J'ai franchement l'impression que ma vie est un film. Le genre de film qui marche plutôt bien car tout ce qui s'y passe est relativement prévisible et à la fois complètement tiré par les cheveux. Le genre de film dans lequel on arrive à deviner qui est le méchant, qui est le gentil, qui va mourir en premier, si ça va bien se terminer ou pas. Or j'espère que dans mon cas, la fin sera heureuse, car pour le moment ça m'a l'air plutôt mal parti. Jusqu'à présent, j'avais aucune piste, rien à me raccrocher. Je savais même pas où chercher pour ainsi dire. J'étais dans le noir, témoin de la chute de ma famille, incapable de faire quoi que ce soit pour arranger la situation. Mais maintenant, j'ai la clé entre mes mains. Ou du moins un semblant de clé. Le dossier que m'a donné Leevy contient une bonne partie des informations dont je vais avoir besoin pour venir en aide à ma famille, mais maintenant le plus gros du boulot reste à faire. J'ai les outils, maintenant je dois apprendre à m'en servir. Je dois apprendre à faire confiance en Leevy, la seule alliée que je semble avoir pour le moment. Je dois apprendre à reposer ma vie entre ses mains, à pouvoir compter sur elle pour me sortir de cette affaire. Ca me paraît un peu logique en même temps. Dans un sens, elle à participé au déclin de ma famille, elle a pris la vie de mon oncle. Qui sait, si je n'avais jamais connu Royce, elle aurait finit par recevoir un contrat avec mon visage dessus et aurait du faire son travail. J'en ai un frisson dans le dos rien que d'y penser. Je peux pas commencer à imaginer des trucs pareils, c'est complètement malsain. D'autant plus que c'est impossible car je connais Leevy, car je sais qu'elle n'aurait jamais accepté un contrat me visant de près ou de loin. Je lui adresse un sourire, un peu gêné alors qu'elle fait une petite blague. En temps normal je pense que j'aurais ri mais là j'admets que j'ai un peu perdu mon sens de l'humour. Là je suis dans un état d'esprit d'entrée en guerre. Il faut que je me concentre, que je trouve une solution. N'importe quoi. Alors j'explique à Leevy que le mieux serait qu'elle continue de travailler avec la mafia russe, qu'elle obtienne limite d'autres contrats, qu'elle les fasse croire qu'ils peuvent avoir confiance en elle. De cette façon, elle pourra le soutirer des informations et me les transmettre pour que je puisse agir. Agir comment ? J'en sais rien. Clairement je peux pas aller voir la police et balancer tout ça car de un on parle de mafia là, et de deux je veux pas que Leevy se retrouve dans des ennuis par ma faute. Même si techniquement, c'est bien sa faute, mais je vais pas chipoter. Je suis donc rassurée alors que je l'entends accepter mon idée. Je hoche la tête en portant mon verre à mes lèvres à mon tour, penseuse. C'est déjà un bon début je pense. Puis elle me demande si je pourrais me défendre si on m'attaquait. Je la regarde et manque de pouffer de rire. Quelle bonne blague.
« Absolument pas. Très franchement, je tiendrais pas deux minutes si quelqu'un de la mafia entrait chez moi pour me tuer. » j'admets. Bizarrement cette question m'a un peu redonné le moral. C'est sûrement parce que j'imagine la scène. Moi en train de courir dans mon appartement en hurlant et en petite culotte alors qu'un gros russe essaye de me tuer. Le sketch.
« Tu pense que tu pourrais m'apprendre ? » je finis par demander à Leevy. Franchement, j'adorerais qu'elle me donne des cours, ou limite qu'elle me file une arme. J'en sais rien, n'importe quoi du moment que je peux me garder en vie et protéger mes proches s'il le faut.
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