(aleska) this is not a game

Tout ce que je voulais, c'était profiter d'elle, de nous. J'entends par là que Noël avait été si parfait avec elle qu'il m'était totalement impensable que les choses dégénèrent aussi rapidement. Alors ouais, elle était froide, distante et ça m'énervait plus qu'elle ne l'imaginait. J'étais impliqué dans cette relation et il était hors de question que je laisse les choses telles qu'elles étaient actuellement. Juste non. Alors elle travaillait aujourd'hui et j'avais eu dans l'idée de l'emmener quelque part après le boulot. Loin de la ville, loin de nos habitudes. Loin de tout. Juste elle et moi et nos problèmes. J'avais pris la moto, j'avais pris un casque pour elle parce qu'il était évident que je voulais aussi sa sécurité. Posé contre mon engin, j'attendais tranquillement qu'elle sorte, lançant des regards de temps à autre sur mon smartphone, que ce soit pour regarder l'heure ou les réseaux sociaux. Mes mails aussi. Professionnels, personnels, ou encore tout ce qui touche aux études. Ouais, je faisais passer le temps en attendant que ma copine sorte du boulot, ce qui finalement, arrivait après quelques dizaines de minutes d'attente. Sourire sur les lèvres, j'attrapais le casque et je me dirigeais vers elle, bien conscient que je troublais ses plans, mais c'était nécessaire. « Toi et moi, un tour en moto. C'est non négociable. » disais-je en m'approchant d'elle, lui tendant le casque et déposant mes lèvres sur sa joue. Ouais, j'aurais préféré sur ses lèvres mais je sais pas si elle l'aurait bien pris ou pas.

Vaut mieux éviter de me chercher les embrouilles en ce moment. J'suis limite lunatique depuis quelques jours. J'étais vite redescendue sur terre après le réveillon de Noel en compagnie d'Alexander. On s'était remis ensemble, la soirée avait été parfaite, puis finalement, nous n'avions pas profité de notre mise en couple. Pourquoi ? Demandez à Cambridge Secret's. Je commençais à être agacée par cette habitude de me dévoiler tout sur la place publique d'internet. Alexander avait des secrets qui commençaient à me blaser et ça, c'était mauvais. Qu'il se soit tapé une fille, j'pouvais rien dire là-dessus, j'avais eu des relations moi aussi, enfin très peu. Genre, une seule fois peut-être et ça n'avait pas été le pied. Bref. Avec sa demi-sœur, ça commençait vraiment à être glauque là. Qu'elle soit "peut-être" enceinte de lui, ça passe pas du tout. Il était assez grand pour faire attention, il allait être assez grand pour prendre ses responsabilités. Il ne pouvait pas faire son beau parleur et me sortir une paternité de nulle part. Alors j'étais distante, hors de question que je sois trop avec lui, je préférais attendre le "résultat" du test de paternité... Histoire de savoir si j'allais devoir le larguer ou non. Je ne voulais pas qu'il me dise encore des belles paroles, je ne voulais pas me faire du mal. J'allais pas m'attacher encore et encore alors qu'il était clairement en train de m'échapper. Bref. Je sortais du travail, ne pensant à rien pour une fois quand mon regard se posait sur un Alexander tout sourire. Aha, j'ai juste envie de le gifler pour qu'il le ravale. J'avais une pointe à l'estomac. J'me sentais trahi et je n'avais aucune envie d'être avec lui... En même temps, j'étais sa petite amie alors je n'allais pas pouvoir le fuir indéfiniment. « Toi et moi, un tour en moto. C'est non négociable. » J'haussais les sourcils tandis qu'il me collait le casque dans les mains et qu'il me faisait un bisou sur la joue. Woaw. « Tu n'as pas trouvé mieux pour que j'te fasse un calin ? » m'exclamais-je dans un soupir avant de mettre le casque et de marcher en direction de sa moto. J'avais mis le casque rapidement parce que d'une, j'le connaissais assez pour savoir qu'il m'aurait pas foutu la paix tant que ça n'aurait pas été fait. Et d'deux parce que j'avais pas envie de lui parler et qu'avec un casque ça me paraissait plus difficile.

Je sais pas si le sourire était de mise mais je tentais de paraitre décontracté et puis heureux de la voir. Non mais j'étais clairement heureux de la voir, c'est juste que j'étais dégoûté de la tournure des choses. Faut bien dire ce qui est, elle avait peut-être peur de me perdre et elle avait pas signé pour tout ça. Alors ouais, je pouvais comprendre, mais on ne pouvait rien faire donc.. attendre. Profiter de notre couple tous les deux en tête à tête. Moto, casque et le monde était à nous. Il suffisait juste qu'elle accepte de monter avec moi sur la moto. Elle attrapait le casque que je lui tendais, pas vraiment heureuse de me voir et enfilait quasiment immédiatement l'objet pour protéger sa tête. « Pas vraiment non » On ne s'était pas vu depuis un moment maintenant et j'avais besoin de la retrouver. Certes, la situation était loin d'être facile mais je n'avais pas tellement le choix. J'avais surtout du mal à comprendre pourquoi ça l'affectait autant alors qu'elle n'était pas dans le truc. Je montais sans broncher sur la moto, attendant qu'elle se mette derrière moi pour partir. L'idée n'était pas de partir loin mais juste de s'isoler. Alors j'avais trouvé un coin, dans la forêt, qui donnait sur la ville. Un petit coin de paradis où elle pourrait gueuler qu'elle n'embêterait personne. La nuit commençait à tomber, mais je m'en fichais, je me garais, lui disant qu'elle pouvait redescendre à présent. Je faisais de même, retirant mon casque et je la regardais, attendant alors une quelconque réaction de sa part. Ouais, c'était elle qui allait donner le tempo pour le coup.

Je faisais la tête, j'avais mes raisons de la faire. J'avais beau être amoureuse d'Alexander et d'être accro à lui, je ne pouvais pas me résigner à marcher dans son sens. J'avais mon caractère, il fallait bien que je m'exprime, surtout quand rien ne va à mon sens. J'espérais au moins qu'il n'allait pas avoir le culot de me faire porter le chapeau. Genre, que rien à changer, que nous allons continuer à être le même couple... Je prenais sur moi, il s'était déplacé pour, je le suppose, essayer d'arranger les choses, je me devais donc d'être un minimum compréhensive. Je ne pouvais néanmoins pas m'empêcher de le remettre à sa place dès le début, histoire de lui faire comprendre que non, rien ne va. Je le laissais s'installer sur sa moto et je m'installais juste derrière lui, encerclant sa taille avec mes bras. J'le déteste. Enfin pas vraiment, mais quand même. J'ai pas envie de le voir et il me force à le tenir, c'est un peu comme détruire mes efforts mentaux. Nous n'avions pas fait énormément de route, à sa demande, j'étais descendu de la moto. J'enlevais le casque pour regarder autour de moi, un peu perdu. La forêt ? Je l’interrogeais du regard, moins sur la défensive pour le coup. « Qu'est-ce qu'on fait ici ? » Une promenade ? Il voulait qu'on marche ? Il va faire comme dans Twilight, il va me larguer et m'abandonner dans la forêt ? Vive mes références cinématographiques hein...

J'avais dit que je ferai tout ce qui était dans mon pouvoir pour la rendre heureuse et.. visiblement, je failais sévère en ce début d'année 2016. Alors il était temps que je prenne mes couilles et que j'agisse plutôt que de rester passif au milieu d'une situation compliquée. J'avais récupéré Alaska et je l'avais emmené dans un endroit reculé où on pouvait voir les lumières de la ville de Cambridge et plus loin Boston s'illuminer. Petit à petit, ils allaient retirer tout ce qui était en rapport avec Noël et c'était bien dommage. Période préférée oblige. Quoiqu'il en soit, j'avais retiré mon casque afin de lui faire face, attendant qu'elle dise un truc, que je puisse être aiguillé sur son état d'esprit actuel, celui qui la travaillait depuis bien des jours. « On est loin de tout.. comme ça tu peux crier si t'en as envie. Tu peux me tuer et m'abandonner ici aussi, même si bon, j'en ai pas tellement envie de mon côté. Ou on peut parler, tenter de trouver une solution » J'avais rapporté un sac à dos avec des trucs dedans. Mais suivant comment tout ça allait tourner, peut-être que je n'en aurai pas besoin malheureusement. On verra bien. « J'peux commencer si tu veux » Après tout, c'était elle qui n'allait pas bien et moi qui devait faire en sorte de la rassurer.

J'avais accepté sans broncher de monter derrière lui sur sa moto. Petite ballade apparemment, une ballade boudeuse. Je finissais par descendre, lui rendre le casque et lui demander ce que nous allions faire par la suite. J'avais pas l'habitude de me faire emmener dans une forêt, so c'était assez étrange. « On est loin de tout.. comme ça tu peux crier si t'en as envie. Tu peux me tuer et m'abandonner ici aussi, même si bon, j'en ai pas tellement envie de mon côté. Ou on peut parler, tenter de trouver une solution » Je pinçais mes lèvres, restant silencieuse. Je n'allais pas le tuer. Je pouvais cependant crier s'il m'en donnait une raison. Ouais, je crois que ça pourrait être libérateur de hurler une bonne fois pour toute. « J'peux commencer si tu veux » C'était peut-être mieux oui. En tout cas, il y avait une évolution entre aujourd'hui et il y a deux mois. Il s'y prenait mieux disons. « Je t'écoute... » dis-je doucement avant de détourner le regard vers la vue magnifique que les lieux nous offraient.

Bien sûr que j'étais blessé de la tournure des choses. Tout ce que je voulais, c'était vivre mon histoire avec elle, sans vague. Sauf que rien ne se passe comme prévu. Comment Cambridge Secrets avait pu savoir tout ça ? J'en savais trop rien. Vraiment, j'en savais rien. C'est pas comme si on avait pas fait gaffe, au contraire. Tout le temps dans des lieux fermés et à l'abri des regards. Faut croire que ça ne suffit pas. Enfin, je venais me garer dans ce coin à l'écart de tout et je regardais ma petite amie qui était pas forcément dans son assiette. Elle m'écoutait. Mais ne me regardait pas. Bon, c'était tout de même un début. « Je.. sais que j'ai pas d'excuse pour ce que j'ai fait, que je t'ai blessé » Je regardais dans la même direction qu'elle, pas trop proche mais pas trop loin. « J'suis désolé d'être le boulet que tu te traines. » C'était clairement ça, et ce depuis le début de l'été. « Dis moi ce que je peux faire pour arranger les choses » Sincèrement, j'étais prêt à tout, afin qu'elle comprenne que c'était pas une blague pour moi tout ça.

S'il voulait commencer, alors qu'il le fasse. Puis, si me le proposait, c'est qu'il avait certainement des choses à me dire, alors voilà, je l'écoutais. Je profitais de la vue que les lieux nous offraient en attendant. Je ne m'étais clairement pas attendu à ce qu'il vienne me chercher après le travail. Je m'imaginais prendre les transporte en commun et rentrer à l'appartement, rien de plus. Je ne comptais pas le voir, je prenais mes distances par sécurité, hors de question pour moi de souffrir de nouveau, alors je me fermais totalement. Essayant de ne pas y penser et de n'en parler à personne. Le truc, c'est que j'avais tendance à devenir défaitiste. « Je.. sais que j'ai pas d'excuse pour ce que j'ai fait, que je t'ai blessé » Je pinçais mes lèvres. De toute façon, ça commençait à être une habitude chez lui. Donc heureusement qu'il se rendait compte de ce genre de chose. « J'suis désolé d'être le boulet que tu te traînes. » Le pire dans tout ça, c'est que jusqu'ici, je pensais que c'était moi son boulet et en vrai, il venait juste de me dire le contraire. Je ne le regardais pas, contemplant la vue, j'attendais simplement qu'il ait terminé. « Dis moi ce que je peux faire pour arranger les choses » Je le regardais finalement. Qu'est-ce qu'il pourrait arranger les choses ? Qu'il ne soit pas le père de l'enfant de sa sœur. Qu'il se sorte les doigts du cul aussi. Mais... J'avais autre chose de plus important à lui dire. Mon petit secret que je gardais pour moi depuis deux jours. « Je suis enceinte » Je parlais calmement, pourtant, j'avais envie de péter les plombs. « Mon corps réagissait mal au traitement... J'ai fait une prise de sang... Je suis enceinte d'un peu plus de trois semaines... » Bien entendu, c'était lui le père. Je ne savais pas quoi dire d'autre... la situation était étrange pour le coup et je préférais le laisser réagir plutôt que d’enchaîner.

Ouais, c'était une surprise et j'osais espérer que je sache améliorer les choses entre elle et moi. Disons surtout que j'étais mal, sachant que j'étais encore une fois la personne qui la blessait. Ouais, je voulais faire les choses bien et du coup, j'avais joué un coup de poker. Je l'avais récupéré au boulot et maintenant, on était isolé du monde entier, parlant des problèmes bien trop rapidement apparus dans notre couple. Je m'excusais, parce que quand bien même je n'étais pas tellement fautif de ce qui se passais - ouais bon un peu -, je me devais de lui dire que j'étais désolé. Faut bien passer par là pour garder une femme de toute façon. Et puis je cherchais à comprendre ce qu'elle voulait de moi pour le coup, vu que c'était assez flou. Mais elle finissait par me regarder et lancer une bombe. Une grosse bombe. Disons que si c'était une blague, c'était pas le moment d'utiliser ce prétexte. Mais voyant son regard, ce n'était pas une blague et mon souffle se coupait presque immédiatement en comprenant ce qui se passait. « Trois semaines..? Los Angeles ? » J'étais sous le choc et mon regard se posait sur elle. Je tentais alors de m'approcher pour attraper sa main, même si j'étais pas sûr que les chose se passe bien entre nous. « Tu... tu es enceinte » J'étais le père, je le savais. Enfin je pense... non, j'en suis sûr.

Comme je l'avais prévu, il était surpris. Qui ne le serait pas en même temps ? J'venais juste de lui dire que j'étais enceinte qui si c'était la liste de courses. En même temps, je n'étais pas du genre à passer par quatre chemins, j'le dis et on verra par la suite. Là il avait l'air choqué et sa façon de me regarder était presque flippante. « Trois semaines..? Los Angeles ? » me demande-t-il clairement sous le choc de la nouvelle. J'hochais silencieusement la tête de haut en bas pour affirmer positivement. Los Angeles était l'endroit rêvé pour faire un bébé finalement. J'veux dire, c'était parfait là-bas, on était heureux. Ce n'était clairement pas une blague, enfin, il l'avait compris. Puis, je n'étais pas du genre à rire de ça. Il savait aussi qu'il était le père, il l'avait compris, je n'avais eu aucun rapport avec aucun autre homme. Bref. Son regard se posait sur moi et il se rapprochait doucement aussi, attrapant ma main. « Tu... tu es enceinte » Je ne pouvais pas m'empêcher de sourire rapidement malgré la situation. « Je suis enceinte... » répétais-je doucement. Mais je lui en voulais. J'étais blessée par ses erreurs. J'avais peur qu'il m'abandonne parce qu'il pouvait aussi être le père de son futur neveu/nièce. J'avais d'autant plus peur maintenant que j'étais enceinte de lui. Et puis bordel, j'étais heureuse d'être enceinte et il gâchait tout. « Ça devrait être extraordinaire comme nouvelle... Mais on ne peut même pas s'extasier parce que je suis ta galère de plus au final... » m'exclamais-je en riant nerveusement histoire de cacher le mal-être.