Carlisle fut satisfait de voir un sourire furtif traverser le visage de la jeune Amanda, c’était un bon début. Lorsqu’elle décida de lui faire face pour discuter, il eut enfin le sentiment qu’ils allaient atteindre le cœur du problème et peut-être pouvoir tenter d’arranger les choses, même si la tristesse et le désarroi dont elle avait fait la démonstration quelques instants plutôt ne laissaient rien présager de bon et encore moins de « simple ».
L’écoutant attentivement, il se contenta d’adopter une posture neutre, d’afficher un sourire chaleureux et surtout, de ne pas décrocher son regard de celui d’Amanda, y associant chacune de ses paroles avec les sentiments qu’il pouvait lire dans ses yeux. Tant de souffrance, de peur, de timidité, de manque de confiance en elle. Et enfin la probable origine de toutes ces difficultés : elle avait été adoptée.
En entendant ces quelques mots, son regard devint légèrement plus sombre mais son sourire se fit plus tendre. Lui qui avait vécu la perte de ses deux parents biologiques et avait ensuite été adopté, ne connaissait que trop bien les conséquences d’un tel événement dans la vie d’un enfant.
« Je sais ce que ça fait, Amanda… J’ai vu mes parents mourir sous mes yeux le jour de mes 3 ans et j’ai été adopté 2 années plus tard. Tu peux tout me dire, je peux te comprendre et t’aider, probablement mieux que quiconque dans cette pièce. »Dit-il d’une voix douce et rassurante malgré la gravité de ce dont il venait de parler. Personne n’avait encore été mis au courant de la chose et il n’en avait jamais parlé depuis sa propre adoption. Mais ici, c’était un mal nécessaire afin de pouvoir aider la jeune demoiselle hantée par les démons de son passé.
« Ce sentiment de devoir t’accrocher à chaque personne qui te témoigne de l’affection est naturel après ce que tu as vécu mais il faut parfois lutter contre nos réflexes afin de ne pas souffrir inutilement par la suite… »Dit-il presque machinalement en se remémorant quelques épisodes de son passé, son regard se perdant quelques secondes dans le vide avant qu’il ne se ressaisisse et accroche de nouveau les yeux de la jeune fille.
« Tu as le sentiment que même quand tu es accompagnée et entourée, tu es malgré tout seule dans ton cœur ? »Demanda-t-il de but en blanc avant de s’appuyer sur le balcon, prenant quelques gorgées de champagne en attendant la réponse de cette jeune âme torturée par les horreurs que la vie ose parfois infliger à un enfant.
@Amanda S. Connor