Je ne t'aime plus mon amour ✗ harska

Ma vie était des plus merdiques en ce moment. Même si je filais le parfait amour aux yeux de tous avec Alexander pendant un peu plus d'un mois, il n'en était plus rien à l'heure actuelle. Je l'avais quitté parce qu'il n'avait pas le moindre sentiments pour moi et la seule chose que je retenais de cette rupture fût : Tu es égoïste Alaska. Ce n'était pas ses mots à lui, mais bien ceux des autres. J'aurais apparemment dû attendre et me battre, mais je crois que l'on me surestime un peu trop. Cette relation n'en restait pas moins compliquée, il me manquait tellement que cela allait en devenir obsédant, nous nous étions d'ailleurs revus depuis notre rupture et je me trouvais des plus perdues, depuis ce moment de tête-à-tête. Puis, il y avait un autre très grand problème dans ma vie : la drogue. L'héroïne notamment était l'une de mes sources de bonheur favori. Et oui, à défaut d'avoir l'amour, j'avais la drogue. Croyez le ou non, j'avais pourtant décidé de mettre un terme à ma dépendance de manière dangereuse et solitaire. Je n'avais désormais plus rien pour m'habiter et me faire vibrer. J'étais une coquille vide, mais une coquille que j'avais tout de même renforcé ces derniers temps. En bref, je n'étais plus la même. J'étais une Alaska plus fragile en apparence, marquée par son sevrage et qui pensait dur comme fer que rien allait se voir. Dans tous les cas, j'étais tellement dans mes pensées, que j'en avais oublié que je n'étais pas seule. Je fus brutalement ramené à la réalité quand on me percuta de plein fouet, me faisant tomber à la renverse par la même occasion. Je suis maladroite, que voulez-vous ? Et, même si au départ, je ne faisais pas trop attention à ce qui venait de m'arriver, mon expression changea rapidement quand mon regard se posa dans celui du jeune homme. Hardin. Hardin Allister était de retour et j'en étais choquée.

A peine quelques jours maintenant que j'étais de retour sur le continent américain. Dire que cela m'avait manqué ? Non, pas jusque là. Mais à choisir entre les USA et la Russie, je prends les USA. Bon même si les russes... Enfin bref. Trop de choses me rappelaient mon père là bas, alors c'était inutile de se torturer l'esprit avec des souvenirs. Ma demi-soeur ne m'avait pas accompagné jusqu'ici, bien que je lui ai vivement conseillé. Je doute pas qu'elle finira par venir, si je ne l'y oblige pas. L'air de rien, j'me sens un peu coupable de la laisser seule là bas. Qui sait ce qu'elle va encore faire. L'air de rien, je l'aime bien cette gamine. Enfin bon, on s'était quand même téléphoné depuis mon arrivée ici, et elle avait l'air sur les mêmes positions que la dernière fois et je ne pouvais pas la forcer à me suivre ici. Enfin bon. J'étais de retour à Harvard, j'avais quand même plus de repères ici. Puis j'ai une année d'étude à terminer, et après, tchao les études. Tout ça pour dire que je comptais bien avoir cette année pour pouvoir me barrer d'ici et retourner en Angleterre, même si vu les circonstances actuelles, j'avais aucunement envie d'y mettre les pieds. Tout ce bordel avec ma mère c'était barbant. J'étais d'ailleurs en train de lire un de ses sms qu'elle m'avait envoyé après que j'ai filtré ses appels ce matin, quand je percutais quelqu'un. J'étais là depuis quoi.. 72h ? Et déjà les trucs qui m'énerve dans ce genre me tombe dessus. Non mais le pire, il est à venir. J'avais vu le moins de personnes possibles depuis mon retour, j'avais vu que les personnes que je voulais vraiment voir mais là c'était le jackpot. Alaska en personne. Nerveusement, je ne pu m'empêcher de pouffer sarcastiquement. « De toutes les personnes qui se trouvent ici, il faut que j'tombe sur toi ! » C'était une caméra caché ou quoi ? Je me gênais pas pour l'observer. Depuis quand je l'avais pas vu ? Le summer camp ? Tout ce que je sais, c'est que ça fait un bail.

Trop occupé pour regarder devant moi, je venais de percuter de plein fouet quelqu'un. Etant maladroite, je me ramassais lamentablement au sol, laissant s'éparpiller un peu partout mes affaires. Je déteste ce genre d'altercation parce que les personnes pouvaient se montrer très agressives, ne comprenant pas toujours qu'elles étaient elle aussi fautives dans l'histoire. Je reprenais mes esprits rapidement, relevant les yeux pour regarder le jeune homme et là, ma bouche s'ouvrit sans qu'aucun son n'en sorte. Hardin Allister à Harvard. Hardin aux USA. Hardin a quitté la Russie, il est de retour. Cela pourrait être des titres fabuleux pour ses mémoires, note-le quelque part ma belle.  Je pensais m'être débarrassée de lui une bonne fois pour toute, mais non... Il était là et il riait en me regardant de haut. « De toutes les personnes qui se trouvent ici, il faut que j'tombe sur toi ! » Non, mais quel connard ce type. Il n'a donc pas changé, il est toujours aussi con, hautain et insensible. J'espère au moins qu'il a suivi mon conseil et qu'il s'est fait recruter par les Eliots. Il serait tellement bon chez les bleus et au moins, je pourrais me dire une bonne fois pour toute que ce mec ne changera jamais et que ça ne servait à rien d'espérer des excuses pour la dernière fois. Je rassemblais mes affaires, vaguement agacée de le voir en position de force et je me relevais avec un sourire sur les lèvres, tentant au mieux de masquer ma surprise. « Oh, arrête donc de faire ton ado lunatique, Hardin Allister. La dernière fois que tu m'es rentré dedans, tu en redemandais. » Rien de très catholique dans mes propos à première vue, mais non, je ne parle pas de sexe. On ne va quand même pas oublier que l'une des passions premières d'Hardin, c'est de m’agacer. Alors, j'étais certaine qu'il était heureux de me voir face à lui, pleine de rage... Juste pour lui.

Je n'aime déjà pas particulièrement qu'on me rentre dedans, mais en plus lorsque c'est elle, c'est encore pire. J'ai une poisse légendaire, c'est bien connu. Il y a un nombre incalculable d'étudiants potentiels à me bousculer, mais de tout ceux-ci, ça devait être Alaska. Cela aurait pu être cool de me dire que j'étais content de la voir, sauf que non, je me serais bien passé de cette confrontation. Je mettais ma main à couper qu'elle n'avait pas changé d'un poil, alors ça allait pas être compliqué de partir en fight pour moi. Ouais sauf que moi j'me contrôle maintenant, et je préfère en rire qu'en faire la gueule. On a eu un truc, et on l'a plus. Ce qui s'est passé entre ? Effacé. C'était mieux comme cela après tout, non? Toujours par terre, elle ramassait rapidement ses affaires pour se relever. J'haussais les sourcils en entendant ses mots, qui me confirmaient qu'elle avait toujours la haine contre moi. Légitime ou pas, c'était plus mon soucis. Alaska n'était plus mon problème, et ce depuis très longtemps maintenant. « Peut-être. Mais ça, c'était avant alors. » déclarai-je d'un ton neutre, haussant les épaules. Mais honnêtement, blablater sur le passé, ça ne me branche pas le moins du monde. Épargnez-moi ça s'il vous plaît. « T'as une sale tête. » dis-je en la regardant de haut en bas. Elle respirait pas la joie de vivre, ça c'est certain.

« Peut-être. Mais ça, c'était avant alors. » Avant quoi ? Il n'aime plus de prendre la tête avec moi ? Il n'aime plus me mettre au plus bas tout en me regardant comme s'il était un dieu quelconque. Je ne pouvais pas cacher ma surprise face aux propos d'Hardin. J'avais finalement réussi à me lever avec mes affaires. Bien sûr ce n'était pas Hardin qui allait lever un petit doigt pour m'aider, ça serait trop lui demander. Mais bon, je n'attendais rien de sa part. Je ne pourrais pas dire que je suis passée à autre chose, enfin... Si, je suis passée à Alexander Strudwick et je suis amoureuse de lui. Mais, il m'arrivait de repenser à Hardin dans les coups durs comme par exemple ma rupture avec Hardin. Ouais, je repensais à ses mots qu'il a eus à mon égard cet été. Des mots horribles et traumatisants quand nous sommes une fille aussi fragile que moi. « T'as une sale tête. » s'exclame-t-il après m'avoir regardé de la tête aux pieds de la manière la moins discrète possible. « Merci, c'est gentil de ta part ! Moi aussi, je suis contente de te retrouver Hardin ! » On ne va pas parler de mes problèmes tout de même ? Non, il est en face de moi, cela fait un moment qu'il n'avait pas mis les pieds ici alors je reprenais la parole pour l’interroger. « C'était comment la Russie ? » Oui, oui, j'avais été mise au courant et ça avait été un bonheur de ne plus le croiser, car de cette manière, j'avais plus eu à me torturer l'esprit.

Non, j'avais plus vraiment envie de l'emmerder maintenant. J'aimais faire ça avant, parce que ça me plaisait, mais aujourd'hui les choses ont changé, puis ça n'a plus rien à voir. On a plus la même relation, alors non, je ne vois pas pourquoi je devrais me mettre à la taquiner sous prétexte que j'ai envie de la voir s'emporter contre moi. Enfin bref, je remarquais quand même qu'elle avait une sale tronche, mais elle semblait pas disposer à se justifier mais juste à me renvoyer mon tacle. Même la personne la plus naïve du monde aurait discerné l'ironie de ses paroles. Non, elle était loin d'être contente de me revoir, je le savais parfaitement. Mais tant pis, après tout, c'est pas comme si j'allais me dire "non Hardin, ne reviens pas à Harvard, Alaska ne veut pas te voir". Puis là, sans que je ne sache pourquoi, elle s'intéresse à mon séjour en Russie. Ok, les nouvelles sont allées vite alors. Mais ça me glaçait un peu le sang d'entendre ça, parce que la simple évocation de la Russie me rappelait mon père. « Je ne savais pas que tu étais au courant. » dis-je, plus froidement que je le voulais finalement. J'aimais juste pas que les gens connaissent des détails de ma vie, sans que je ne les ai informé moi même. . « J'avais des choses à faire, rien qui ne te concerne. » Je ne souhaitais pas évoquer quoi que ce soit. Puis il ne faisait nul doute qu'elle n'avait pas poser cette question par réel intérêt.

Tomber sur Hardin, c'était vraiment bizarre. Je détestais la sensation que ça me procurait dans le ventre en tout cas. Je n'allais pas nier que ça me faisait quelque chose de le revoir. Pour la simple et bonne raison que nous avions vécu quelque chose de fort et intense lui et moi. Il avait été mon crush avant que je ne tombe finalement amoureuse d'Alexander. Mon crush... Il avait été plus que cela puisque j'avais été amoureuse de lui aussi. Désormais, j'étais seule, mais ça, je n'allais pas lui dire, je ne voudrais pas le voir jubiler. J'avais déjà subi cela de la part de Cody, cela avait été gênant et je crois que de la part d'Hardin, ça serait blessant. Puis, déjà qu'il se régale en me disant que j'ai une sale tête... Ce qui n'entre pas du tout en contradiction avec ses propos disant que m'emmerder appartenait au passé, bla bla bla. Je décide d'opter pour une autre technique, il est devant moi et, bizarrement, j'avais l'impression que notre entrevue n'allait pas s'arrêter là, à un simple échange de banalité. « Je ne savais pas que tu étais au courant. » Tout le monde est au courant. Les nouvelles vont vite à Harvard. Cela m'avait d'ailleurs fait bizarre de savoir qu'il était parti soudainement à l'autre bout du monde. Le plus étrange, cela avait été de me rendre compte que nous n'étions définitivement plus rien l'un pour l'autre, juste des étrangers. « J'avais des choses à faire, rien qui ne te concerne. » Je pinçais mes lèvres en le regardant. « En même temps, je ne vois pas ce qui pourrait me concerner en Russie ! » m'exclamais-je comme s'il était devenu impossible pour moi de fermer ma gueule.

J'aurai dû me douter que les nouvelles iraient vite, tout comme celle de mon retour. De toute façon, j'ai l'impression que tout se sait ici. Parfois ça arrange, parfois ça dérange. Je préférai taire mon nom plutôt que de l'entendre dans la bouche des gens personnellement. Peut être que j'allais voir les choses différemment maintenant, on verra. Dans tous les cas, Alaska avait été au courant et j'espérais qu'elle n'en savait pas plus. Puis évidemment que rien ne pouvait la concerner en Russie... On aurait été en bons termes elle et moi, je lui en aurais parlé. Du moins je l'aurai prévenu de mon départ car c'est mine de rien une des personnes dont je me souciais le plus. Sauf qu'elle avait fait quelque chose que j'avais pas su digérer et.. vous connaissez la suite. « T'as toujours quelque chose à redire, ça n'a pas changé à ce que je vois. » dis-je en haussant les sourcils, avec un sourire en coin. Cela aurait été décevant d'un côté de la trouver différente maintenant, même si les choses étaient elles-mêmes différentes. « Et toi, tu n'as pas bougé d'ici ? » Ca, c'était ma manière de savoir ce qu'elle avait pendant mon absence. Bizarrement, j'étais curieux à son sujet. Puis j'étais calme aussi. En considérant le dernier face à face qu'on avait pu avoir, c'était vraiment pas logique. Mais j'imagine que mon séjour en Russie et ce qu'il s'est passé, m'aura fait autant de bien que de mal. A voir, quelle partie des deux l'emportera dans les mois à venir.

La Russie donc ? Il restait bien mystérieux à ce propos. Pourtant, la nouvelle avait tourné rapidement à l'université, Hardin était partie rapidement pour retrouver ce pays. Quelque chose me disait que s'il était parti aussi soudainement, c'est qu'il y avait eu quelque chose de grave. Enfin, je ne l'imaginais pas partir à l'autre bout du monde sur un coup de tête. L’atmosphère entre nous était étrange. Je le détestais pour ce qu'il m'avait fait. Pour les propos qu'il avait tenus, des propos traumatisants pour une fille comme moi. Pourtant, j'étais quand même contente de le voir en face de moi. Enfin, contente était certainement un bien grand mot, mais je ne sais pas, il se passait quelque chose, je n'étais pas indifférente. « T'as toujours quelque chose à redire, ça n'a pas changé à ce que je vois. » m'accuse-t-il en souriant. Il se passait quoi là ? J'avais l'habitude d'être sur la défensive avec lui, j'avais l'habitude de ses remarques désagréables, sauf que là, il n'en était rien. « Et toi, tu n'as pas bougé d'ici ? » Je relevais la tête pour le regarder. Pourquoi il me demande ça ? Pourquoi il s’intéresse à moi de cette manière ? Bizarrement j'ai envie de fuir, son comportement me dérange, quelque chose est inhabituel nan ? « Non » répondis-je simplement. Je replaçais mon sac sur mes épaules, en fuyant son regard. Accident de voiture, coma, cœur brisé, mise en couple, problème de drogue, problème de meilleure amie, petit ami avec zéro sentiments, rupture, sevrage. Seulement deux mois d'absence. Deux mois de vie bien remplit sans avoir mis les pieds en dehors de Boston et d'Harvard. « Tu as cours ? » Il va peut-être partir, nan ?

Oui j'étais étrangement curieux à son sujet mais je doutais du fait qu'elle ne me raconte quoi que ce soit. Après tout, on n'a jamais été amis, puis nous ne sommes plus rien maintenant alors pourquoi on devrait agir comme si l'on prenait de nos nouvelles? Cependant, l'avoir en face de moi, cela déclenchait chez moi une envie d'en savoir plus et de savoir ce qu'elle avait fait de sa vie pendant que je n'étais pas là. Cela ne s'expliquait pas, et je ne comprenais pas moi même ce qui me motivait à en savoir d'avantage. Mais elle n'avait pas vraiment l'air disposé à en discuter, puis il y avait autre chose. J'avais l'impression qu'elle fuyait mon regard, ce qui traduisait qu'elle était gênée. Mais pourquoi ? Bon ok, la situation est totalement awkward, c'est un peu irréel. Un brin perturbant, mais ça ne me gênait pas pour autant. Ce n'était peut être pas une si mauvaise chose d'être tombé sur elle. Au moins, on ne s'était pas échangé des insultes, c'était un point positif. Alaska me demandait si j'avais cours, peut être parce qu'elle voulait justement mettre fin à cette discussion, je ne sais pas. « Non. » répondais-je simplement. Dommage si elle espérait se débarrasser de moi. Enfin, autant demander, non? « Pourquoi? Tu veux que je te laisse tranquille? » C'était weird de dire ça. Autant je pensais qu'en la voyant je n'aurai qu'une envie, l'éviter au maximum, l'ignorer, autant là je nous trouvais relativement soft, et je me disais que si l'on discutait, on pourrait peut être s'expliquer. Quoi que reparler de sujets qui fâchent, ça peut être une mauvaise idée.