Je ne t'aime plus mon amour ✗ harska

La dernière fois que nous nous étions vu, c'était la guerre entre lui et moi. J'veux dire, il m'a quand même balancé des trucs horribles à la figure, tellement horrible que je l'avoue, il m'avait un peu traumatisé pour le coup. Il connaissait ma vie, mon enfance. Il savait beaucoup de choses à mon sujet, tout comme je savais des choses à son sujet. C'était étrange quand on y repense. J'avais cette même sensation avec Alexander. J'en savais tellement sur eux et j'avais l'impression que l'on était devenu des inconnus. Bon, c'est surtout vrai avec Hardin. Et là, j'étais clairement déstabilisée de le voir aussi... détendu et... gentil. Puis, il a souri. Je suis la seule à avoir reconnu ce changement ? Non parce qu'Hardin, habituellement, il fait la gueule. C'est comme si c'était greffé sur son visage et qu'il ne connaissait pas d'autre émotion, vous voyez ? Je lui demande finalement s'il avait cours, en espérant que la réponse soit positive. « Non. » Dommage. Je pince mes lèvres en le regardant alors qu'il reprend la parole. « Pourquoi? Tu veux que je te laisse tranquille? » J'hausse les épaules. « Je ne sais pas, c'est bizarre comme situation ! On a juste l'air de deux cons qui se regarde sans savoir quoi se dire. Et puis... J'sais pas, normalement, tu me cries dessus ! Enfin, on se bagarre habituellement ! » Là, ce n'est pas le cas et j'étais assez perturbée pour lui en parler. C'était comme s'il y avait eu du "progrès" chez Hardin. Un miracle se serait produit en Russie.

C'est vrai qu'une partie de moi avait changé. La mort de mon père avait eu pour effet de calmer mon agressivité, mon impulsivité et peut être ma susceptibilité. Même si on aurait pu pensé que je devienne bien pire qu'avant avec tout ça, j'étais le premier étonné de ce changement. Enfin, changement c'est tout de même un grand mot. Ce que je ne réglais pas en tapant sur quelque chose ou quelqu'un, je le réglais avec un verre d'alcool. Ma consommation avait largement augmenté depuis ces derniers temps. C'était loin d'être sain mais c'est le seul truc qui me calmait quand je pétais des plombs dans ma tête à cause de toutes ces merdes que je supportais au quotidien. Mais du coup, j'arrive à ma canaliser et à me détendre la plus part du temps. Comme là, quelques mois plus tard je n'aurai pas tenu en place face à Alaska. Après ce qu'elle a fait, je lui aurai juste jeté à la figure les pires paroles que j'aurai pu avoir envers elle, comme je l'avais fais d'ailleurs. Mais là, je souriais. Je n'allais pas me fatiguer à la détester, c'était inutile. Et même au point auquel j'ai pu la maudire cet été, j'avais toujours envie de savoir comment elle allait maintenant. Mais ça ne passait pas et je savais que je la perturbais à cet instant. Mais elle avait raison, on a toujours été deux cons ensemble mais maintenant on l'est séparément. « C'est toi qui me criait dessus, plutôt. » rectifiai-je en fronçant les sourcils. « T'as encore envie que je t'en mette plein la figure comme j'ai pu le faire? Ou peut être que je t'envoie chier? » Je pourrais. Je haussais les épaules. Mais je préfère évoluer, et me dire que je risque de la recroiser ici. Et j'ai aucunement envie de faire le guerre à cette fille. Autant qu'on soit des étrangers, c'est moins fatiguant. Ou alors on peut aussi régler les choses, ça ne peut qu'être plus bénéfique.

« C'est toi qui me criait dessus, plutôt. » J'haussais les épaules en pinçant mes lèvres. « Il y avait bien quelqu'un pour alimenter mes cris ! » m'exclamais-je avec un petit sourire sur les lèvres. Ouais, je n'avais pas crié sans raison, il avait su se montrer très agaçant. Quand même, notre histoire était folle. On s'était tellement détesté et tellement apprécié à la fois. J'avais clairement eu des sentiments pour cet homme, le premier depuis Royce tout en sachant que ce dernier avait placé la barre très haute. Je crois qu'avec le temps, j'étais devenue une amoureuse compulsive. J'avais enchaîné Hardin et Alexander avec une telle aisance et en aussi peu de temps que ça m'avait fait presque peur. « T'as encore envie que je t'en mette plein la figure comme j'ai pu le faire? Ou peut être que je t'envoie chier? » Mon cœur se serre en écoutant ses propos. Je le regarde alors que je venais simplement de perdre mon sourire. Non, je ne voulais pas de tout ça, je ne crois pas que je puisse le supporter. « J'ai eu ma dose, ça va aller ! » m'exclamais-je alors simplement. Je regardais autour de nous avant de reposer mon regard sur le jeune homme avec une idée en tête. « Tu veux aller boire un café ? » Non, je n'étais pas tombée sur la tête. Je pense qu'on avait passé ce stade du Je t'aime, moi non plus lui et moi. Je pense que cette pause avait été nécessaire et peut-être qu'on arrivera à repartir sur des bases meilleures, malgré le fait que je sois extrêmement rancunière et amoureuse d'un autre homme désormais.

Ouais c'est vrai que j'avais non plus été tendre avec elle et que parfois, elle avait eu raison de vouloir m'étriper. Mais pour ma défense, je ne m'en suis pas toujours rendu compte. Alors, ça compte pas? J'en sais rien. Enfin, ce qui est fait est fait, on ne peut pas revenir en arrière mais pour moi c'est déjà un bon pas en avant que de ne pas s'insulter. On progresse visiblement. J'hochais brièvement la tête pour montrer que j'étais d'accord, mais que je n'avais pas vraiment envie d'aller dans cette direction là. Parler de tout ça, c'était pas encore possible on va dire. Je veux bien discuter tranquillement mais parler de nous.. c'est pas tellement une bonne idée. Et à mon avis elle pensait la même chose que moi. Mais bon, elle souriait donc je comprenais qu'elle se détendait un peu. Peut être même trop? Elle me proposait un café. Un quoi..? « Non. » déclarai-je d'une traite, sans réfléchir. J'avais parlé sous l'impulsion et j'étais un peu choqué par sa proposition. Elle me déteste, elle me la fait comprendre de milles et une façon, aussi blessante les unes que les autres, mais là, elle veut aller boire un café avec moi? Jamais, ô grand jamais je ne comprendrais les femmes. « Enfin, pourquoi pas! » rectifiai-je finalement. Je savais que malgré tout, entendre ce non allait la faire se décomposer, je la connaissais assez pour ça. « Allons-y, alors. »

« Non. » Au moins c'est clair et précis. C'est limite si je fais un bon en arrière, dans tous les cas, je me redresse un peu plus avec un air surpris sur le visage. Très bien, pas de café. Je ne vois pas du coup ce que l'on pourrait faire d'autre, autant même un terme à ce "tête à tête" si bizarre. Je crois qu'au fond, c'était encore plus blessant. Auparavant, j'avais le droit aux reproches, c'était le minimum d’intérêt qu'il me portait. Il y avait quelque chose de rassurant là-dedans. Là, il était juste "normal". Il avait presque le sourire aux lèvres, il était calme et il venait juste de me refouler en une seconde top chrono. Et le pire, c'est que j'étais toujours là, enracinée devant lui. « Enfin, pourquoi pas! » Hein ? Il a parlé ? Pourquoi pas ? Comment ça ? Il change d'avis ? Je fronce les sourcils en le regardant, il me prend pour une débile ou quoi ? « Allons-y, alors. » Je croise les bras devant ma poitrine et je penche légèrement la tête en le regardant. « Tu t'fous d'ma gueule là Hardin ! » m'exclamais-je calmement. S'il avait dit non, c'est qu'il le pensait ! Alors, pas de café ! J'voulais pas qu'il croie que ça allait me faire de la peine. Nooon, loin de là. J'ai juste envie de me barrer en lui faisant un fuck à l'ado boudeur. « C'est non ou c'est oui, mais c'est certainement pas les deux ! » Parce que j'suis la reine des bouffonnes, j'le laisse se rattraper. Ouais, une deuxième chance. « Un café, oui ou merde ?! » Bon après, il allait dire que JE lui criais dessus et il n'avait peut-être pas tort, mais IL aimait me faire crier.

Ok j'avoue que j'aurai du mal à me suivre moi même mais après tout, je n'y peux rien! Je n'étais pas vraiment habitué à entendre ces mots là sortir de sa bouche. "Tu veux un café?" quoi. A la limite, j'aurai été moins choqué d'un "on va se fumer un joint?". Ca aurait été weird, mais pas autant qu'un café. Alors permettez moi d'avoir besoin d'un temps d'adaptation s'il vous plait. Bref, je revenais presque aussi tôt sur ma décision, et je voyais bien qu'elle n'arrivait pas à me suivre. Puis je fus quand même étonné qu'elle ne m'envoie pas chier. Je me serais envoyé chié dix fois si j'étais elle.  Et voilà qu'elle haussait la voix, et je me sentais encore une fois comme un gosse qui se fait engueuler alors qu'il a l'impression d'avoir rien fait. « J'ai dis "Allons-y" ? » Ouais j'avais dis café alors! Roooh, elle comprenait toujours rien à la subtilité dis donc.. Mais a fond de moi j'avais quand même envie de dire "merde".. Bah ouais, oui ou merde.. Bref. Je ne le disais finalement pas. Je n'allais pas attendre qu'elle fasse un pas, sinon je sens qu'on en aurait pour des heures alors j'entamais la marche vers la cafet, il me semblait bien qu'ils proposaient des cafés là bas. « Tu vois! Tu as pas pu t'empêcher de me gueuler dessus! » dis-je en soupirant.

« J'ai dis "Allons-y" ? » Vous voyez... Si j'avais été lui, j'aurais dit "merde" parce que ça aurait été tellement drôle de voir sa tête et de partir comme une reine en direction du café. Mais, il fait rarement les bons choix ce petit, faut tout lui apprendre ! « Tu vois! Tu as pas pu t'empêcher de me gueuler dessus! » Je roule mes yeux sur le plafond avant de reporter mon attention sur lui, « C'est parce que tu le vaux bien ! » Je débitais un nombre de conneries à la minute, c'était assez impressionnant, je vous l'accorde. Mais, avec l'habitude, les gens n'y prêtent plus aucune attention. Enfin... Je crois. En tout cas, nous sommes en train de marcher en direction de la... cafétéria de l'université ? Non, mais, c'est vraiment un radin ce type ! Un Eliot par excellence, j'vous l'dis ! Je l'attrape par les bras pour l'arrêter et le faire marcher dans une autre direction. « Ah non Hardin ! J'veux un café ! Un vrai café ! Et d'ailleurs, j'veux pas boire un café, mais un thé ! » Sooo, hors de question de boire le thé imbuvable de l'université ! J'veux qu'on sorte du campus un peu, que l'on traverse la rue et qu'on s'assoie à une table tranquillement, comme des gens normaux. M'demandez pas pourquoi j'fais ma chieuse... D'un, c'est habituel et d'deux, j'ai envie, il le mérite ! « Tu vois c'est pas si compliqué ! » m'exclamais-je quand on se retrouve assis l'un face à l'autre. C'est bizarre, mais bon, je devrais pouvoir m'y faire.

J'entamais alors la marche en direction de la caféteria. Je m'apprêtais juste à prendre un café avec Alaska Hamilton quoi. Non, je ne crois pas que je comprenais ce que je faisais. Même quand les choses allaient "bien" entre nous, on a jamais fait ça. J'veux dire, on se voyait -souvent quand elle pétait un câble car j'étais pas assez présent pour elle-, mais jamais on s'est posé à une terrasse ou je ne sais où pour discuter en face à face comme des gens normaux. Remarquez.. on est pas normaux, ensemble du moins. Maaais.. on parle de Alaska et évidemment maintenant madame allait être chiante. J'dis oui pour la café mais en plus faut aller dans un café carrément. Genre, super officiel le truc. Hardin et Alaska boivent un café tranquillement comme des potes qui se retrouvent après deux mois sans se voir. J'levais les yeux au ciel quand elle disait vouloir d'ailleurs un thé. C'est pas une anglaise pour rien, je vous le dis. Alors évidemment, je ne changeais pas la suite comme tu me l'as imposée donc je soupirais et on traversait la rue pour aller un café. On prit finalement place, face à face et c'était vraiment bizarre. « C'est pas compliqué, mais c'est vraiment bizarre. » dis-je en fronçant les sourcils. J'restais un moment sans ne rien dire, à vrai dire qu'est-ce que je pouvais dire? J'en sais rien, j'pense pas que lui demander de me raconter sa vie allait la tenter, même moi d'ailleurs, j'savais pas ce que je pouvais entendre et si ça allait me plaire, alors j'hésitais mais finalement.. « Je crois que c'est le moment où on est censé se raconter les nouveautés. » dis-je en haussant les épaules. J'suis pas doué pour ce genre de choses, les face à face comme ça, d'autant plus avec elle. J'ai jamais été doué, avec elle.

J'étais en train de devenir folle, non ? Je ne savais pas comment réagir avec cet homme. Pourquoi ? Il m'avait tellement blessé dans le passé que je culpabilisais à l'idée même de lui accorder un regard. Mais, c'était Hardin et j'étais une jeune femme assez faible quand on y pense. J'crois qu'à une période, j'aurais pu le supplier à genoux de bien vouloir me regarder encore et encore. Mais depuis Alexander, je me soigne, j'ai appris à prendre sur moi. Alors nous voilà - ou plutôt, me voilà - partie dans l'agitation. Café, pas café ? Thé. Cafétéria ? JAMAIS DE LA VIE. Tu veux que tout Harvard nous voie ensemble comme si on était LE nouveau couple ? Non, j'veux qu'on se voie comme deux adultes qui se respectent. Dans un lieu neutre où je suis certaine que l'on ne pourra pas partir dans une énorme crise - parce que j'aime pas me mettre en scène - et puis, pas de membre à gogo pour raconter des ragots sur Hardin et moi. Non, on va au café en face, juste en dehors du campus et on va... Parler ? Je suppose. J'ai imposé la suite et Laurine est une chouette fille, elle m'a pas contredite. Nous voilà donc assis l'un face à l'autre à se regarder, attendant un serveur vienne casser le silence. Et puis merde. J'suis grande et bavarde, j'peux passer le silence toute seule. « C'est pas compliqué, mais c'est vraiment bizarre. » Je fais une petite grimace en le regardant. Ouais, il n'avait pas tort. C'était bizarre de se voir comme ça. « Je crois que c'est le moment où on est censé se raconter les nouveautés. » J'hausse les sourcils, l'alarme rouge dans ma tête se met en route. Merde quoi. Les nouveautés ? Accident, Alexander, Drogue, Overdose. « Ah oui ?! » demandais-je nerveusement. Un serveur arrive pour mon plus grand soulagement et je demande donc un thé, attendant qu'Hardin passe commande lui aussi. Je stressais d'un coup et il allait le voir l'animal et ce n'est pas bon, parce qu'il est curieux.

C'est trop bizarre. Tout est bizarre depuis que je suis revenu là. C'est l'air Harvard, il m'arrive toujours des trucs pas normaux ici. Surtout cette dernière année. Faut dire que depuis en moins d'un an, pas mal d'événements ont bouleversé ma vie. Le retour de ma mère, puis Alaska, puis plus Alaska, la mort de mon père, le deuxième retour de ma mère... J'avais l'droit de m'sentir oppressé ? Ouais. J'avais pas eu autant de merde en six ans, que tout s'était contenu en moins d'une année. J'avais mal géré mes problèmes je crois. Peut être tellement que j'étais actuellement assis face à Alaska, dans un café. Ouais, les choses avaient drôlement changé. C'était le silence complet, tellement que le serveur avait du se faire violence pour le briser après moi. Alaska commandait un thé, et quand à moi j'aurai pu demander une bouteille de whisky là. D'une c'était pas l'heure de se bourrer la gueule, de deux je serais cramé et je voulais pas qu'elle capte dans quel état je me trouvais ces derniers temps. Alors j'ai simplement dit, « Un café. » Commande passée, le serveur repartait. Ouais maintenant fallait bel et bien briser la glace et je sentais que quelque chose le gênait. J'ai jamais vraiment pris de pincettes pour casser la gêne, et même si je redoutais ce que je pouvais apprendre, j'avais envie de le savoir. « Ouais. J'te laisse commencer, comme c'était ton idée. » Bah ouais, je savais qu'elle me poserait la question en retour, et je retardais l'échéance à tout prix.