Lapinou Year (Andrea)

" Tais toi voir ? " Je souris largement avant de lui tirer la langue. " Elles sortent début janvier d'ailleurs les photos. T'es prêt à voir mon joli décolleté partout en ville ? " Partout, j'abuse. Et puis, il n'y a rien qu'il n'ait encore jamais vu. J'ai bien fais trois minutes - voire quatre - de ménage en sous vêtements chez lui. Je me demande comment les gens vont le prendre. Andrea, la chieuse de la Dunster House a moitié nue, prothèse et cicatrices apparentes. " Je pense qu'ils vont kiffer quand je vais leur dire que j'ai une cicatrice de plus à montrer au public ! " Je ris légèrement. Ça fait mal mais ça me fait rire quand même. Je dois être le mannequin le moins enviable de la planète. Ça me fait quand même flipper. J'ai été choisie pour être un modèle pour les jeunes femmes qui sont comme moi, handicapées, mais j'ai peur de les décevoir elles. Le reste m'est bien égal. Ça a toujours été ça mon problème, la peur de décevoir les gens. Mais là, je devais penser à moi. Je devais penser à me remonter le moral, à oublier définitivement Maxime et à profiter de ma vie. " Je pense que je serais plutôt la dernière de tes amies à être en couple, mariée, avec des enfants et heureuse " Je veux dire, je ne suis carrément pas faite pour le bonheur ! Je suis à l'hôpital en début d'année pour une grossesse extra utérine qui aurait pu me tuer. Les médecins m'ont dit que is j'étais venue plus tôt, on aurait pu sauver mes deux trompes. Mais j'ai pris ça pour des règles douloureuses, pour une espèce d'indigestion qui me faisait mal. Mais c'était supportable, après tout ce que j'ai vécu. Ne pas s'inquiéter et n'avoir plus que ses yeux pour pleurer. Du grand Cermolacce. On était sadomasochiste dans la famille... " Ça t'en sais rien ! " Les gens avaient des prénoms de plus en plus étranges alors bon... Enfin, si je tombais sur un Guizmo, je n'aurais qu'à partir loin, très loin, parce que ce serait vraiment bizarre. " Ça va aller t'inquiète. Au pire j'irais le déposer devant la porte de Maxime. Quand il aura fini de se taper mes potes, de devenir père et tout ce qui va avec, il pourra s'occuper d'un chien " Je lui adresse un clin d'oeil. Je sais tout, pas la peine de me ménager, loin de là même. " Bah t'as qu'à venir vivre avec moi. J'ai trouvé un appartement oui. Je suis propriétaire maintenant. Je sais pas commet ça a pu aller si vite mais bon... J'ai déménagé entre noël et nouvel an. J'ai pas voulu te déranger, t'avais un peu trop de choses à faire " Comme s'occuper des filles. " Je pourrais presque faire l'impasse sur le chien si tu venais... " Est-ce que j'essaye de l'amadouer, de le manipuler pour que je ne sois pas seule chez moi ? Fort possible...

Je la taquinai après ses remarques sur son physique, parce que la demoiselle était model quand même, elle avait posé en petite tenue donc elle pouvait être fière de son corps, elle était canon, j’avais pu l’observe lors de son gage, quand elle avait joué les fées du logis déshabillée dans ma chambre. « Je suis plus que prêt. » répondis-je avec un grand sourire pervers. « Mais toi ça va ? Ca te stresse pas ? » demandai-je avec un peu plus de sérieux pour coup. Poser devait être stressant, mais la publication des clichés était une étape qui devait l’être tout autant. Le sujet de notre conversation dévia ensuite sur nos amours torturés. Même si j’essayais de lui remonter le moral en l’imaginant épanouie et heureuse à trente ans, la jeune femme, elle, semblait en douter. « Arrête Andrea, t’as le droit d’être heureuse aussi comme tout le monde. » Elle avait eu son lot de malheurs et de mésaventures, alors pourquoi la vie ne lui ferait-elle pas de cadeau un peu ? En tout cas, à défaut d’un mec, elle envisageait de prendre un chien, lui ayant déjà trouvé le petit nom de Guizmo. « Si tu trouves un gars qui s’appelle comme ça, largue le tout de suite… » me moquai-je un instant alors qu’ensuite, je perdais mon envie de rire, quand elle évoqua le sort du toutou : elle voulait le laisser devant chez Maxime, glissant au passage de manière subtile une référence à la future paternité du garçon et au fait qu’il se tapait ses potes… Je me mis à tousser nerveusement en détournant les yeux, comprenant que trop bien ce à quoi elle faisait référence, à savoir la coucherie entre son ex et la mienne. Je l’avais su y’a plusieurs semaines par Matthéo pour ma part, et j’avoue ne pas avoir voulu aggraver les choses en allant le raconter à Andrea. Mais puisque maintenant elle savait, je me risquais dans ce sujet : « Tu l’as su comment ? » Et puis, histoire qu’elle n’ait pas le sentiment d’être la dernière des connes, qu’elle se moque aussi de ma grande naïveté, je lui racontai : « Tu sais que j’ai voulu faire mon sympa l’autre jour avec lui ? Il avait l’air un peu angoissé en apprenant qu’il allait être père, du coup je lui ai payé une bière… » J’aurais mieux fait de lui verser des laxatifs dedans. « Il a du bien se foutre de ma gueule… » Mais en fait, sachant qu’Andrea avait déjà des relations tendax avec Maxime avant, ce fut finalement une autre question qui s’échappa de mes lèvres : « Et avec Talya ça va  comment ? » Je vous jurais que si Chase, ou Valentin, s’était tapé Talya un jour, je les aurais massacré sur place… Alors j’imaginais même pas comment devait se sentir mon amie après cette découverte. Bref, parlons de son logement ça valait mieux. « Attends t’es proprio et tu m’as pas invité à faire ta pendaison de crémaillère ? » rigolai-je alors. En même temps, entre les fêtes et son hospit pour GEU, elle avait surement pas eu le temps d’organiser une fiesta. Pour ce qui était d’emménager avec elle, je retins l’idée. « Si Sienna finit par me virer de la DH, je t’appelle direct. » Parce que bon avec la VP, c’était particulièrement bizarre depuis qu’on avait –couché- ensemble, ou du moins depuis que je pensais l’avoir fait avec elle. « Et t’aurais du m’appeler, t’as encore besoin d’aide là ? Pour défaire des cartons ? Monter des meubles ? Je suis ton homme si tu veux. » Surtout qu’avec l’opération, elle aurait besoin de se ménager. Puis, comme Carter était parti, que Charlie était un peu moins présent avec les fêtes, je lui proposai : « Je peux venir temporairement chez toi si tu veux. Tu sors quand d’ailleurs de l’hôpital ? »

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