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Just you & me against the world. - Adam

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Just you & me against the world. - Adam 2il2b74
Adam & Rose« Just you & me . »


    Ne jamais se fier aux apparences. Voilà quelle devrait être la règle, que ce soit en matière d’amour, d’amitiés ou tout simplement à l’échelle de votre entourage professionnel. Cela faisait longtemps que Rose l’avait parfaitement compris. Ainsi, afin de s’immiscer subrepticement dans ce monde qui l’attirait depuis toujours, la belle anglaise n’hésitait pas à se faire passer pour ce qu’elle n’était pas. Il faut savoir que dans le petit monde de la littérature, personne ne prend au sérieux une jeune demoiselle pas encore diplômée et n’ayant pour seul bagage que quelques stages bien rodés, aussi intéressants et enrichissants soient-ils. Avoir de l’envergure ne suffit pas et même le plus brillant des jeunes diplômés peut être rapidement discrédité. C’était une erreur car en matière de compétences, Rose était probablement bien plus intéressantes que bon nombre de ces paons n’ayant de cesse de chercher à en mettre plein la vue comme s’ils étaient les rois du monde. Rose savait que ses connaissances auraient eu de quoi en faire pâlir plus d’un et qu’elle n’avait strictement rien à leur envier. Toujours est-il que la jeune femme n’hésitait pas à endosser un masque lorsqu’il s’agissait de parler affaires. De ce fait, elle restait toujours relativement vague sur son âge et lorsqu’elle parlait de son expérience professionnelle, elle se gardait bien de préciser qu’il ne s’agissait que de simples stages. Par chance, personne n’avait encore eu l’audace de mettre sa parole en doute, autant parler d’un vrai miracle. Aux yeux de tous, Rose était une jeune femme intelligente, se créant petit à petit une véritable place au sein du cercle fermé que représente le monde de l’édition et de la critique littéraire.

    Afin que son rôle soit crédible jusqu’au bout, elle s’était même inventé une vie fictive à laquelle elle faisait volontiers participer son ami de longue date, Adam. Leur complicité était telle que leur mensonge passait comme une lettre à la poste. Ainsi, pour tous ces académiciens pompeux, Adam et Rose formaient un adorable couple de jeunes mariés, heureux et épanouis. Cela faisait des mois que cela durait. Et de réception en réception, ils s’affichaient main dans la main, trompant leur monde avec une facilité déconcertante. Ce soir, le dîner se déroulait chez un nouveau riche désireux d’investir dans l’industrie du livre. L’homme avait ainsi convié les grands noms de ce milieu relativement fermé, ainsi que le beau monde californien. Des palmiers longeaient l’allée privée de l’indécente villa, installée sur une falaise au bord de la mer. Mercedes et Cadillac s’alignaient sur le parking attenant et des voituriers s’affairaient pour les manœuvrer. A l’intérieur, la soirée battait déjà son plein parmi les colonnades de marbre, les gigantesques urnes de fleurs, les tapis persans, les tentures de soie et autres lustres en cristal de Bohême. En pénétrant dans la salle de bal, n’importe qui aurait immédiatement eu le souffle coupé. C’était fabuleux. On se serait cru dans un palais de légende, aux plafonds d’une hauteur incroyable, aux innombrables candélabres, aux arbres en pots entremêlés de guirlandes lumineuses, parmi les tables. Au fond de la pièce, des rideaux bouffants s’ouvraient sur un balcon qui devait certainement donner sur l’océan. Les tables étaient tout aussi incroyables que le reste, ornées de fleurs extrêmement raffinées. Il fallait le reconnaitre, cette robe était un chef d’œuvre et comme à son habitude, Rose était des plus ravissantes. Les regards étaient braqués sur elle depuis son arrivée et chacun prenait plaisir à la complimenter dans l’espoir de se voir accorder une danse avant la fin de la soirée. Et puis il y avait ceux qui n’hésitaient pas à s’approcher d’Adam le regard brillant avant de lui adresser quelques mots qui ressemblaient généralement à : « Votre épouse est ravissante Adam, mes compliments. » De l’extérieur, le couple qu’il formait avec Rose était vraiment parfait. Ils étaient aussi élégants et cultivés l’un que l’autre et chacun s’évertuait à penser qu’ils étaient plus amoureux que jamais. Si seulement ils savaient à quel point ils étaient en train de se faire couillonner !! Quoi qu’il en soit, cette réception ne changeait pas des précédentes, on y croisait toujours les mêmes éditeurs prétentieux, les mêmes auteurs en mal de reconnaissance et … les autres. Quelques producteurs désireux de racheter les droits d’un livre par exemple. Fort heureusement, tout le monde n’était pas aussi superficiel qu’il n’y paraissait et quelques personnes intéressantes faisaient également partie de la fête. Avant de se mêler à la foule, Rose serra la main d’Adam dans la sienne, sentant les battements de son cœur s’accélérer. C’était une soirée importante pour elle et elle était terrifiée à l’idée de faire le moindre faux pas. « Une fois encore, je te remercie du fond du cœur de m’accompagner. Tu n’imagines pas à quel point cette soirée est importante pour ma future carrière. Il faut vraiment qu’on soit crédibles cette fois-ci.» Au même instant, l’un des plus prestigieux éditeurs de la ville passa près d’eux. Il les salua tour à tour et instinctivement, Rose se serra dans les bras de son ami, en parfaite jeune épouse heureuse et amoureuse. Avant de s’éloigner, l’homme leur demanda s’ils passaient une bonne soirée, chose à laquelle elle répondit par l’affirmative. Après quoi, la ravissante anglaise vit tout le monde se précipiter sur la piste de danse.« Adam ? De quel genre de musique s’agit-il ? Si c’est un slow, tu m’inviterais à danser ?»

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Ne jamais se fier aux apparences. Si il y a bien une phrase que nous aimions nous dire, Rose et moi, c'était bien celle là. Et je l'ai appris avec elle, dès le début. Qui pourrait croire que derrière cette magnifique femme, se cache quelqu'un qui dissimule à la perfection un handicap qu'elle n'assume pas ? Quand je dis qu'elle ne l'assume pas, je pense que Rose arrive à vivre avec. Ce qu'elle n'assume pas, c'est le regard des autres. Et elle sait que si ça ne se sait pas, c'est toujours bon à prendre. L'autre apparence, c'était notre couple. Notre magnifique couple aux yeux de tous. Elle y tenait plus que tout, et nous l'avions travaillé. En fait, pas vraiment. Ca se faisait naturellement, entre elle et moi. Je savais que ça lui faisait plaisir, certes. Elle avait besoin de ça selon elle, pour lui donner un coup de pouce, pour percer, certes. Je voyais très bien l'importance de la chose, et l'importance qu'avait notre "couple" durant les soirées, mais.. Je ne sais pas. J'avais envie de le faire. Je m'y sentais bien, au final, dans ce rôle. Et c'était l'occasion pour nous deux d'allier l'utile à l'agréable, en quelque sorte.

Rose était au dessus des gens qui nous entouraient, c'était flagrant. de par sa détermination et son ambition, mais pas seulement. Ca se voyait dans son regard. Les gens étaient là en pensant contrôler leur part de vie, mais celle qui avait vraiment décidé de tout contrôler, c'était bien elle. En contrôlant sa vie, et surtout, en contrôlant la vision des autres. Les gens entendaient ce qu'il voulait bien que Rose les laisse entendre, et ils voyaient ce qu'elle voulait qu'ils voient. Ni plus, ni moins.
Nous étions pour eux de jeunes mariés, heureux. Et cela se voyait par tous les sourires que nous pouvions afficher durant la soirée. On aurait presque pu croire que la soirée tournait autour de nous, d'ailleurs. Au début, ce ne fut pas un truc très facile à prendre en main. Elle m'avait pas mal aidé, et notre complicité a fait que tout était réellement plus simple, à vrai dire. Maintenant, aucune personne saine d'esprit ne serait capable de dire que nous ne sommes pas ensemble. Pire, que nous ne sommes pas fait l'un pour l'autre. Nous n'étions qu'un.

Ce soir, c'était une grosse soirée. Des gens riches à ne plus savoir quoi faire de leur argent, s'affichant dans la plus pur des extravagances qui soit, étaient là. Et nous deux, au milieu de tout ça, nagions comme des poissons dans l'eau. Parce que nous nous régalions de tromper tout ce beau monde, sans qu'ils ne puissent s'apercevoir de la moindre chose. Moi en tout cas, j'étais littéralement scotché par l'endroit de la réception. Nous en avions fait, des soirées, mais là ça dépassait l'entendement pour moi, et je crois que ça donnait encore plus l'envie de réussir. Un joli appât pour la vie qui pourrait s'offrir à nous. Tout le monde n'avait d'yeux que pour elle, et Rose se régalait. Moi dans l'histoire ? J'étais son beau gosse de mari, que tout le monde venait voir pour me féliciter d'avoir une aussi belle femme à ma main. « Votre épouse est ravissante Adam, mes compliments. » J'offrais à chaque fois mon plus beau sourire, rajoutant à chaque fois un compliment sur Rose pour la mettre en avant, et me montrer des plus modestes.
« Vous savez, c'est ce que j'ai la chance de pouvoir lui dire tous les matins lorsqu'elle apparaît à mes yeux. » Si vous saviez. Mais dans le fond, ils n'avaient pas tort. Rose faisait plus que crever l'écran. Si les gens ne savaient pas pour quelle raison ils venaient ici, ils se diraient que c'était pour Rose.

Avant d'entrer dans le vif du sujet, Rose me prit la main pour me parler un moment. Je savais qu'elle avait besoin d'être rassurée à ce moment là. Je lisais en elle comme dans un livre ouvert. « Une fois encore, je te remercie du fond du cœur de m’accompagner. Tu n’imagines pas à quel point cette soirée est importante pour ma future carrière. Il faut vraiment qu’on soit crédibles cette fois-ci.» Je lui souriais alors. Un vrai sourire, naturel, et spontané. Celui qui sortait du coeur. Mais avant que je ne puisse sortir quelque mot que ce soit, quelqu'un venait perturber notre rassemblement d'avant guerre. Nous avions déjà l'image du couple parfait. Une fois qu'il s'éloignait et que nous étions de nouveau seuls, je m'adressais à Rose en la regardant dans les yeux. « Ne t'en fais pas Rose. Tout va bien se passer. Tu es juste la plus magnifique des femmes. Et ce soir sera plus qu'un tremplin pour toi. On va tout déchirer. Fais nous confiance. Nous sommes juste parfaits.»

« Adam ? De quel genre de musique s’agit-il ? Si c’est un slow, tu m’inviterais à danser ?» reprenait-elle alors. Je lui prenais alors la main, détachement mon étreinte que j'exerçais sur elle, avant de l'emmener. « Ma femme, c'en est un. Voulez-vous m'offrir le privilège de danser avec vous, ma chérie ? » répondais-je alors, en lui offrant mon autre main, pour qu'elle me suive si elle le souhaite.




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Adam & Rose« Just you & me . »


    Timide et réservée au quotidien, Rose se métamorphosait littéralement lorsqu’il s’agissait de parler affaires. Elle savait que sa future carrière était en jeu et il était important pour elle de mettre le paquet. L’idée que quelqu’un puisse un jour découvrir la supercherie qu’elle avait savamment mise au point avec l’aide de son ami ne lui traversa jamais l’esprit. Elle savait qu’ils étaient crédibles, qu’ils formaient le plus incroyable des couples et que jamais personne ne remettrait leur « amour » en question. Cependant en y regardant de plus près, n’importe qui s’apercevrait rapidement que Rose était loin d’être une jeune femme sure d’elle. Dotée d’une maladresse exemplaire, elle était toujours la première à mettre les pieds dans le plat et n’avait strictement aucune confiance en elle. La preuve en est qu’une magnifique couleur rosée vint teinter ses pommettes dès qu’elle déchiffra les paroles d’Adam. Elle le remercia d’un timide sourire avant de détourner la conversation au sujet de cette danse qu’elle souhaitait partager avec lui. La réponse du jeune homme lui arracha un rire franc et elle s’empara de sa main avec élégance, se laissant entrainer sur la piste de danse.

    Ils étaient éblouissants. Aussi magnifiques l’un que l’autre. Ces messieurs contemplaient Rose d’un œil avide. Ces dames au contraire, se demandaient jalousement ce qu’un homme aussi séduisant qu’Adam pouvait bien lui trouver. Pendant ce temps, ils étaient dans leur bulle comme coupés du monde. L’espace d’un instant, Rose ferma les yeux, la tête appuyée contre le torse de son ami. Un contact déjà beaucoup trop poussée à son goût. Rose n’aimait pas qu’on la touche. C’était viscéral chez elle. Elle était toujours distante, ce qui lui valait bon nombre de reproches. Avec Adam, c’était différent. Tout était différent avec lui et c’est bien pour cette raison qu’elle l’avait choisi lui et pas un autre. Quand elle rouvrit les yeux, elle se rendit compte que les autres danseurs s’étaient immobilisés ce qui lui fit comprendre que la danse était terminée. Dommage. Elle adressa un sourire des plus ravissants à son époux d’un soir dont le charme était incontestable. « Je ne savais pas que tu dansais aussi bien. Je pense que je vais te solliciter beaucoup plus souvent pour ce genre de choses.» S’ils avaient été seuls sans personne autour, elle lui aurait volontiers donné un coup de coude comme elle le faisait toujours avec lui puisqu’ils n’étaient rien de plus que d’excellents amis. Au lieu de ça, elle reprit sa main qu’elle caressa doucement dans la sienne. Sincèrement, qui pourrait douter de son amour pour cet homme incroyable ? « L’homme avec qui je souhaite m’entretenir ce soir n’est pas encore arrivé. Il refuse toujours de rencontrer les étudiants, il dit que c’est une perte de temps. C’est pour ça que je suis obligée de ruser ainsi. En tout cas, tu es parfait dans ton rôle. Je trouve que plus le temps passe, plus nous nous améliorons. On devrait nous remettre un oscar rien que pour notre prestation de ce soir.» Voyant que ces dames continuaient de regarder dans leur direction, Rose se mit sur la pointe de pieds et se permit de déposer un baiser au coin des lèvres d’Adam avant de s’approcher de son oreille pour y murmurer quelques mots. « Je crois que tu leur plais beaucoup. Dommage que tu aies cette alliance au doigt. Elles se seraient toutes jetées à ton cou sinon.»

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Nous étions complémentaires, Rose et moi. Elle, c'était le cerveau, celle qui menait la danse, et qui savait ce qu'elle faisait. C'était son milieu et elle avait toutes les armes pour réussir. Le talent, la belle gueule, le mari. Moi dans tout ça ? J'étais la seule chose qui lui manquait cruellement : la confiance. J'étais là pour la rattraper, pour la guider, pour la pousser en avant, sans que jamais elle ne tombe. C'était ça le secret, et une des raisons certainement qui fait qu'elle m'avait choisi, et que ça marchait parfaitement. J'étais son moteur, celui qui lui donnait l'énergie et l'impulsion suffisante pour avancer. Elle, c'était le pilote, celle qui nous guidait à travers ce labyrinthe tortueux. Et à nous deux, nous étions ce que nous pouvions être de meilleur : un couple, un duo.

Je savais que ce n'était qu'un jeu, mais je ne supportais pas les regards que pouvaient avoir ces mâles en manque de reconnaissance sexuelle. Je n'aime déjà pas beaucoup les hommes en général, mais quand on commence à lorgner sur la femme qui se trouve dans mes bras, je me sens comme menacé. Pas directement envers moi, mais surtout envers elle. Et même si elle n'avait peut être aucune idée de ce qui se cachait dans l'ombre, je faisais mon boulot de mari à la perfection. Ma réponse n'était qu'un regard qui était signe de représailles, si jamais ils avaient seulement l'idée de l'approcher. On ne touche pas à Rose, surtout pas. Peut être prenais-je mon rôle trop à coeur, allez savoir. Mais j'étais comme ça. Protecteur. Jaloux parfois. Rose elle, était appuyée contre moi, alors que je menais la danse, et qu'elle, se laissait bercer. Lorsque la danse était terminée, elle me disait alors : « Je ne savais pas que tu dansais aussi bien. Je pense que je vais te solliciter beaucoup plus souvent pour ce genre de choses.» « L’homme avec qui je souhaite m’entretenir ce soir n’est pas encore arrivé. Il refuse toujours de rencontrer les étudiants, il dit que c’est une perte de temps. C’est pour ça que je suis obligée de ruser ainsi. En tout cas, tu es parfait dans ton rôle. Je trouve que plus le temps passe, plus nous nous améliorons. On devrait nous remettre un oscar rien que pour notre prestation de ce soir.» Je plissais alors les yeux, lui offrant un joli sourire en guise de début de réponse, avant de répondre réellement, alors que celle ci me caressait la main.
« Je te l'ai dit, nous serons parfaits. Et puis, j'ai une excellente cavalière. On pensera à l'oscar quand on aura vraiment réussi, mais là, on le mérite déjà amplement » soufflais-je alors, sachant pertinemment qu'elle comprendrait sans mal ce que j'allais lui dire, alors que mon autre main longeait son dos pour terminer sa chute tout en bas, et la garder un peu plus contre moi. Rose se dressait légèrement alors, pour venir déposer un baiser, et me dire quelques mots.
« Ce sont les aléas du métier.. Ne pas pouvoir profiter de sa notoriété. L'alliance comme un repoussoir anti femme. Mais bon, je crois que je m'y ferais pour le moment. Et moi, je te plais Rose ce soir ? » lui disais-je alors, tout sourire.




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    Un long frisson parcouru son échine lorsqu’elle sentit la main d’Adam descendre le long de son dos. C’était un simple contact mais amplement suffisant pour éveiller chez elle des sensations fabuleuses. Etrange, elle savait pourtant qu’il ne s’agissait que d’un vaste simulacre et qu’Adam jouait son rôle à la perfection. Le seul point positif dans tout ça, c’est que l’attitude du jeune homme parvenait à faire enrager sa bande de groupies. Du coin de l’œil, Rose voyait bien qu’elles continuaient d’observer la scène, attendant ne serait-ce qu’un regard de la part d’Adam. Pathétique. La jeune femme avait beau y réfléchir inlassablement, elle pouvait affirmer avec certitude n’avoir jamais agi de la sorte en présence de quiconque. Avec Adam, c’était naturel et instinctif. Elle avait suffisamment confiance en lui pour se prêter au jeu avec une authenticité déconcertante. Le regard braqué en direction des lèvres du jeune homme, Rose déchiffra avec amusement sa réponse. « Je ne suis pas certaine que ton analyse soit exacte. Elles pensent que tu es marié ce qui à mon sens, te donne un côté inaccessible qui te rend encore plus attirant. C’est bien connu : les femmes convoitent toujours ce qu’elles ne peuvent obtenir. Mais pour ce soir, tu es à moi.» Son sourire mutin s’estompa légèrement quand elle réalisa la dernière question d’Adam. Est-ce qu’il lui plaisait ? A vrai dire, elle n’avait encore jamais envisagé la chose sous cet angle-là même s’il est vrai qu’Adam était un homme remarquable à bien des égards et que son charisme n’était plus à démontrer. Il n’en fallait pas plus pour décontenancer légèrement la jolie Rose, même si elle tâcha de ne rien laisser paraître de son malaise. « Tu es absolument parfait. Je ne sais pas si tu te comportes ainsi avec toutes les femmes que tu rencontres ou bien si tu joues ton rôle à la perfection. Auquel cas, je te conseille d’arrêter le sport immédiatement et de te lancer dans la comédie. Tu ferais un tabac à Broadway.» Un autre sourire éclaira son visage et elle lorgna par-dessus l’épaule d’Adam afin de scruter l’arrivée des nouveaux invités, dont le fameux éditeur qu’elle attendait avec impatience.

    « Adam, il est là…. Oh bon sang, il se dirige droit sur nous.» Garder son calme était chose aisée mais en apparence seulement. Personne n’aurait pu deviner qu’intérieurement, Rose était d’une nervosité sans égale. Elle serra d’autant plus fort la main du jeune homme, essayant de s’imprégner de son calme et de sa sérénité. Rose le savait ; c’est uniquement grâce à lui et à son soutien qu’elle parvenait à tenir le coup. L’homme vint directement vers eux, les salua et échangea quelques mots avec Rose dont il avait entendu beaucoup de compliments professionnellement parlant. La jeune femme lui exposa ses futurs projets qui semblèrent l’intéresser fortement. L’éditeur lui proposa alors d’en parler calmement autour d’un dîner au restaurant la semaine suivante et naturellement, convia également Adam. Quand il partit, ce fut non sans encourager une nouvelle fois Rose dans ses démarches, lui affirmant qu’il avait vraiment hâte de la revoir. La jolie londonienne le remercia et dès qu’il fut suffisamment éloigné pour ne plus les entendre, Rose sauta littéralement au cou d’Adam. « Tu as entendu ça ??? C’est peut-être le commencement de ma carrière !! Attends, attends, faut pas que je m’emporte rien n’est encore joué ! Mais tu imagines ce que ça signifie si mon projet l’intéresse vraiment ? Pince-moi j’ai l’impression de rêver. Tu vas m’accompagner, n’est-ce pas ?» Rose était sur un petit nuage et Adam était le premier à assister à cet élan d’enthousiasme. « Je ne veux pas précipiter les choses mais une telle opportunité, ça se fête.» La brunette s’empara de deux coupes de champagnes qu’un serveur transportait parmi tant d’autres sur un immense plateau et en tendit une à Adam. « Tu es mon porte-bonheur. Quand tu es avec moi, tout se déroule toujours à merveille. Je ne te remercierai jamais assez d’être là et de me soutenir comme tu le fais.»

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C'était agréable de jouer comme cela avec Rose. C'était agréable parce que j'avais un bon rôle. C'était agréable aussi parce que nous passions des soirées assez hallucinantes par rapport à ce que j'avais l'habitude de passer. Et c'était agréable, enfin, parce que j'avais avec moi la meilleure des partenaires qui soit. Nous nous amusions, nous nous régalions, mais nous avions quand même un but bien précis, des plus sérieux.
« Tout comme ce soir, tu es à moi Rose. Et je ne te lâcherais pas d'une semelle, j'aurais trop peur que ces loups assoiffés de chair te sautent dessus à la moindre occasion » disais-je, en regardant les hommes qui, certainement par leur statut social ou leur ego sur dimensionné, regardaient Rose comme si ils imaginaient déjà la mettre dans leur lit, ou le résultat que cela pourrait avoir si sa robe venait à disparaître. Oui j'étais un peu jaloux. Et non, je ne le montrerais pas à Rose.
« Je ne sais pas, mais maintenant grâce à toi je sais que j'ai une roue de secours quand je me ferais trop vieux pour courir sur un terrain » disais-je, avant de reprendre. « Je ne suis comme ça qu'avec celles qui me mettent la bague au doigt. » Ou une façon détournée de lui dire que je n'étais comme ça qu'avec elle, même si il était vrai qu'habituellement je n'étais pas loin d'être comme ça non plus. La seule chose qui changeait, c'était la fille qui pouvait se trouver avec moi, et qui faisait que son comportement m'empêchait d'être.. moi. Ou plutôt raisonnable, je ne sais pas. Bref, là, c'était un autre standing. C'était Rose. Et surtout, il fallait que je brille devant les autres. Donc il fallait que je remplisse ce rôle à la perfection.

J'avais autre chose à faire aussi, comme par exemple la rassurer. Et j'avais un code pour ça, sans que je n'ai le besoin de dire le moindre mot. Je posais ma main à plat contre son dos, pour tenter de la calmer, lorsqu'elle commençait à s'emballer. « Il arrive sur nous, oui. Reste toi même. Offre lui ton plus joli sourire, et met toute l'assurance que tu peux dans ta voix. Je suis là pour toi, ne t'en fais pas. »
Je saluais l'homme, et je m'effaçais un peu pour qu'il ne voit que Rose. Sa main se trouvait précieusement dans la mienne, toujours, pour qu'elle sache qu'elle n'était pas sans filet. Une fois ce dernier partit, elle explosa carrément de joie. « Oui j'ai tout entendu, j'étais aux premières loges. Et tout est joué, parce qu'il veut en savoir plus. Tu l'as déjà dans tes filets, on aura plus qu'à mettre le coup de grâce. Tu as été fantastique, Rose. Et bien sûr que je vais t'accompagner. Il est hors de question que je te laisse seule avec eux. »

Rose prenait alors une coupe pour moi, qu'elle m'offrit. Je m'en saisissais, et écoutais ce qu'elle avait à mon dire, avant de lui répondre. « Ma plus belle récompense serait que tu réussisses. Si tu veux me faire plaisir, réussis alors. A nous deux. A notre couple brillant. Et à toi, ma brillantissime femme. Que tes projets soient à la hauteur de ton talent » disais-je, en portant le verre jusqu'au sien, pour trinquer. C'était là ma plus belle récompense : voir Rose heureuse.




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Adam & Rose« Just you & me . »


    Ce soir encore, la chance était au rendez-vous et Rose n’était pas peu fière d’avoir enfin obtenu le rendez-vous de ses rêves. Ce serait l’occasion idéale d’exposer ses projets à un homme expérimenté dont la réputation n’était plus à faire. Quand bien même viendrait-il à découvrir la supercherie et la véritable identité de Rose, elle aura pu lui faire part de ses projets et de ses idées pour le moins excellentes. Faire preuve d’une telle audace n’est pas donné à tout le monde mais elle savait qu’elle n’avait rien à perdre. Voilà donc pourquoi elle était sur son petit nuage et ravie de pouvoir partager cet instant de pur bonheur avec Adam. Une fois de plus, elle fixa ses lèvres déchiffrant avec joie chacune de ses paroles pour finir par trinquer avec lui. Elle porta sa coupe à ses lèvres avant que son regard ne croise à nouveau celui d’une des admiratrices d’Adam. Rose replongea son regard dans celui du jeune homme et esquissa un sourire amusé. « La petite blonde n’en démord pas, je crois que tu lui as vraiment tapé dans l’œil playboy.» Pour tout dire, cette fameuse demoiselle était ravissante et avait approximativement leur âge. Rose était ravie qu’Adam joue le jeu avec elle, mais elle ne voulait pas non plus être un frein à sa vie. Peut-être que ce détail la faisait légèrement culpabiliser. Elle baissa la tête un instant, scrutant sa coupe de champagne comme si celle-ci était soudainement devenue passionnante. En fait, Rose ne savait pas trop comment lui dire tout ça. « Tu sais à quel point ta présence m’est précieuse et utile. Non seulement car tu participes à mes mensonges mais aussi car tu es probablement la seule personne à croire en moi et à me soutenir. Je ne savais pas à quel point il est important d’avoir un véritable ami dans la vie, jusqu’à ce que je te rencontre Adam. Désormais, je mesure l’ampleur de ma chance. Seulement, je n’ai pas envie de te faire perdre ton temps inutilement. Ce n’est pas la première fois que tu manques une occasion intéressante de faire des rencontres à cause de moi. Si demain tu décidais de tout arrêter, sache que je comprendrais.» Rose ne comptait plus le nombre de soirées durant lesquelles elle avait monopolisé la présence d’Adam. Peut-être que tout ceci allait finir par devenir pesant à ses yeux et elle voulait être certaine qu’il sache qu’elle ne lui en voudrait pas le moins du monde s’il tenait à tout arrêter un jour.

    Mais pour ce soir, elle tenait à profiter de lui en tant qu’époux. C’était un honneur pour elle d’être accompagnée par un homme aussi élégant et raffiné que lui. Il était parfait dans ce rôle, tellement qu’elle finissait volontiers par se prendre au jeu en adoptant des attitudes qui ne lui étaient pourtant pas familières. Connaissant Rose, Adam savait probablement qu’elle n’avait pas du tout le profil d’une femme mariée ou ayant une vie bien remplie. Rose était l’incarnation même de la discrétion et du calme. Elle passait tout son temps libre à tourner les pages de vieux bouquins auxquels plus personne ne s’intéressait à part elle. Elle ne participait jamais aux soirées organisées par les étudiants et d’ailleurs, la plupart d’entre eux ne savaient même pas qui elle était. Chaque fois qu’elle apercevait Adam à l’Université, il était entouré d’un tas de jeunes femmes toutes plus belles les unes que les autres, il semblait sûr de lui, une assurance qu’elle lui enviait férocement. Leur rencontre était celle du jour et de la nuit. Tout les opposait et pourtant, ils avaient fini par se trouver et se lier d’amitié. Relevant les yeux vers lui, elle retrouva aussitôt cette petite étincelle qui la rendait ravissante en toute circonstance. « Si nous sortions un peu prendre l’air ? Je ne sais pas si c’est à cause du champagne ou de toutes ces émotions suscitées par cette rencontre mais un peu d’air frais me ferait le plus grand bien.» Un rire cristallin s’échappa de ses lèvres tandis qu’elle prenait le bras d’Adam avec élégance tout en l’entrainant sur la terrasse. Elle ne prêta aucune attention à tous ces vautours qui l’admiraient, espérant attirer son attention par des remarques concernant sa beauté. Remarques qu’elle ne pouvait naturellement pas entendre. « Détends-toi, personne ne me sautera dessus. Tu sais pourquoi ? Parce que je suis accompagnée par le plus incroyable des hommes et qu’ils pensent tous que je suis son épouse. Tant que tu seras là, rien ne peut m’arriver.» Il fallait déchiffrer le sens caché de cette phrase. Rose ne parlait pas spécifiquement de ce soir mais plutôt de manière générale. Quand il était là, elle se sentait bien et le reste du monde semblait totalement dérisoire.

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Elle était radieuse, et en même temps c'était facilement compréhensible. Rose venait de décrocher le genre de rendez vous inaccessible, celui pour lequel elle avait monté toute cette supercherie. Et maintenant que c'était en poche, c'était encore cependant loin d'être gagné. Je savais que nous venions seulement de gagner une bataille, mais la guerre était loin d'être finie. Pour autant, je voulais profiter de chaque moment, et célébrer chaque victoire au nom de notre couple, car je ne savais que trop bien que le vent peut vite tourner, et que nous n'étions à l'abri de rien, même si à deux j'avais la sensation qu'il ne pouvait rien nous arriver du tout de mauvais, bien au contraire.
« Ouais, je sais je sais. Ca sera pour une prochaine fois. » disais-je, alors que Rose venait de me sortir de mes rêveries. Lorsque Rose baissait la tête, je sentais que quelque chose n'allait pas. Je le sais parce que Rose, c'est une personne ultra réfléchie. Qui a conscience du monde qui l'entoure, beaucoup plus que quiconque, et qui a conscience d'elle aussi, même si elle n'a pas confiance en elle. Après l'avoir écoutée, je relevais lentement le visage de Rose, à l'aide de ma main contre son menton, pour qu'elle puisse fixer mes lèvres.
« Ecoute bien ce que je vais te dire. J'apprécie que tu puisses te soucier de ça, mais ce n'est pas à l'ordre du jour. Je suis content de pouvoir t'aider dans ta vie. Alors ne pense pas à ça. Nous en reparlons quand nous aurons ce que nous voulons. En attendant, j'aimerais que ce joli minois affiche à quel point elle est fière d'avoir réussi. »

Que dire de plus ? Elle était juste parfaite cette femme. Elle surmontait son handicap autant qu'elle le pouvait, prenant sur elle pour paraître "normale". Mais surtout, elle prenait le temps de penser à moi, avant elle. Et je crois qu'on ne pouvait attribuer ceci qu'à très peu de gens. En tout cas, ces personnes étaient bien trop rares pour ne pas être remarquées. Et Rose dans cette histoire, me faisait comprendre à chaque instant pourquoi j'avais eu raison d'accepter. C'était une petite fleur qui ne demandait juste qu'à éclore. Et d'ailleurs, je n'ai jamais pensé un seul instant que j'avais pu faire le mauvais choix, simplement parce que tout me paraissait évident avec elle. L'évidence, c'était le mot. Elle faisait tout, tout le temps, pour être en retrait. Je ne connaissais pas la raison exact de son retrait par rapport aux autres. Si c'était du à la timidité, à son handicap, à son manque de confiance, ou si finalement tout était lié. Quoi qu'il en soit, j'avais la possibilité de l'exposer à la lumière, et de lui faire ouvrir ses ailes. Alors pour rien au monde, je n'échangerais ma place, non.

Elle me prenait par le bras après m'avoir invité à la suivre, sans que je n'ai à donner mon avis. De toute manière, elle n'en avait pas besoin de cet avis. Je la suivais autant qu'elle me suivait. Mais je ne pouvais pas m'empêcher de veiller constamment sur elle, ayant la mauvaise sensation que certains hommes attendaient que je m'éclipse pour prendre ma place. Rose interrompit alors immédiatement tout ce que je pouvais penser, avec ses mots bien à elle. Ses phrases travaillées, qui faisaient mouche à chaque fois. Et ce serait mentir que de dire que je n'aimais pas l'écouter. Visiblement, elle avait lu en moi. Peut être que je le montrais trop, après tout. « Excuse moi, c'est juste que... » que quoi ? Que je n'aime pas qu'ils posent leurs yeux sur elle ? Qu'ils ne la méritent pas ? Ouais, ça je le pensais énormément. Mais il fallait que je remplisse mon rôle sans pouvoir nous ralentir. Je passais alors ma main sur sa joue, enlevant la vilaine moue que j'avais, et la troquant par un joli sourire pour Rose. « Tu as raison. Mais si je parais si incroyable, c'est parce que je suis inspiré par la plus formidable des femmes de ce monde. Tu es une véritable muse, Rose. Et je ferais toujours tout pour qu'il ne t'arrive rien. » Voilà, c'était dit. Elle arrivait toujours à me toucher avec ses mots, et ça me retournait à chaque fois. C'était bien la seule à viser si profondément. Et parfois ça rappelait que tout était si éphémère. J'essayais alors de changer de sujet, pauvrement. Avec ce qu'il me restait en réserve. « Il fait bon, n'est ce pas ?»




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Just you & me against the world. - Adam 2il2b74
Adam & Rose« Just you & me . »


    Certains trainent leur solitude comme un lourd fardeau, pour Rose elle était surtout devenue un compagnon de route auquel elle s’était habituée avec le temps. Ne se sentant vraiment pas à l’aise en société, la jeune femme préférait de loin rester seule. C’était trop difficile de se mêler à une foule de gens « normaux ». Il fallait sans cesse être en alerte, scruter chaque lèvre, chaque regard, le moindre mouvement susceptible de lui faire comprendre que l’on était sur le point de s’adresser à elle. Sans parler de ceux qui avaient tendance à parler trop vite pour elle, qui ne la regardaient pas en face ce qui rendait la lecture difficile ou encore ceux qui mettaient une main devant leur bouche. Les rares fois où elle s'était décidée à passer aux aveux avaient rapidement tourné à la catastrophe : les regards changeaient, certains riaient, d'autres se sentaient soudainement génés, ou se mettaient à l'infantiliser sans parler de ceux qui se sentaient tellement mal à l’aise en sa présence qu’ils préféraient de loin ne plus jamais avoir à faire à elle. Triste mais inévitable. Apprendre à lire sur les lèvres n'était pas chose aisée mais à force de patience et d'acharnement, elle avait fini par s'y faire. Rose parvenait généralement à berner son monde, la plupart des gens qu'elle fréquentait au quotidien ne s'apercevaient de rien et mettaient son attitude parfois étrange sur le compte de la rêverie. S'il y a bien une chose dont elle avait véritablement horreur, c'était qu'on la regarde d'un oeil nouveau en apprenant sa surdité. A choisir, elle préférait de loin une réaction spontanée bien que légèrement maladroite à un regard perplexe et empreint d'une curiosité malsaine. C’est pour cette raison qu’elle évitait les contacts humains aussi souvent que possible. Rose avait été bien trop déçue par le passé pour de nouveau accorder sa confiance à qui que ce soit. Une fois encore, Adam était la parfaite exception. Elle déchiffra ses paroles tout en se sentant rougir à nouveau. Heureusement que le faible éclairage à leur portée ne permettrait pas au jeune homme de s’en rendre compte. Elle se sentait vraiment touchée par ses propos. Rose n’avait pas l’habitude qu’on la traite ainsi et Adam lui donnait l’impression d’être une princesse au beau milieu d’un conte de fées. Il était le seul à agir ainsi avec elle. Avec lui, elle se sentait enfin … normale. Rose aurait adoré lui répondre mais bizarrement, elle se sentait tellement surprise que sa timidité légendaire reprit immédiatement le dessus et aucun son ne passa la barrière de ses lèvres. Après quelques secondes d’hésitation, elle laissa échapper un petit rire trahissant sa nervosité. « Je suis désolée, j’imagine que tu dois parfois me trouver stupide et maladroite. Je ne sais pas vraiment comment on doit réagir dans ces cas-là. Tu as dû remarquer que je ne suis pas vraiment quelqu’un de très sociable. Je donne le change mais à l’intérieur, c’est vraiment la panique. Je ne suis pas très douée pour les rapports humains. Je crois que je passe beaucoup trop de temps en compagnie de mes livres tant et si bien que je suis un peu déconnectée de la réalité. Je préfère m’isoler et ne pas avoir à affronter le regard des autres. Je crois que c’est pour cette raison que j’aime autant la lecture. Ca me permet de me plonger dans un monde à part, où tout est normal. Où JE suis normale. »

    La jeune femme baissa le regard en direction de ses doigts qu'elle triturait nerveusement depuis sa prise de parole. Elle n'aimait pas parler de son problème, elle n'en avait pas honte mais elle savait que généralement sa surdité mettait ses interlocuteurs mal à l'aise. Elle ne pouvait pas leur en vouloir même si cette situation commençait à lui paraître inconfortable. « Tout ça pour dire que je n’ai pas l’habitude que l’on se montre aussi prévenant avec moi. Tu sais que tu es incroyable ? Tu es gentil, drôle, attentionné. Je ne suis pas habituée à ce que l'on se comporte ainsi en ma présence, d’où ma maladresse. Il en faut peu pour me décontenancer et tu y parviens à la perfection.» Elle esquissa un sourire timide puis se rapprocha d’Adam, reprenant sa main dans la sienne. « En tout cas, je suis heureuse d’avoir quelqu’un comme toi dans ma vie. Après tout, à part toi personne ne serait suffisamment fou pour me suivre dans mes délires !» Elle retrouva sa bonne humeur légendaire et se mit à rire en faisant allusion à leur faux couple plus véridique que jamais. « Et oui tu as raison. Il fait vraiment bon ce soir. C’est une nuit magnifique, j’aimerais qu’elle ne s’arrête jamais.»

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Adam&Rose




Rose avait peur du regard des autres, parce que les gens devenaient changeant quand ils apprenaient ce qu'elle avait. Et au final, je pouvais aisément comprendre que ça puisse devenir fatigant pour elle, de toujours tout devoir calculer, même si elle avait fini par s'y habituer, quoique je doute qu'on s'y habitue vraiment. Elle devait à chaque fois, à longueur de journée, faire attention à tout, et encore plus quand du monde se trouvait autour d'elle. Elle devait mettre vraiment beaucoup d'énergie pour faire attention à ce qui se trouvait autour d'elle, si on comptait lui adresser la parole ou non, si l'action se dirigeait sur elle ou non. Et au final, c'était facile de comprendre qu'elle préférait la solitude. Parce que non seulement, elle n'avait pas à faire tous ces efforts pour essayer de paraître normale aux yeux de tous, tous ces efforts pour essayer de comprendre les autres qui eux, ne savaient pas quel fardeau elle pouvait porter; et en même temps, parce que la solitude lui permettait de ne plus jamais être déçue par les gens, et leur comportement stupide.

Après avoir pris la parole, elle baissait les yeux et jouait nerveusement avec ses doigts. Rose, ma chère Rose, si tu savais comme tu es géniale.. Fou ? Je le suis peut être. Mais je suis un fou heureux alors. Et même si son rire faisait place au reste, je savais que ce qu'elle venait de dire n'était peut être que le prélude d'un mal être qu'elle avait le besoin d'extérioriser. Alors, c'était à mon tour de prendre la parole. Je n'avais pas besoin d'un moment pour trouver les mots justes, parce que ces mots justes se montraient à moi d'une façon tellement évidente, que les dire n'étaient pas un effort, ni un problème.
« Rose, tu n'es pas stupide. Après, ce n'est pas parce que tu n'agis pas toujours comme tout le monde que tu es maladroite. Tu es devenue une personne à part entière, même si c'est du au fait que tu te sois volontairement éloignée du monde. Je sais que tu n'es pas quelqu'un de très sociable, et alors ? Personne ne te demande de l'être. Personne ne te demande d'être parfaite. Il faut juste que tu sois toi. Parce que quand tu es toi, tu me fais comprendre à quel point moi, j'ai de la chance de te connaitre. Et non seulement j'ai de la chance de te connaitre, mais aussi de pouvoir partager un bout de ta vie. Tu es normale, Rose. Ce sont les autres qui ne le sont pas. Enfin, je .. » J'en perdais mes mots, tout à coup. Parce que j'avais la sensation de me livrer, et que je ne le faisais jamais. Je ne le faisais jamais, parce que je ne savais que trop ce que cela impliquait par la suite. Les gens prenaient une autre posture également, et même si je savais que Rose n'était pas comme cela, c'était un réflexe pour moi. Mais ce réflexe, je devais le surmonter. Je le devais au moins pour Rose.

« Tu sais Rose.. Hm. Je parais peut être très sociable, mais au final, je n'entretiens des relations pas très naturelles. Le genre de relations que l'on peut voir dans ces soirées. Si j'ai autant confiance en moi c'est parce que je sais que je plais à une majorité de gens, et que ça m'aide dans mes rapports directs avec eux. Après, je ne me leurre pas. Je suis un footballeur, pas un scientifique. Les gens ne trainent pas avec moi parce que je suis un génie, ou que j'ai inventé la foudre. C'est simplement parce que j'ai une belle gueule, parce que j'ai suffisamment confiance en moi pour me montrer supérieur à eux, et parce que je suis populaire au sein de l'université. Le sport, ça aide. Qu'adviendrait-il si je venais à me blesser, ou qu'un accident vienne me défigurer ? Serais-je autant entouré ? Je ne me voile pas la face, je connais la réponse. C'est pour cela que j'en profite. Enfin... que je croyais en profiter. Tu.. Tu es entrée dans ma vie Rose. Et tu n'as pas idée à quel point tu as tout chamboulé. Ce n'est pas une critique hein, c'est juste que tu m'as ouvert les yeux. »

Je roulais des yeux, je ne voulais pas qu'elle prenne ça pour une plainte, et j'avais la sale impression que c'était la tournure que ça prenait. Alors, il fallait que j'en donne un peu plus. « Si je suis comme ça avec toi, c'est parce que je sais quelle valeur tu as, Rose. Quand je passe du temps avec toi, je me rends compte à quel point mes relations sont superficielles. Ma vie, c'est un peu cette soirée. Il y a nous deux, et les gens qui nous entourent. Des gens faux qui ne pensent qu'à leur petite personne, et à ce qu'il possède. Tu .. hm. Tu es la plus belle chose qui me soit arrivée. Alors, ne dis plus que tu es stupide, ma femme d'une soirée. Tu es brillante, ambitieuse, et tu as un sourire qui mettrait à genoux la planète entière. » Je souriais enfin. Je ne sais pas si le message était vraiment passé, et j'avais l'impression que j'avais dit vraiment n'importe quoi. La main dans la sienne, j'étais apaisé. Oui, c'était une soirée des plus magnifiques. Parce que je me rendais plus que jamais compte des moments que j'étais en train de passer, et je les savourais à leur juste valeur. Tout ce que je voulais, c'était la protéger elle. Le reste, j'avais le temps d'y penser plus tard.



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