous découvrions un corps d'une soirée. J'étais mal à l'aise. Habituellement non, mais là si. Parce que je ne voulais pas de ça pour la soirée.
« C'est du passé maintenant. » disais-je, pour écourter le sujet autant que je le pouvais. Comment avait-elle pu prendre ce genre de truc, hein ? Je mettais la clé dans le contact, et je me mordillais les lèvres.

De nervosité, sans doute. Mais aussi parce que je m'en voulais. Comme quoi, on ne se débarrasse pas de son passé comme ça. Ce sous-vêtement m'avait mis du plomb dans l'aile, indubitablement, même si rose avait voulu me faire croire qu'elle prenait bien la chose. Nous sortions alors du parking, et pendant que nous roulions, je tentais de la regarder, discrètement, histoire de prendre la température. Je m'en voulais, sérieusement. Et pendant que nous roulions, nous passions un panneau qui indiquait Boston et Plymouth. Je n'allais pas l'emmener trop loin non plus. Je voulais juste un endroit pour la faire rêver, encore un peu, ce soir.



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Adam & Rose« Just you & me . »


    Immanquablement amusée par la situation, Rose agita doucement la tête de droite à gauche. A aucun moment elle n’avait pensé que sa remarque puisse mettre Adam mal à l’aise, ce n’était vraiment pas son objectif. Sans compter qu’elle n’émettait aucun jugement sur sa vie privée. C’est un sujet qu’elle n’avait d’ailleurs pas la moindre envie d’aborder. Elle savait qu’Adam était courtisé de toute part et il faudrait probablement toute une vie avant qu’il n’ait fini d’énumérer la liste de ses conquêtes. Du moins, en était-elle persuadée. Rose reporta donc son attention vers le paysage qui s’offrait à eux et déchiffra les panneaux indiquant Boston et Plymouth. Qu’importe l’endroit où il avait l’intention de l’emmener, elle savait qu’elle allait adorer. La belle anglaise demeura silencieuse durant une minute avant de lancer un coup d’œil en direction d’Adam, à l’instant même où il en faisait autant. Elle se mit à rire. « Quoi ? » Oh elle savait parfaitement ce qu’il était en train de faire. Paraissait-elle coincée au point de s’offenser d’avoir trouvé un vêtement de femme dans la voiture du garçon le plus sollicité de la ville ? Rose était peut-être une anglaise de pure souche, elle n’était pas née de la dernière pluie. Un sourire mutin s’étira sur ses lèvres rosées et elle dévisagea Adam, non sans un amusement prononcé. « J’aime quand tu fais cette moue de petit garçon pris la main dans le sac après avoir fait une bêtise. Ça te donne un air vraiment adorable. Ne t’en fais pas Adam, ce n’est rien. Enfin, en dehors du fait qu’elle a vraiment mauvais goût en matière de sous-vêtements, je ne vois pas trop ce que je pourrais dire de plus.» Son rire doux et cristallin se fit de nouveau entendre. Rose voulait simplement détendre l’atmosphère et lui faire clairement comprendre qu’il n’avait pas à se sentir confus pour si peu. L’imaginer avec d’autres femmes n’était peut-être pas son activité favorite mais Rose n’était pas stupide ; elle savait qu’Adam menait une vie bien remplie et qu’il devait enchainer les conquêtes au même rythme qu’elle enchainait les vieux bouquins.

    La voiture continuait de s’enfoncer dans la nuit noire et Rose, telle une enfant impatiente, guettait l’instant tant attendu où Adam lui annoncerait qu’ils étaient enfin arrivés. La perspective de l’avoir rien que pour elle jusqu’au petit matin était incroyable et elle aurait donné n’importe quoi pour arrêter le temps. « L’endroit que tu viens de me décrire à l’air paradisiaque, je suis impatiente d’arriver. J’ai toujours adoré passer la nuit à la belle étoile. Ca me rappelle mon enfance. Quand j’étais petite, mon père nous emmenait souvent camper ma mère et moi. Nous allions dans les montagnes, à plusieurs dizaines de kilomètres du centre de Londres. Un endroit magique, comme isolé du reste du monde. Nous passions la nuit à contempler les étoiles et mon père nous décrivait chaque constellation avec cet entrain qui l’animait toujours. Tu as déjà visité l’Angleterre Adam ? Un jour je t’y emmènerai.» Elle reposa son regard brillant en direction du jeune homme et tandis qu’il conduisait, appuya sa tête contre son épaule regardant de nouveau la route.« Il y a tellement de choses que j'aimerais partager avec toi.»

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Je me rendais compte peu à peu des choses, et le genre de vie que je menais était peut être le genre de vie qui pouvait m'éloigner d'elle. Et pour continuer une soirée en beauté, sur notre lancée, j'avais vu mieux qu'un vulgaire sous vêtement. Quand on se regardait l'espace d'un instant, en même temps, je n'avais pas le temps de réprimer un sourire naissant. « Rien » disais-je, alors que je détournais mon regard aussitôt sur la route. J'avais le sourire à chaque fois que je savais que Rose me regardait, c'est comme ça. Peut être que je pouvais l'expliquer, mais je ne suis pas sûr de pouvoir donner les raisons exactes, tellement il y en a. Un petit garçon pris la main dans le sac, c'était réellement ce qui pouvait me définir à cet instant, oui. Parce qu'à aucun moment, je ne voulais mêler ma vie, de près ou de loin, à notre vie, à Rose et moi. Parce que je trouvais cela presque dégradant, et que Rose, je la plaçais tout en haut, au dessus d'un piédestal qu'elle méritait amplement.
Rose arrivait à désamorcer la situation avec de l'humour. « Il n'y a pas qu'en sous vêtement qu'elle a mauvais gout » ajoutais-je, en roulant des yeux. « Mais ce n'est pas rien. Mais tu as raison, il n'y a rien à dire.» Elle me faisait clairement comprendre qu'il ne fallait pas rester sur cet épisode, alors il était inutile d'épiloguer. Je m'en voulais, un point c'est tout. Parce que pendant cette soirée, j'ai eu le temps d'imaginer un de ces hommes avec elle, et ce n'était pas un des moments les plus agréables. Je voulais juste que pour une fois, ma vie et cette réputation que je pouvais avoir me lâche l'espace d'une soirée. Mais, nous récoltons que ce que nous semons, n'est ce pas ?

Une fois qu'elle avait fini de parler, je reprenais juste derrière elle. « J'espère seulement que ça te plaira autant que ça me plait dans ma tête. J'aime les nuits étoilées, oui. Ce genre de moments qu'on peut partager. Je n'ai jamais eu le loisir de visiter, non. C'est une invitation, Rose ? » Si j'aimerais partir avec elle ? Evidemment. Je suis déjà en train de le faire, non ? Et si faire un voyage avec elle, rime avec passer le genre de soirées que nous sommes en train de passer, je signe tout de suite. « Nous sommes bientôt arrivés, Rose. » soufflais-je, alors qu'elle allait ensuite poser sa tête contre moi. Il y a tellement de choses que j'aimerais aussi, Rose. Mais parfois, vouloir ne suffit pas. Et même si ça me fait rêver, je n'ai surtout pas envie de te décevoir. Je crois que c'est la pire chose que je puisse faire, au jour d'aujourd'hui.





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Adam & Rose« Just you & me . »



    « Ça l’est en effet. » Rose avait beau adorer les Etats-Unis et la vie qu’elle y menait, l’Angleterre demeurerait toujours à ses yeux l’endroit le plus fascinant de la planète. Elle avait envie de faire découvrir à Adam ces paysages somptueux qu’elle connaissait par cœur, ces odeurs qu’on ne rencontre que dans les vastes campagnes anglaises, elle voulait lui faire visiter Londres et ses alentours, lui montrer la maison de son enfance et lui confier quelques-uns de ses secrets les mieux gardés. Rose ne parlait jamais de son enfance et de son passé. C’était un sujet délicat qu’elle avait beaucoup de mal à aborder, y compris en présence d’Adam. Lui proposer de visiter Londres avec elle était donc un pas immense et la preuve véritable de la confiance qu’elle pouvait lui accorder. Une fois de plus, elle se rendait compte qu’elle se sentait tout simplement heureuse en sa présence. Pas besoin de longs discours ou de belles paroles. Le savoir près d’elle était amplement suffisant. Appuyée contre son épaule, elle ne tarda pas à fermer les yeux, se laissant aller tout en s’enivrant de son parfum qu’elle connaissait par cœur et qu’elle aurait pu reconnaitre entre mille. Cela faisait une éternité qu’elle ne s’était pas sentie aussi sereine. Même si c’était difficile de l’admettre, Adam avait un pouvoir incroyable sur elle. Etonnant quand on sait à quel point Rose est attachée à sa solitude. Une vraie sauvageonne. Le pire dans tout ça, c'est que la présence des autres ne lui manquait absolument pas. Elle vivait dans l'univers de ses rêves et jusqu'ici, personne n'avait été capable d'y pénétrer. Contrairement aux apparences, Rose n'était pas tout à fait certaine d'être domesticable. A vrai dire, elle se voyait plutôt comme ces animaux craintifs et potentiellement dangereux pour l'homme. Sentant la voiture ralentir, la jeune femme rouvrit les yeux et regarda à travers la vitre. « Nous sommes arrivés ?»

    Quand elle sortit de la voiture, Rose fut immédiatement subjuguée par la beauté des lieux. Le paysage était à couper le souffle et lorsqu’elle leva la tête, elle fut ravie de constater que pas un seul nuage ne venait encombrer le ciel d’un noir d’encre, piqueté d’étoiles scintillantes. « Tu avais raison, cet endroit est fabuleux.» Rose s’avança de quelques pas, tout en prenant soin de ne pas marcher sur sa robe de soirée. Certes sa tenue n’était pas réellement appropriée pour ce genre de sortie mais c’était bien le cadet de ses soucis. « Ca t’arrive souvent de venir ici ? » Rose détourna son regard du ciel afin de le braquer en direction des lèvres d’Adam, dans l’espoir d’obtenir une réponse. Elle savait aussi que tant qu’elle ne le regardait pas, toute tentative d’explication serait vaine. Il faisait très sombre et c’est pourquoi elle se rapprocha davantage d’Adam afin de mieux pouvoir lire sur ses lèvres. La proximité la mettant immanquablement mal à l’aise, un sourire discret mais nerveux se dessina sur son visage de poupée. « Désolée. Ce n’est pas évident de communiquer avec moi, encore moins quand il fait nuit. On a qu’à improviser une astuce : tu prends ma main dans la tienne et si jamais tu veux me parler et que je ne te regarde pas à ce moment-là, tu n’auras qu’à me faire un petit signe avec ton pouce. Système D.» Son sourire s’accentua légèrement tandis qu’elle fixait toujours les lèvres d’Adam. A tel point que ça en devenait presque déstabilisant pour elle. Elle n’aimait pas cette sensation. Rose se détourna donc du jeune homme et leva de nouveau la tête en direction du ciel. « Merci de m’avoir emmenée ici. Je ne pouvais pas rêver mieux pour terminer la soirée.»

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Adam&Rose




C'était peut être aussi formidable qu'elle le prétendait, l'Angleterre. En tout cas je voulais volontiers la croire. Ça me faisait penser que, hormis avec ma famille, je n'étais jamais parti à l'étranger avec quelqu'un. Mais je crois qu'il y a une raison toute trouvée pour ça : pour partir avec quelqu'un, faudrait-il encore que ce soit quelqu'un que l'on connaisse depuis un moment, de qui on soit proche surtout, et moi avec les gens, je suis tout sauf proche. Je mets toute la distance nécessaire parce que mon train de vie me l'impose. Aucun contact prolongé. Aucune accroche. Aucune dépendance à qui que ce soit. Et à la longue, force est de constater que c'était devenu plus un réflexe, une habitude, qu'autre chose. Alors, partir avec Rose pourrait signifier énormément de choses pour moi. Et certainement pour elle aussi, à en connaitre son statut de louve solitaire. Donc je ne pouvais qu'être enthousiasmé par ce qu'elle venait de dire, même si je savais que pour nous, c'était encore très loin. Et que pour le moment, je voulais surtout lui faire passer un moment dont elle se souviendra longtemps.
J'aimais ce moment de calme. Ce moment où je sentais que j'avais tout en main pour bien faire. Ce moment où, contre moi, elle semblait si sereine. Pas à devoir s'inquiéter de telle ou telle chose. Ce moment où surtout, je pouvais veiller sur elle de façon plus directe. J'hochais la tête par l'affirmative pour lui faire comprendre plus vite que oui, nous étions bel et bien arrivés.

« J'espérais que ça te plaise. Tu m'en vois ravis. Et... Non, je ne viens pas souvent ici à vrai dire. En tout cas, c'est la première fois que j'y viens accompagné. J'ai découvert cet endroit avant de venir à Harvard, quand je suis parti de New York. Et je dois dire que je m'étais dit une chose : j'aimerais venir ici un jour avec quelqu'un avec qui je me sente bien. » Puis, je regardais le ciel, comme pour clôturer ce que je venais de dire.
Elle était touchante, vraiment. Je sentais qu'elle sentait lentement le poids de son handicap venir entre nous deux. Pourtant, c'était ce qui faisait de façon évidente sa personnalité, et ce qu'elle était devenue. Et elle était tout sauf le genre de filles que j'avais pour habitude de fréquenter. C'était bon, agréable, et toujours surprenant de voir le clivage entre Rose, et les autres. Moi, son handicap, ça me permettait de prendre soin d'elle, même si je comprenais aisément que ça pouvait la fatiguer à la longue, en plus de devenir gênant pour elle. « Ne sois pas désolée Rose, je comprends ne t'en fais pas. Et ce qui peut te simplifier la vie, nous simplifie notre relation. » Et je prenais sa main, tout doucement, alors que je ne quittais pas ses yeux. Nous étions proches, mais pas qu'au sens littéral du mot distance. Nous étions sur la même longueur d'onde. Nous partagions réellement ce moment. Et cela me décrochait un léger sourire de la voir un peu décontenancée. C'est toujours agréable comme sensation. Je lâchais pourtant sa main, le temps d'un instant, pour déposer ma veste sur ses épaules, au cas où, avant de reprendre ses doigts. De rien Rose, vraiment. C'est moi qui suis comblé.




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