how many nights does it take to count the stars ? (bonaventure)

how many nights does it take to count the stars ?
w/ bonaventure ; le 28.12 au soir.

" Idiot, c'est rien de le dire ! " Et je suis bien comme lui, il est toujours plus important d'utiliser ces préservatifs pour les raisons pour lesquels ils ont été inventés : prendre son pied sans rien risquer ! Mais bon, Bonaventure a l'air d'être au même niveau que moi pour le coup : au point mort. Deux célibataires qui n'ont pas vraiment utilités de ces choses. Mais il faut toujours en avoir sur soi, on sait jamais. J'en ai un dans mon porte feuille et si ce n'est pas moi qui m'en sert, peut être qu'une amie en aura besoin. Ou alors si jamais je me fais kidnapper, je pense que le lubrifiant pourrait bien m'aider à glisser mes mains hors des menottes ! Oui, je pense à ce genre de choses mais je veux être préparée et parée ç n'importe quelle aventure loufoque qui pourrait m'arriver ! Bien entendu, je ne me le souhaite pas et il y a neuf chances sur dix pour que je sois incapable de me souvenir de tous mes plans si ça venait à m'arriver... Sinon c'est pas drôle. Je souris quand il me dit que les bombes à eau, ça l'éclatait quand il était ado. J'aurais rêvé m'éclater comme ça étant ado... Mais vivre en zone de guerre, en Afghanistan... On gâche pas l'eau de cette sorte. Enfin, je suis sûre que j'ai joué avec des choses dont il n'aurait même pas idée ! Chacun son enfance, son adolescence et sa façon de vivre. En tout cas, ça me choque pas mal de voir ce jeune couple se bouffer littéralement le visage. Je suis peut être pudique mais ce qu'ils font, je n'aurais jamais pu le faire. Un peu de pudeur bon sang ! " Tu devrais leur offrir le cadeau de ta grand-mère parce qu'à cette allure... " Je ris légèrement avant d'hausser les épaules. Qu'elle ait eu du mal ou pas à le chiper, un peu de retenue ! Se gober en solo, pourquoi pas mais en public... Yeurk. J'en ai un frisson dans le dos. Avant de grimacer en voyant la soupe glisser du plateau et me tomber dessus. Heureusement que c'est la jambe droite, je ne sens presque rien. Je n'ai pas le temps de dire 'ouf' que le serveur me demande si ça va et que Bona se retrouve... Face à ma prothèse. Et bonne soirée par la même occasion ! " Est-ce que je peux aller en cuisine deux minutes ? " Demandais-je au serveur. C'est pas pour moi mais il faut que je nettoie ma prothèse et je suis pudique, j'ai pas envie que tout le monde voit ma guibole, surtout que le tissu continue de s'imbiber de la soupe et que sa touche ma peau. Évitons de se faire encore plus mal. " J'arrive " Soufflais-je à Bonaventure en suivant le serveur, la tête baissée. Ptain j'ai honte. Il y a une chance sur deux pour qu'en revenant, il n'y ait plus personne à la table... Sympa la découverte de la prothèse... Déjà qu'on voit presque ma cicatrice sur la poitrine dû à ma chirurgie cardio-pulmo d'il y a sept ans... La nana en kit, yeah ! Je m'appuye sur un grand lavabo, enlève ma jambe et remonte ma jupe afin de nettoyer ma jambe. Enfin, ce qu'il en reste. J'entends du bruit derrière. " J'ai bientôt fini, désolée " Je ne sais pas qui sait mais ça doit pas être franchement sexy pour eux de voir une nénette avec une jambe qui s'arrête juste avant le genou...

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Andrea & Bonaventure

Bonaventure n’avait jamais aimé se donner en spectacle en publique. Cela lui était déjà arrivé dans l’élan, d’embrasser sa petite-amie plusieurs fois dans une salle de cinéma par exemple mais pas au point de donner l’impression d’être un poulpe en pleine mission commando. Ce n’était franchement pas glamour et il n’y avait rien de sensuel dans leur échange. « Ouais, je crois qu’ils vont en avoir besoin ! Et moi, va me falloir un sac à vomis si cela continue » se désespéra le métisse en secouant la tête de droite à gauche. Seulement les deux amis n’étaient pas au bout de leur peine quand le poulpe se leva pour marcher en mode Michael Jackson totalement désarticulé et bouscula l’un des serveurs. La soupe était partie du plateau plus vite que son ombre et termina sa course sur la jupe d’Andrea. Aussitôt, il se précipita vers elle pour soulever le tissu afin qu’il ne colle pas à ses cuisses et ne la brûle trop durement mais elle ne risquait rien… aux vues de sa prothèse de jambe. Sur le moment, Bonaventure était resté comme un idiot. Jamais ô grand jamais il n’aurait pu s’imaginer qu’elle partageait un tel point commun avec lui. Il la regarda partir vers la cuisine, la tête baissée, comprenant aisément ce qu’il se passait dans sa tête. Il était certain qu’elle devait avoir honte qu’il ait découvert son secret et elle devait également se dire qu’il allait profiter de son absence pour s’en aller comme un lâche.

D’un coup d’un seul, il se releva pour se diriger vers la cuisine. Elle devait avoir besoin d’aide et il était hors de question qui la laisse douter de sa réaction. « Tu n’as pas à t’excuser…Est-ce que je peux t’aider ? J’ai l’habitude de nettoyer des prothèses de jambe » annonça-t-il de but en blanc en s’avançant vers elle. « Attentat de 2013, la bombe m’a soufflé ma jambe droite et on a dû m’amputer à mi-cuisse. J’aurais aimé que tu ne partages pas ce point commun avec moi mais faut croire que nous sommes vraiment abonnés aux mêmes clubs toi et moi » tenta-t-il une plaisanterie.

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w/ bonaventure ; le 28.12 au soir.

" Tu vois rien toi ! Regarde moi, c'est plus agréable " Je souris largement avant de passer ma main dans mes cheveux comme une star. Je rigole, bien entendu, mais c'est pas mal. Moi, ça me fait rire ! Je ne le pense pas vraiment, bien entendu. Je ne me trouve pas plus belle qu'une autre ou quoi que ce soit mais au moins, ça lui évitera de vomir ou je ne sais quoi. C'est fou comme on peut être bien, heureuse, souriante et tout ce qui va avec une minute et la suivante, c'est la fin des haricots. Ça m'énerve, ça m'agace. Ma belle jupe ! Et on va au restaurant après... Ça va être sympa de puer la soupe chinoise quand même... Mais c'est pas ça qui me gêne le plus. Enfin, je crois. Quand il se fige face à ma jambe, je me sens mal. Tout mais pas ça. Je ne me cache pas d'avoir une prothèse. Je veux dire, je fais des photos pour une grande marque de lingerie alors tout le sait que j'ai une guibole en plastique comme j'aime si bien le dire. Bon, c'est un truc vraiment classe mais bon. Je me dépêche d'aller en cuisine et je sais que ce n'est pas franchement protocolaire ou hygiénique mais ils ne peuvent pas me le refuser. Je m'excuse et un long frisson parcourt mon corps j'entends - et reconnais - la voix de Bonaventure. Je me dépêche pour que ça ne se voit pas trop. Mais je suis surprise par ce qu'il me dit. Il a l'habitude. Depuis quand est-il en médecine ? Je croise son regard et l'écoute. Je déglutis et lui souris légèrement. 2013. Quelle année de merde... " Toi aussi, 2013 a changé ta vie ? Mi-cuisse aussi " Soufflais-je en remontant très légèrement ma jupe pour renfiler ma prothèse. " J'étais à la bibliothèque, j'ai aidé les gens autour de moi. Je veux die, j'étudie en traumato quoi. Et une fois que les secours sont arrivés, on s'est intéressé à ma jambe qui saignait. Je sais pas trop comment mais les tissus étaient morts et c'était ça ou je finissais entre quatre planches " Je crois que c'est la première fois que j'en parle réellement à quelqu'un depuis les semaines qui ont suivi les attentats. Je soupire et tire légèrement sur mon décolleté pour lui montrer la naissance de ma cicatrice entre les seins. " Et ça, c'est parce que j'ai failli mourir quand j'avais dix huit ans. J'ai grandi en Afghanistan, une bombe artisanale de trop a tué mes amis et m'a brûlé les poumons. Deux ans après, j'étais à l'agonie " Comme ça il sait tout. J'ai rien à cacher de toute façon. J'ai jamais eu honte de quoi que ce soit. J'évite juste de le balancer à tout va pour que les gens ne changent pas de comportement avec moi. Ça sera le pire pour moi ça... " Je suis en kit " Riais-je légèrement avant de rincer le lavabo. J'ai failli mourir pas mal de fois quand on y pense... Increvable, voilà ce que je suis.

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Andrea & Bonaventure

« Il n’y a pas photo en effet »répondit-il à Andrea car il faudrait être un menteur et un fou pour ne pas la trouver d’une beauté à couper le souffle. Toutefois, outre ses courbes à damner un saint, c’était son sourire qui retenait l’attention de Bonaventure. Il avait toujours été sensible au sourire et au regard. Pour certains, c’était peut-être faire preuve de mauvaise foi mais pas pour lui. De tout de manière, il n’était pas le genre d’homme à s’intéresser à la taille d’un derrière ou celle d’une poitrine -il partait du principe que quoiqu’il arrive, ses mains sauraient toujours trouver leur bonheur ; En tous les cas, cette femme était ravissante et ce n’est pas le fait de la savoir amputée qui allait changer sa manière de la voir. Au contraire. Son sourire n’en était que plus ravageur.

Poussé par le besoin de la rassurer, il l’avait suivi pour mieux lui apprendre qu’il était lui-même mutilé. « Oui, je me trouvais à quelques mètres d’une des bombes et à ma sortie du coma, on m’a gentiment expliqué qu’ils n’avaient pas eu le choix. C’était le kinder surprise du jour »tenta-t-il de plaisanter mais la douleur était toujours aussi présente. Toutefois, Bonaventure avait appris à vivre avec, à camoufler cette angoisse permanente pour ne pas subir la compassion et la pitié des autres. Auprès d’Andrea, il était sûr désormais d’être sur la même longueur d’onde. Elle lui expliqua tout et malgré lui, il dut se faire violence pour ne pas détourner le regard de son décolleté. Oh ce n’était pas sa cicatrice qui le dérangeait… Le jeune homme était très pudique et de là, à scruter le décolleté d’une amie, il y avait un gros fossé. « Si tu es un kit alors tu es un très joli kit Andrea. Tu es même la femme la plus courageuse que je connaisse mais ça, je vais éviter de te le dire, tu risquerais de prendre la grosse tête » la taquina-t-il en lui glissant un petit clin d’œil. « Par contre je crains fort que ta jupe n’empeste… Le poulpe a gagné cette bataille mais je te propose la guerre… Tu accepterais que je t’en offre une ? Je suis certain qu’on peut trouver une boutique encore ouverte ! » lui dit-il avec un petit sourire amusé. « Sauf si tu veux que je t’appelle ma petite soupe »

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w/ bonaventure ; le 28.12 au soir.

Étrangement je me sens rougir. Mon coeur s'emballe légèrement mais je tente de me calmer. Ça fait bien longtemps qu'on m'a pas fait un compliment de la sorte. Enfin, je crois que la dernière fois, c'était peut être bien Bonaventure lors de notre courte sortie au bar... Ça me fait vraiment bizarre, c'est plus fort que moi. J'ai l'impression de ne pas mériter tout ça et de jouer là dessus pour me tenter que tout va bien chez moi. Oui, depuis que Maxime et moi c'est fini, c'est difficile. J'ai perdu confiance en moi mais bon, on fait avec. Ou plutôt sans. Et sans, on fait avec tous les deux et ce tous les jours. Rencontrer quelqu'un sur internet, partager de bons moments, devenir amis et se rendre compte qu'on a un sacré point commun... Ca change une vie. Je l'écoute et souris légèrement. Y a pas à sourire, c'est loin d'être joyeux ce qu'il me raconte mais ça me fait du bien de ne pas être seule dans ce cas, de voir que quelqu'un d'autre a vu sa vie changer du tout au tout en 2013... " Ça a pas du être facile de se réveiller et de l'apprendre... " Elle se souvient encore qu'elle avait eu tellement peur quand on lui avait appris que sa peau était déjà à un stade avancé de nécrose et que c'était très mauvais pour elle... Qu'il fallait donc l'amputer avant de devoir enlever encore plus de sa jambe droite. Mais là, se réveiller et tout apprendre... Quelle horreur ! Pas le temps de s'y faire, de commencer un pseudo d'oeil... Et la douleur du membre invisible. Tout remontait à la surface et je déteste ça. Je suis à nue devant Bonaventure... Et demain sera une nouvelle étape. Demain, je saurais si je peux compter sur lui ou si c'est peine perdue. " Oui t'as raison, évite donc de me dire ça, je vais plus me sentir après " Je ris légèrement en lui adressant un clin d'oeil en retour. En tout cas, c'était une sacré soirée. Et dire qu'on va aller voir des amputés tout à l'heure... " Je peux me balader en culottes sinon, c'est à la mode " Je lui adresse un large sourire. Je me demande comment il va réagir. Il avait l'air un peu distant quand je lui ai montré ma cicatrice. Gêne, dégoût ou pudeur... Bonne question. " J'habite pas très loin sinon. Ou je peux la découper et en faire une mini jupe. Voire micro jupe " Oui parce qu'à force de papoter, elle s'imbibe encore plus de liquide. " Ça fait plaisir de voir quelqu'un qui a pas un mouvement de recul en me voyant si... vulnérable " Je lui montre la porte du restaurant des yeux. " L'odeur est vraiment si nauséabonde ? Parce que j'ai encore faim moi.. Ce ne sont pas trois sushis qui vont me combler " Puis de toute façon, payer pour payer alors autant manger.

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Andrea & Bonaventure

Andrea venait de rougir à ses propos et il se sentit bêtement fier de lui. C’était insensé mais peut-être n’avait-il pas vraiment perdu la main dans l’art et la manière de toucher une femme rien que par la parole. Depuis le temps, Bonaventure se sentait rouillé, peu habile. Bon, il n’avait jamais été un grand séducteur mais quand même. Pour le coup, il se sentait fier car Andrea ignorait à quel point sa réaction lui faisait du bien, le confortait dans l’idée que peut-être il pouvait plaire à nouveau. Depuis son amputation, Bonaventure oscillait entre occasions manqués et : je t’adore mais je te préfère en tant qu’amis. Les femmes ignorent à quel point c’est frustrant de finir toujours et inlassablement dans la friend zone. « Non surtout que j’ai dû digérer plusieurs nouvelles en même temps. J’ai perdu mon meilleur ami ce jour-là et je ne le savais pas encore mais ma fiancée pliait bagage parce qu’elle ne supportait pas l’idée que je sois changé. Peut-être craignait-elle que ma personnalité ne change ou tout simplement ne se sentait-elle pas prête à subir la vision de…ça » se reprit-il pour lui répondre avec sérieux. Cela faisait du bien de parler de ça avec Andrea car elle savait par quoi il était passé, elle savait les pièges à éviter et puis, elle ne prendrait pas de gants et il lui en était reconnaissant. « Dans mon malheur, je me dis que je n’ai pas eu à supporter la décision comme toi » lui dit-il montrant combien il était admiratif de son courage. Elle avait supporté tellement de choses !

Bonaventure éclata de rire avant de secouer la tête. « Tu risquerais de te faire agresser ou arrêter pour exhibitionnisme… Et moi, je risque d’avoir du mal à te regarder dans les yeux en toute honnêteté »lui dit-il franchement. A quoi bon se cacher, elle était vraiment belle. « Non non, après le restaurant, on ira te chercher quelque chose »rigola-t-il. C’était plus fort que lui, il ne supportait pas l’idée qu’elle puisse être si peu vêtu ; -un peu de sa religion s’exprimait. Le métisse n’était pas un musulman extrémiste, loin de là, mais pour lui, une femme devait s’habiller de manière correcte. « Je n’ai pas l’impression que tu sois vulnérable et même si tu l’étais, cela ne changerait rien à mes yeux. Tu restes Andrea comme je reste Bonaventure. Ce ne sont pas nos cicatrices ou nos membres en moins qui nous définissent. Du moins, c’est ce que j’aime croire » termina-t-il par dire avant de lui sourire. « Retournons à table en espérant que le poulpe n’est pas en train de s’accoupler »

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w/ bonaventure ; le 28.12 au soir.

On dirait pas comme ça mais Bonaventure a aussi vécu des moments très difficile dans sa vie. Perdre son meilleur ami, se réveiller avec une jambe en moins, sa fiancée qui fout le camp. En tout cas, c'est une belle conne parce que, depuis quand on abandonne les gens qu'on aime quand ils ont le plus besoin de nous ? Faudra m'expliquer... " Je suis désolée pour ton ami... Quant à ta fiancée, t'es surement mieux sans elle. Je pense que... Lorsqu'on vit quelque chose comme ça, les gens négatifs et qui ne peuvent pas ou ne veulent pas nous aider, nous soutenir, nous donner la main, vaut mieux s'en débarrasser. On t'a amputé d'une jambe, pas du cerveau " Elle, en tout cas, elle doit en avoir un gros, de cerveau. C'est méchant, j'e suis consciente, mais je ne comprends pas comment on peut tourner le dos aux gens dans le besoin. Surtout qu'ils n'étaient pas juste en couple mais bien fiancé. Moi, ça me choque, et ça a le don de me mettre hors de moi. Enfin, c'est dans ces moment là qu'on voit qui compte vraiment pour nous et surtout, pour qui on compte. " J'avais pas franchement le choix non plus... Entre vivre avec une jambe en moins et mourir, j'ai vite fait le choix. Mais c'est sur que c'est pas facile. Surtout au début ! Maintenant, à mes yeux, je suis une nana tout ce qu'il y a de plus normal avec deux jambes " Entre moi et les gens autour de nous ? Aucune différence. Ma mère m'a élevé comme ça. Entre moi et les afghans avec qui j'ai grandi ? Aucune différence ! Et pourtant, je suis blonde aux yeux, chrétienne catholique et tout ce qui va avec. Mais un enfant reste un enfant, un adulte reste un adulte. Même si des fois j'aime bien être une enfant... Je ris légèrement quand il dit qu'il risque d'avoir du mal à me regarder dans les yeux. " T'es trop mignon Bona ! Mais va falloir t'habituer à voir mes fesses sur les plus grands panneaux de la ville. Je crois que mes photos vont être diffusées dès la rentrée " Et quand on pose en sous vêtements, c'est quelque chose ! Il ne va plus regarder les panneaux maintenant. C'est vraiment bizarre quand même. Tout le pays va voir mon corps sur écran géant. Je ne sais pas ce qui en est des retouches qu'ils ont fait. Ma prothèse se verra, pour sûre. Après tout, j'ai été embauchée pour ça, pour devenir le premier mannequin handicapé de la marque ! " Non, c'est clairement pas ça qui nous défini... Ça nous limite peut être un peu et encore ! On m'a proposé un contrat de mannequinat grâce à ça " Et je suis sûre que je pourrais l'embarquer dans mon délire. Enfin, peut être pas parce qu'il est quand même super réservé. C'était le cas pour moi aussi avant mais depuis peu, je travaille sur moi. On retourne rapidement dans la salle et notre table est propre, le sol aussi. Ce serait con de glisser dans de la soupe quand même. Je me pose sur la chaise et souris au jeune homme. " Beaucoup de gens le savent ? " Demandais-je, par pur curiosité.

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Andrea & Bonaventure

Parler de Lucy était toujours douloureux même si, Bonaventure avait commencé doucement mais sûrement à se détacher de son souvenir. « Je pense qu’elle craignait que je change, que cela réveille certaines choses en moi. Je ne peux pas la blâmer dans le sens où chacun est libre de vouloir ou non aimer un homme handicapé » répondit-il sur un ton monocorde. En réalité, il était toujours aussi furieux car elle avait accepté de l’épouser, elle aurait dû être déjà encline à partager sa vie dans la joie comme dans la maladie. Est-ce que les liens du mariage signifiaient-il rien à ses yeux ? « Mais dans un sens, tu as raison, cela m’a permis de ne pas m’unir avec la mauvaise personne bien qu’il est toujours difficile d’oublier un premier amour » ajouta-t-il. Il n’avait pas honte de dire qu’il n’avait aimé qu’une seule femme au cours de sa vie. Bonaventure n’avait jamais compris certains de ses amis qui couchaient à droite et à gauche. Il respectait leur façon de vivre et il s’attendait de même vis-à-vis de la sienne. « Je t’envie beaucoup sur ce sujet. J’ai toujours du mal à me voir comme quelqu’un de normal mais j’y travaille. J’ai accepté d’être modèle dans un cours de dessin. Cela va être une grande première pour moi » rigola-t-il.

Oui, il n’avait pas commencé petit, il avait directement osé poser nu. Du moins, c’est ce qu’il allait faire dans une semaine. Bonaventure restait un homme de défi et son handicap ou plutôt le fait de passer outre ce dernier en était un énorme. Il était temps qu’il se prenne en main car personne ne le fera pour lui. Il dut néanmoins dissimuler sa gêne par une quinte de toux. Andrea, en sous-vêtements sur tous les plus gros panneaux de la ville ? Par Allah, si elle ne figurait pas en pole position dans ses rêves les plus érotiques, c’est qu’il y avait un problème quelque part. « C’est… eh bien c’est très courageux de ta part ! Enfin c’est osé aussi. Tu vas finir par me prendre pour un coincé mais j’ai beaucoup de mal avec ce genre de choses. Je n’ai aucun souci dans l’intimité avec ça mais… ne crains-tu pas qu’on te regarde différemment ? »lui demanda-t-il et il ne parlait absolument pas de sa prothèse. Non, il l’avait totalement oublié tant il était obnubilé par son corps de mannequin. Tu serais ma petite-amie mais tu me rendrais dingue dans tous les sens du terme »[/color]rigola-t-il en secouant la tête tant il pouvait être conservateur par moment.

Ils finirent par retourner à leur table, poursuivant leur discussion. « Je pense que tous mes proches le savent. Ce n’est pas quelque chose que je cache car j’ai repris l’athlétisme en handisport et bien souvent, je suis en short. Je ne m’en vante pas non plus comme tu l’as remarqué. Alors surement y-a-t-il des personnes qui l’ignorent. Trinquons à notre bonne étoile ? »

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w/ bonaventure ; le 28.12 au soir.

Y a des gens forts et des gens moins forts mentalement. C'est comme ça que je le vois. Mais ça me parait totalement abusé qu'elle soit partie pour si peu. Il avait besoin de soutiens, pas d'un départ. Je comprends mieux pourquoi il est si distant avec les femmes maintenant. Une épreuve comme ça, ça doit marquer à vie. J'hausse les épaules. Oublier un premier amour, la mission impossible. Sympa. Vraiment très sympa quand on voit que le mien n'est pas si vieux que ça... " Le premier amour sera oublié et mis au placard une fois que tu trouveras ton dernier amour" Qu'est-ce que je peux déblatérer comme connerie bordel... Mais j'y crois dur comme fer. Je finirais par oublier Maxime, par oublier tout le bonheur qu'il m'a apporté. Oui, on y croit, j'y crois. " Trop cool ! J'espère que ça te fera du bien pour t'accepter. Tu verras, on se sent mieux quand on finit par se voir comme n'importe quel être humain" Je lui adresse un léger clin d'oeil. Il est même plus canon que la plus part des êtres humains alors hein ! C'est sa façon de s'accepter et les photos de mannequinat, c'est ma façon de m'accepter encore un peu plus. J'écoute ce qu'il me dit et ris légèrement. " Pour tout te dire, je l'ai fais pour l'argent au début et j'ai fini par me prendre au jeu et j'ai hâte que ça sorte. J'avais peur au début, peur que ça me porte préjudice comme tu viens de le pointer, qu'on me prenne pour une fille facile parce que je pose en sous vêtement, cicatrices et prothèses bien visibles... Mais je m'en fous. J'ai pas envie de me limiter parce que les gens pourraient mal le percevoir. L'hôpital est d'accord et c'est tout ce qui compte pour moi parce que je ne veux pas perdre mon job pour quelques photos. Je pense que ce que les gens vont retenir le plus facilement c'est que j'ai une prothèse et une belle cicatrice sur le corps. Et si des patients me reconnaissent, je suis sûre qu'ils seront plus calmes quand je viendrais m'occuper d'eux ! " Je ris légèrement. Ce serait vraiment le comble quand même. En tout cas, le regard des gens, je m'en fous pas mal. Je me suis baladée en maillot de bain pendant deux mois en été alors les étudiants sont déjà au courant de tout ça. Et je veux vivre ma vie comme je l'entends, je veux avoir les mêmes chances que tout le monde, que toutes les autres étudiantes. Je ris légèrement quand il me dit que, si j'étais sa petite amie, je le rendrais dingue. Ça me touche, ça me fait rougir. " Je suis plutôt chiante donc oui, je te rendrais dingue, complètement marteau ! " Je ris légèrement. J'ai pas envie qu'on parle du fait que lui et moi, on puisse être en couple ou alors que je le rendrais dingue par ma plastique ou autre. Oui, parce que je me doute bien qu'il ne parle pas que d'un point de vue caractériel. " Je confondrais toujours Marvel et DC Comics et ça, ça te mettrait hors de toi ! " Je ris légèrement. Je me moque de lui. Mais c'est comme ça qu'on s'est rencontré, lui et moi. Sur un forum pour parler de tout ça. De DC, de Marvel. Et j'ai mis du temps pour pas tout mélanger. Assis à notre table, je lève mon verre de coca et trinque avec lui. " Handisport, vraiment ? Tu fais quoi comme sport ? " Ça m'intéresse vraiment. Non pas pour me lancer dedans mais parce que ça fait parti de lui. " Je connais. Je suis pareille, je ne le cris pas sur tous les toits. Au début, je le cachais un peu mais maintenant... Je m'en fous tellement. Ça fait un bien fou d'arrêter de se soucier de ce que les gens pensent de nous.. " Et c'était tout ce que je lui souhaitais, vraiment. J'ai remonté ma jupe sur ma prothèse pour éviter de la salir à nouveau. Je glisse une serviette pour éviter tout contact. Ça devrait le faire. " T'étais sportif avant ? " Demandais-je à Bonaventure. Après tout, il a dit qu'il reprenait le sport...

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Andrea & Bonaventure

« Tu le penses vraiment ? Alors j’espère vraiment le trouver ce fameux dernier amour » répondit Bonaventure avec un sourire à la fois amusé et quelque peu rêveur car si certains hommes fuyaient l’amour comme la peste, lui, il n’attendait que cela malgré ses craintes d’être à nouveau abandonné. On pouvait le taxer de fleur bleue, il s’en fichait complétement. Le métisse assumait son romantisme ! « Si tu veux, je t’enverrais un sms quand ma séance sera terminée pour te dire si j’ai tenu le coup »rigola-t-il au sujet du cours de dessin. Il n’empêche qu’Andrea était une femme courageuse, peut-être même la plus courageuse qu’il ait connu dans toute sa vie et cela forçait son respect.

« Je n’avais pas vu les choses sous cet angle ! Il est vrai que les mannequins sont toujours placés sous le signe de la perfection qu’on oublie que quelque fois, l’imperfection peut être encore plus séduisantes. Je pense que justement tu vas faire du bien aux gens et c’est tout ce que j’ai envie finalement de retenir de ces photos » termina-t-il par lui dire bien qu’il savait que si jamais il tombait sur l’une d’elle, il n’aurait pas la force de la regarder. Bonaventure connaissait trop Andrea pour supporter l’idée de la voir ainsi vêtue. Il aurait l’impression de lui manquer de respect ou de jouer les voyeurs. C’était idiot de réagir de la sorte mais tel était sa façon de voir les choses. Par moment, le jeune homme s’étonnait d’être à la fois un amant passionné et un homme aux mœurs parfois trop étriquées. « Au moins, ton futur petit-ami ne s’ennuierait pas en ta présence même si j’avoue que tu mériterais des fessées à confondre DC et Marvel »grogna-t-il pour la forme mais ce petit moment de légèreté lui permit d’oublier toute cette histoire de photos en lingerie fine. Il retrouvait Andrea, son amie et cela pour son plus grand plaisir. « Je fais de l’athlétisme. Je cours le 100 et 200 mètres mais j’ai repris il y a quelques mois. J’ai encore pas mal de réglage à faire notamment au niveau de ma prothèse de courses » répondit-il avant qu’elle lui pose la question de son passé de sportif. « Oui, j’ai toujours aimé le sport, les sensations fortes. Je suis passionné de trekking et avant les attentats, j’étais même bien placé pour intégrer l’équipe nationale d’athlétisme » lui apprit-il avec un enthousiasme qui laissait voir combien sa vie d’avant lui manquait. « Je me dis que j’ai encore de l’espoir d’intégrer l’équipe nationale même si ce ne sera pas dans la même catégorie. Et puis, pour le trek, j’en ai refait un cet été. C’était génial ! Compliqué mais génial. Je crois que cela m’a mis un sacré coup de pompe dans le derrière »rigola-t-il. « Et toi ? Raconte-moi un peu tes passions »

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