A c'qui paraît j'n'ai aucune faiblesse...à c'qui paraît {NEMO LE PLUS BEAU}

Bon, Effie t'as clairement fait une connerie en couchant avec ton meilleur ami et t'as besoin de te changer les idées, quitte à sécher une journée de cours, enfin c'est pas comme si une journée de manquée allait changer tes notes. Le casque sur la tête tu roules direction Boston, ta moto ronronne bien, t'aimes bien ce petit bruit, c'est ton p'tit bijou à toi et pas question de l'échanger contre une voiture. Okay, la moto c'est peut-être dangereux, blablabla, que la voiture y'a plus de sécurité, moins de chance d'avoir un accident grave, sauf que toi, t'aimes tout c'qui est dangereux, donc forcément tu n'fais jamais rien contre les autres.
Quelques kilomètres plus tard, te voilà en plein centre ville, tu gares ta moto au parking, tu paieras plus tard, puis le parking quitté, direction Charles Street, tout c'que t'espères c'est ne croiser personne, passer un petit moment tranquille à faire les boutiques, te changer les idées quoi.

Tu flânais parmi les rues, tes yeux se baladant devant la devanture de chaque magasin qui attiraient ton attention par leurs atmosphères uniques, ton précieux macchiatto au caramel à la main, réchauffant de son intensité ta peau à travers l'épaisseur du gobelet cartonné. T'essayais d'oublier le fait que quelques jours auparavant, t'avais appris, témoin de tes propres yeux, que Priape et Talya s'étaient remis ensemble – et tu ne savais pas trop quoi en penser. Ça te paraissait tellement improbable pour quelqu'un comme toi, de faire confiance à nouveau à quelqu'un qui aurait pu te trahir aussi salement, ça te faisait comme un blocage. Alors oui, t'avais toujours du mal à comprendre comment il pouvait pardonner quelque chose comme ça, enfant ou pas enfant au milieu. Tu t'arrêtais devant l'une des vitrines de fringues de Charles Street, qui était bondée comme à son habitude.

Tu avais de la chance, pour l'instant il faisait plutôt beau et bon pour une journée d'hiver, un temps idéal pour te changer les idées. Et aujourd'hui t'allais certainement pas te priver pour faire chauffer ta carte bleue, histoire de te trouver des fringues plutôt cool pour de futures soirées. Tu flânes, tes pas te mènent où ils veulent, parfois tu t'arrête devant quelques boutiques, mais rien de bien intéressant te tente... Et t'as comme un blocage en apercevant ce clown de la EH, enfin clown, c'est juste parce qu'il porte le même prénom que le poisson clown dans le film Disney... "C'est pas vrai, qu'est ce que tu fais là toi ? Tu t'es perdu ? T'as quitté le confort de ta confrérie pour venir flâner ici ?" tu aimes bien l'embêter surtout concernant sa confrérie. Tu ne comprendras jamais les personnes qui portent ces étiquettes indiquant qu'ils font partie d'une "secte".

T'entendais une voix par dessus ton épaule, et tu relevais ton visage, te tournant un peu sur le côté pour voir appaître un visage mi inconnu, mi familier : tu ne savais pas vraiment qui elle était, tu ne savais pas vraiment le problème psychologique dont elle semblait être atteinte, et en même temps, elle t'étais trop familière pour ton propre-bien. Tu ne l'a comprenais pas. « Bien le bonjour... Machin. » Tu saluais, un air condescendant teintant ta voix, ce que tu trouvais plutôt normal lorsque tu te trouvais face à elle. « Je vois que tu es autant de bonne humeur que d'habitude, ça fait plaisir, d’ensoleiller ma journée avec tant de jolis mots. » Tu continuais plein d'ironie, et elle ressemblait assez à Indigo sur ce plan là : elles avaient toujours l'air d'avoir envie de te faire savoir que te rencontrer par hasard les déplaisait, et pourtant... C'était elles qui initiaient la discussion. Trop d'amour pour ta personne ou..? « Si t'es si malheureuse... Mh... Tu t'casses, ok ? T'as vraiment pas besoin de gâcher ton parfait petit moment en me parlant, va voir ailleurs où j'ne s'rais pas. » Tu répondais sur le ton du conseil, comme si elle était une vieille amie, puis tu faisais demi-tour et tu continuais tranquillement ta route, tes yeux parcourant les vitrines.

Ça te prends souvent de juger les personnes, enfin...surtout celles qui font partie de confréries et surtout ceux de la EH. Tu sais pas pourquoi, mais tu as du mal, surtout avec les bleus parce qu'ils se permettent de juger les gens à leur tour, les snober selon leur statut, et ça...ça ne passe pas. Alors tu le leur rends bien, prenant des figures importantes de chaque confrérie comme cibles préférées. Enfin, ça n'est pas non plus le moment. Le voilà qui est tout aussi désagréable que toi et t'as un rictus mauvais aux lèvres et tu n'vas certainement pas le retenir, il n'en vaut pas la peine... Pourtant tu le suis de loin, ne le faisant pas vraimen exprès puisqu'une de tes boutiques favorites se trouve sur son chemin. "Ça va prends pas la mouche, n'va pas croire que j'te suis hein, la boutique où je veux aller s'trouve sur ton chemin..." tu souris, derrière son dos puis le dépasse enfin. Un vague signe de la main et tu entres dans la boutique, un peu trop remplie à ton goût. Tu deviens pâle mais tu espères que ça va passer inaperçu.

Tu repartais dans ton coin, sans plus un regard sur l'étudiante qui semblait s’intéresser un peu trop à toi. T'imaginais que ce n'était pas de ta faute si elle était si coincée du cul concernant tout ce qui touchait aux confréries, si elle n'avait pas envie de trouver des amis qui partageaient les mêmes passions ou les mêmes valeurs, et bien tant pis pour elle. Elle oubliait le fait que les confréries étaient une partie intégrale des universités en Amérique, spécialement ici à Harvard, et qu'à part quelques cas de personnes trop faibles pour faire attention à leur santé et dire stop quand les bizutages devenaient trop excessifs, c'était plutôt cool, de faire parti d'une maison. En te jugeant de cette manière, c'était plutôt elle qui se mettait de suite dans une case – et pas une jolie – et qui snobait son monde sans connaître vraiment personne finalement. Tu levais tes yeux au ciel en l'entendant qui s'inventait une excuse pour te suivre. « Dit celle qui n'a pas l'air de pouvoir se passer de moi. » Tu commentais avant qu'elle te dépasse, et entre dans sa fameuse boutique. C'est bien, qu'elle aille se cacher parmi la foule, ça ne t'intéressait pas. Tu regardais tout de même quelques articles dans la vitrine, qui avaient l'air intéressants.

Ce n'était pas comme si tu avais fait des efforts pour essayer de l'apprécier à sa juste valeur...non, toi tu l'avais jugé aveuglement comme une idiote et tu restais sur des préjugés complètement débiles. Bref, tu n'allais pas perdre ton temps à lui trouver des points positifs, tu avais autre chose à faire, d'autre chats à fouetter si tu pouvais t'exprimer de la sorte. Tu venais d'entrer dans la boutique, beaucoup trop remplie à ton goût mais tu devais passer au dessus de ça et ne rester concentrée sur ton unique objectif. Trouver une belle robe de soirée. Prenant ton courage à deux mains et ce malgré les premières sueurs froides dans ton dos, tu avançais parmi toutes ces femmes à l'affût pour trouver le vêtement le plus beau et le plus cher... On commence à te bousculer, pour l'instant tu tiens le coup mais tu sens que tu ne vas pas tarder à te taper une crise, y'a trop de femmes, ça sent trop le parfum hyper cher du genre pour vieilles femmes...

Elle ne t'appréciait pas sans aucun motif valable ? Elle ne pouvait sortir aucun argument correcte qui justifierait son choix de toujours t'attaquer ? Et bien tant pis pour elle. Au final, c'était elle qui perdait à ne pas vouloir te connaître et à ne pas s'intéresser à ce que tu aimais et à ce que tu défendais dans ta vie, pas toi. Les filles comme ça, ça ne t'intéressait pas, parce qu'au final, elles étaient paradoxales : elles disaient détester ce qu'elles faisaient pourtant subir aux gens. Attaquer le premier pour mieux se défendre, tu comprenais, mais pas avec n'importe qui. Tu finissais par entrer dans la boutique. Pas pour la voir, pas pour l'espionner, mais tout simplement parce qu'il y avait un côté homme et que tu avais vu quelques vestes qui te faisaient de l'oeil. Et clairement, si en plus ta présence pouvait la gêner sans même que tu cherches à la calculer, c'était le jackpot. Elle n'avait qu'à pas te montrer l'existence de ce magasin, sorry not sorry. Tu regardais dans les rayons, tes doigts touchant les différentes matières, tes yeux jugeant les couleurs. Du bleu, pourquoi pas.

Le parfum trop cher, trop fort, te montes à la tête, mais pour l'instant rien de bien grave...sauf que voilà, t'es clairement pas dans ton élément, ça piaille de tous les côtés, ça parle trop fort. Tu comprends maintenant pourquoi tu viens faire les boutiques seulement la matinée et en week-end, mais tu pensais qu'aujourd'hui ça serait différent, que les boutiques soient presque vides. Tu t'es trompée, ça t'apprendra tien à vouloir ne pas aller en cours... On te bouscule, puis encore, une troisième fois...et d'un seul coup tu t'sens nauséeuse, tu trembles, une vendeuse s'approche de toi "Tout va bien mademoiselle ?" t'es pâle et ça se voit, mais tu n'as pas envie de lui répondre, t'en as pas la force, trop mal à l'aise avec toutes ces personnes. "Je vais bi..." et finalement tes jambes te lâchent et tu perds connaissance. La vendeuse pousse un cri qui paraît trop loin par rapport à toi.

Le cri de la vendeuse résonnait dans le brouhaha ambiant, et attirait l'attention de toutes les personnes dans la pièce. Un silence net de quelques seconde faisait planer l'atmosphère, et t'étais en alerte, tes yeux posés sur la scène, d'abord sur l'employée, avant de comprendre qu'au sol se trouvait une personne allongée, sûrement évanouie dans l'endroit insolite et non juste endormie. Une personne, qui semblait avoir les mêmes habits et couleur de cheveux de l'autre chiante là. Autour d'elle, les susurrements reprirent, et tu te dirigeais vers la vendeuse. « Il faut l'amener dehors, c'est trop confiné ici. Vous avez de l'eau ? » Elle hochait rapidement son visage et s'éclipsait, pendant que tu soulevais l'étudiante, comme un poids mort entre tes bras, et que tu tentais de la faire asseoir juste dehors la boutique, où au moins l'air avait plus le mérite de passer. Tu étais accroupis, essayant de la faire rester assez redressée, avant que la vendeuse revienne avec un verre d'eau. « Merci. » Tu murmurais, avant de secouer doucement par l'épaule la blonde – tu ne savais pas vraiment comment tu étais supposé t'y prendre pour qu'elle reprenne conscience.