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[FB] Nice to meet you girl. PV

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Gaïa & Bonaventure
« Ce n’est pas grand-chose voyons »marmonna Bonaventure qui ne voulait pas qu’elle s’imagine des choses. Il voulait simplement la remercier. Voilà, c’était juste qu’il voulait la remercier pour lui avoir remonté le moral et parce qu’il avait perdu son pari. Non, il n’était pas touché par cette joie communicative. Tsss à qui voulait-il faire croire cela ? Il suffisait que Gaïa lui sourit pour qu’il se sente transporté loin de ses démons. Le jeune homme se sentait presque revivre, un exploit pour lui qui avait passé ces onze derniers mois dans le noir. A nouveau, il arqua un sourcil. « Tu y tiens à ton baseball » la taquina-t-il bien volontiers avant de détourner le regard. « Je veux bien te donner quelques cours de cuisine si tu insistes mais fais attention, j’apprends vite. Je pourrais rapidement te battre »bluffa-t-il simplement pour donner le change. Gaïa venait ni plus ni moins de lui demander la permission de s’immiscer dans sa vie –du moins est-ce ainsi qu’il voyait les choses.

« Je pense qu’elles sont même impatientes » ajouta-t-il en voyant les grands signes que lui adressait le reste de son équipe. « Je vais observer… fais attention à pas t’emmêler les pieds madame la pro » fut ses dernières paroles tandis qu’il s’éloignait, en béquille. Bonaventure aurait tout donné pour ne pas être diminué à cet instant précis. A nouveau, il se sentait seul, en proie à ces démons. Que faisait-il ? C’était de la folie. Cette femme ne gagnerait rien à fréquenter un éclopé dépressif. Ses parents l’avaient fait sortir du centre parce qu’il semblait aller mieux. Tu parles, faire semblant était devenu comme une seconde nature. Bonaventure tâcha de se concentrer sur l’entrainement de Gaïa, sans grand succès. Il était là, sans être là mais une ou deux fois, il capta une scène, un sourire, chose qui lui arracha également un rictus amusé.

Patiemment, il attendit que la jeune femme le rejoigne, profitant de ce laps de temps pour télécharger une liste de courses histoire de ne rien oublier. De temps en temps, il pouvait être tête en l’air.   « L’athlétisme ? Je le pratique depuis que je suis gamin. Je cours le 100m et le 200m mais j’ai toujours eu une préférence pour le 200. »commença-t-il par lui dire avant de se rappeler que c’était de l’histoire ancienne. « Enfin je courrais. C’est terminé maintenant. Bon tu es prête ? »lui demanda-t-il un peu abruptement, signifiant que le sujet de l’athlétisme était clos. Il ne voulait plus en parler, cela faisait trop mal de ne plus pouvoir courir. « Ma voiture est garée sur le parking, je pourrais te ramener si tu veux. Tu habites sur le campus ? »
electric bird.
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Bona - Gash
“ Nice to meet you girl ”

Gaïa aperçut la lueur de ses yeux s'éteindre et ça lui pinça le coeur. Elle comprit rapidement que l'histoire demeurait délicat. Pratiquer de l'athlétisme correspondait bien à l'idée de compétiteur qu'elle se faisait de lui. Et la jeune femme voulait partager son goût du sport avec lui. Mais la façon dont il évitait la chose, refroidit légèrement ses ardeurs. Ce n'était pas du tout son intention de remuer le couteau dans la plaie. Gaïa s'y connaissait en passé douloureux, mais leur relation n'était pas assez intime pour qu'elle puisse s'immiscer dans sa vie. Alors, elle préféra ne pas réagir, tout en l'écoutant clore avec hâte le sujet. « Toujours ! »

Elle lui sourit chaleureusement, puis remit une de ses mèches rebelles en place derrière son oreille. « Oui à la Quincy House que je viens d'intégrer. Donc comme tu veux, puisque le campus n'est pas si loin que ça. » Gaïa n'avait pas le luxe d'avoir une voiture ou même de passer le permis. C'était des investissements trop onéreux pour sa famille. Alors elle s'était, depuis bien longtemps, résolue à privilégier la marche et les transports en commun pour se déplacer. Même si son côté flemmard aimait bien l'idée de se faire ramener, elle n'était pas une sans gêne qui profitait de la générosité des autres. « Et toi ? Tu vis aux alentours ?  »

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Gaïa & Bonaventure
Bonaventure s’était montré assez sec au sujet de l’athlétisme et il espérait que Gaïa n’en prenne pas ombrage. C’était juste que le sujet lui était encore douloureux malgré les encouragements de ses proches. Il savait que plus jamais, il ne pourrait courir comme avant ni même songer à concourir face à des légendes comme Bolt. C’était un rêve qu’il devait oublier, mettre de côté –et ça, cela lui faisait très mal au cœur. Le métisse se reprit néanmoins assez rapidement pour ne pas s’apitoyer sur son sort. Il était en vie après tout. Il n’avait pas à se plaindre se sermonna-t-il en marchant aux côtés de sa nouvelle amie. « Non tu es à la Quincy House ? Quelle coïncidence, j’y suis également » s’exclama-t-il avec cette fois-ci un grand sourire. La Quincy House, sa seconde famille. Bonaventure s’y était toujours senti à sa place et les membres de cette maison s’étaient montrés d’un grand secours après les attentats. Par exemple, il y avait Adaline qui lui apportait des soins en le massant quand la douleur devenait trop insupportable. C’était son infirmière personnelle en quelque sorte. « Si tu viens de l’intégrer alors je te souhaite la bienvenue chez nous"reprit-il en lui faisant un petit clin d’œil.

« Oui je vis enfin je vivais dans un petit appartement avec ma fiancée mais elle m’a quitté il y a quelques mois. Du coup, j’ai décidé de retourner vivre à la Quincy quelques temps. Je me prendrais peut-être une colocation dans quelques mois histoire de retrouver un peu mon indépendance » lui apprit-il tandis qu’ils arrivaient sur le parking où sa voiture, une Ford, les attendait. Bonaventure avait dû se racheter une voiture, une automatique afin de palier à son handicap. Gentleman, il lui ouvrit la portière passager. « Si mademoiselle veut bien se donner la peine de monter dans son carosse »s’amusa-t-il à dire avant de refermer la porte et de se glisser derrière le volant. « Il y a un centre commercial pas loin donc je te propose qu’on fasse les courses et après, je me glisserai dans la peau d’un chef cuistot ! Cela ne te dérange pas si on mange dans des assiettes en carton ? J’ai déjà rendu toute la vaisselle à mes parents » grimaça le jeune homme qui aurait voulu lui offrir un dîner digne de ce nom. Il se rattraperait se promit-il.

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Bona - Gash
“ Nice to meet you girl ”

Gaïa répondit avec autant d'enthousiasme que Bonaventure en apprenant la nouvelle. « Vraiment ? Génial ! Tu pourras m'aiguiller un peu dans ce cas. » Oui, parce qu'elle n'avait pas encore complètement assimilé le fonctionnement de la maison. La jeune femme connaissait leur état d'esprit. Ils avaient le cœur sur la main et c'est cet aspect là qui l'avait charmé. Mais, vivre en communauté en dehors du cadre familiale et de son confort, l'avait rendu assez nerveuse. En effet, elle aimait avoir ses petits repères et là, elle devait s'en trouver de nouveau. Cependant, la rencontre avec ce Quincy allait peut-être changer la donne. « Merci ! »

Il avait été fiancé ? Elle ne savait pas quoi en penser. Surtout qu'elle retint dans un coin de sa tête que c'était la fille en question qui l'avait quitté. Mais Gaïa n'y prêta pas plus intention, car elle souhaitait respecter sa vie privée. « Donc c'est comme un retour source. » Blagua-t-elle gentiment avant de voir la voiture dans laquelle, elle allait monter. Une Ford, rien que ça. Ses yeux s'agrandissaient de stupéfaction face à tant d'élégance en un objet. Et puis, elle repensa à son père amateur de voiture ancienne, qui serait époustouflé devant ce bijou. Cette pensée la fit sourire. « Mais quel gentleman. » Elle mima un air admiratif légèrement exagéré, puis s'installa confortablement dans la voiture. « Pas du tout. Et puis l'avantage des assiettes en carton c'est qu'il y a moins de vaisselle à faire. Même si écologiquement c'est pas le top. » Mais qu'est-ce qu'elle disait ? Il était temps d'apprendre à calmer sa facette militante, comme son côté écolo. Elle tenta de sourire nerveusement afin de dissimuler son débat intérieur, maisse gifla mentalement.  « Tu sais, j'ai beau avoir gagné notre pari, je ne vais pas me montrer exigeante. Enfin, cette fois-ci. La prochaine fois, ça ne sera pas la même chose. » le taquina-t-elle, tout en attachant calmement sa ceinture.

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Gaïa & Bonaventure
« Avec plaisir ! SI tu veux, je peux te laisser mon numéro de portable. Je suis toujours joignable » lui proposa Bonaventure avec un léger sourire. Légèrement insomniaque sur les bords, le jeune home passait sa vie à déambuler dans le campus, dans l’unique but d’épuiser son corps et son esprit. Les attentats continuaient de le poursuivre même dans ses cauchemars si bien qu’il redoutait toujours le moment du coucher. « Il ne faut pas hésiter, je ne mords jamais » ajouta-t-il qu’elle n’avait pas besoin de jouer les timides. Elle recevrait toujours un accueil chaleureux de sa part.

« Oui, on peut dire cela. La Quincy House est un peu comme une seconde famille. J’espère que tu t’y plairas » répondit-il avant de se transformer en véritable gentleman. Bonaventure rigola à sa remarque et se hâta de gagner le volant de sa voiture. Celle-ci avait été légèrement adaptée pour son handicap à savoir qu’il avait accès à tout, au volant. Il avait mis un peu de temps à s’y faire mais le gain d’indépendance que cela lui procurait valait l’effort. « L’écologie a une grande place dans ta vie si je comprends bien ? » lui demanda-t-il, curieux. Gaïa était encore une grande inconnue à ses yeux et toutes les occasions de la connaitre davantage étaient bonnes à prendre. « Tu ne m’en voudras pas trop pour les assiettes en carton alors ? » reprit-il avec un petit regard de chat battu. « Je compte bien qu’il y ait une prochaine fois. Tu m’es très sympathique et cela faisait longtemps que je n’avais pas passé un aussi bon moment. Je ferais peut-être bien de te menotter à moi »plaisanta le métisse tandis qu’il s’engageait sur le trajet du centre-commercial. « Je viens de me rendre compte que ma phrase pouvait me faire passer pour un psychopathe ! »

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Bona - Gash
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Assez réceptive à chacune de ses propositions, Gaïa hocha positivement à plusieurs reprises la tête. Bonaventure avait réellement le coeur sur la main, fidèle au Quincy et cela ne la dérangeait pas du tout, de passer davantage de temps avec lui. Sauf qu'elle était encore sur la réserve sur le fait de le déranger à chacun de ses tracas. Mais elle resta tout même reconnaissante.

Gaïa jeta un coup d'oeil vif au niveau de ses jambes et remarqua son habilité à conduire malgré sa blessure. Non pas qu'elle n'avait pas confiance, seulement qu'elle se sentait davantage rassurée et admirative par son contrôle aisé des pédales. Après tout, la maîtrise d'un véhicule lui échappait encore. « Hum... Sans passer pour une hippie fanatique d'herbes et d'huiles essentielles, assez oui. Enfin... Disons que nous vivons sur une planète qui nous donne déjà beaucoup et je pense qu'on doit un minimum lui rendre. » Expliqua-t-elle en regardant le paysage. Gaïa avait le don de parler avec les gestes, car elle était assez expressive. D'ailleurs, les cachotteries et les mensonges, ce n'étaient pas vraiment sa tasse de thé. La jeune femme se retourna en riant, car au final elle passait réellement pour une hippie fanatique d'herbes et d'huiles essentielles.

Et puis, son air de chien battu la séduit, qu'elle en ria davantage. Puis d'un geste négatif de la tête, elle lui répondit. « Non, cette fois-ci tu es tout pardonné. Tu m'as l'air désespéré. » Mais, elle fut d'abord charmée par ses soudains compliments. Même si la dernière partie de ses paroles semblait plutôt douteuse. Elle se retint de rigoler, mais lorsqu'il se rendit compte de ses insinuations, un rire spontané jaillit de ses lèvres. « Oui, c'est même très gênant. Je crois que je vais continuer le chemin toute seule. » Taquina-t-elle en faisant mine de partir, même si la porte lui faisait obstacle. « Même si pour un psychopathe, t'es plutôt sympa ! » Elle lui avoua ceci, de manière tout à fait naturelle, voir nonchalante. « Et toi ? Tu as des causes qui te tiennent à coeur ? »

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Gaïa & Bonaventure
Ainsi, Gaïa était une écologiste assumée. Bonaventure sentait que chez elle, l’engagement était une seconde nature. Ne lui demandez surtout pas pourquoi, il s’agissait là d’une intuition. Tout en elle respirait cette soif de lutte à croire qu’elle en avait besoin pour respirer au même titre que le précieux oxygène. Sans l’être, le jeune homme faisait lui-même attention à sa façon de vivre. Il triait ses déchets, veillait à limiter ses transports en voiture etc. ; mais cela s’arrêtait là. Il était prévoyant et responsable simplement.

 « L’air désespéré ? Ah oui, à ce point ? Mince je deviens réellement doué en tête de chien battu » plaisanta-t-il rien que pour entendre de nouveau son rire. Elle était vraiment magnifique lorsque son visage souriait. C’était comme si le soleil s’était réincarné dans un visage. Bonaventure se secoua les neurones. Gaïa ne serait qu’une amie. Une très bonne amie. Il n’avait pas de place dans son coeur pour une femme. Non, ni la place, ni même l’envie. Lucy lui manquait trop pour qu’il puisse songer à redonner son cœur à une autre femme. Une petite voix lui souffla que c’était surtout la peur d’aimer à nouveau qui le clouait une place mais il la fit taire d’une petite pichenette virtuelle. Bonaventure était convaincu qu’il n’avait rien de bon à offrir alors, prévoyait-il de donner son amitié sans compter. Son cœur lui, resterait bien à l’abri dans une prison dorée pour panser ses blessures.

 « Tu sais que les psychopathes justement se font passer pour des gars sympathiques afin d’attraper leur proie dans leurs filets ? Mais tu as de la chance. Je suis un ange » lui dit-il en lui faisant un clin d’œil complice.  « J’ai beaucoup de causes qui me tiennent à cœur mais surtout trois : la cause animalière, l’Afrique et le handicap surtout chez les enfants. Pas forcément dans cet ordre » termina-t-il par lui répondre alors qu’il se garait sur le parking du centre commercial.  « Accorde-moi cinq minutes s’il te plaît.., J’ai un peu trop forcé sur la marche aujourd’hui » lui dit-il en sentant une crampe dans sa jambe gauche.  « J’ai perdu l’une de mes jambes dans les attentats et mon autre jambe compense alors ça la fatigue » marmonna-t-il en se massant superficiellement la cuisse gauche. Et une ambiance plombée, une !

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Bonaventure était quelqu'un de simple qui soutenait également ses propres causes. D'ailleurs, le visage de Gaïa s'illumina en apprenant la nouvelle. Puisque quand la jeune femme rencontrait d'autres personnes engagées, elle ne pouvait que les aimer. Et c'était la caverne d'Ali Baba en rentrant chez les Quincy. « Je crois qu'on va bien s'entendre.. » Dit-elle accompagnée d'un sourire qui ne cachait en rien son enthousiasme. Mais sa joie fut de courte durée.

Quelle idiote. À ce moment-la, Gaïa aurait souhaité s'éclipser loin de cette voiture. La subtilité n'était pas son fort, maladroite qu'elle était. Et puis bien sûr, elle devait évidemment penser aux choses les plus naïves pour ceux qui étaient les plus terribles. Elle était elle-même un euphémisme. Et voilà que désormais, Gaïa n'avait plus les mots. On la savait toujours brusque dans ses manières, car le tact ne faisait pas parti de son registre. 《 Je suis désolée, je n'avais pas remarqué que c'était ça. 》 Elle prononça ces quelques mots d'un souffle.

Comment s'enfoncer encore plus ? Demander à la fabuleuse Gaïa Lyon, experte dans l'art de dialoguer. Qu'est-ce qu'elle devait faire ? Attendre silencieusement ? Lui demander à quel point c'est douloureux ? L'aider ? Continuer comme si de rien n'était ? Consoler n'était pas sa spécialité parce qu'elle ne savait pas mettre les formes et les mots. Surtout qu'elle se rendit compte de bien pire. 《 Et moi qui te laisse jouer au baseball ! 》 s'exclama-t-elle effarée par sa bêtise et choquée par son manque de souplesse. Gaïa était à peine en panique et cacha de honte son visage derrière ses mains. 《 T'as vraiment dû me prendre pour une malpropre ! 》

Mais elle ne savait pas pour autant comment réagir face à cette nouvelle. L'attentat à Harvard était un épisode macabre. Gaïa n'était pas présente ce jour-là, mais elle se souvient encore des conséquences de ces attaques morbides. Les blessés et les morts en nombres, les décombres, le choc général et la peur vibrante au sein du campus. Et Gaïa ne souhaitait pas lui remémorer ce moment terrible souvenir.

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Gaïa & Bonaventure
Bonaventure cligna des yeux, plusieurs fois de suite. Gaïa n’était tout de même pas en train de culpabiliser pour l’avoir fait jouer au baseball ? Au contraire, il s’était amusé comme un fou et cela ne lui était pas arrivé depuis un lustre. « Hey, tout va bien ! »lui dit-il en prenant ses mains dans les siennes pour capter toute son attention. « Tu n’as rien fait de mal au contraire. Ne me vois pas comme un handicapé par pitié… Je n’ai pas besoin d’être ménagé. Aujourd’hui, en me lançant ce défi, tu m’as fait un très beau cadeau. Tout mon entourage ne cesse de me regarder comme une poupée cassée, un être dont il faut prendre soin. Pour la première fois depuis des mois, je me suis senti à nouveau libre d’être à nouveau un homme alors tu n’as pas à t’en vouloir… loin de là »fit Bonaventure en la couvant d’un regard empli de tendresse et de gratitude. Il se détacha et se pencha vers elle pour déposer un baiser sur son front. « Tu vois, tu n’es pas une malpropre ou autre connerie du genre. Tu es ma valeureuse princesse, je dirais plutôt » rétorqua-t-il avec un sourire amusé, le regard pétillant de malice. Gaïa devait continuer de le regarder comme si de rien n’était, comme s’il était un homme normal à ses yeux. C’était tout ce qu’il attendait d’elle : qu’elle ne le prenne pas en pitié, qu’elle continue à le défier au baseball. « On va faire les courses et ce soir, je vais te cuisiner un menu 100% végétarien parce que j’ai perdu mon défi mais aussi parce que j’ai envie d’apprendre à te connaître et passer du temps en ta compagnie. Tu penses que tu peux souhaiter la même chose ? »lui demanda-t-il avec une pointe d’espoir dans la voix. Il espérait tellement qu’elle ne s’arrête pas à son handicap, qu’elle continue de le faire rire comme lorsqu’elle ne le savait pas. Il voulait à nouveau paraitre normal voire carrément banal.
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Voilà que les rôles s'inversaient. Gaïa se posait en victime et Bonaventure en épaule contre laquelle on pouvait pleurer. Ce n'était pas la situation attendue, au contraire. Puis, un rire nerveux s'écoula de ses lèvres lorsqu'il attrapa ses mains pour lui expliquer sa façon de penser. Et la jeune femme comprenait très bien sa position. Pas celle d'avoir été atteint littéralement par les attentats à en perdre une jambe, mais celle de susciter la pitié. Oh oui, elle connaissait ce sentiment étouffant que les autres éprouvaient à votre égard, alors que vous n'aviez rien demandé à part être considéré comme quelqu'un de normal. Alors, Gaïa ne voulait pas qu'il se sente mal à l'aise, au contraire, elle désirait être cette bouffée d'air frais qui lui changerait les idées.

Cependant, ses propres idées furent chamboulées par le baiser qu'elle reçut sur le front. Ce nouveau contact provoqua un sentiment qui lui était inconnu au fond d'elle et Gaïa sentit son visage chauffer sans raison. Ne comprenant pas, elle préféra ignorer cette vague d'émotion, mais resta tout de même surprise par la douceur de son geste et de ses mots. Tellement étonnée, qu'elle recula maladroitement puis cogna l'arrière de son crâne contre la vitre. Le choc fut assez brutal et inattendue. Enfin, la jeune femme n'avait jamais été très adroite avec son corps, mis à part au baseball. Se frottant la zone endoloris, elle ne put s'empêcher de rire face à sa maladresse. « Oui enfin une princesse pas très gracieuse apparemment. »

Mais ce qui la fit garder son éternel sourire fut son désir de passer du temps en sa compagnie, puisque Gaïa avait le même sentiment. « Mmmmm oui ! Je pense que je peux souhaiter la même chose. » Répondit-elle taquine en reprenant ses mots. Et comme si sa douleur à la tête s'était évanouie en quelques secondes, les yeux pétillants d'impatience. « Dans ce cas, ne perdons pas de temps ! Tu me fais trop envie. » Et sans hésitation, elle se détacha et sortit de la voiture avec hâte. Elle attendit que Bonaventure fasse de même et se posta naturellement à ses côtés. « Alors, par où on commence ? Je vais m'improviser commis. » Puis tout en se mettant en route vers l'entrée du supermarché, elle lui fit un clin d'oeil complice. « Et je t'autorise à faire de moi tout ce que tu veux ! » Mais l'ambiguïté de ses mots la laissa perplexe après une analyse de sa propre phrase. « Enfin tu me comprends ! » Fit Gaïa en secouant les mains devant elle, le rire nerveux aux bords des lèvres.

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