nemo + little steps

Je n’avais pas planifié à passer la journée dans un ascenseur à attendre que l’on vienne me sauver. J’avais d’autres chats à fouetter très clairement. En plus de cela, je devais aller chercher mon costume, me préparer, et un tas d’autres trucs. Je ne pouvais tout simplement rester enfermé ici jusqu’à ce que la nuit soit tombé. Bien sure, il s’agissait de l’ascenseur du parking, donc personne ne nous verrai. Il y en avait un deuxième qui ferait surement le double du travail, mais en soit, personne n’allait vraiment remarquer que cet ascenseur était bloqué. Je viens finalement m’asseoir par terre, ne supportant pas d’être debout aussi longtemps. J’essayais de trouver une solution dans ma tête en vain. peut-être qu’il allait juste redémarrer de lui-même, et puis je pourrais reprendre ma petite routine. Je secouais la tête. « Non plus. Mon garde du corps va peut-être s’inquiéter si je ne reviens pas d’ici ce soir, mais on a encore longtemps à attendre. »

Tu souhaitais déjà sortir, tu avais cette pulsion de prendre l'air, de te retrouver ébloui par la lumière du soleil ou te prendre en pleine gueule le vent un peu trop violent de Boston en hiver. Tout, sauf rester ici, dans cet espace clos dont la trop faible lumière te niquait les yeux. Tu détestais te sentir enfermé comme ça, surtout lorsque les solutions manquaient pour vous faire sortir de là. Qu'il y avait-il à faire à part attendre ? Avec un peu de chance, ils capteront que le système ne marchait plus depuis une semaine, et vous serriez peut-être mort avant d'une effroyable famine. Belle mort. Tu lui demandais à son tour si quelqu'un l'attendait, ou risquait de se poser des questions s'il ne rentrait pas ou ne répondait pas bientôt sur son téléphone, et sa réponse te décontenança un instant. « Ton garde du corps ? » Tu relevais de la réponse qu'il te donnait, lâchant un rire entre étonnement et moquerie. Oh, parce que Monsieur ne pouvait plus sortir sans son garde du corps maintenant ? Triste vie. « Je ne savais pas que tu étais si détesté que tu avais besoin d'un garde du corps. » Tu avouais dans un petit reniflement amusé, le mec il était devenu le Journal d'une princesse mais version masculine. Tu soupirais ensuite, passant une main dans ta chevelure brune. « Ça aurait pas pu arriver après qu'on ai acheté genre... De la bouffe ou au moins de l'eau ? » Tu te plaignais – t'étais même plus sûr d'avoir ta petite bouteille dans ton sac.

Être coincé dans un ascenseur sans réseau était vraiment la merde. J’avais vraiment autre chose à faire que d’attendre pendant des heures ici que quelque chose ne se passe. Toute fois, je gardais mon calme. Être deux à paniquer ne servait à rien, et surtout ne ferait qu’empirer la situation. Je respirais doucement, faisant en sorte de garder le maximum d’oxygène pour moi, pas facile quand on avait des poumons inconnus qui pourraient faire n’importe quoi, n’importe quand. Être à deux dans cet espace était dangereux, surtout si l’air commençait à se faire rare. Ce n’était pas possible que personne ne se rende compte d’un ascenseur en panne, même le personnel de sécurité du centre commercial devait se douter que quelque chose ne fonctionnait pas. « Ha ha ha ! Très drôle. » Max me laissait vraiment faire ce que je voulais, et surtout me faisait confiance. Cela n’empêchait que d’après le protocole je devais l’avoir, question sécurité, ne sait-on jamais si quelqu’un décidait de m’attaquer ou de faire quelque chose. Nemo continuait de se plaindre, et j’avais envie de lui répondre avec satire, mais je doutais que cela soit le moment, et qu’il entende l’ironie alors je me retenais, me contentant d’appuyer une nouvelle fois sur le bouton d’urgences.

T'avais jamais trop aimé les espaces confinés. Tu faisais avec, la majorité du temps. Un magasin un peu trop remplis et tu te forçais ou tu te dépêchais afin de rapidement retrouver de l'air et te sentir mieux. Mais être dans un ascenseur, ça changeait tout. Pas de possbilités de s'éclipser dès que l'envie te prenait, aucun moyen de sorti. Qu'un bloc dans laquelle vous étiez enfermé. « Quoi ? C'est toi qui m'dit que t'as besoin d'un garde du corps. Il t'accompagne aux toilettes aussi ? » Tu te moquais, mais laissant cette fois échapper un rire plus sincère et moins condescendant, réellement amusé pour le coup de t'imaginer un Xaver suivi comme son ombre par un garde du corps baraqué faisant trois fois ton poids, prêt à payer de sa vie pour sauver son altesse et occasionnellement là pour essuyer ses fesses à coups papier wc tout doux à l'aloe vera. Le genre de chose qui rapprochait vraiment deux êtres humains. Tu finissais par également t'asseoir, posant tes affaires sur le sol de l'ascenseur, soupirant. Tu inspirais et expirais lentement, histoire de garder ton cœur à un rythme normal, et de ne pas le laisser te contrôler par l’affolement de l'inconnu, et tu passais tes mains sur ton visage, coudes enfoncés sur les genoux, visionnant déjà dans ton esprit des heures et des heures d'ennui irritables sous un silence de plomb. Alors tu frottais doucement tes yeux, et tu relevais la tête vers Xaver. « T'as pas une blague ? » Histoire de te détendre un petit peu, vous voyez ?

Est-ce que Nemo essayait de détendre l’atmosphère avec ses remarques? Aucune idée. Cela commençait à devenir lourd. Je comprenais, il était encore fâché et rancunier de nos années d’adolescent, mais cela commençait à en devenir trop. La situation n’était pas facile, et je voulais vraiment vraiment sortir de cet ascenseur et respirer l’air frai, pas ce style de renfermé. « Non, il ne m’accompagne pas aux toilettes. Je n’ai pas dis que j’en ai besoin, j’ai dis que j’en avais un. Nuance. » Peut-être que ses parents en avaient rien à faire si ils le retrouvaient mort dans une allée, ma mère, si cela lui faisait quelque chose. Enfin bref, encore une fois aucune réponse de la part de l’interphone. Je commençais un peu à m’inquiéter. « Tu demandes une blague à un mec coincé du cul? » Je n’avais pas beaucoup de blagues à faire. J’étais bien trop sérieux pour cela, et surtout aucune imagination.

« Ok, ok, t'en as un, génial. » Tu répondais sans vraiment plus grand enthousiasme. Finalement c'était lui aussi le problème, t'étais peut-être de nature très rancunière avec ceux qui t'avaient profondément blessés mais lorsque tu te laissais aller à t'ouvrir un peu et à blaguer sans une once de méchanceté, voilà que c'était lui qui était ronchon et qui ne faisait plus d'efforts. Vous tourniez en rond, inlassablement, n'étant jamais en synchronisation avec l'autre mentalement, et dès que l'un de vous faisait un pas, l'autre s'en décalait de deux. Alors tu lui demandais une blague, parce qu'au moins ça vous ferait parler sans toucher de points sensibles, parce qu'au moins ça t'occuperait l'esprit, mais il répliquait, et en même temps, il oubliait le fait que tu n'avais pas vraiment le choix de demander ailleurs. « C'est pas parce que quelqu'un est coincé du cul qu'il n'a pas de blagues non ? Il a juste... Son propre humour ? » Tu supposais, fronçant légèrement tes sourcils, réfléchissant. Il pouvait avoir un humour de coincé du cul mais de l'humour quand même ?

Je ne voyais pas où était le problème que j’aille un garde du corps. Enfin, si cela dérangeait Nemo ainsi soit-il. Pour moi, c’était un peu une routine. Max me laissait beaucoup de liberté, donc vraiment ce n’était pas comme si cela me dérangeait ou qu’il empiétait sur ma vie privée. Il me servait parfois plus de chauffeur quand j’allais dans des endroits avec peu de possibilités de me garer. Il aurait été utile là par contre. Je n’avais aucune idée de rester coincer encore longtemps dans cet ascenseur. Ce n’était pas que je ne voulais pas rester en compagnie de Nemo, loin de là. Tout simplement, j’aimerai pouvoir respirer un peu, et surtout je n’aimais pas l’air renfermé que les ascenseurs avaient. Combien de temps étions-nous ici? je dirais une dizaine de minute, et pourtant, j’avais l’impression que cela faisait une éternité. Je regardais le plafond. Seuls les lumières d’urgences étaient allumées, nous rendant dans une quasi obscurité. « J’ai pas vraiment d’humours. » J’étais bien trop sérieux et stoïque pour cela. Eduquée à la vieille école, je vivais peut-être simplement dans mon monde que je n’arrivais pas à comprendre. Le sarcasme, l’humour, les blagues, je n’y connaissais pas grand chose.

Tu essayais de trouver un sujet de discussion, histoire de te concentrer sur quelque chose de précis, sur quelque chose qui te donne des émotions, qui te fasse bouillonner ton cerveau de questions et de réflexions diverses, qui te fasse te détendre afin de ne pas te laisser mourir d’ennui et de panique dans cet ascenseur trop petit, trop fermé, lui qui ne souhaitait même pas vous laisser contacter les personnes qui devaient se trouver derrière le bouton d'appel. Mais apparemment, tes essais furent des échecs, puisque lorsque tu demandais à Xaver une simple blague, qui pouvait la plus courte et pourrie de tous les répertoires des blagues, il te répondait être coincé et sans humour – et malgré ta compréhension, vraiment sans humour, il insistait. Tu ne te souvenais pas qu'il était à l'époque si... Comme ça. « T'as une petite-amie pourtant, non ? » Tu demandais confirmation de but en blanc, à une question qui aux premiers abords ne semblait pas forcément aller avec le questionnement de Xaver et son humour inexistant. Et pourtant, le raisonnement était clair comme de l'eau de roche dans ton esprit. Tu le regardais, avant qu'un petit sourire se dessine sur tes lèvres. « T'as fais comment pour la charmer et la faire tomber follement amoureuse de toi si t'as vraiment aucun humour ? » Autant le dire tout de suite, ceci n'était pas une question ayant pour but d'être profondément méchante et blessante, loin de là. En fait, elle était plutôt légitime tu trouvais, et c'était pour cela que tu te permettais de lui poser. S'il était si chiant et sans réelle joie de vivre ni d'envie de rigoler, comment avait-il fait à se trouver une copine – tu trouvais que c'était important une part d'humour dans le couple, surtout pour toi qui avait déjà du mal à être tout romantique. En tout cas, tu voulais savoir ses secrets de charme maintenant.

J’étais nul en blague, et la situation ne m’aidait pas à en trouver dans mon esprit. Alors Nemo allait devoir se contenter de mon humour de merde et mon sarcasme inexistant. On pourrait dire que j’avais un peu un stéréotype allemand: ne pas aimer le sarcasme. C’était quelque chose que je n’aimais pas. Soit tu disais ce que tu voulais dire, soit tu te taisais, mais il n’y avait pas d’entre-deux pour moi. Puis, j’étais bien trop concentré à essayer de ne pas paniquer de la situation pour trouver une blague. J’aimerai que cette histoire se termine vite, qu’un putain de technicien ne vienne nous aider, ou alors les pompiers. Peut-être que 911 marchait malgré le manque de réseau? Non, pas possible. Un ascenseur était une cage qui ne laissait aucune onde passer. Comment dire que nous ne pouvions qu’attendre. « Oui, j’ai une copine. » Je ne comprenais pas pourquoi il me posait cela, et où était le rapport avec ses blagues et l’humour. J’eu une réponse rapide à mes questions. Ah, donc c’était qu’il voulait savoir. Mes yeux se posent sur le plafond, près à y faire des trous si ils pouvaient. « Je l’ai traité comme une personne normale et pas un amnésique. » Avec Keyla, j’avais pu être moi, juste moi, pas une image que je devais donner car on me le demandait. « Puis, j’aime penser qu’elle a craqué en voyant mes abdos, mais c’est un peu superficiel. » Rigolais-je, bien que je savais que Keyla bavait à chaque devant.

« Et ça a fait toute la différence ? » Parce qu'après tout, une personne qui n'était pas au courant de l'amnésie de sa copine et qui l'a rencontrait par hasard, il serait difficile pour elle de la traiter comme étant malade ou ayant un problème. Toi-même, si demain tu tombais sur elle, tu la traiterais comme toutes les personnes nouvelles dont tu faisais la connaissance – encore plus étant donné que même si maintenant tu savais qu'elle avait un problème d'oubli, tu ne saurais de toute manière pas comment la reconnaître puisque tu ne savais pas à quoi elle ressemblait. Mais peut-être qu'il l'a connaissait depuis des années en arrière, et qu'après son problème soudain il était resté le même à ses côtés – et encore, ça, elle ne pouvait peut-être pas le vérifier si elle l'avait oublié. En fait, c'était d'un compliqué l'amnésie, toi-même tu avais eu de la chance que ta femme reparte en Suède juste après que ça lui soit arrivé, car tu ne savais pas comment te comporter avec elle qui n'avait plus aucune idée de qui tu étais et de votre faux couple –  et fallait-il lui mentir, ou lui dire la vérité. Tu riais ensuite à la seconde option qu'il proposait, celle sur ses abdos, et tu hochais ta tête. « Superficiel, peut-être, mais c'est aussi peut-être de cette manière que tu attiré son regard. » Toi-même, la fois où tu avais remarqué Graham dans cette foule au Republik, tu avais énormément fantasmé sur ses muscles – ça ne voulait pas dire que maintenant tu n'aimais que ça. « Puis c'est bien, ça change, c'est elle qui doit te faire rire. » On disait toujours fille qui rit à moitié dans ton lit mais avec eux ça semblait être le contraire et c'était pour le mieux.