C'est vraiment étrange de se retrouver dans un bar, face à une personne qu'on connaît, mais que trop peu, et en venir à lui raconter des détails de ma vie que j'aurais gardé pour moi face à n'importe qui d'autre. Je ne sais pas vraiment ce qui m'a pris au final, il faut croire que je me sentais en confiance en sa compagnie, comme si je savais que mes secrets ne risquaient rien avec elle. Je dis bien secrets car j'ai pas spécialement envie que tout Boston soit au courant de ce qui peut se passer de l'autre côté du monde, dans ma famille. D'autant plus que si quelqu'un en a réellement après ma famille et apprend que j'en parle à tout bout de champs, je risque moi aussi de m'attirer des ennuis. J'ai pas envie que ce salaud me trouve avant que ce soit moi qui l'ait trouvé. Voilà que je me surprends à parler moi-même comme si j'étais une mafieuse. Je sens que cette histoire m'affecte plus que de raison et qu'il me suffirait de très peu pour faire à mon tour quelque chose que je pourrais regretter toute ma vie. Je suis une personne impulsive de nature donc ce genre de situation a le don de me rendre complètement folle. J'adresse un sourire gêné à Leevy lorsqu'elle me dit qu'elle est désolée pour ce qui est arrivé à mon oncle. Oui, tout le monde est désolé. Tout comme les gens l'étaient quand ma mère est décédée elle aussi. Je commence à être fatiguée que les membres de ma famille disparaissent les uns après les autres. J'ai juste le sentiment que nous les Petrova, sommes maudits. Maudits pourquoi ? Bonne question.
« Ouais, moi aussi je le suis ... » je ne peux pas m'empêcher d'ajouter avec une pointe d'amertume dans la voix. J'en veux au monde entier car je n'ai personne à qui en vouloir directement. C'est dur de ne pas pouvoir viser sa rage sur un responsable, sur un coupable. Être impuissant, dans le noir complet, comme aveugle. Puis Leevy reprend la parole et je peux voir comme une ombre panique dans son regard. Je mets cela sur le compte qu'on entend pas ce genre d'histoire tous les jours et que ça peut faire un peu peur, je sais pas.
« Oui, c'est ça. Pourquoi tu me demande ça ? » je lui réponds, la questionnant à mon tour. Je ne vois pas vraiment l'intérêt de cette question dans notre conversation en réalité. Qu'est-ce que cela peut faire ? Mais elle ne prend pas la peine de m'expliquer et me dit simplement qu'elle doit partir. What ? Génial Leevy, merci du soutien. Dois-je te rappeler que c'est toi qui m'as demandé de te parler de mes problèmes ? Fallait le dire tout de suite si ça te faisait chier. Franchement, je ne comprends pas sa réaction et l'observe enfiler sa veste, sans voix. C'est pas logique, elle me dit qu'elle est là pour m'écouter une minute plus tôt et maintenant elle doit partir. Je la laisse s'éloigner de moi, encore un peu sonnée par cette soudaine réaction, puis j'attrape mes affaire à mon tour et part à sa poursuite. Elle est déjà sortie et c'est à l'extérieur du bar que je finis par la retrouver.
« Leevy, attends ! » je l'appelle pour qu'elle se retourne avant qu'elle ne puisse disparaître dans la nuit. Quand j'arrive, je l'attrape par le bras, les sourcils froncés.
« Pourquoi t'es partie ? » je lui demande simplement. Je voulais aussi demandé si j'avais dis quelque chose qu'il ne fallait pas mais je ne voyais pas vraiment l'intérêt en fin de compte. Il a quelque chose qui cloche dans son comportement et quelque chose me dit qu'elle en est bien consciente.
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