ELIWAN ৩ I'll never be good enough

Assis sur un banc, écouteurs dans les oreilles, Wayans est plongé dans son univers musical bien loin des chants d'oiseaux. La température est douce, avoisinant les quinze degrés, le vent se fait rare et le soleil domine le ciel. N'ayant pas cours et ne se sentant pas de rejoindre le calme de la BU, Antwan est venu s'installer sur un des bancs du parc de Boston pour bosser. Son carnet est sortis depuis un bout de temps, trainant sur le genoux de l'eliot qui au lieu de dessiner quelques croquis pour son projet d'archi, fixe une jeune femme un peu plus loin. Elle est seule. Elle aussi profite de la météo clemente de ce debut de semaine. Sa chevelure rousse vole au gré du vent hypnotisant l'homme. Elizabeth est à quelques mètres de lui. Chance à saisir ou coincidence à fuir ? Antwan rejoint la comédienne, guider par son instinct et cette envie de la savoir à côté de lui. Ca faisait plusieurs jours, voire semaines qu'il n'avait pas reparler à Elizabeth. Le seul regard échangé dae de la soirée des eliots où les deux étudiants étaient mal à l'aise à l'idée de se savoir dans la même pièce que l'autre. « Je peux m’asseoir ? » demande t-il sans avoir confiance en la reponse adverse. Il tente, prend le risque de se bruler les doigts.  

Elle avait décidé de mettre sa vie sentimentale entre parenthèses pour s'occuper d'elle. Penser à autre chose et oublier l'espace d'un instant cette douleur qui tiraille son palpitant. Lizie n'allait plus vraiment en cours, de toute façon, elle avait toujours été douée dans ce qu'elle étudiait, on ne lui en voudrait pas si elle ratait quelques jours... Lizie préférait faire toutes les choses qu'elle n'avait pu faire auparavant. Au début, lorsqu'elle avait appris pour Antwan, elle avait perdu le contrôle sur ses sentiments et c'était laisser aller dans l'alcool. Pas forcément la meilleure des réactions mais c'est la seule solution que la rouquine avait trouvée pour se soulager. Son amour lui avait filé entre les doigts mais les amis étaient bel et bien restés. Heureusement d'ailleurs. Lizie était allée quelques jours aux Bahamas avec Zoya. Puis Eustache l'avait entrainé dans l'une de ses randonnées le temps d'un week end. Cela avait fait du bien à la jeune française de respirer de l'air frais. Elle pensait naïvement que le temps soignerait sa blessure mais à peine avait elle remis un pied à Harvard que ses pires craintes revenaient la hanter. Elle avait brièvement recroisé Antwan lors d'une soirée, mais paralysée par ses sentiments, elle avait été incapable de prononcer le moindre mot. Un partie d'elle détester l'eliot pour ce qu'il avait fait mais l'autre l'aimer. Cela perdait encore plus Lizie qui avait préféré prendre ses distances, ne donnant aucune nouvelle à Antwan, pour pouvoir réfléchir. Ce jour-là, la rouquine s'était rendue à un parc non loin de l'université. Elle s'était calée sur un banc à l'ombre d'un arbre, un livre à la main. Au moins, dans cette comédie qu'elle était en train de lire, elle savait qu'il y avait une fin heureuse. C'était une façon à elle de s'évader et oublier les soucis du quotidien. Tellement concentrée dans son livre, qu'elle n'avait entendu les pas venir vers elle. C'est la voix masculine qui la sort de ses pensées. Cette voix qu'elle aurait reconnue entre mille sans jeter un regard. Lizie hésite un instant avant de refermer son livre et levant ses pupilles vers Antwan. Elle reste un instant silencieuse car à chaque fois qu'elle se retrouve devant lui, elle ne sait pas comment elle va réagir. Elle n'en a aucune idée. Puis elle se dit que s'il avait fait un pas vers elle pour venir lui parler, elle allait en faire un vers lui. Elle ne sait pas si elle commettait une énième erreur en fonçant tête baissé dans le mur. Oui. Finit-elle par répondre.

Il s'est finalement décidé à aller vers elle. Le cœur battant, le corps chaud, le stress bouillonnant dans son estomac. Il est là, présent, pour la première fois depuis l'annonce de sa tromperie. Le livre d'Elizabeth se ferme, sa demande est acceptée. Alors il s'assoit, près d'elle, gardant tout de même une distance entre les corps. Il ignore ce qu'elle pense et comment il doit agir. Mary lui disait de marquer un écart suffisant, ce qu'il a fait. Antwan lui a laissé du temps et de l'espace pour encaisser les choses. Ca lui a permet de faire le point de son côté. Rien n'est clair, tout est encore flou, mais c'qu'il sait c'est que son coeur s'est remit à battre lorsqu'il la vu assise sur ce banc. « Comment tu vas ? » Simple, presque timide. Ne vois pas ça comme des banalités lancées pour démarrer une conversation. Antwan s'interresse sincèrement à son état. Il ne s'attends pas à ce qu'elle aille bien. Elizabeth a toujours été quelqu'un d’extrême, dans les bons comme dans les mauvais moments. Cela signifie qu'elle souffre vraiment, que ce n'est pas une douleur bénigne. C'est le plus pénible pour Wayans. « T'as aimé la soirée de la Eliot ? Vic s'était donné à fond. » A vrai dire, il affirme des choses qu'il ignore totalement. Il comble le vide, essaye de parler, d'aborder des sujets autre que leurs problèmes de couple.

C'est étrange de lui reparler, d'entendre le son de sa voix à nouveau. De croiser son regard et sentir son coeur s'emballer. Fais chier pourquoi tu réagis comme ça ? tu devrais le haïr du plus profond de ton être. Après tout vous aviez commencé comme ça, à vous détester. Mais t'arrive pas, tu es bien trop indécise. Ce qu'il t'a fait te pousse à le détester mais tu n'as pas envie de le perdre. Mais comment alors que tu n'as plus confiance en lui ? Tu ne sais pas, tu ne trouveras sans doute jamais la réponse à cette terrible question. Il te demande comment tu vas. La rouquine tourne son regard vers lui, tu connais très bien la réponse Antwan, pourquoi tu veux m'torturer en me rappelant que tu m'as trompée ? J'ai connu des jours meilleurs... des jours où elle ne pleurait pas sans cesse pour celui qu'elle aimait. Des jours où elle était heureuse. Cependant ce temps était révolu. Et toi ? Le questionne-t-elle pour savoir comment il vivant cette situation. Pour savoir aussi s'il méritait une autre chance. Wayans lui demande comment elle avait trouvé la soirée eliot. Oui elle a fait du bon boulot. Normal allez vous me dire. Les deux jeunes femmes faisaient parties de la même famille, elles avaient ça dans les gènes. Même si l'ambiance était glaciale. Dans tous les sens du termes, vraiment.

Parce qu'il veut savoir si elle va mieux. Si elle s'est faite à l'idée, que son coeur n'a plus cette énorme entaille. Que la cicatrice s'est refermée, qu'elle ne brûle plus. C'est ça c'qu'il veut savoir. Tout ces petits détails qui ont énormément d'importance pour lui. Il voudrait tellement qu'elle arrete de souffrir. Peut-être qu'elle aurait dû le quitter définitivement pour aller dans les bras de celui qui ramassera les morceaux. Il ignore la bonne solution, mais ne peut s’empecher d'être heureux des choix d'Elizabeth. Elle n'est pas partie. Elle n'est pas allée dans les bras d'un autre. Elle ne s'est pas vengée. Antwan aurait adopté le comportement contraire. Il aurait voulu transmettre sa haine. « J’suis dans le même état. » Les sentiments ne sont pas un sujet simple à aborder. Ils prendront le temps d'y entrer par la suite. Malgré tout, Elizabeth reste assez fermée. Ses réponses n’amènent pas une suite c'qui laisse l'eliot mal à l'aise. « C’était le but du jeu. » Le deuxième sens, on n’en parle pas. « T’es allée faire la bataille de boules de neige en fin de compte ? »

« J’suis dans le même état. » Elle le regarde sans dire un mot de plus car dans ces moments, ce n'est pas utile de parler. Ils se comprennent en un simple regard. Pas besoin de dire les choses à voix haute, pour les rendre plus réelles, plus douloureuses. Ce n'est pas nécessaire de rappeler à nos cœurs qu'ils sont en peine, qu'ils se sont perdus sur la route des sentiments et qu'ils ne retrouvent plus leur chemin. Antwan, il est clairement perdu dans ses sentiments, Lizie elle le sent, elle le voit, car elle a déjà connu ce moment auparavant. La rouquine aussi est perdue, elle ne sait pas si ses sentiments peuvent rester intactes après un tel acte de trahison. Tout s'est écroulé sur son chemin, qu'elle n'arrive plus à rejoindre la route vers Antwan. Même si elle aimerait mais son chemin est sombre et parsemé d’embûches. Elle ne voit plus la lumière. En plus de cela, elle se cache, elle fuit ce qui lui fait mal. L'amour est un vrai labyrinthe des sentiments, elle ne sait plus où donner de la tête. « C’était le but du jeu. T’es allée faire la bataille de boules de neige en fin de compte ? » Un rire ne peut s'empêcher de sortir d'entre ses lèvres. Pas un rire moqueur. Juste Lizie qui rit, tout simplement. Pour une fois qu'il y a un peu de joie en elle, chose bien rare ces derniers jours. Tu aurais passé un sale quart d'heure. Plaisante-t-elle. Enfin à moitié. Lizie aurait pu très bien juste s'amuser à lui balancer une boule dans la gueule ou au contraire carrément se défouler contre lui. Tant mieux pour l'eliot, elle lui avait épargné un mauvais moment. Tu vois malgré toute la colère, le dégoût, la déception, la haine que peut éprouver la rouquine pour l'anglais, elle reste gentille. Parce qu'elle est éperdument amoureuse d'un parfait connard.

Elle rit. C'est inespéré pour Antwan. Il sourit à son tour, plus heureux de la voir avec un visage lumineux qu'avec des yeux remplis de larmes. Il se rend compte que ca lui avait manqué. Un peu de calme dans la tempête. Wayans peut à nouveau respirer. C’est comme si par son simple sourire Elizabeth arriverait à faire relâcher toute la pression accumulée les semaines passées. Rien n'est acquit, Antwan en est conscient, mais ca lui fait du bien. Tu aurais passé un sale quart d'heure. Il n'en doute pas. Le garçon s'était même demandé si Victoria et Lizie n'allaient pas s'attaquer à lui. Ca ne l'aurait pas étonné vu les regards qu'elles lui lançaient lors de la soirée. Plus particulièrement ceux de la cousine. « J’me serais défendu. J’abandonne pas si facilement. » Vois ça comme un écho à leur relation. Il est toujours present, proche d’elle, à la recherche de signes. Et si cette route était dégageait, qu’ils pouvaient la reprendre ensemble ? Ouais, c’est pas aussi simple, mais à cet instant il y croit. « J’ai préféré te laisser de l'espace. »

Un sujet anodin tourne à un sujet un peu plus sérieux, un peu plus douloureux. On parle plus d'une simple bataille de boules de neige, mais d'une relation qui ne tient qu'à un fil. « J’me serais défendu. J’abandonne pas si facilement. » Moi non plus. Tu l'sais comment je suis Antwan, j'fais pas les choses à moitié, j'me donne entièrement ou je donne rien du tout. Cela peut être un mal pour un bien ou inversement. Lizie espère une seule chose à cet instant, que le jeune homme soit sincère. Mais c'est tellement difficile de démêler le vrai du faux lorsqu'on aime. L'amour rend aveuglement et la rouquine en avait été victime. Elle ne voulait pas commettre une deuxième fois la même erreur. Elle voulait lui accorder le pardon, mais une partie d'elle restait méfiante. Lizie prenait ses gardes. « J’ai préféré te laisser de l'espace. » Tu as bien fait. Cela lui a évité une Lizie complètement déprimée. Une Lizie au plus mal. Même si elle donnait cette impression d'aller mieux aujourd'hui, ce n'était qu'une pure illusion. C'était se mentir à elle-même de se dire qu'elle allait mieux. C'était faux. Mille et une question se bousculaient dans son esprit depuis leur dernier discussion. Et une question brûle les lèvres de la rouquine Tu pensais ce que tu m'as dit Antwan la dernière fois ? Demande-t-elle en le regardant dans les yeux. Tu penses vraiment m'aimer ? Tu penses pouvoir sauver notre couple avec le temps ? Répond-moi s'il te plait.

Tu as bien fait. Encore un poids qui se retire de ses préoccupations. Ca le rassure d'apprendre qu'il n'a pas pris une mauvaise décision. Entre les attentes des uns et ceux des autres, Antwan a du mal à discerner le bon du mauvais. Est-ce qu'il doit suivre son instinct ou sa raison ? Il n'en a pas la moindre idée. Tu pensais ce que tu m'as dit Antwan la dernière fois ? Elle a besoin d'être rassurée constamment, d'avoir les bras de son copain autour d'elle lorsqu'elle aura peur, d'entendre des mots doux lorsqu'elle doute. Elle a besoin d'un type attentionné, qui va s'dévouer pour elle, qui va s'éloigner des sources de jalousie pour qu'elle ne craigne plus rien. Quelqu'un de romantique qui lui dise qu'il l'aime, quelqu'un qui montre ses émotions et qui n’intériorise pas tout. Pas un handicapé des sentiments. Pas Antwan. « Oui sincèrement. » Il n'arrive pas à la lacher. Ca aurait été plus simple pourtant. Elle aurait souffert un temps puis se serait remis sur pied. Pourtant, il la garde égoïstement, ne se sentant pas près de l'abandonner. « J'peux pas te promettre que tout sera parfait à l'avenir, mais je veux pas te perdre. » Aucune promesse, c'était ça l'engagement qu'ils ont pris il y a un an.  

Elle a surtout besoin d’honnêteté à ce moment-là. C'est le minimum qu'elle demande après ce qu'il a fait. La rouquine connait parfaitement l'eliot et son non romantisme. « Oui sincèrement. » Elle le regarde et espère juste qu'il ne mente pas une nouvelle fois. Qu'il ne lui mente pas pour la rassurer... qu'il ne se mente pas à lui-même sur ses sentiments respectifs. Qu'il ne lui mente pas pour sauver égoïstement leur couple car ce n'était pas comme ça qu'il allait rétablir une confiance commune. « J'peux pas te promettre que tout sera parfait à l'avenir, mais je veux pas te perdre. » Moi non plus. On ne s'était rien promis mais on s'était dit qu'on n'allait pas se faire du mal. Tu te rappelle ? Sur cette plage de Bali, où l'on s'était mis ensemble. Ce temps-là manque cruellement à Lizie. Cette simple pensait à le don de la rendre triste, et le visage de la française perde toutes ses émotions. Ca lui fait mal de repenser à tout cela et elle finit par dire difficilement. Il faut que tu comprennes que si tu ne veux pas me perdre Antwan, tu dois pas aller voir ailleurs. T'as pas le droit de jouer sur deux tableaux. Soyons clair et précis directement. Ne fais pas ton Kol, sois plus intelligent et malin que lui. Lizie pouvait accorder son pardon mais à certaines conditions. Antwan ne pouvait pas tout avoir servi sur un plateau en or. Du moins en amour, il ne pouvait pas garder Lizie auprès de lui et quand ça allait mal, se consoler dans les bras de Maxym. Lizie ne pouvait le tolérer. Après si elle restait uniquement une amie, cela pouvait se négocier... Ce baiser ne voulait rien dire ? avait-elle hésité à demander la voix tremblante. Son coeur se presse dans sa poitrine, elle est brisée de l'intérieur qu'il soit aller voir une autre. Je.. je ne veux pas que ton passé détruise notre avenir. Si on pouvait encore parler de nous. Si ce n'était pas le cas, ils auraient sans doute rompu depuis la révélation.