Mishanna - What a wonderful time

• J'ai toujours voulu être un fils modèle aux yeux de mon père. J'ai toujours voulu qu'il me regarde avec le même regard qu'il posait sur mon frère. Sauf que moi, je n'y avais pas droit. Je savais qu'il m'aimait, j'le savais très bien, mais, il avait toujours préféré mon frère, il avait toujours placé en lui le plus d'espoir possible, il avait toujours fait en sorte de le couvrir dans ces conneries, et moi, j'étais là, j'étais ce petit gamin qui ne comprenait pas trop ce qui se passait, qui faisait juste tout pour que son père soit fier de lui. Alors, pour lui montrer que mon seul désire était sa fierté, je l'avais écouté, comme un bon petit chien, je faisais tout ce qu'il me disait de faire, ou plutôt, j'ai fait tout ce qu'il m'a dit de faire. Lorsqu'il m'a envoyé à Harvard suite au décès de mon frère, j'y suis allé sans poser de questions, quand il m'a dit de suivre des études de droits pour prendre plus tard sa place, j'ai pas cherché à comprendre, je me suis inscrit en droit, j’ai vraiment tout fait pour lui faire plaisir, pour qu’à ces yeux, ils puissent me voir comme il voyait mon défunt frère pour qu’il puisse se dire que malgré le décès de son premier fils, de son fils tant aimé, j’étais encore là, moi, j’étais toujours là, prêt à l’écouter, prêt à faire ce qu’il voulait pour que je puisse au moins le voir sourire, pour qu’un jour, je puisse me dire que mon père était heureux, mais, j’ai arrêté quand j’me suis rendu compte que ça ne servait à rien, qu’il manquera toujours quelque chose en lui, comme il manquera toujours quelque chose en moi, l’absence d’un frère, ça se remplace pas, on apprends à vivre avec, et, même si j’ai mis du temps, plusieurs années, et que ça reste encore un sujet sensible pour moi, j’me suis fait à cette idée, j’me suis fait à l’idée qu'il n’était plus là, mais qu’il continuait de veiller sur nous, et qu’il aurait voulu que j’sois heureux, qu’on soit heureux et qu’on arrête de se prendre la tête pour des broutilles, que la vie est bien trop courte pour que tout parte en couille. Du moins, c'Est-ce que j'me suis toujours dit. Est-ce qu'au final, il serait heureux d'apprendre que la Oksanna qu'il a connu autrefois était en couple avec moi ? Est-ce qu'il serait heureux d'apprendre qu'elle est sorti avec lui pour, en quelque sorte, attirer mon attention ? Aucune idée, et, honnêtement, j'me suis pas posé de questions. Vous savez, c'est la seule personne qui a réussi à me rendre vraiment heureux, qui m'a aidé quand ça n'allait pas, et qui a réussi à me faire prendre gout à la vie. Alors j'me dis que si mon frère m'aime vraiment, d'où il est, il est heureux pour moi, heureux pour nous. Réveillé tôt par les miaulement d'un chat en chaleur non loin de ma fenêtre, je m'étais préparé et levé Oksanna. J'avais pas besoin d'avoir les clefs de son appartement, j'avais appris à ouvrir une serrure avec un trombone il y a bien longtemps, et ça, sans faire de bruit. Alors, une fois fait, et une fois arrivé dans la cuisine, j'espérais juste que ces coloc ne soient pas là, l'air con, j'en ai juste prévu pour elle. Alors, la laissant dormir, j'me mis au travail, pour essayer de lui préparer quelque chose qu'elle appréciera. Quelque chose qui lui fera plaisir dès le matin. Et puis, rien de tel qu'un bon petit déjeuner pour débuter une journée assez chargé. Ouais, j'ai des plans, pour aujourd'hui. •

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OKSANNA & MISHA

J'ai un peu perdu la notion du temps dernièrement. La notion de pas mal de choses d'ailleurs. Vous savez, le genre de sentiment qui vous prend sans vraiment prévenir. Un jour tout allait puis le lendemain, c'est comme si vous vous réveillez dans une autre vie, un autre corps. On a l'impression que plus rien ne nous appartient et qu'on a plus le contrôle sur quoi que ce soit. C'est comme vouloir attraper le vent, ça vous glisse éternellement entre les doigts et c'est impossible de se l'expliquer. J'ai bien compris que j'avais changé ces derniers mois. Je me suis rendue compte que le monde était pas comme je l'imaginais, qu'il était pire. On a essayé de me faire du mal - avec succès - parce que j'avais eu la chance de naître dans un milieu aisé, puis on a essayé de faire du mal à ma famille, probablement pour la même raison d'ailleurs. En décembre, mon père a failli mourir et il y a peu c'est mon oncle qui est décédé. Il a été assassiné, mais personne ne peut nous dire par qui et pourquoi. Le crime parfait. J'ai rien d'une héroïne, j'ai pas de super pouvoirs et pourtant je refuse d'accepter mon impuissance dans cette histoire. Je me dis que c'est pas normal que je ne puisse rien faire. J'étais pas spécialement proche de mon oncle en réalité, mais c'est toujours désagréable de se rendre compte que quelqu'un a voulu la mort d'un de nos proches. Deux plusieurs de nos proches d'ailleurs, car quelque chose me dit que l'attaque destinée à mon père n'était pas non plus une coïncidence. C'est donc l'esprit troublé que je suis allée me coucher, presque effrayée de me réveiller le lendemain matin en découvrant que quelque chose serait arrivé à un autre membre de ma famille. Cette pensée m'a d'ailleurs empêchée de fermer les yeux un bon moment jusqu'à ce que la fatigue finisse tout de même par l'emporter. Je me suis endormie si tard que mon sommeil s'est avéré très profond. Un sommeil soir, sans le moindre rêve. Tant mieux. Il ne sert à rien de s'angoisser aussi à travers les rêves, la réalité est déjà bien assez compliquée. Et c'est contre toute attente des odeurs de nourriture et le sentiment que quelque chose bouge à côté de moi qui me font émerger et ouvrir lentement mes yeux. Je fronce les sourcils, intriguée. J'ai pas encore bien compris ce qu'il se passait, je n'ai même pas encore bien vu ce qui se trouvait à côté de moi vu que mes yeux étaient encore embués. Je me relève un peu et m'étire. Je prends mon temps, je suis encore à moitié endormie. Puis je me rends compte qu'il s'agit de Misha à côté de moi. Je me redresse presque immédiatement et passe ma main dans mes cheveux histoire de vérifier qu'ils ne partent pas dans tous les sens. J'espère que j'ai pas non plus de marque de l'oreiller sur ma joue, car ça m'arrive assez régulièrement. Je voudrais pas qu'il se dise que sa copine est en réalité un ours qui vient tout juste d'hiberner.

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• On ne va pas se mentir, si on doit jouer la carte de l'honnêteté maintenant, tout de suite, vous dire que je suis un bon cuisinier, ça serait mentir. Vous savez, j'ai jamais vraiment cherché à apprendre à cuisiner, j'sais faire des pattes, je sais cuire de la viande, je sais mettre des trucs au four, j'suis pas un cas désespéré. Et puis, j'suis sûr que si je me pose devant une bouquin de cuisine et que j'essaie de reproduire ce qui est inscrit dedans, et bien, j'pense que je peux réussir, que je peux moi aussi faire quelque chose de bon. P'tête que j'suis pas bon à marier, je ne sais pas, personnellement, j'ai toujours voulu une femme qui sache cuisiner des petits plats, et des gros aussi, genre tu rentres le soir, elle a pas bossé l'après-midi alors elle t'as préparé un buffet, genre un vrai buffet, un truc pour cent personnes limite. Mais bon... C'est pas la qualité la plus importante que je cherche hein, Oksanna a une tonne de qualités, c'est mon côté russe qui ressort un peu trop là. Du coup, j'voulais lui faire cette surprise de lui préparer un petit déjeuner pour bien débuter la matinée, comme ils disent si bien dans les publicités. Alors, j'avais acheté des œufs, mais honnêtement, le coup des œufs brouillés dès le matin... C'est loin d'être le top, et puis les odeurs d'œufs comme ça à cette heure-là, j'sais pas si elle va apprécier hein. Du coup, je m'étais amusé à préparer un petit plateau, avec des croissants, un bol de céréales, un verre de jus d'orange, un café, mais aussi... La touche finale, une petite fleure dans un espèce de tube à essai comme on avait au collège. Du coup, je prépare tout ça, j'fais ça bien, et, quand j'me retourne, le plateau entre les mains, j'vois une Oksanna les yeux à moitié ouvert, avec des cheveux qui partent un peu en couille. Tout en souriant, je m'approche d'elle, déposant le plateau sur son lit. Gardant une main dans le dos pour faire comme les serveurs, je commence à décrire ce que je lui ai apporté. "Bol de céréale sur lit de lait, accompagné de croissant pouvant se mixer très bien avec le café, et puis, pour se rincer la gorge, le verre de jus d'orange est là... Bien dormi ?" Elle me regardait comme si elle comprenait rien, elle était à moitié endormi, à moitié éveillé, et, j'trouvais ça plutôt mignon, du coup, je resta debout, une main dans le dos, attendant qu'elle dise quelque chose. Ouais, j'pense que je savais plutôt bien imité le serveur... •

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OKSANNA & MISHA

Le matin doit être un des moments de la journée que je déteste le plus. Devoir me réveiller puis sortir de mon lit pour accomplir je ne sais quelle tâche de ma journée est en général la chose la plus dure que je doive justement faire. D'aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais été une personne matinale. J'aime rester au lit pour dormir tard, j'aime me réveiller de moi même sans que le soeil ou mon réveil n'y ait le moindre rôle. Du coup je ne suis pas non plus du genre à beaucoup parler ou à percuter rapidement dans les premières minutes qui suivent le moment où j'ai ouvert les yeux. Il me faut un moment avant de pouvoir réfléchir, avant de comprendre ce qu'il se passe autour de moi. Et c'est ce qui arrive lorsque je me réveille ce matin. J'ai pas tout de suite vu que c'était Misha qui était là, dans ma chambre. J'avais senti une présence mais de là à dire qui ou quoi, c'était trop. Puis quand j'ai vu que c'était lui, j'ai pas tout de suite compris pourquoi il était là. Je ne me rappelais pas l'avoir invité à la maison la veille, ni m'être endormie auprès de lui. Comment était-il donc venu ? Mais toutes mes questions se sont envolées lorsque je l'ai vu s'approcher du lit avec un plateau à la main. Je lui adresse un sourire timide alors qu'il pose le plateau à côté de moi et me fait la liste de ce qu'il m'a préparé pour le petit déjeuner. Des céréales, des croissants, du café et du jus d'orange. Il n'aurait pas put mieux faire. Je suis de ces personnes qui ne peuvent ni manger chaud ni manger salé le matin. Puis j'adore les croissants. « Tout ça pour moi ? En quel honneur ? » je demande, surprise. « Oui merci, mais ça aurait été mieux avec toi. » je lui réponds alors qu'il me demande si j'ai bien dormi. C'est vrai que j'aurais préférer passer la nuit auprès de lui plutôt qu'à m'inquiéter pour mes soucis familiaux. Mais bon j'ai pas envie de l'ennuyer avec ce genre d'histoires, d'autant plus qu'il ne sert à rien de se plaindre alors que personne ne peut faire quoi que ce soit pour arranger la situation. Pas même lui, pas même moi. En tout cas pour le moment, car je finirais bien par trouver une solution. Le voyant toujours debout, en position de serveur, je m'écarte un peu dans mon lit pour lui faire de la place et tappote mon matelas, l'invitant à venir s'asseoir à côté de moi. « Reste pas debout ! Je vais jamais pouvoir manger tout ça seule. » je lui dis en attrapant un croissant.

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• Un point commun entre Oksanna et moi ? On est loin d'être des habitués de la sonnerie du réveil, et surtout, du réveil bien matinal où il te reste des heures et des heures devant toi avant que l'horloge n'affiche midi. Non, ont préféraient dormir, rester dans ce monde des rêves ou plus rien n'avait d'importance, ronfler, par moment pour la jeune femme, mais bon... J'devais surement faire pareil qu'elle de temps en temps... C'était rare, les fois où je me réveillais tôt, mais à chaque fois, je mettais à profit ce temps que j'avais face à moi pour essayer de faire quelque chose de bien, d'utile, et, ce matin, c'était tombé sur Oksanna. J'avais envie de lui faire plaisir. J'étais conscient qu'elle était loin d'être matinale, mais, j'me suis dit qu'avec un petit déjeuné, ça aiderait la chose. Du coup, je m'étais retrouvé dans son appartement, à tout lui préparer, à tout bien disposer sur le petit plateau, et, elle finit par se réveiller, pourtant, j'ai pas fait trop de bruit. Redressé dans son lit, une fois les yeux un peu plus ouverts et les cheveux remis à leur place, la jeune femme me demanda pourquoi ce petit déjeuné, et surtout, elle m'affirma que la nuit aurait été meilleure en ma compagnie. "En l'honneur de... En l'honneur de ta beauté matinale et à la trace de bave sur ton oreiller, là regarde..." Avais-je répondu en rigolant tout en désignant la minie trace sur son oreiller, j'sais pas si c'était de la bave, mais pour moi, c'était ça, et j'trouvais ça assez drôle en fait. "Si tu veux, tu peux dormir chez moi ce soir, et demain soir, et autant de fois que tu voudras, ça me ferait plaisir moi !" Elle pouvait même élire domicile chez moi que ça ne me dérangerait pas. Je savais très bien qu'Oksanna était la femme avec qui j'allais passer ma vie, donc qu'on commence à passer nos journées ensemble sous le même toit ou plus tard, dans tous les cas, ce jour allait arriver. Quand elle se décala dans le lit pour me faire signe de venir à ces côtés, tout en ajoutant qu'elle n'allait pas pouvoir manger ça toute seule, je retirai cette main qui était limite attacher dans mon dos, et j'allai me mettre à ces côtés. Soulevant rapidement la couverture en faisant attention de ne rien faire tomber, mon regard se posa sur son ventre et, je finis par reprendre la parole une fois la couverture remise. "Ventre plat, cheveux ébouriffés, envie de passer la nuit avec moi... Toi, y'a un truc qui va pas..." Je connaissais Oksanna, et, je savais quand quelque chose n'allait pas, quand quelque chose ne se déroulait pas comme elle le voulait, et, c'Est-ce qui se passait dernièrement. Elle n'était pas au top de sa forme, comme si quelque chose la dérangeait. Alors, si j'pouvais faire en sorte que plus rien ne la dérange, j'étais là. •

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OKSANNA & MISHA

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours vu Misha comme étant quelqu'un de très attentionné. Je le connais par coeur et dire qu'il n'est pas comme ça serait mentir. En effet, j'ai entendu certaines choses à son propos datant de quand nous n'étions plus en contact. On m'a dit qu'il était égoïste, manipulateur, méchant même. Mais je pense que ces personnes qui ont pu me dire ça ne le connaissaient pas vraiment, qu'elles n'étaient pas proches de lui comme j'ai pu l'être et comme je le suis aujourd'hui. Je suis persuadée que même lors de ses mauvais jours Misha n'était pas le mal incarné. Qu'il y avait toujours une part au fond de lui qui lui disait de faire le bien. Il a peut-être dérapé à certains moments, mais est-ce que cela doit vraiment faire de lui le diable en personne ? Je ne pense pas. En tout cas, je sais que Misha veut mon bonheur et c'est tout ce qui compte à mes yeux. Il est là, dans ma chambre, m'apportant un petit déjeuné au lit sans raison, alors que je ne lui ai jamais rien demandé. Mais même lorsqu'il se montre attentionné, Misha n'est pas le garçon le plus subtile ou le plus romantique qui puisse exister. Alors que je lui demande pour quelle raison il m'apporte un petit déjeuné au lit, il me répond que c'est en l'honneur de ma beauté et de la trace de bave sur mon oreiller. J'écarquille les yeux et attrape mon oreiller pour le retourner et le cacher du regard très observateur de Misha. Merci, c'est très sympa de souligner à quel point je ne suis pas glamour lorsque je dors. « Et toi, tu as cru que t'étais Miss Monde lorsque tu dors ? Dois-je te rappeler que tu pourrais avaler des mouches tellement tu ronfle ? » je lui lance, faussement vêxée, un sourcil haussé. Puis je lui souris, signe que je rigole et que je ne prends pas mal ses propos. Oui, je bave en dormant et alors ? N'est-ce pas signe que je dors bien ? Puis on ne peut pas être parfait sur tous les niveaux, désolée. « Cette offre est plus qu'intéressante, il faudra qu'on étudie ça de plus près un de ces quatre. » je lui réponds alors qu'il me propose de venir dormir chez lui autant de fois que je veux. Avec Misha on se connait depuis gamins donc c'est pas comme si notre relation venait tout juste de débuter. C'est pas comme si on se connaissait pas assez pour pouvoir emménager ensemble dans un futur proche. Rien que d'y penser, j'ai hâte. Je nous vois déjà en train de faire peindre les murs de notre loft. Mais bon, l'heure n'est pas au déménagement. C'est alors qu'il s'installe à côté de moi que Misha me dit qu'il a remarqué que quelque chose n'allait pas. Je baisse les yeux, ne sachant pas trop par quoi commencer. De toute façon je compte pas me perdre dans les détails. « Je me fais du soucis pour ma famille, entre l'attaque contre mon père puis l'assassinat de mon oncle ... » je lui explique. Je veux pas lui cacher la situation, mais j'ai pas envie de lui faire part de mes doutes et de mes suspicions. De un car je ne voudrais pas qu'il soit mêlé à tout ça, puis parce que j'ai pas envie qu'on passe la journée à se faire du mauvais sang. Il est là et j'ai juste envie de profiter de sa présence.

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(Invité)

• Elle aurait pu faire de moi son petit chien, faire de moi son esclave si elle l'avait voulu. Qu'on se le dise, Oksanna était certes, un électron libre, mais, quand elle voulait vraiment quelque chose, elle pouvait l'obtenir, et, si j'étais dans sa ligne de mir, elle n'avait qu'à tirer pour m'avoir. Sauf que ça n'avait jamais été comme ça, elle n'avait jamais cherché à prendre le dessus sur moi, à s'imposer un peu trop et à faire de moi un gentil petit chien. J'étais pas comme ça, jamais je n'avais été ce gars soumis, prêt à dire oui à tout et à n'importe quoi. J'avais mon caractère, certes, difficile à cerner au premier abord, mais, j'étais pas quelqu'un de méchant, j'me laissais pas faire, mais, j'pense pas être un enculé de première, une petite ordure prête à te chier sur la gueule devant tout le monde si tu me fais quelque chose qui ne me plaît pas. Que je le veuille ou non, Oksanna avait bien plus d'emprise sur moi que n'importe qui d'autre, et ça même si je ne l'avais pas vraiment montré. Je pense qu'elle le savait, qu'elle en était consciente. Vous savez, elle n'est pas bête, Oksanna, elle sait tout ce que je ressens pour elle, elle sait que je serais capable de tout faire, pour elle. Mais jamais elle n'en abusera, non, jamais elle ne se jouera de ça, jamais elle n'essayera de me faire faire des choses que je n'ai pas envie, non, parcequ'Oksanna, elle est parfaite, et ça, même avec cette minie trace de bave sur son oreiller et ces cheveux limite ébouriffés. Sa réaction me fait sourire, sa façon de retourner l'oreiller d'un coup, et surtout, sa réponse me fit lâcher un rire. "Miss Monde ? Trop petit pour moi, je vise le Miss Univers moi !" Ouais, je ronflais, et ça, je le savais, c'était pas nouveau, mais, on ne peut pas le contrôler ça, c'est pas possible, j'ai déjà essayé de m'endormir en me persuadant que je ne vais pas ronfler, mais non, impossible, j'suis pas assez fort pour ça. J'suis fort pour dormir, c'est tout, et, c'est déjà bien. Alors, je lui avais proposé de passer le nombre de nuits qu'elle voulait chez moi, parceque ouais, pour moi, un jour ou l'autre, on auraient notre appartement à nous deux, notre villa luxueuse ou je ne sais quoi, un truc qui nous ressemble. Je me contentai de hausser la tête doucement quand elle me dit qu'on devrait étudier cette situation de plus près un de ces quatre. Une fois à ces côtés dans le lit, je la taquine un peu, mais surtout, je lui demande ce qu'il cloche. J'suis pas bête, j'avais bien vu qu'un truc l'embêtait, et, j'avais vu juste, c'était en rapport avec son père et l'assassinat de son oncle. C'est compréhensible en fait, tu peux pas rester serein après ça quoi. "Oksanna... Tout va bien se passer, okay ? Et puis si ya besoin, je demande à mon père de regarder ce qu'il peu faire, okay ? Je me contentai de hausser la tête doucement quand elle me dit qu'on devrait étudier cette situation de plus près un de ces quatre." J'savais que mon père allait peut-être pouvoir faire quelque chose, c'était des Russes après tout, ça marchait à coup de pot-de-vin et d'appel à des gars qui font bien peur, c'est comme ça que la politique marchait là-bas. J'comptais pas la laisser se bouffer le cerveau à se poser mille et une question. •

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OKSANNA & MISHA

Il est certain que je ne suis pas au meilleur de ma forme en ce moment, et cela tout le monde a pu le remarquer. Je suis rapidement irritée, je suis moins bavarde, plus agressive et pessimiste. En gros je suis presque infréquentable. Tant mieux car j'ai pas envie de voir beaucoup de monde en ce moment, j'ai envie d'être seule et ruminer dans mon coin. La seule personne dont la présence m'est encore vitale est Misha. En sa compagnie, j'essaye de relativiser, je me dis que tout n'est pas si mauvais après tout, qu'il y a tout de même de belles choses dans ce monde. Il me fait sourire, il me fait rire et je ne demande rien ne plus. Alors le voir dans ma chambre avec un petit déjeuné au lit fait naître un sourire sur mon visage et dans mon coeur. Même si je suis préoccupée et tracassée, il a le don de me faire oublier tout ce qui ne va pas. Sauf lorsqu'il me demande ce qui ne va pas justement. Là je suis obligée de revenir à la réalité pour lui expliquer que je m'inquiète pour ma famille, que l'attaque dont mon père a été victime a Noël et l'assassinat de mon oncle sont constamment dans mon esprit, comme la douleur d'une vieille brûlure qui se réveille à chaque fois qu'on y touche de trop près. C'est désagréable, c'est soudain et on a du mal à s'en défaire. Je fais donc de mon mieux pour me confier à lui, en me disant que peut-être que ça apaisera mon esprit. Mais je ne rentre pas dans les détails. A quoi bon remuer le couteau dans la plaie, ça n'y changera rien à l'heure qu'il est. Misha m'écoute, puis il me rassure. Il me dit que tout va bien se passer, qu'il pourrait même demander de l'aide à son père. Je hoche la tête pensive. Je peux pas m'empêcher de me dire que si j'étais lui, je ne compterais pas trop sur son père pour m'aider ou aider ma famille. Mais je reste silencieuse, car je ne veux pas lui rappeler que c'est à cause de son père que nous n'avons plus été en contact pendant cinq ans. Le temps a beau avoir passé, je ressens toujours comme une sorte de rancœur envers cette homme et je suis bien contente que des milliers de kilomètres nous séparent et nous empêchent d'aller à des dîners de famille en sa présence. « T'as raison. De toute façon ça sert à rien de se prendre la tête avec ça pour le moment. » je lui réponds en essayant d'arborer mon plus beau sourire. « T'es là est c'est tout ce qui compte maintenant. » je rajoute alors que je le prends dans mes bras. C'est vrai, c'est tout ce qui compte. Une pluie de météorites pourraient débarquer dans cinq jours que je n'en aurais rien à faire. Je ne veux pas perdre une seule minute qui m'est offerte avec Misha en me plaignant ou en imaginant tous les pires scénarios possibles pour ma famille. « Tu veux qu'on fasse quoi aujourd'hui ? » je finis par lui demander. Il n'est pas venu juste pour me faire mon petit déjeuné et regarder les nuages passer par la fenêtre de ma chambre. Quel que soit son programme, je le suis.

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(Invité)

• J'me suis longtemps senti comme un putain d'intrus sur la terre, mes occupations n'étaient que vices et péchés, j'étais tombé dans le milieu de la nuit, des soirées alcoolisés, des lendemains difficiles, d'une vie faites d'excès et de merde, et, j'avais aimé en fait, sur le coup, j'appréciais cette vie que je menais, après tout, personne ne me faisait chier, personne ne venait me dire quoi faire, j'étais en compagnie de mes amis et c'est tout ce qui comptait, personne qui allait m'appeler pour savoir à quelle heure je rentrais, personne qui allait m'attendre, la lumière de la chambre allumé jusqu'à mon retour tard dans la nuit. J'étais content de cette vie de merde que j'avais, mais, je savais très bien que j'allais pas pouvoir la mener toute ma vie, qu'au bout d'un moment, j'allais finir par en avoir marre, que j'allais me retrouver seul, que tous mes amis auront des enfants, une femme, une petite vie tranquille, et moi, j'serais le vieux pilier de bar, le parfait alcoolique qui a raté sa vie. Profiter, c'est bien, mais juste un temps. Cette vie n'était pas pour moi, je ne voulais pas de cette vie, et à chaque moment de faiblesse, à chaque remise en question de ma part, j'me demandais ce qu'Oksanna en aurait pensé, si elle aurait été là. Ce que mon frère en aurait pensé, si il ne serait pas passé de l'autre côté. A chaque fois, j'essayais de me raccrocher au passé pour pouvoir aller de l'avant, pour pouvoir vivre mon présent. Mais, la dernière fois que j'ai plongé dans l'excès, la dernière fois que je suis parti en couille, je n'ai même pas eu le temps de penser à ce que j'aurais fait avant, à ce que mes proches d'une autre vie auraient pensé, non... Car Oksanna avait débarqué, Oksanna était face à moi, me claquant toutes ces années en plein visage sans qu'elle ne puisse s'en rende compte. Alors ouais, cette fille, je l'aime, je l'aime à en crever. C'était comme une obligation qu'on termine ensemble, et ça, même si mon père nous a foutu des battons entre les roues, battons que j'ai été d'accord pour placer d'ailleurs, con comme je suis. Alors, la savoir mal, ça me fait chier, j'ai envie de la voir heureuse, de la faire sourire, de savoir qu'elle pense à autre chose qu'aux problèmes. Du coup, elle me remercie, me prenant dans ces bras, avant de me demander ce que j'ai prévu pour aujourd'hui. J'prends sa main, jouant avec, avant de lui répondre. "Aujourd'hui... Alors... Tu vois j'aime pas quand t'es pas au top de ta forme... Du coup, j'pense qu'une journée détente pourrait te faire du bien... C’est-à-dire... Massage, jacuzzi, piscine, des trucs soins de la peau là, et tout ça. J'ai trouvé un endroit qui fait tout ça pendant une journée, ça pourrait être pas mal non ?" J'avais jamais été un accro à ce genre de massage, à la balnéothérapie et tout ça, mais, Oksanna est une femme, elle aime prendre soin d'elle non ? Et ça, c'est des trucs de femmes un peu, donc elle ne peu qu'aimer. •

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OKSANNA & MISHA

Quand les gens me voient, que ce soit pour la première fois ou non d'ailleurs, ils ont tendance à se faire une image de moi qui est plutôt fausse. C'est comme ça, on peut pas s'en empêcher, on peut pas s'empêcher de juger au premier abord. Qui n'a jamais regardé quelqu'un en se disant "ah celui là, c'est un snob", ou bien "oh celle là elle a l'air bête comme ses pieds" - pour ne pas faire dans la vulgarité. C'est comme si tout notre être nous poussait à essayer de faire rentrer les gens dans des moules, comme si ça nous rassurait en fin de compte. On se dit que comme ça, on pourra pas se faire piéger mais c'est en réalité tomber en plein dedans. Les gens quand ils me voient, ils voient la petite blonde, celle qui a l'air plutôt sage, plutôt mignonne mais un peu froide. Ils ont à la fois pas complètement tord, mais pas complètement raison. J'ai toujours été une fille sage car cela m'arrangeait, car j'avais besoin de ça pour avancer dans ma vie. Je suis pas sage car c'est dans mes gènes, loin de là. Gamine, j'étais pire qu'un garçon, pire que tous mes frères et soeurs réunis. Mais je me suis calmée car j'ai compris que dans la vie on peut pas toujours faire ce qu'on veut et s'en sortir gagnant. Aujourd'hui, j'ai compris un nouveau truc dans la vie. J'ai compris que c'est pas parce qu'on reste toujours sur "le droit chemin" qu'on échappe à toutes les saletés possibles et imaginables. Maintenant je me rends compte qu'il y aura toujours des personnes mauvaises pour faire du mal aux autres et que parfois il faut savoir montrer les dents pour pas se faire sois même manger. Comme quoi, les gens finissent tous par changer. Oksanna, la fille sage qui pète un câble dans son coin, qui sent la colère monter doucement et qui finira un jour par exploser à la tête de tout le monde. Mais heureusement, ce jour n'est pas encore arrivé et c'est en partie grâce à Misha. S'il n'avait pas décidé de me rendre visite et de me sortir de chez moi, j'aurais probablement mis en place je ne sais quel plan diabolique pour défendre ma famille et il y a une chance pour deux que je finisse pas faire une bêtise. Alors quand il m'explique qu'il a prévu pour nous une journée détente avec massage, jacuzzi et piscine au programme, un large sourire s'affiche sur mon visage et j'oublie la raison de ma colère. « Massage et jacuzzi ? Tu fais fort cette fois ! » je lui lance, particulièrement intéressée par ce planning. Pas que cette fois d'ailleurs, Misha a beau se la jouer gros dur parfois, il peut aussi se montrer très attentionné et romantique. J'ai plus qu'une hâte, c'est me retrouver les pieds dans l'eau, bien au chaud alors que dehors il doit faire quelque chose comme dix degrés. « Je t'avoue que maintenant que tu m'as parlé de ça je me sens bien plus éveillée et prête à sortir du lit. » je lui admets avec un sourire innocent, l'air de dire "on y va ?". C'est vrai, l'idée d'aller me relaxer toute la journée a fait disparaître ma mauvaise humeur matinale et je suis à deux doigts de sauter du lit pour attraper mon maillot de bain.

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