I fucked up and I'm sorry
Bonaventure avait décelé mon irritation et je savais pertinemment que je ne devais pas lui laisser se faire des idées quant à la raison qui me poussait à être ainsi en colère. Je fermais les yeux et hochais la tête en signe de reconnaissance au moment où le métisse se déclarait être présent pour vider mon sac. Je soufflais alors avant d’annoncer honteuse « C’est juste que… enfin le fait de ne pas avoir de nouvelle de lui ne me rassure pas. Je veux dire il est parti hier matin, et j’ai beau avoir laissé plusieurs message sur sa boite vocale, c’est silence radio » Devais-je également parler de la présence de Sienna qui venait un peu plus me perdre dans l’obscurité de mes doutes ? Je me sentais déjà puérile à l’idée de pleurnicher parce que mon petit-copain ne me donnait pas de nouvelles, je n’allais pas en plus me tourner en ridicule en parlant de cette Dunster que je redoutais par-dessus tout. Alors pour rassurer une nouvelle fois mon ami, je souriais comme je pouvais et déclarais : « Mais hey, comme tu l’as dit, c’est peut-être le fait qu’il n’a pas de réseau…depuis 24heures d’affilée… » Ouais bon, pas sûre que je le rassurais en me montrant moi-même peu convaincante. Heureusement pour moi, Bonaventure avait toujours les mots qu’il fallait en pareille situation et il n’avait pas hésité à me rappeler à quel point je semblais heureuse avec lui, et mon sourire revenait enfin plus naturellement « Je le suis…amoureuse, j’veux dire. Là je suis agacée, oui mais….ça ne retire rien de ce que je pense de lui, ni même de ce que j’éprouve. » Puis je remerciais chaleureusement mon ami lorsqu’il m’annonçait être ravi de savoir que Paris me rendait heureuse parce que c’est tout ce que je méritais.
Cette nouvelle liberté de paroles me donnait instinctivement l’envie de me rapprocher de Bonaventure et de lui montrer mon envie de retrouver une complicité avec lui. Faire un pas vers lui, c’était aussi une manière de lui prouver ma bonne fois, de lui faire comprendre que je voulais sincèrement m’excuser auprès de lui: Je ne fuyais plus mes responsabilités, je les assumais. Et la réponse du métisse face à mes excuses concernant le baiser, me surprit. Il me donnait raison pour la distance que j’avais placée entre nous après cela. « Je ne comprends pas tu veux dire quoi par-là ? » demandais-je ayant peur qu’il m’avoue que c’était parce que je l’avais mis en colère à ce moment-là, et que fuir m’avait laissé une chance de le laisser prendre du recul et me pardonner. Bon en même temps, si cela avait été la raison, je l’aurais tout à fait compris…Mais non, il ne s’agissait pas de ça ; et alors que Bonaventure m’avouait que ce baiser lui avait fait quelque chose, je le regardais complètement interdite. Je l’écoutais me dire qu’il avait éprouvé des sentiments pour moi, qu’il avait même amoureux de moi en quelques sortes, j’avais l’impression que tout ceci n’était que pure imagination de ma part. C’était pas possible…Bonaventure ne pouvait pas avoir été amoureux de moi ?! « Tu…étais am-…je t’avoue que je suis…euh…surprise » bégayais-je ne sachant si je devais lui exprimer ce que moi j’avais ressenti. Mais Bonaventure me devançait sur ce point, m’expliquant que ce baiser échangé entre nous avait au moins eu le don de le faire réaliser que lui et moi, c’était peine perdue. Je prenais cette info avec une pointe de déception : non pas que je prenais mal les choses, mais j’avais l’impression de lui avoir fait du mal, et de lui avoir donné les mauvais signaux. Il pensait ne plus rien avoir à attendre de moi ? Mon dieu…et dire que de mon côté, je me disais que j’aurais pu envisager d’aller plus loin avec lui, si je ne l’avais pas considéré comme bien trop parfait pour moi. Moi aussi, j’avais cru ne jamais pouvoir lui convenir finalement. Bon, c’est vrai que bien plus tard, j’avais fini par conclure que notre amitié était bien plus importante à mes yeux et que j’aurais sans doute tout gâché en tentant quelque chose qui n’aurait de toute façon pas marché. Qui plus est, aujourd’hui en couple avec un autre, mes précédentes hésitations à l’égard de Bona semblaient être bien plus insignifiantes que les doutes que j’avais à pouvoir un jour retrouver cette amitié que j’avais tourmentée. C’est cette crainte qui m’avait pris bien plus au ventre que le reste…
Bona m’avouait tout ça pour être honnête et j’hochais lentement la tête en me pinçant les lèvres et regardant le sol, assimilant ses dires pour mieux préparer les miens : « Je te remercie de ton honnêteté, je suis juste un peu perdue parce que…. » J’exhalais un bref soupir, et me montrait honnête à mon tour « Bon sang, et moi qui pensais que je ne pouvais de toute façon pas te convenir…. » Je relevais la tête pour fixer mon meilleur ami et m’expliquais : « Tu avais le don d’être prévenant, attentif à moi, bien plus attentif que Gabin à l’époque. Tu…tu me respectais, et après ce baiser, je me suis demandé un instant si…s’il y avait des chances pour que ton amitié pour moi se change en quelques choses de plus…fort. Mais j’ai fini par me dire que jamais je n’aurais pu te convenir. Que ça ne servait à rien de se poser la question finalement, parce que j’aurais été une bien meilleure amie que je n’aurais été une petite-amie. Et que tu méritais mieux de toute façon » Je souriais d’un air désolée en fixant mon meilleur ami debout devant moi, le voyant prendre une grande respiration « Je crois que finalement, le temps et le destin à juger pour nous » Cependant, le métisse semblait tourmenté par autre chose, je le sentais bien, et je compris très vite vu qu’il lâchait sa bombe avant de retomber sur le lit. Je m’installais alors à ses côtés et passait naturellement un bras pas dessus son épaule pour l’enlacer. Il y avait eu une autre fille, signe qu’il avait réussi à tourner la page, ce qui me rassurait pour lui. Mais, apparemment les choses ne tournaient en sa faveur avec elle. « Heyyyy, Bona… » L’interpellais-je avec douceur « Pourquoi tu pars défaitiste comme ça ? » Je resserrais l’emprise de ma main contre son épaule pour le coller un peu contre moi et le forcer à se bouger à me parler « Raconte-moi, qu’est-ce qu’il se passe…dis-moi ce qui te tourmente comme ça ? Je dois aller taper quelqu’un ? » Demandais-je avec un sourire histoire de détendre un peu mon ami et lui montrer qu’il pouvait tout me dire. Après tout, on venait d’être honnête en s’avouant les plus gros sentiments du monde, et j’étais maintenant persuadée que tout ceci allait rendre notre amitié plus forte.
© charney