Coffee time (Feldt)

J’écoutais Priape avec beaucoup d’attentions et d’admirations. J’avais les étoiles dans les yeux en l’écoutant parler de Brynn. Elle semblait être une fille pleine de caractère, exactement ce qu’il fallait à ton ami. Une fille qui sort de l’ordinaire, qui pourrait le faire sortir de sa zone, qui le complétait. J’avais déjà quelque peu hâte de la rencontrer un jour. « Elle aime quoi d’autres sinon? Déjà, parfum et gel douche, c’est pas une bonne idée comme premier cadeau, elle peut comprendre ça de travers, sauf si tu connais déjà son parfum. » M’amusais-je avec lui dire, avec ma cuillère dans les mains. Recevoir du parfum pour moi, c’était comme dire qu’on ne sentait pas bon. Un faux pas à ne surtout pas faire. J’allais jouer les entremetteuses pour mon faux mari, quitte à ne pas être jalouse, autant l’aider. « Tu me connais bien dis donc ! » Rigolai-je. Je pouvais être jalouse, si je le voulais vraiment, mais c’était rare. Je me disais que la chose la plus importante dans une relation saine était la confiance, et j’avais confiance en Priape sur ce qu’il ferait comme choix. Au final, je lui avouais même que j’avais peur de trouver quelqu’un à nouveau. Ce n’était pas facile pour toi de t’ouvrir sur ses évènements de ta vie. Beaucoup de souvenirs te freinaient encore, t’empêchant de te libérer de tes chaines. « Les deux…Déjà qui voudrait d’une jeune femme mère de jumeaux qui sont les enfants d’un future roi. C’est totalement tordu. Elios va être à jamais dans ma vie… » Relié par nos enfants, je ne serais jamais libre de son empreinte sur moi. « Puis…j’arrive pas à faire le pas…comment on peut aimer quelqu’un quand on se déteste soi-même…je me déteste tellement… » Ma voix finit par craquer sous la douleur. Malgré le temps qui passe, je n’ai pas réussi à m’aimer, à aimer mon corps après mon viol. Je n’osais que rarement me regarder nue ou en sous-vêtements dans un miroir, préfèrent me couvrir avec une tunique pour le cacher. Je n’avais pas envie de m’attarder sur ce sujet. Les mésaventures de Priape avec ma meilleure amie étaient bien plus passionnante que mes problèmes. « Au moins, maintenant tu sais qu’elle a un mec. Tu l’as appris à la dure. » Je pris une nouvelle gorgée de mon café qui touchait alors à sa fin. « Je peux commander un deuxième café? » Demandais-je à mon ami, n’ayant plus envie de parler de ma relation fibreuse avec mon ex, et le père de mes enfants. Je n’avais plus confiance, et il allait devoir me prouver qu’il n’était plus le même qu’avant, qu’il savait être un bon père, une bonne personne.

  Je ne pus me retenir de rigoler en écoutant le conseil avisé de mon interlocutrice, à savoir d’éviter les parfums et autres produits dans ce thème, le message envoyé pouvant en effet être que la personne avait besoin d’améliorer son hygiène. « Je connais pas son parfum non… Mais elle sent bon… » ajoutai-je avec un petit air niais et charmé. « Et je note le conseil du coup. » On allait éviter les gels douche et trucs du genre. « En fait, je sais pas si j’ai envie de lui offrir quelque chose de matériel… » C’était une princesse, elle avait déjà surement tout. Une collection d’écharpe, de bijoux et de choses luxueuses que je soupçonnais même pas. « Je veux lui faire un cadeau c’est sur… » Parce que c’était important, c’était notre premier noël, offrir quelque chose c’était bel et bien envoyer le signal qu’elle comptait pour moi. « …Mais du coup, je me disais que je pouvais prendre du consommable, quelque chose à faire, une activité que l’on pourrait faire ensemble pourquoi pas. » expliquai-je avant de demander : « T’en penses quoi ? » Est-ce que c’était pas trop tôt pour offrir ce genre de truc ? Et si le parfum envoyait le message –tu pues- offrir une activité à faire à deux ça envoyait quoi ? Je voulais pas passer pour le pot de colle du coin non plus… Bref, après avoir plaisanté sur le côté jaloux de ma nouvelle épouse, je fis remarquer plus sérieusement que je ne l’imaginais pas ainsi. En fait, je n’avais jamais connu la rouquine en couple, mais pourtant j’avais du mal à me la figurer comme une hystérique possessive. Ce qui me permit de dériver habilement sur ses amours à elle, apparemment pas au goût du jour. Bien sur, la situation familiale de la jeune femme était compliquée. « Les enfants c’est un obstacle pour démarrer une nouvelle histoire ? » l’interrogeai-je donc, incapable de ne pas faire le parallèle avec ma propre situation. Talya n’était peut être pas une princesse, mais elle serait également toujours dans ma vie. Et vu les tensions qui existaient déjà entre les deux blondes de ma vie, ça ne promettait rien de bon. Pour Feldt, le statut de son ex complexifiait encore un peu plus les choses. « J’imagine que tu devras trouver quelqu’un de compréhensif. » Si tout était clair, que de son côté, mon amie était certaine que le prince n’était plus rien sentimentalement pour elle, son futur boyfriend comprendrait bien qu’Elios n’était pas une menace… Ou pas. Parce que la demoiselle semblait avoir un problème d’amour propre énorme, son agression devant toujours planer en spectre au dessus de sa tête. Je glissai ma main sur la sienne et mes doigts serrèrent doucement les siens. « Laisse toi du temps. T’es jeune tu auras bien le temps de te caser… » Et de reprendre confiance en elle. « Et puis de toute façon, t’es mariée maintenant. » ajoutai-je avec un petit sourire en coin, histoire de détendre l’atmosphère. Finalement, raconter mes mésaventures avec Briony et Wade termina de dissiper la tension. Feldt me demanda un autre café et je fis signe à la serveuse de nous resservir. « Briony, c’était avec elle que tu t’étais frittée l’an dernier ? » demandai-je en me rappelant l’une de nos discussions lors de notre tout premier billard. « Ca va mieux depuis ? » Parce qu’à l’anniversaire des petiots, les deux jeunes femmes m’avaient paru assez proches.

(Invité)