FB + i'm gonna be there for you no matter what

Ce message que j’avais eu de la part de Briony m’inquiétait vraiment. J’avais ce sentiment que quelque chose s’était passé, et je devais surement avoir raison. Bien que je n’avais pas eu un contact très étroit avec ma meilleure amie les derniers mois, je la connaissais depuis des années, je savais comment elle était quand cela n’allait pas. Aujourd’hui, je voyais bien qu’elle n’allait pas bien, et j’avais eu raison. Je m’étais dépêchée de trouver une babysitteuse pour Gaïa et Hermès. Bien que je me disais que je pouvais les prendre avec, je crois que cette conversation, il fallait que je l’ai seule avec Briony, sans mes enfants. Je me faisais un tas de scénarios dans la tête de ce qui aurait pu lui arriver. Je pensais déjà au pire. J’avais peut-être une imagination trop vive. Une fois la babysitteuse là, je me rendais tout de suite jusqu’à l’appartement de Briony, sonnant pour m’annoncer ma présence.

J'avais pu dormir chez Wade la veille mais franchement, c'est comme si j'avais pas dormi de la nuit pour faire général. J'avais fait en sorte de ne pas affoler le jeune homme mais les larmes avaient coulé inévitablement, comme si j'étais incapable de le contrôler. J'étais faible et encore une fois ça se confirmait. J'étais qu'une putain de marionnette qui avait le rôle de la victime et qui n'arrivait pas à s'en sortir. J'avais le beau rôle en disant aux autres qu'il fallait dire fuck à la vie et continuer comme ça, alors que j'étais même pas foutue de le faire moi même. J'me sentais honteuse, en dessous de terre.. j'voulais juste crever. J'le disais pas mais c'était bel et bien dans ma tête, ça ne voulait pas sortir. J'avais vomi déjà une fois ou deux j'me souviens pu.. j'essayais d'être discrète dans ma coloc. Puis j'entendais toquer à la porte et j'me doutais que c'était Feldt. J'lui avais dit de venir mais maintenant j'regrettais. J'allais réveiller des plaies en elle qu'elle essayait tant bien que mal d'oublier. J'étais horrible. J'allais lui ouvrir, les yeux bouffis, des larmes séchées sur mon visage bien pâle, faible sourire aux lèvres. Viens, on va de suite dans ma chambre. Je l'emmenais à travers la coloc, ne lui offrant rien à boire ou à manger car j'voulais même pas croiser la gueule des gens qui habitent ici. J'suis désolée c'petit mais voilà.. C'est mieux.

Si Briony et moi, on ne se retrouvait que récemment, j’étais pas du genre à l’abandonner non plus. Certes, depuis le retour d’Elios et son petit jeu, je ne savais pas trop quoi penser. Briony avait besoin de moi, et c’est tout ce qui compte. Au diable mon stupide d’ex qui ne faisait que tout retourner ma vie sans cesse. J’attendais que Briony ne vienne m’ouvrir. J’avais peur de l’état dans lequel j’allais la trouver. Je ne savais pas ce qui lui était arrivé, mais je craignais le pire. Elle avait déjà été une victime, cela pourrait lui rappeler de mauvais souvenirs. Je me faisais un tas de films dans ma tête, à m’imaginer le pire. Briony finit par m’ouvrir la porte, et sa vision me fit tordre le ventre. Combien de temps se battait-elle avec ses démons, ses cauchemars? Je la suivais jusqu’à sa chambre. « T’es fais pas. C’est sympa. » J’étais pas sûre quoi faire. Je me suis jamais trouvé de l’autre côté. J’ouvris mes bras en signe qu’elle pouvait me faire confiance. « Bon viens là, et raconte moi tout. »

Ca me touchait tellement que Feldt vienne à moi.. fin j'veux dire elle aura pu me laisser dans ma merde et puis basta. On s'était reparlées certes, mais les mots qui avaient été prononcés quelques mois plus tôt étaient tout de même rudement présents dans nos esprits à toutes les deux j'en étais certaine. Alors ouai, par vengeance, elle aurait pu ne pas bouger et m'souhaiter un bon courage. Mais non, elle s'était déplacée et ça serait mentir que de dire qu'elle ne me touchait pas.. « T’es fais pas. C’est sympa. » J'l'amenais donc dans ma chambre, dépitée, ne sachant pas vraiment quoi lui raconter, ni par où commencer. J'avais peur, vraiment, d'avoir fait un mauvais choix en l'amenant ici, en lui offrant un trailer de mon agression car pour elle, c'était encore plus récent.. « Bon viens là, et raconte moi tout. » J'me rapprochais pour me mettre dans ses bras et profiter pleinement de cette étreinte douce et pleine de tendresse. Ce qui m'fit craquer. J'me levais pour aller chercher un mouchoir et restais debout accolée sur mon bureau. J'me suis fait agresser Jeudi soir. Voilà, maintenant tu comprends. Ca a pas été jusqu'à la pénétration.. mais il a bien fait joujou quand même. Ma respiration s'faisait plus douloureuse. Wade était dans le coin à ce moment là.. donc il a pu m'aider. dis-je finalement, avant de revenir sur le lit dans les bras de feldt.

Briony m’avait fait mal dans le passé. Je ne pouvais pas le nier, c’était certain. Ses mots m’avait blessé au plus profond. Cependant, je ne pouvais pas l’abandonner. Briony était venue en mon aide quand je n’allais pas bien. J’étais peut-être rancunière, mais je n’étais pas non plus une salope qui abandonnait sa meilleure amie dans un moment de besoin. Je ne savais pas encore de quoi il s’agissait. Briony m’inquiétait vraiment. J’avais peur de ce qu’elle allait me dire. A voir sa tête, je m’attendais au pire. Je refermais mes bras autour d’elle, lui caressant doucement le dos pour la rassurer. Ce n’était qu’un simple geste, qui pouvait parfois tout dire. Briony s’écarta, allant chercher un mouchoir. Je la regardais, retirant mon manteau pour le poser sur le lit. Je l’écoutais, et je ne savais vraiment pas quoi dire. Je n’avais jamais été de l’autre côté de la situation. Briony revient dans mes bras, et je continuais de la tenir. « C’est pas de ta faute, ce qu’il t’a fait. »

Prononcer ces mots.. c'était douloureux. C'était la première fois que j'racontais cette soirée à voix haute.. Pour Alex, j'étais passée par écrit.. ah non Jude à Halloween.. mais j'sais pas, j'avais l'impression que c'était encore plus douloureux qu'avant, comme si le temps qui était passé avait rendu ça totalement réel. J'réalisais enfin l'ampleur de la chose et surtout du traumatisme que j'allais avoir bientôt. Il était déjà dans mon esprit alors ça n'allait que l'amplifier malheureusement. J'revenais dans les bras de ma.. allez, on va simplifier les choses car les disputes n'y changeront rien, de ma meilleure amie qui m'faisait tellement de bien. C'était vraiment réconfortant de l'avoir contre moi, sentir qu'elle n'allait pas me laisser seule. « C’est pas de ta faute, ce qu’il t’a fait. » Ca m'faisait sourire ce qu'elle disait. Tu crois à ce que tu dis au moins ? Par rapport à ton agression à toi.. J'portais une jupe trop courte, j'aurai dû ne pas me laisser faire, j'aurai dû hurler, j'aurai pas dû mettre ce décolleté.. si c'est de ma faute. Il m'avait bien dit que j'étais une salope t'façon, il a pas dit ça pour rien.

Je ne savais que trop bien la force que cela demandait d’en parler. Je m’étais longuement tu sur mes mésaventures, sur mon viol. Il fallait que j’arrête de dévier sur le fait, sur le mot. J’ai été violé, il y a bientôt un an. Le plus, je refusais de le nommer, le moins j’arriverai d’y passer par dessus. C’était une réalité. Elle finissait par me rattraper. J’avais l’impression que mon entourage, que mes amis, nous étions tous à peu près voué aux malheurs, que le bonheur n’existe pas vraiment pour nous, qu’il y a toujours quelque chose pour nous l’arracher. Je tenais Briony dans mes bras. La retrouver était peut-être la meilleure chose qui m’arrivait en ce moment. Avec le retour d’Elios dans ma vie, j’avais besoin d’un pilier, et elle était un peu le mien. Elle me parlait de son agression, et je pouvais presque voir les images dans ma tête, de ce qu’il aurait pu lui faire. J’en revenais pas que les hommes étaient comme cela, que nous, les femmes devions souffrir encore et encore de leurs actes irraisonnable. « Oui, j’y crois. Quand on se retrouve dans cette situation, on perd nos moyens, on est paralysée sur place, on se sait plus quoi faire, prise de dépourvue face à un homme qui croit que notre corps n'est qu'un objet. Ce n’est jamais notre faute. J’ai pas demandé pour ce qu’il m’est arrivé, et tu ne l’as pas demandé non plus. »

Sérieux, la situation était tendue à gérer moi j'vous le dis, parce que j'savais pas si j'pouvais tout dire avec Feldt dans l'sens qu'elle a aussi vécu et j'veux pas non plus raviver des blessures qui venaient tout juste de cicatriser.. j'pouvais pas me le permettre putain. J'voulais la protéger. Toujours. « Oui, j’y crois. Quand on se retrouve dans cette situation, on perd nos moyens, on est paralysée sur place, on se sait plus quoi faire, prise de dépourvue face à un homme qui croit que notre corps n'est qu'un objet. Ce n’est jamais notre faute. J’ai pas demandé pour ce qu’il m’est arrivé, et tu ne l’as pas demandé non plus. » J'avais le regard dans le vide et je me mettais dos contre le mur, assise sur mon matelas, me grattant doucement le poignet. J'étais stressée. Depuis quelques années maintenant, j'étais parano mais ça s'amplifiait avec le temps et rien n'était là pour aider malheureusement. C'est vrai.. C'est ce qu'elle voulait entendre mais je persistais à croire que c'était de ma faute, que j'l'avais cherché. Et désormais j'mettrais pu de décolleté ou quoi, c'est fini lol. J'veux pas attirer les gens sur moi. Dire que j'avais rien comme poitrine, j'ose pas imaginer celles qui en ont plus, ça doit être un calvaire au quotidien. T'avais porté plainte à l'époque ?

Je n’étais pas vraiment sure que j’étais la bonne personne pour remonter le moral de Briony, pour lui dire que les choses allait s’arranger. Bientôt un an pour moi, et je n’arrivais toujours pas à passer outre, à m’ouvrir, à parler avec des hommes sans paniquer. Mes progrès n’étaient pas très bon, et les séances chez la thérapeute étaient toutes sauf fructueuse. J’étais peut-être un cas perdu, qui avait perdu tout espoir de remarcher la tête haute un jour. L’apparence que je donnais de moi n’était en rien la personne que j’étais réellement dans le fond de moi. Je ne dormais plus la nuit, je ne m’ouvrai plus comme avant, et même mon coté fêtard qui s’était adouci après ma grossesse avait totalement disparu. Je n’étais plus qu’une entité qui vivait en voyant la vie défiler sous ses yeux. Mais Briony, elle était pas moi. Ma meilleure amie était une vraie battante. Elle était plein de courage, plein de vie, et je ne voulais pas la voir se détruire une nouvelle fois à cause d’un mec qui avait cru que tout lui était dû. Je l’observais, et cela me fendait le coeur de la voir ainsi. J’attrapais sa main. « Bri…c’est ok de s’en vouloir, de prendre la faute sur soi…cependant, c’est pas de ta faute. » Je n’étais peut-être pas quelqu’un qui se battait ouvertement pour les droits des femmes. Il n’en restait que ceux qui disaient que se faire violer était un compliment, eux j’avais envie de leur en foutre une monumentale. La question de Briony me déstabilisait quelque peu, me projetant un an en arrière. « J’avais pas vu son visage, mais oui, après le choc…mais de toute façon, il est mort… » Cette homme qui m’avait cela, la mort ne lui rendait même pas justice.

J'avais tellement envie que Wade soit là pour m'entourer de ses bras. C'est ptete deg de penser à ça alors que Feldt était face à moi.. mais j'avais besoin de lui là maintenant. Tout l'temps. J'essayais d'apaiser mon corps qui se sentait de plus en plus mal. J'me sentais coupable, triste, dégoûtante. Ce cocktail était infâme je suis d'accord. « Bri…c’est ok de s’en vouloir, de prendre la faute sur soi…cependant, c’est pas de ta faute. » J'haussais les épaules, toujours pas convaincue par ses propos. J'arrivais pas à me mettre à sa place pour comprendre son point de vue, bien trop braquée sur le mien qui m'semblait le plus juste à l'heure actuelle. Si ça l'est. Je l'ai cherché. T'as déjà vu beaucoup de filles violer des mecs ? Nan. Parce qu'eux, ils nous aguichent pas avant de dire "oh bah non désolée". Alors que nous les filles, oui,on fait ça, constamment avec nos mini jupes et robes. « J’avais pas vu son visage, mais oui, après le choc…mais de toute façon, il est mort… » J'acquiesçais, me rappelant de tous ces événements traumatisants du début d'année. Ca fait du bien de savoir qu'il est mort ou pas du tout ? J'savais même pas ce qu'il était devenu mon premier violeur..