Une pause dans les révisions ? Pourquoi pas !

Malgré ses 8 ans, la petite Danika me rappelait effectivement à des choses essentielles : L’attention. Si l’attention de l’autre n’est plus là, cela pouvait-il signifier que l’amour n’est plus là également ? Il fut un temps, j’aurais eu tendance à dire que oui ! Mais…l’âge et les nombreuses expériences amoureuses s’écoulant, j’avais finalement appris qu’en tant qu’être humain, on pouvait passer par des tas de choses dans nos vies, des tas d’émotions qui pouvaient ne pas être synchronisées correctement avec les émotions celui qui partageait notre vie. Pendant que l’un pouvait vive l’extase, la réussite, le succès, l’autre pouvait très bien se sentir déprimé, en échec et perdu…Heureusement l’amour de l’autre permet bien souvent de rendre un peu plus agréable le quotidien…mais parfois, on est tellement dans une phase négative de son existence, qu’on en oublie d'être attentive à son aimé. Et je crois que c’est ce que vivait Gabin en ce moment.
Enfin, non : C’est plutôt ce que j’ESPÉRAIS que vive Gabin en ce moment, et que Danika n’ait pas raison, que Gabin pouvait éprouver des sentiments amoureux pour moi…
Je fronçais le regard, légèrement en doute à cet instant, Danika ayant été silencieuse après sa petite conclusion sur les rapports amoureux, jusqu’au moment où elle me sortir de mes pensées, me faisant légèrement sursauter

Que je fasse attendre Gabin comme lui le faisait ?! Ce conseil me fit rire aux éclats, avant de répondre à Danika : « Tu sais quoi ? t’as raison, je vais sans doute faire ça : le jour où c’est lui qui voudra un câlins c’est moi qui le ferait attendre »

Mais est-ce que cela m’arrangeait dans le fond ? Moi qui avait un besoin perpétuel de toucher les gens, de les prendre dans mes bras quand l’envie m’en prenait, ne serait-ce que pour me sentir proche d’eux ?

« Mais ça va pas m’aider parce que…Si jamais moi j’ai aussi besoin d’un câlin au moment où il me demande et que je répond "non pas tout de suite", qui est-ce qui va me donner mon câlin alors ? » et je rendais compte que je finissais par me comporter comme une enfant de 8 ans moi aussi !

© charney

J’aurais dû me douter qu’en posant une question pareille, j’allais tendre une perche à la petite ! Et inconsciemment, j’en étais même à me demander si je ne l’avais pas limite cherché !

L’entendre me vanter que son père aurait eu la galanterie de me faire des câlins à chaque fois que j’en voudrais me fit sourire….voire rougir. Mais heureusement ça, Danika ne le voyait pas! Mais en même temps cette petite se donnait tellement de mal pour m’attendrir par rapport à son père qu’il devenait clairement difficile de faire croire à cette enfant de 8 ans que Mr Maconahey ne m’avait fait ni chaud ni froid ! Bon okay, il m’avait pris de haut, et je n’avais pas trop aimé cela ; okay, il avait ce côté charmeur qui m’avait un peu agacé ; mais….Je ne pouvais pas nier le fait qu’il ne m’avait pas laissé indifférente, que je l’avais trouvé beau, imposant (dans le bon sens du terme) et surtout, adorable avec ses enfants.
Alors, histoire de me montrer honnête avec la jeune fille au téléphone, j’osais lui répondre ce qu’elle voulait sans doute entendre :

« Ta proposition est tentante Danika, et je suis sûre que ton papa doit faire les meilleurs câlins du monde…j’adorerais pouvoir en avoir un ! »
Sauf qu’encore une fois, j’entendais des bruits bizarres à bout du fil, me demandant à nouveau si Danika était encore là

« Allo ? Dani ? » Interpellais depuis mon téléphone…aucune réponse, si ce n’est des bruits de froissement, et des voix étouffés. Et pendant tout ce temps ou ce bruit sourd traversait mes oreilles, je me mettais à regretter mes paroles…Qu’est-ce que je venais de dire à cette petite ? Que je rêverais que son papa me fasse un câlin ? Non mais j’étais complètement folle. Premièrement, je suis en couple avec quelqu’un et ce genre d’aveu est bon à proscrire; Deuxièmement, ce serait bercer d’illusion cette enfant qui se mettrait à imaginer que je laisserais une chance à son père….et si c’est pour la décevoir derrière, ce n’est pas la peine.
Je regardais l’heure devant moi, sur ma montre posé sur le bureau quand Danika reprit le téléphone.

« Danika, je ne sais pas ce que tu trafique mais quelque chose me dit que tu ne devrais plus être encore au téléphone avec moi. Il est tard, c’est l’heure de se coucher »
C’était une manière pour moi de couper court à la conversation et de ne pas devoir lui redire ce que j’avais dit quelques secondes plus tôt et qu’elle avait du manquer.

© charney

Danika m’assurait que ce n’était pas l’heure de dormir, mais à son ton je savais qu’elle me la faisait à l’envers. Et puis, elle avait de toute façon du mal à me mentir, c’est bien pour cela qu’elle se rétractait un peu à la fin
Je l’entendis bouger dans sa chambre, sans doute pour s’affairer avant d’aller se coucher, et quant à moi je lui répondais gentiment

« Il est 21h passé ma belle…tous les enfants de ton âge doivent être couché, école ou non »

Elle me demandait ensuite si j’avais parlé tout à l’heure – sans doute au moment où je ne l’avais plus entendu – et je souriais bêtement, portable en main en me disant que cette petite savait clairement ce qu’elle faisait par rapport à son père et moi ! Me demander si j’avais parlé, c’était s’assurer si j’avais pu reconnaître que l’idée de câlin à la Maconahey était tentante. Et dans un sens, j’étais ravie de savoir qu’elle n’avait pas entendu ma réponse…Danika fondait ses espoirs dans une cause perdue, j’en avais bien l’impression.

C’est pourquoi je préférais lui mentir pour la préserver.

« Non j’ai rien dit, si ce n’est ronchonner parce que j’entendais des bruits bizarre qui faisaient un peu mal aux oreilles. » J’inspirais profondément et décidais qu’il était temps de dire au revoir. « Bon Dani’ ma puce, va falloir que je te laisse. Toi tu as allé au dodo, et moi j’ai encore du travail qui m’attend. Mais…j’ai été super contente de t’entendre. Et puis je suis ravie que tu te sentes mieux. Maintenant, va rendre le téléphone à ton papa, et file au lit ! » Je lui souhaitais ensuite une bonne nuit, espérant qu’elle fasse de beaux rêves et je raccrochais le sourire aux lèvres, bien qu’un peu perplexe par toute cette conversation.

Une chose est sûre, la petite Danika venait de faire pénétrer un énième doute dans ma tête, et je réalisais chaque jour un peu plus que je n’étais vraiment pas heureuse en couple ces derniers temps…

© charney