Azmy - I'm not jealous

Parce que j'étais pas tellement préparée à ce genre de chose et que forcément, j'savais pas vraiment non plus comment l'affronter. Y avait pas de mode d'emploi pour ça et en même temps, c'était de ma faute. J'aurais pu faire plus attention, si j'étais pas aussi conne par moment. Ouais, j'allais pas blâmer le monde quand la seule responsable était moi même. J'étais la reine pour me mettre dans des sales situations, c'était qu'une fois plus. ”Hey” il prenait mes mains dans les siennes et j'plongeais mon regard dans le sien une nouvelle fois. ”T’as pas merdé, ça va aller, t’en fais pas.” Peut être bien qu'il essayait d'être sympa mais.. Si, j'avais merdé. Et j'étais pas vraiment sûre que tout aille bien. Sauf que j'étais pas du genre à me plaidre et j'voulais pas non plus l'assommer par mes doutes. Alors j'inspirais un coup haussant les épaules encore une fois. Tu sais le plus fou dans tout ça ? Ouais, autant continuer puisque j'étais dans ma lancée et que j'savais que si je le faisais pas maintenant je le ferais probablement jamais. J'ai envie de t'embrasser. Encore. Surtout quand tu me regardes en fait. Mais j'pouvais pas expliquer pourquoi. C'était des envies. L'genre d'envie que j'avais de plus en plus souvent quand il s'agissait de lui. L'genre de truc perturbant.

Il y avait tellement de choses dans son regard qu’il ne pouvait pas se retenir de détourner les yeux pendant un moment, fixant des restes de neige fondre sur le béton et quelques branches d’arbre osciller au rythme du vent. Il ne savait toujours pas ce qu’il ressentait ou comment il devait se comporter. Dès qu’elle lui demandait ce qui était le plus fou dans tout ça, il sentit son coeur battre de plus en plus vite. Ne le dis pas, s’il te plaît, Az, ne dis rien. Elle continua et il essaya de garder une expression neutre, tentant tout de même un petit sourire, doux comme d’habitude. Il était satisfait, triste, en colère. Elle n’avait pas le droit de dire ça, pas après lui avoir révélé un truc du genre. Elle savait que c’était réciproque. Lui dire qu’elle voulait l’embrasser n’allait pas faire taire cette voix qui n’avait pas arrêté de résonner dans sa tête depuis qu’elle lui avait dit la vérité. C’est qui l’père? C’est qui, l’autre? ”Ça a toujours été comme ça entre nous, pas vrai?” Il n’attendait pas de réponse. C’était la réalité des choses, il n’avait jamais pu se contrôler en sa présence. Il ne pouvait pas lui dire qu’il voulait l’embrasser lui aussi. Il ne pouvait pas l’embrasser. Ce serait trop tard, sinon. Il tourna la tête histoire de minimiser leur proximité avant de plonger ses yeux dans les siens. ”Je serai toujours là pour toi, Az. J'espère que tu sais ça.” Ça ne voulait pas dire qu’il n’en avait plus envie; de l’embrasser, d’être avec elle. Ça voulait dire qu’il avait besoin de temps.

Mais j'savais que j'en attendais probablement trop. Que j'en demandais trop. J'venais de lui balancer que j'étais enceinte, que dans un futur proche, je serais maman alors qu'est ce que je pouvais espérer de lui hein ? J'avais pas le droit de lui demander quoi que ce soit. Et au fond, ça faisait mal. Rien qu'un peu. Où peut être un peu trop. ”Ça a toujours été comme ça entre nous, pas vrai?” Ouais. C'était le problème au fond. Savoir que les choses avaient toujours été comme ça et ne rien faire. Juste attendre. C'était chiant. J'savais plus quoi faire moi au fond mais j'allais pas en parler. Ça rimerait à rien. Pas après tout ça. Et il tournait la tête vers moi, si bien que j'pouvais sentir son souffle sur mon visage. Sentir la chaleur s'répandre sur ma peau. ”Je serai toujours là pour toi, Az. J'espère que tu sais ça.” Mais pas maintenant. J'avais compris ce qu'il voulait dire et j'fermais les yeux quelques instants avant d'esquisser un sourire triste. Non mais je m'attendais à quoi de toute façon ? J'étais enceinte d'un inconnu, de quelqu'un qui n'était pas lui. Il allait pas s'jeter tête la première avec moi. Bravo Az', t'as tout ruiné encore une fois. Mais j'étais forte pour rien montrer, pas vrai ? Ouais, vraiment douée. Alors j'haussais les épaules prête à me relever. Tu m'feras signe quand t'es libre pour jouer un peu. Et peut être que le signe, il viendrait jamais.

Les choses avaient toujours été compliqués entre eux mais jamais autant que ça. Pourtant, c’était simple la façon dont il avait toujours envie de déposer ses lèvres sur les siennes quand il la regardait un peu trop longtemps. Il se demandait s’il n’aurait pas du l’appeler ce soir-là mais il finit par se dire que s'ils ne s’étaient pas embrassés comme ça la dernière fois ça aurait été la nuit d’après et finalement il n’aurait jamais pu y échapper. C’était un peu incompréhensible que malgré tout ce qu’elle venait de lui dire il avait encore envie de poser ses doigts sur sa nuque et de sentir son souffle sur son visage. Il fronçait les sourcils, elle n’avait pas compris. ”Si. Bien sûr que si. Toujours”, il s’exclama en pressant doucement sa main dans la sienne. Il allait être là pour elle, il n’avait pas besoin de l’embrasser pour faire ça, même si c’était assez difficile. Elle allait se lever et il acquiesça avec un sourire. Elle avait l’air indifférente mais il avait du mal à y croire. Il fallait dire que lui non plus n'était pas très expressif, voir pas du tout, mais ça lui faisait quelque chose de la voir comme ça, ravalant ses émotions. Il ne voulait pas qu'elle se retienne avec lui.

Ouais, c'était triste mais peut être qu'il faudrait que je me fasse à cette idée là. Ouais, j'avais sûrement pas le choix. Alors forcément, je prenais la décision de fuir. Parce que c'était toujours ce que j'avais fais de mieux. Fuir les gens, les sentiments assommants et toute situation un peu trop compliqué. Comme maintenant. Je fuyais Tommy, mes envies folle de l'embrasser n'importe quand, mon incapacité à lui dire quoi que ce soit. Dis lui Az, dis lui qu'il compte vraiment. Non, je le ferais pas. Comme si j'en étais incapable. ”Si. Bien sûr que si. Toujours” M'ouais. J'savais plus trop mais il pressait sa main dans la mienne. Comme s'il voulait que je reste. Comme si au fond, il savait pas vraiment ce qu'il voulait non plus. Je le regardais une nouvelle fois hésitante. Partir ou rester. EMBRASSE LE. Non. J'pouvais pas. J'voulais pas être repoussé, pas par lui. Embrasse le, sois courageuse. J'me mordais la lèvre, indécise. J'devais fuir, j'voulais pas fuir. J'savais plus. Puis son sourire m'faisait craquer, j'inspirais un coup plaquant finalement mes lèvres sur les siennes. T'es à moi Tommy. Stupidité quand tu nous tiens. Et j'me retirais légèrement évitant soigneusement de le regarder. Pardon, c'était égoïste. Totalement. Mais j'étais égoïste, c'était pas nouveau. Loin de là même.

Il avait cru qu’elle allait s’en aller avant qu’elle ne se morde la lèvre. Il avait appris ses petites manies, ses petites expressions qui passaient inaperçus pour tout le monde mais pas pour lui. Ils ne se disaient jamais ce qu’ils avaient sur le coeur pourtant leurs corps ne mentaient jamais ou que très rarement. Alors il avait appris à lire ce que ses expressions disaient. Elle était partagée. Il n’était pas sûr qu’elle allait le faire et puis il avait senti ses lèvres. Elles étaient sucrées et douces sur les siennes. Le baiser avait été tendre, pas comme la dernière fois mais comme quand on a peur que ce soit le dernier. Elle se détacha de lui et Tom tourna la tête avant de passer sa main dans sa propre nuque puis ses cheveux, perdu. ”Ouais. Ouais, ça l’était”, il ne l’avait pas dit méchamment, pas comme un reproche mais comme une remarque. Ce n’était pas la bonne chose à faire et pourtant il l’avait embrassé en retour. Il déposa ses yeux sur elle. ”C’est pour ça que j'voulais pas t’embrasser, tu vois? Parce que j’étais- j’suis pas sûr de pouvoir m’arrêter.” Merde. Fais pas ça, Tom. Commence pas. Il se leva, les mains dans les poches. ”J’ai juste besoin de temps, Az”, il avait cet air sur le regard, le sourire mi-triste mi-doux.

Peut être qu'un jour j'arrêterais de penser à moi en premier lieu. Que je ferais passer les sentiments des autres avant les miens. En tout cas, c'était pas le cas maintenant. Tommy avait besoin de temps que je l'embrassais quand même. Parce que j'en avais eu envie et que je ne lui avais pas laissé le choix. Mais il m'avait embrassé en retour. Il n'avait pas juste laissé faire puisque j'avais sentie ses lèvres faire pression sur les miennes et me rendre le baiser avec douceur. Il en avait envie lui aussi et.. Ouais, j'essayais de me trouver des excuses. Peut être bien. ”Ouais. Ouais, ça l’était” Ça, c'était la première gifle. Puisque ouais, il confirmait que j'étais égoïste pour la peine. J'me mordais encore une fois la lèvre passant mes mains sur mon visage comme si ça allait m'aider en quelque chose. ”C’est pour ça que j'voulais pas t’embrasser, tu vois? Parce que j’étais- j’suis pas sûr de pouvoir m’arrêter.” J'savais même pas si ça devait me faire plaisir ou non. J'étais juste perdue là. Totalement paumée et il s'levait me laissant toute seule sur l'herbe. ”J’ai juste besoin de temps, Az” Ouais. Du temps. J'ramenais mes genoux sous mon menton ne le regardant même plus. J'pouvais pas le regarder là. Vas t'en. que je disais simplement. J'étais nulle pour tout ça. Encore plus quand on me repoussait. Et.. J'avais mal peut être un peu aussi. J'suis désolée.

Peut être que ça n’avait pas été la meilleure chose à dire, lui balancer son égoïsme en plein visage alors qu’il n’avait rien fait pour l’empêcher non plus. Mais finalement il ne savait plus ce que c’était la bonne chose à dire ou le bon geste à faire. Ça n’avait sans doute aucune importance mais il ne voulait pas la perdre. Il détestait pas grand chose Tommy mais il en était sûr il haïssait la voir dans cet état, les genoux contre la poitrine, les yeux baissés vers le sol. Quand est-ce que s’est devenu aussi compliqué? Il avait jamais eu de relation très sérieuse et la dernière fille qu’il avait aimé intensément avait disparu du jour au lendemain. Il ne savait même pas s’il était prêt à voir quelqu’un, un enfant en plus de ça ça le terrifiait complètement. Alors, pendant une seconde, son vas t’en le frappant en plein coeur, il était prêt à s’en aller, à la laisser sur la pelouse et à ne pas se retourner. Mais il en était physiquement et moralement incapable. Au lieu de ça il se retrouvait accroupit en face d’elle à chercher son regard jusqu’à le trouver. ”T’as pas à être désolé. Je peux pas…j’peux pas te laisser penser que t’es responsable pour quelque chose.” C’est vrai, ce n'était pas tellement elle qui l’énervait. C’était lui. Trop peureux. Tommy, le courageux, on disait. ”Az, s’il te plaît ne m’en veux pas.” Il la regardait, de la tristesse dans les yeux. C’était fou comme tout pouvait changer aussi rapidement.

Mais désolée de quoi au juste ? De toute faire foirer probablement. Parce qu'il était là le problème. J'étais en train de tout faire foirer. Et je me détestais pour ça. J'appréciais Tommy, peut être un peu trop parfois et.. Disons qu'il y avait eu tout un tas d'imprévu qui m'avait transporté dans une spirale que je ne voulais pas. Mais le résultat était là, j'étais en train de le perdre pour quelque chose que je n'avais pas contrôlé. Well done Az. Alors forcément, j'avais pas trouvé mieux à faire que me recroqueviller sur moi même comme si ça allait faire un peu moins mal, comme si ça pourrait passer. Et vraiment, j'aurais pensé qu'il tourne juste les talons me laissant sur la pelouse dans le froid qui commençait légèrement à s'faire ressentir. Mais non, il partait pas. Pourquoi tu restes Tommy, hein ? ”T’as pas à être désolé. Je peux pas…j’peux pas te laisser penser que t’es responsable pour quelque chose.” N'importe quoi. Bien sûr que j'étais responsable. Les choses seraient beaucoup moins compliqué si j'étais pas enceinte. Alors ouais, peut être que y avait toujours mon mutisme qui poserait problème, mon incapacité à parler sentiment mais de ce côté là, on s'ressemblait bien alors au final, le seul souci venait de moi. ”Az, s’il te plaît ne m’en veux pas.” J'voyais la tristesse dans ses yeux et j'me demandais pour le coup : est ce qu'il voyait celle dans les miens ? Parce que moi aussi j'avais mal au fond. J'voulais pas le perdre mais.. Avoir besoin de temps était comme tirer un trait sur quelqu'un. J'suis pas fâchée et je t'en veux pas. Il avait toutes les raisons du monde de fuir, qu'est ce que je pouvais faire contre ça ? J'voudrais juste que tu restes, que tu passes au dessus de ça mais c'est égoïste encore une fois. Alors vas t'en si t'as besoin de temps, ça ira pour moi. Ou pas, suffisait de voir mes yeux pour comprendre que ça n'irait pas. Parce qu'il comptait Tommy au fond, il le savait juste pas.

C’était ridicule la façon qu’il avait de chercher des raisons pour ignorer la réalité. La fatigue, la grossesse, la manière qu’elle avait d’être comme une sorte d’aimant dont il ne pouvait pas s’éloigner. Même dans son esprit il n’arrivait pas à nommer les choses, à comprendre ce qu’il ressentait réellement. Ils se sentaient tous les deux responsables et pourtant ils ne s’étaient rien promis, rien dis, en soit ils n’avaient aucun compte à se rendre. Il ne pouvait pas lui en vouloir d’être enceinte de quelqu’un d’autre parce qu’elle ne savait même pas à quel point elle était importante pour lui. Il pensait qu’en lui disant ça l’aiderait à mieux le comprendre mais il ne pouvait pas s’empêcher d’être envahi par ce sentiment. La trahison. Un peu de déception aussi et finalement de la colère et de la tristesse. Il voulait s’en aller, mais il n’arrivait pas et ça le rendait fou. Il savait qu’elle était triste, il pouvait le lire partout sur son visage alors peut être que c’était pour ça qu’il était resté finalement. Dis moi de rester. Dis le, Azraël, et je le ferais. Son soulagement avait duré une seconde, le temps qu’elle lui dise de s’en aller s’il avait besoin de temps. Ça ira pour moi. Vraiment? C’était ce qu’elle pensait? Il avait du mal à y croire. Pourquoi est-ce qu’ils ne pouvaient pas tout se dire? ”Je m’en vais pas parce que j’ai pas envie de rester, tu sais. Si…c’est pour le mieux, j’veux pas faire l’hypocrite. Pas avec toi.” Il n’allait pas la laisser y croire pour lui dire que finalement ça lui faisait peur, qu’il n’était pas prêt. Il n'allait pas la laisser tomber pour autant, il avait besoin d’elle.