(aleska) this is not a game

Je m'étais attendu à tout, sauf à ça pour le coup. Elle était enceinte, et c'était pour cette raison qu'elle se sentait pas bien depuis quelques jours maintenant. Ouais, c'était l'explication plausible et... elle attendait mon bébé. Mon enfant. Autant dire que c'était quand même assez flippant ouais, mais j'assumais. On allait être parents elle et moi et c'était excitant. Et flippant. Et effrayant. Merde quoi, j'avais beau être déjà papa, j'avais pas vécu la grossesse, encore moins avec une femme pour qui j'avais des sentiments de plus en plus forts. Je me risquais alors à m'approcher d'elle, glissant ma main dans la sienne tout en répétant qu'elle était enceinte. Et elle le faisait aussi, avec un sourire sur les lèvres. C'était d'ailleurs contagieux puisque je souriais aussi à mon tour. Je secouais cependant la tête une fois qu'elle avait fini de parler, clairement en dessous de la vérité. « Non, non arrête... c'est extraordinaire, ok ? On peut s'extasier aussi c'est... bordel, c'est nous deux mélangés là qu'on a... t'es pas ma galère.. t'es la mère de mon futur bébé » Je me mettais face à elle et j'attrapais son visage entre mes mains, caressant doucement ses joues avec mes pouces, esquissant doucement un sourire. « T'es pas ma galère, t'es ma priorité »

Je me surprenais à sourire en lui disant une nouvelle fois que j'étais enceinte. J'étais heureuse de l'être, c'était inexplicable et en même temps j'avais juste l'impression que ça réglait tous mes propres problèmes. Mes problèmes psychiques. Il n'est même plus concevable pour moi de penser à la drogue ou à l'alcool. Je rêvais d'une vie saine, j'espérais pouvoir continuer mes études néanmoins. J'avais un but. J'allais donner la vie et c'était la plus belle chose que je pouvais faire. Mais.. Il y avait les problèmes d'Alex. Sa peut-être paternité et le fait qu'il fréquente sa demi-sœur. Il y a des choses que je ne peux pas et ne pourrait pas encaisser. Pourquoi ? Parce que ça ne dépend plus seulement de moi et il est clair que mon bébé vivra heureux et épanoui, hors de question qu'il se traîne les casseroles de l'un de ses parents. Alors je restais partagée. Si par chance il n'était pas le père de l'enfant de sa sœur, alors peut-être que l'on pourra passer à autre chose, juste lui et moi. Les choses prendront une dimension différente, très effrayante mais tellement excitante. Si malheureusement il était le père de l'enfant de sa sœur, je n'étais pas certaine de vouloir partager quoi que ce soit avec lui. Enfin, il était certain que ça allait être plus que compliqué. En même temps, qu'est-ce que j'étais dans tout ça ? J'avais du mal à savoir ce qu'il pensait réellement. « Non, non arrête... c'est extraordinaire, ok ? On peut s'extasier aussi c'est... bordel, c'est nous deux mélangés là qu'on a... t'es pas ma galère.. t'es la mère de mon futur bébé » Ouais, mais je ne suis peut-être pas la seule et franchement, ça cassait le charme de l'annonce. Je pinçais mes lèvres alors qu'il s'approchait un peu plus. Face à face. Ses mains venaient attraper mon visage, caresser mes joues. « T'es pas ma galère, t'es ma priorité » Je fuyais un peu son regard. « Oui, mais je ne vais pas être ta seule priorité. T'sais c'est pas un jeu, c'est pas à prendre à la légère... » Si je devais choisir, je préférais être heureuse avec mon bébé plutôt que malheureuse avec Alex. Surtout que je n'avais plus de traitement, plus une seule goutte d'alcool, plus de cigarette pour me détendre.

Elle était enceinte de moi. Certes, ça aurait pu être plus joyeux si Azraël ne m'avait pas avoué être peut-être enceinte de moi. Bon, j'aurais aussi très bien pu ne rien dire et attendre d'avoir confirmation. Mais on m'a bien fait comprendre que cacher les choses pour préserver les gens était tout aussi mal alors bon. Je lui avais dit et maintenant, il n'y avait plus qu'à attendre. Mais là, c'était elle la future maman. C'était elle qui avait un bout de nous deux dans le ventre et c'était elle qui portait un bout de mon sang, de ma chair. C'était... pfiou. Pour le coup, c'était encore bien différent de ce que j'avais vécu avec Milena qui, de son côté, avait fait un déni de grossesse et l'avait appris une semaine avant l'accouchement. Autant dire, une semaine pour se préparer à être père, c'était très peu. Là, j'avais neuf mois. Enfin un peu moins. C'était mieux, mais plus effrayant. Je tentais de la rassurer du mieux que je pouvais, attrapant son visage entre mes mains, lui disant des mots supposés être les bons. Mais non, son regard fuyait le mien et je ne savais pas comment réagir. « Je le prends pas à la légère, crois moi. T'es... t'es Alaska, celle qui me fait tomber amoureux. C'est pas un jeu pour moi, t'es ma priorité. » Je déglutissais, alors en prenant du recul sur la situation. « Si Az est enceinte de moi... ça va pas être facile, mais on peut s'en sortir, on peut.. se prendre un appartement ensemble, toi et moi et puis j'arrêterai les études, je travaillerai de la maison. Je m'occuperai aussi du bébé d'Az tout en m'occupant du nôtre. C'est... ok, c'est pas une solution rêvée mais c'est une solution » Tout ce qu'il restait à faire, c'était espérer que je ne sois pas le père, tout simplement.

« Je le prends pas à la légère, crois moi. T'es... t'es Alaska, celle qui me fait tomber amoureux. C'est pas un jeu pour moi, t'es ma priorité. » Je plissais des yeux en le regardant d'un coup. « Tomber amoureux ? » lui demandais-je comme si je ne savais pas ce que cela voulait dire. C'est juste que... Alexander tomber amoureux de moi ? C'est un peu comme inespéré vous voyez ? Alexander amoureux ? J'espérais que cela puisse arriver, mais j'étais à des années-lumière de me douter que ça puisse arriver si vite. Ou alors... c'est parce que je suis enceinte et à deux doigts de lui échapper une nouvelle fois ? Il a cette fâcheuse manie de se réveiller quand je ne suis plus là ou, sur le point de partir. « Si Az est enceinte de moi... ça va pas être facile, mais on peut s'en sortir, on peut.. se prendre un appartement ensemble, toi et moi et puis j'arrêterai les études, je travaillerai de la maison. Je m'occuperai aussi du bébé d'Az tout en m'occupant du nôtre. C'est... ok, c'est pas une solution rêvée mais c'est une solution » - « Une situation merdique Alex ! » Youhou, j'en rêve déjà. Je ne pouvais pas m'empêcher de grimacer rien que d'y penser. J'voyais surtout ça comme "avoir deux femmes, deux familles, deux vies" : NO WAY. En même temps, qu'est-ce qu'on pouvait en dire de plus ? On avait plus qu'à attendre le résultat de toute façon. En attendant, on est sur un fil. Je finissais par poser mes fesses sur un gros caillou. J'étais fatiguée de ma journée de travail, j'ai été debout toute la journée et j'ai encore mes cours à réviser en rentrant. Cette situation me fatigue elle aussi. « Peut-être qu'on ne devrait pas le garder... Toi-même tu as dit qu'on n'était pas prêt pour ça l'autre fois... » J'aimerais être positive, genre vraiment. Sauter au plafond et pleurer de joie. Je ne pouvais juste pas parce que tout pouvait encore basculer pour le moment. Alors pour tout ça, pour me voir heureuse, il allait devoir attendre encore et prier pour qu'il ait une bonne étoile au-dessus de sa tête. « Puis j'ai picolé comme un trou ses trois dernières semaines... » Est-ce qu'on peut revenir à Los Angles ? Juste ce moment où tout était parfait ?

« Je... commence ouais » Après tout, j'étais avec elle, je ne fuyais pas en apprenant qu'elle était enceinte de moi, je ne lui demandais pas de s'en débarrasser. Ça voulait bien dire ce que ça voulait dire non ? Quoiqu'il en soit, c'est vrai qu'avec la grossesse d'Azraël, ça devenait assez compliqué. Mais on pouvait s'en sortir, non ? J'osais espérer qu'elle puisse croire assez en nous pour que ça marche. Mais visiblement non, je me faisais des idées et c'était... dur. Une situation merdique. Voilà ses mots. Bordel quoi, c'était quoi ça ? Non, c'était pas une situation merdique, c'était peut-être une réalité.. sauf si elle préférait s'en défaire. « Tu veux ne pas le garder ..? » Chose étrange quand je l'entendais me dire qu'elle voulait se réjouir mais qu'elle ne pouvait pas. De mon côté, j'étais... je voulais le garder, ouais, ce bébé qui n'avait rien demandé. C'était un bébé conçu avec des sentiments parce que cette fois là, à Los Angeles, c'était pas que du sexe, c'était des retrouvailles. Elle comme moi le savions. Je déglutissais, me rendant alors compte que, qu'importe les efforts fournis, ça sera sûrement pas suffisant. J'allais la perdre dans tous les cas. Enfin, si Az n'était pas en train de porter mon enfant. « Tant que t'arrête maintenant, ça devrait pas poser de problème Al.. » disais-je en haussant les épaules, après avoir lâché son visage. Je commençais à perdre espoir et c'était pas forcément bon.

« Je... commence ouais » C'était... bon à savoir. Il tombe amoureux... Alexander tombe amoureux de moi. J'ai presque envie de lui dire de se laisser aller, que ça pourrait être super qu'il le soit vraiment, mais là, je crois que la situation nous échappe une fois de plus. Je m'éloignais finalement de son contact pour venir m'asseoir sur un gros caillou, observant la vue que nous avions face à nous. Qu'est-ce que l'on va faire ? Des dizaines de questions me passaient par la tête et je n'avais aucune idée de comment gérer tout cela... J'étais angoissée. Un peu comme une crise de manque et je commence à avoir l'habitude maintenant de ce genre de crise d'angoisse. « Tu veux ne pas le garder ..? » Je fermais les yeux sous le poids de ses mots. C'était une option. Mais franchement, ce bébé, il est dans mon ventre et il y reste ! « Ce n'est pas ça Alex... » lui dis-je doucement. Comment j'allais pouvoir lui expliquer mes inquiétudes sans le submerger ? Fallait que je me pose déjà, que je me calme. On inspire et on expire. À plusieurs reprises. Je lui parlais vaguement de mes excès durant ses trois dernières semaines qui n'étaient pas bonnes pour le petit pois qui habitait mon estomac. « Tant que t'arrête maintenant, ça devrait pas poser de problème Al.. » Ouais, peut-être. J'espérais du moins. Je restais assise sur mon caillou, mais je me tournais complètement vers lui, le regardant dans les yeux. Un, deux. « Alex, j'ai des sentiments pour toi et ils sont immenses, okay ? Je suis amoureuse et pour rien au monde je voudrais que ça s'arrête... Ce bébé, c'est juste la plus belle chose qui m'arrive, je suis heureuse de l'avoir et je serais incapable d'avorter ou de m'en séparer... J'ai envie de donner la vie. J'ai envie d'être maman... T'sais, pour moi ça fait comme partie des buts de la vie, c'est... c'est comme une raison de vivre... » Je me confiais doucement, un léger sourire aux lèvres parce que je ne pouvais pas m'en empêcher rien qu'en évoquant ce futur nous. Je ne sais pas s'il allait comprendre, il était père, il ne voyait peut-être pas les choses de la même façon que moi... Peut-être qu'il allait me prendre pour une illuminée. Je ne pouvais pas savoir... ou plutôt, j'allais vite le savoir. « S'il n'y avait que nous, je te l'aurais dit dans la minute et j'aurais été tellement excitée que tu m'aurais trouvé intenable. J'aimerais laisser exploser ma joie avec toute l’insouciance qui m'habite en temps normal. Mais... Je suis perdue. Parce que... parce que j'ai l'impression que l'on me coupe l'herbe sous le pied, que j'arrive après la bataille, que je suis la numéro deux malgré que je sois ta petite amie. J'avais envie de partager tout ça avec toi, mais tu étais déjà en train de te soucier de toute ça avec une autre. Je suis la première de nous deux à croire en nous... Mais parfois, permets-moi d'avoir des doutes, surtout quand la situation est loin d'être favorable... Ça ne veut pas dire que je ne suis plus amoureuse de toi. J'suis consciente que tu essaies de faire des efforts, j'le vois. J'veux être ta priorité, qu'on vive notre truc à deux... Mais là, ce que je vois, c'est qu'il y ait une chance pour que tu aies deux femmes, deux vies, deux familles et je ne veux pas faire partie de ça. » Je pinçais mes lèvres. Je n'avais pas envie de le quitter, sinon je l'aurais fait depuis un moment déjà. Mais cette situation... C'est comme si on marchait tous les deux, main dans la main et que derrière nous, il y avait une personne qui marchait à la même allure et qui me menaçait de prendre ma place.

Je l'avais laissée s'éloigner, s'installer sur ce rocher et je l'avais suivie, préférant pour le coup m'installer sur le sol, regardant dans la même direction qu'elle, les bras calés sur les genoux repliés. Ouais, je tombais amoureux d'elle et c'était inespéré. Sauf que c'était vrai. Elle pouvait croire le contraire si ça lui chantait, je sais juste qu'à un moment donné, je ne peux plus me cacher et ouais, elle compte bien plus qu'une simple fille que j'ai mis dans mon lit. Par contre, j'avais du mal à comprendre la conversation que nous avions. Elle voulait pas le garder ? Ça n'avait juste aucun sens pour le coup. Mais je me risquais à lui demander, ce à quoi elle confirmait ce que je savais : c'était pas ça. Alors elle commençait à parler. Encore et encore, vidant le fond de sa pensée. Je tentais de tout assimiler, de ne rien mettre de côté. J'avais pas envie de foirer tout ça pour le coup parce qu'elle méritait son bonheur et qu'encore une fois, j'étais celui qui l'empêchait d'avoir ce sourire magnifique sur les lèvres. Quel crétin j'étais. Elle méritait d'être heureuse et j'étais simplement celui qui la retenait dans les ténèbres. Un boulet, ni plus ni moins. « J'ai... Je veux que tu sois heureuse, vraiment. Je veux que tu sois épanouie et que je veux que tu t'extasies de cette grossesse. C'est ce qui m'importe et c'est ma priorité numéro un. Sache le » Je calais une tête contre ma main, le regard levé vers elle, toujours perchée sur son caillou et moi au sol, à sa merci. Une métaphore ? Peut-être bien ouais. « Et je comprends... cette situation dans laquelle je nous mets, c'est... l'enfer. Autant pour Az que pour moi que pour toi et je m'excuse encore.. Mais on saura bien assez vite si je suis père et.. promis, tu seras la première au courant. Je prie de toutes mes forces que je suis pas ce géniteur.. que je n'ai rien à voir avec cet enfant pour qu'on puisse être juste tous les deux Al, j'te jure.. Mais s'il s'avère que c'est le mien, je pourrai pas lui tourner le dos, tu le sais » Je soupirais, glissant ma main dans mes cheveux tout en baissant le regard. Finalement, je le lançais au loin. « J't'ai raconté mon histoire.. abandonné par mes parents biologiques, j'ai atterri dans cette famille de dégénérés.. j'peux pas laisser un de mes enfants vivre ça... j'peux pas. J'vais assumer, aussi bien le sien que le nôtre. » Je tournais le visage vers elle, désolé. « Mais si ce n'est pas le mien.. c'est pas notre problème. » Enfin bien sûr que j'aiderai Az parce que je suis proche d'elle et que je le ferai si elle m'appelle à l'aide. Mais sinon, je me concentrerai sur Alaska, et notre bébé.

Je vidais mon sac. Au moins, il savait vraiment ce que je pensais et il allait pouvoir comprendre le pourquoi du comment je me sentais mal et pourquoi j'avais tendance à me montrer distante. Fallait qu'il comprenne que tout ça, cette situation, elle était loin d'être facile pour moi. J'avais déjà assez peu confiance en moi, alors imaginez un peu le truc... Il s'était finalement rapproché de moi, s'asseyant par terre. « J'ai... Je veux que tu sois heureuse, vraiment. Je veux que tu sois épanouie et que je veux que tu t'extasies de cette grossesse. C'est ce qui m'importe et c'est ma priorité numéro un. Sache le » Je lui adressais un faible sourire. Okay, mais lui ? J'veux dire, qu'est-ce qu'il voulait vraiment du coup ? Bon, il va s'exciter, me dire qu'il l'a déjà dit des dizaines de fois... Mais là, maintenant, si ça ne tenait qu'à lui, s'il enlevait la pression environnante, il ferait quoi ? Mais je préférais le laisser parler, attendre qu'il ait fini. « Et je comprends... cette situation dans laquelle je nous mets, c'est... l'enfer. Autant pour Az que pour moi que pour toi et je m'excuse encore.. Mais on saura bien assez vite si je suis père et.. promis, tu seras la première au courant. Je prie de toutes mes forces que je suis pas ce géniteur.. que je n'ai rien à voir avec cet enfant pour qu'on puisse être juste tous les deux Al, j'te jure.. Mais s'il s'avère que c'est le mien, je pourrai pas lui tourner le dos, tu le sais » Bien sûr, je le sais. Et c'est pour cela qu'il est prévenu... S'il est de lui ce gosse, ça sera sans moi. Enceinte ou pas. Je n'veux pas vivre dans cette situation instable, je ne veux pas m’interroger h24 sur ce qu'il fait quand il est avec elle. Puis, c'était Alexander, il avait du mal avec les sentiments, mais il s'attachait quand même super vite aux gens. Enfin, j'sais pas, ça me faisait tellement flipper que je ne savais plus quoi penser et j'arrivais plus à me dire ce qui était vrai ou faux. « J't'ai raconté mon histoire.. abandonné par mes parents biologiques, j'ai atterri dans cette famille de dégénérés.. j'peux pas laisser un de mes enfants vivre ça... j'peux pas. J'vais assumer, aussi bien le sien que le nôtre. Mais si ce n'est pas le mien.. c'est pas notre problème. » Je tournais finalement la tête en direction de la ville, me recroquevillant complètement. Mes bras encerclaient mes jambes priées et ma tête était posée contre mes genoux. « Il ne reste plus qu'à attendre alors... » m'exclamais-je dans un soupir. En attendant, je ne savais pas quoi faire... J'avais trop peur d'être trop proche de lui, parce que j'avais peur de tomber de haut. La chance ne m'a jamais vraiment souri... « Si tu oublies toute la pression et tout... Toi, qu'est-ce que tu veux vraiment au fond ? » Non, parce qu'il pouvait très bien rester avec moi juste de peur de fauter ou à cause du regard des autres.

Elle avait bien raison, de me dire le fond de ses pensées, au moins je savais à quoi m'en tenir. Disons que j'avais du mal à comprendre ce qu'elle vivait et maintenant, j'y arrivais plus ou moins. Comme quoi, la communication était clairement nécessaire de notre couple. Alors à mon tour, je communiquais. Je lui disais ce que j'avais sur le coeur, ce que je pensais. C'était évidemment loin de lui plaire, du moins la partie où je parle d'Az. Mais je n'avais pas le choix, j'étais obligé d'assumer cet enfant si c'est le mien. C'est dans ma nature après tout. C'est bien ce que j'avais fait avec Robyn au final. Il y avait eu une chance que ce bébé ne soit pas le mien et... elle l'avait été. Et je ne regrettais pas une seule seconde de l'avoir dans ma vie. Bref, elle se recroquevillait sur ce rocher, tenant ses jambes avec ses bras et perdant son regard sur la ville. « Yep.. » Attendre. Dire que l'avenir de notre relation dépendait d'un simple test de paternité. C'était affolant tout de même. Mais bon, on n'avait pas tellement le choix. Je l'imitais au niveau de ma position, mes genoux relevés, mes bras les enroulant et ma tête posée dessus, le regard au loin, sur la ville illuminée. « Ce que je veux..? Toi, notre bonheur » Être heureux avec elle. J'avais trimé pour qu'elle me donne une seconde chance après tout et ce serait idiot de vouloir autre chose à ce stade là.

« Yep.. » Les choses avaient été mise à plat, mais ça ne changeait rien. On était dans un cul-de-sac lui et moi, alors oui... restait plus qu'à attendre. On sait tous que ma patience a des limites, surtout pour ce genre de chose. Disons que j'ai assez trimé dans ma vie et je n'ai aucune envie que ça continue. Alors voilà, j'étais assise sur mon caillou et je regardais la ville face à nous. Très bel endroit, si seulement il avait pu ne pas être gâché par le reste. Je m’aventurais à lui demander ce que lui voulait. Après tout, Alex était complexe. Peut-être qu'il se met la pression et reste avec moi parce que notre relation est plus... "normale" que celle qu'il pourrait avoir avec sa sœur. « Ce que je veux..? Toi, notre bonheur » Et si on passait à côté de tout ça ? Qu'est-ce que je fais moi au milieu de toutes ses histoires ? Je ne suis qu'une petite fille blessée qui a dû grandir trop vite et qui ne veut plus connaitre ce que sont la douleur, la tristesse et la peine. Alors qu'est-ce que je fais ici ? À la lisière d'une forêt assise sur un caillou en train de pleurer, m'étouffant dans ma main libre comme si j'imaginais qu'Alex n'allait y voir que du feu. J'pleurais parce que la vie avait fait de moi une putain de fille sensible et qu'en plus de ça, j'étais enceinte. Voyez, ça devait jouer sur moi. Je n'en sais rien. Tout ce que je sais, c'est que j'étais amoureuse et enceinte d'un homme qui apparemment voulait être avec moi, mais qui était totalement inaccessible. « Je vais rentrer chez moi » m'exclamais-je en sanglotant avant de me lever et de commencer à m'enfoncer un peu dans la forêt. Je ne sais même pas où je vais, je ne sais pas non plus comment on est arrivé ici.