What do you want - Echo

Rester à l’anniversaire de Caesar ? Hors de question. Noah montait en brèche, passant de la vexation à la colère : il détestait Echo d’avoir organisé cette soirée, la détestait de l’avoir vu plusieurs fois s’afficher aux bras de Caesar, la détestait de lui avoir dit qu’il ne devait pas se mêler de ses « plans culs ». Alors c’était ça ? Un pote avec qui elle s’envoyait en l’air ? Ça le foutait en rage rien qu’en les imaginant tout les deux ensemble, rien qu’en l’imaginant dans d’autres bras, dans d’autres draps.  Noah ne répondit rien à sa première remarque, continuant de la fixer, se mordant l’intérieur de la joue pour ne pas exploser derechef. Pourtant, lorsqu’il la vit insister pour qu’il la suive dans la salle de bain, il ne put s’échapper. Son « s’il te plait » résonnait encore dans sa tête. Il ne voulait ni se moquer, ni lui faire souffrir un nouvel affront. En fait, instantanément il avait compris qu’elle avait peut-être besoin de le voir, besoin de se retrouver seul avec lui. Il craignait d’avance ce qui pouvait se dire, trop épuisé pour se battre encore une fois ce soir. Mais sans mot dire, il se retourna et monta les marches une à une avec empressement suggérant presque naturellement à Echo de le suivre. Arrivés à l’étage, Noah regardait sur sa gauche la porte de sa chambre, hésitant à proposer à Echo d’utiliser sa salle de bain personnelle, puis sur la droite, la salle de bain commune qui semblait déjà occupée : « S’il ne s’agit que d’un prétexte, on peut aller dans ma chambre ». Sans lui laisser le temps de répondre ou de réagir, il attrapa la main d’Echo, comme agacé, comme voulant en finir au plus vite, et l’entraina avec lui dans sa chambre. Il referma la porte derrière eux et alluma une lumière tamisée – Noah détestait les grosses lumières, il était toujours à moitié plongé dans la pénombre. Il déposait son portefeuille et ses clefs sur son bureau, laissant un silence presque gênant s’installer et ne se préoccupant pas tout de suite d’Echo. Puis en jetant sa veste sur son lit, desserrant sa cravate, il releva les yeux vers elle, brisant enfin le silence : « La salle de bain est juste là ». Il se dirigea enfin vers son minibar et se servit un verre de whisky : « Tu veux boire quelque chose ? Parler ? Rester là sans rien dire ? ». Et dans un soupir blasé il finit par ajouter en s’avançant vers elle : « Qu’est ce que tu veux Echo ? »

Fatigué de se battre, quand il avait aperçu Echo en bas des escaliers, Noah était clairement décidé à monter dans sa chambre et ignorer. Juste ignorer, pour ne pas avoir à lui avouer qu’il se sentait jaloux. Evidemment qu’il était jaloux, en même temps, c’est ce qu’elle avait cherché à provoqué en s’affichant constamment au bras de Caesar. Et penser qu’elle put prendre de son temps pour organiser une soirée d’anniversaire à l’autre abruti le mettait complètement hors de lui. Il était possessif avec Echo, viscéralement, il ne voulait pas qu’elle existe en dehors de lui, qu’elle consacre son temps à autre chose que lui. C’était complètement irrationnel comme réaction et incontrôlable, il n’y pouvait rien Tout était sans arrêt exacerbé quand il se retrouvait avec elle. Finalement, il l’avait invité à monter dans sa chambre avec lui. Sans réellement réfléchir à ce que ça signifiait : il la faisait rentrer dans une partie de son monde, la pièce où il passait le plus clair de son temps et qui comportait toutes les choses qu’il aimait : une grande bibliothèque pleine de livres qu’il avait lu deux fois pour la plupart, une colonne remplis de vinyle triés par genre, un tourne disque posé sur une table en bois , un minibar qu’il avait fait importé du Pays-Bas, fait à la main, un lit assez gigantesque, et un dressing ouvert dans lequel on apercevait sa grande collection de costume et de chaussures en cuir. Au mur, juste au dessus de son lit, trois posters de photos d’Agata (1 ; 2 ; 3), un de ses artistes favoris. Et juste à côté du lit, une petite table de nuit sur laquelle était posé son ordinateur ainsi qu’un cendrier et quelques paquets vides. Il se servit un verre de whisky et proposa quelque chose à boire pour Echo : « Je sais ». Une manière d’appuyé le fait qu’il commençait à la connaitre, même dans ces petits détails, même dans ses particularités : « J’ai du martini blanc ». N’attendant pas sa réponse, elle pourrait lui redemander un verre plus tard, il s’avança vers elle. En fait, il se sentait étrange, et Echo semblait être dans les mêmes dispositions. Il n’avait pas envie de se disputer et ça se ressentait dans tout l’air qui les entourait : une sorte de blase, d’épuisement, d’envie de … rien, juste être là ensemble, sans avoir à se le dire. Elle poursuivit par des mots qui lui remuèrent le cœur, comme elle avait toujours le don de le faire en bien ou en mal. Ne répondant pas tout de suite, il bu son verre cul sec avant de reposer les yeux sur elle et de scruter son visage avec insistance, quelques secondes seulement. Avant de lancer, d’une voix taciturne, mais qui ne se voulait pas du tout provocatrice, et comme pour éviter de parler sentiments : « Je ne suis pas étonné du fait que ce soit un fiasco, au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, il n’y a pas beaucoup de personnes qui apprécient Caesar ici. Venir à une soirée pour le voir se donner en spectacle c’est … assez ennuyeux et répulsif ». Il fit quelques pas vers son minibar avant de déposer le verre vide et revint vers Echo : « En toute franchise, ça ne me déplait pas que cette fête est ratée. Je le prends mal, Echo, que tu prennes le temps d’organiser des soirées pour lui. Justement, parce que je suis tout autant que toi, enchainé, et je n’ai pas envie de te voir mettre du cœur à des affaires qui ne me concerne pas. C’est égoïste, mais c’est comme ça ». Il haussa les épaules, comme par dépit, et réussit enfin à descendre peu à peu de sa colère. Au moins l’abcès été crevé, au moins ils pouvaient passer à autre chose et juste … être ensemble : « C’est là que je dors. Ça te plait ? », à peine souriant, amorçant une conversation des plus banales. C’était étrange entre eux deux, mais à la fois … mignon ? Peut-être oui. Noah pensa instinctivement que tout les deux n’avaient jamais passé de temps ensemble, vraiment, à faire des trucs normaux, autre que se tirer dessus ou se suspendre au-dessus du vide. Et une certaine partie de lui, très enfouie, était en fait tout excité à l’idée qu’Echo soit là, qu’ils puissent discuter, baisser les armes un peu, apprendre à se connaitre d’une manière différente peut-être. Il l’avait regardé aller s’asseoir sur le lit et eut un rire amusé mais retenu à sa remarque : « On peut toujours arranger ça Hamilton ». Légèrement taquin, il se dirigea vers sa table de nuit dans laquelle il attrapa un vieux polaroid. Il savait bien que les gens n’aimaient pas se faire prendre en photo pour la plupart, mais sans prévenir, il attrapa le menton d’Echo de manière à la maintenir bien face à l’objectif, et il en fit un cliché. Puis, il attrapa la pellicule, et la secouait légèrement au vent pour qu’elle prenne ses couleurs : « Je vais dessiner une cible sur celle-ci, l’accrocher à ma porte, et jouer aux fléchettes ». Dans un rire enfantin, il revint vers elle, et s’assied à ses côtés en regardant la photo prendre ses couleurs : « T’es vraiment belle dessus ».

Noah se calmait au fur et à mesure de leur discussion. En fait, même s’il était encore légèrement en proie à la panique, ça commençait à lui sembler presque naturel d’être ici avec elle. Première fois de leur relation qu’ils faisaient un truc normal, aussi simple que de discuter sans hausser le ton ni les poings. Le jeune homme fit mine de faire les gros yeux à sa remarque sur son inimité bien affirmée à l’égard de Caesar et le fait que la soirée se serait mieux déroulée chez les Mather : « A la Mather ? C’est toi qui manque d’objectivité pour le coup, ma maison sait faire la fête. Elle ne perd juste pas son temps avec les cas désespérés », léger clin d’œil moqueur et taquin. Evidemment, il n’était pas du tout enclin à entrer dans un paradigme violent, en fait les deux jeunes gens se parlaient presque amusés, se taquinant avec douceur et simplicité. L’ambiance qui se faisait de plus en plus calme et apaisante, comme un repos bien mérité après des siècles de guerre, n’était pas propice à ce que les deux amoureux maudits s’emportent pour si peu. Lorsqu’elle lui demanda s’il était jaloux de Caesar, Noah ne répondit pas. Du moins pas avec des mots, son regard insistant et légèrement agacé répondait pour lui, ainsi que le soupir qui soulignait le rire d’Echo. Elle était belle quand elle riait, tellement belle. Et étrangement, les mots de la jeune fille le rassurèrent. Pas seulement parce qu’il avait confirmation qu’elle ne couchait pas avec l’autre abruti, mais surtout par le simple fait qu’elle répondit une telle phrase : ça voulait bien dire, dans le principe même, qu’elle voulait le rassurer sur la question ? Qu’elle agissait là comme si, effectivement ils avaient des comptes à se rendre ? De toute manière, même s’ils ne l’admettraient jamais, ils avaient des comptes à se rendre, ils devaient se justifier de leurs actes extérieurs. Pas seulement pour répondre à une possessivité exacerbée, mais au-delà de ça : toucher à Echo c’est comme toucher directement à Noah, et vice versa. Pour ne pas perdre pied, et surtout retenir le sourire gêné qui pointait à la commissure de ses lèvres, Noah répondit d’un ton faussement désabusé, en mentant effrontément évidemment : « De toute façon tu fais ce que tu veux ». A peine eut-il finit de prononcer ce mensonge, que son cœur ratait un battement lorsqu’il sentit la main d’Echo caresser la sienne. C’était étrange, il n’y avait aucune violence dans ce geste, aucun machiavélisme, aucune fascination démoniaque, aucune envie irrépressible de domination malsaine. Son geste était … doux, apaisant, intriguant. Ce qui fit d’autant plus frissonner le jeune homme qui n’était pas habitué à ce qu’ils se montrent vulnérables l’un l’autre dans ce genre d’ambiance. Fuyant le discours émotionnels, pas par peur, mais plus par gêne, il se sentait presque rougir, il préféra lui répondre avec un air exagérément intéressant et un sourire coquin : « Les filles ? Vraiment ? Il n’y a aucun doute, tu étais faite pour moi ». Vérité déguisée dans une vanne lubrique, le voilà qu’il observait sa dulcinée allait s’asseoir sur son lit : « C’est dommage, je t’aurais bien invité à regarder un film en mangeant du pop corn », riant légèrement. En fait, cette phrase était une sorte de test : même s’il avait un sale caractère, Noah dans le fond adorait les choses simples de ce genre, et il aurait adoré pouvoir les partager avec Echo. Mais voilà, tout les deux se refusaient encore à admettre qu’ils pouvaient trouver du plaisir ailleurs que dans la lutte sanglante et rejeter en bloc ce genre de « normalités ». Alors en disant ceci sur le ton de la plaisanterie, il laissa transparaitre une certaine mélancolie défaitiste qui voulait dire « on n’arrivera jamais à être comme tout le monde », mais également une brèche dans laquelle Echo pouvait ou non s’engouffrait, qui voulait dire « et pourquoi on n’essayerait pas ? Juste une fois, même en faisant semblant ? ».  

Noah prit Echo en photo et l’empêcha d’attraper la pellicule, il rit doucement à sa remarque : « Celle-ci, je vais plutôt la garder sur ma table de nuit ». Un clin d’œil amusé, avant de se rasseoir et de déposer la photo là où était sa nouvelle place. Noah tournait la tête vers Echo pour la regarder et l’écouter parler : « T’es encore plus belle quand t’es perturbée par mes compliments et quand tu ne sais pas quoi répondre », la taquinant ouvertement pour la pousser avec amusement dans ses retranchements : « Et j’admets qu’ils ont raison sur un point. T’as un bon cul Hamilton », il pouffa de rire instinctivement à l’absurdité de cette phrase – c’est quoi sérieux ce compliment ? Il finit par appuyer ses coudes sur ses genoux, de manière à ce qu’il se retrouve légèrement penché vers le sol, plus bas qu’Echo, et fixait le mur d’en face : « ça ne me dérangerait pas si tu me disais que tu restais ici pour me voir et pas seulement pour fuir quelque chose qui te déplait ». Il se redressa finalement de manière à se retrouvait à la hauteur d’Echo, et en la regardant ajouta : « Je ne suis pas qu’un bouche-trou, ou un « en attendant de mieux » ».

Noah ne savait pas vraiment pourquoi Caesar et lui se détestait à ce point. C’était physique : il ne supportait pas ses airs de petit con, son manque d’éducation et son égocentrisme exacerbé. Et puis, il y a eu cette fois, à la Gatsby Party organisée par l’Eliot House, où Caesar avait dragué de manière assez sale Amanda, qui était sa petite amie à l’époque. Comme elle se refusait à lui, il l’avait même violenté. Et après avoir raccompagné Amanda chez elle, Noah était revenu régler ses comptes avec Caesar qui s’était ouvertement foutu de sa gueule en lui mettant un préservatif entre les mains : «  Pour la même raison que le lion et la hyène ne s’entendent pas. On est trop différent et je déteste sa tête de petit con », évitant d’entrer dans le détail, car même si Echo et lui se parlait de tout, il n’avait aucune envie de prononcer le mot « Amanda » présentement : « Tu es sure de vouloir revenir sur le sujet Caesar ? Je suis calme mais n’en reste pas moins Noah et je pourrais vraiment m’énerver ». Le jeune homme gardait encore patience, même si cette allusion au fait qu’elle puisse coucher avec Caesar, cette sale provocation, le fit bouillir intérieurement. Heureusement, il n’était pas enclin à l’impulsivité ce soir et préférait largement la mettre en garde – il y a quand même des limites à la provocation quand on veut garder le calme – avant d’exploser. Il décida d’ignorer toute cette discussion, c’est bon, on n’allait pas parler mille ans de l’autre abrutis non plus. Enfin, lorsqu’Echo finit ses révélations sur sa bisexualité, Noah regagna complètement son calme et la taquinait avec lubricité : « A vrai dire, je préférerais être assis et vous regarder faire », lui-dit il, d’une voix taciturne, l’air franchement séducteur.

Assis sur le lit du jeune homme, les deux amoureux se mirent à parler avec … banalité ? Oui. Une banalité qui n’était pas dérangeante mais apaisante, ils apprenaient à s’apprivoiser autrement, avec moins de larmes, de brulures ou de sang. « Sans faire autre chose », Noah ignora en un soupir blasé le sous-entendu trop énorme pour ne pas être compris d’Echo. Décidemment, elle manquait cruellement de tact et fonçait toujours dans le tas sans réfléchir ! Calme, calme, calme. Il se contenait pour ne pas s’énerver, deux provocations c’en était trop, encore une troisième et soit il la mettait à la porte, soit il lui enfonçait la tête dans la porte : « Tu te trompe, Fight Club est un de mes films préférés. Je n’ai pas de style particulier, tant qu’il y a une chouette bande son, j’apprécie. Oui, je suis ce genre de gars qui ne regarde des films que pour la musique, donc les films muets tu vois, ce n’est pas tellement mon truc ».

Voilà qu’il l’avait pris en photo, qu’il la complimentait – en vrai, sans exagérer, puisqu’il trouvait Echo vraiment très belle, trop belle, plus belle que n’importe qui. Et comme pour détendre l’atmosphère en un rire enfantin, il reprit la remarque sur ses fesses à son compte. Elle lui répondit par la pareille et Noah fit les gros yeux en ajoutant : « J’ignorais que tu matais mes fesses ! » faussement surpris, avant de regagner un sourire et un air plus calme. Enfin, lui demanda-t-elle de rester là. Bien sure qu’elle pouvait rester, bien sure qu’il avait envie qu’elle reste. Mais pas pour fuir sa soirée, il voulait qu’elle ait envie de rester, qu’elle le dise d’une manière ou d’une autre peu importe. Et puis, Noah se sentait bien là, dans l’immédiat. Vraiment bien. En fait … il n’avait pas du tout envie que ça s’arrête, pas maintenant, pas comme ça. Quand Noah lui demanda de ne pas le traiter comme un bouche-trou, sans qu’il ne le sente venir, les lèvres d’Echo venaient se coller aux siennes avec brutalité. Il fut surpris, complètement étourdis et … c’était bizarre. Cette scène était assez surréaliste. Après une fraction de seconde d’hésitation, il prolongea ce baiser, ne pouvant s’en empêcher, jusqu’à ce que leurs visages se décollent l’un de l’autre. Noah fixait Echo dans les yeux, le droit, et le gauche, alternativement : « j’avais envie d’écouter de la musique ». Sans répondre directement à sa question – en la laissant là, il lui signifiait qu’il ne voulait pas qu’elle parte – il se leva et se dirigea vers son tourne disque. En fait, il se sentait légèrement effrayé, comme un adolescent qui recevait une fille chez lui pour la première fois. Qu’allaient-ils se dire ? Qu’allaient-ils faire ? Ils ne se connaissaient pas finalement. Noah mit un vynile, se tourna vers Echo pour revenir s’asseoir, et tout à coup toutes ses peurs se dissipaient. C’était elle, elle était là, comment pouvait-il avoir peur ? Il revint s’asseoir près d’elle, cette fois le dos appuyé contre le mur et les pieds tendus sur le lit qui passaient derrière Echo encore assise en bordure : « Elle me fait penser à toi parfois », en parlant de la musique. Il se redressa légèrement afin d’attraper dans sa table de nuit briquet, cendrier et cigarette. Il mit une clope à ses lèvres et balança le paquet à Echo avant d’allumer la sienne propre, et de lui envoyer également le briquet : « J’ai envie de parler de banalité. C’est quoi ton film préféré à toi ? ». Noah avait vraiment envie de savoir, vraiment envie de profiter de ce moment pour la connaitre, comme des gens normaux. Alors, dans cette atmosphère paisible, il se laissait embarquer par la discussion.

Echo ne devait certainement pas le faire exprès, mais quasiment chaque fois qu’elle ouvrait la bouche, il y a avait une allusion sexuelle ou une phrase pouvant faire vriller Noah. Comme là, quand ils parlaient de Caesar. De prima bord, et agissant sur le vif, Noah ne pouvait s’empêcher de s’énerver. Mais si l’on creusait un peu plus, il était bien forcé d’admettre qu’en réalité ce n’est pas tant à Echo qu’il en voulait, mais à lui-même : il sur interprétait chacune de ses phrases parce que tout ce qui sortait de sa bouche et qui n’était pas en rapport avec lui le rendait complètement fou. Il détestait l’imaginer exister en dehors de lui, détestait savoir qu’elle avait une vie sexuelle ou sentimentale, détestait savoir qu’elle ait pu dormir dans d’autres bras et d’autres draps. C’est pourquoi, non sans mal, et se mordant l’intérieur de la joue, il se calmer après une ultime mise au point avant de regarder Echo lui répondre : « Je n’ai aucune envie de me disputer non plus, c’est juste que … ça ne me plait pas tes allusions. Je n’ai pas envie de savoir, ni de parler de l’autre con, alors évitons le sujet s’il te plait. Je n’ai vraiment pas envie de m’énerver ce soir … ». Fort heureusement la conversation virait à des palabres plus lubriques que Noah buvait avec délectation. Conventionnel ? Lui ? C’était mal le connaitre. L’habit ne fait pas le moine, et pour le cas présent, comme tous les hommes, Noah avait nombres de fantasmes qui réunissaient dans un même lit plusieurs filles à la fois : « Je ne suis pas voyeur, c’est comme de regarder un tableau. Deux filles ensemble, je trouve ça beau. Excitant. Et beau, avant tout », dit-il un sourire coquin au coin des lèvres avant de lâcher un petit clin d’œil furtif et provocateur à l’égard de la belle brune.

Installée dans le lit, Echo semblait pensive, presque … vulnérable. Noah vaquait à ses occupations avant de venir s’installer à côté de la jeune fille. Toujours ce même regard trainant qui détaillait chacun de ses traits, comme s’il voulait la retenir par cœur, l’apprendre par cœur, ne jamais la voir s’échapper. Comme s’il avait besoin de ça pour s’ancrer dans la réalité, se dire que c’était vrai, qu’elle était là, qu’il n’était pas entrain de rêver. Noah finit par rire lorsqu’elle le taquina sur sa virilité : « Non mais … eh ! Je n’ai pas besoin d’être fan de Fight Club pour attester de ma virilité. Et puis ce n’est pas qu’un film de combat ! », Faussement vexé, riant à demi-mot amusé, mais se retenant de montrer qu’il l’était, qu’il s’amusait vraiment, qu’il était bien : « Impressionnée ? Tu le dis comme si tu t’attendais tout le temps à ce que je te déçoive », à peine mélancolique. C’est vrai quoi, à chaque fois qu’il parlait avec elle, il avait l’impression d’être le pire des abrutis, la dernière des merdes snobinardes, comme si Echo ne s’attendait toujours qu’au pire venant de lui, jamais au mieux, jamais à la surprise, jamais à ce qui rend heureux. Et dans le fond, c’était super triste comme conclusion.

Lorsqu’elle l’embrassa pour seule preuve de son envie de rester avec lui, Noah laissa faire, avec une passion à peine exprimée encore trop fragile pour se laisser aller dans une telle atmosphère de sérénité. Il mit de la musique et revint s’installer sur le lit, assez loin d’Echo, à la perpendiculaire d’elle, adossé au mur, les jambes tendues qui passaient derrière la jeune fille, une cigarette se consommant au coin de ses lèvres : « Je ne sais pas. Je la trouve triste et jolie, on dirait qu’il se plein, qu’il supplie le ciel de ne pas tomber amoureux de la fille dont il parle. Et pourtant il en est amoureux », expliquant la chanson avant de remonter les yeux dans ceux d’Echo et d’exprimer, par analogie, comme s’il parlait du chanteur en même temps qu’il parlait de lui-même : « complètement fou amoureux ». Il finit par la lâcher des yeux tandis que la jeune fille remontait plus confortablement sur le lit. Noah fut saisit d’un sentiment étrange tout à coup ; ils étaient là, tout les deux, comme deux adolescents dans une chambre close à parler de tout et de rien, comme … des gens normaux : « Origins ? Je ne connais pas. Le sujet de la réincarnation ? Tu t’intéresse à ces choses là, un peu mystiques ? C’est étrange, ça ne m’étonne pas vraiment en fait que t’aime un film que je ne connais pas, et que probablement la plupart des gens ne connaissent pas. T’es bien trop bizarre pour un simple Fight Club », dit-il plaisantin, en riant légèrement comme pour la taquiner : « J’ai deux frères et une sœur. Et je suis le cadet. Et je te retourne naturellement la question, sauf qu’en plus je voudrais savoir comment tu t’entends avec eux ? Et avec tes parents ? ». Noah la scrutait du regard. Il ne pensait à rien d’autre qu’à elle, comme s’il saisissait chacune des secondes à la volée pour apprendre à la connaitre, enfin. Pour savoir, aussi stupide que cela puisse paraitre, de qui il était si éperdument tombé amoureux.