ELIWAN ∇ There is no rose without a thorn

Les attentats du vendredi treize ont tiré Antwan de son indifférence au monde. Celui qui prefere regarder son nombril leve la tête quand on parle de terrorisme. C'est un écho bien trop douloureux à son passé pour qu'il ferme les yeux. La famille d'Elizabeth est touchée de plein fouet par la sauvagerie de quelques types. Le frère Leroy en est la victime et il est actuellement dans un état critique d'après Lizie. Les étudiants en ont déjà parlés. Il a essayé de la réconforter comme il le pouvait. Il a tenté une sortie au ciné et une soirée complete avec elle. Il a essayé d'être le petit ami parfait pour une fois. Aeroport, dimanche 15 novembre. Elizabeth a son ticket pour la France. Il l'accompagne en sachant qu'il ne la verra pas avant quelques jours. Voir plusieurs semaines si le souffrant n'est pas rétablit d'ici là. « Tu m’tiens au courant quand t’arrives okay ? » Envoyer sa copine dans une ville en proie au terrorisme ne l'enchante pas. Des tarés pourraient faire péter d'autres lieux aux risques d'Elizabeth. Antwan serait bien venu avec elle, mais les laisser en famille est plus judicieux. Elle ne les a pas vu depuis plusieurs mois et les circonstances poussent Antwan vers l'extérieur du cercle familiale.

La jeune française avec le coeur lourd depuis quelques jours. Son coeur avait été assombri par la tristesse. Son coeur se sentait briser depuis qu'elle avait appris les terribles nouvelles de Paris, plus encore des nouvelles qui concernaient son frère. Victime de ses actes inhumains. Sa vie ne tenait qu'à un fil et Lizie se devait d'aller rejoindre sa famille dans ce moment de douleur. Ici ou ailleurs, elle n'était pas en sécurité. Paris était menacé, Harvard aussi, le monde entier. La terreur régnait partout autour de nous. Antwan accompagna Lizie à l'aéroport, qui n'avait pas tardé à prendre un billet pour la France suite aux événements. Sa valise à la main, elle se retrouve dans cette immense hall d'aéroport. Le monde grouille autour d'elle. Elle se sent perdue dans cette foule qui s'agite autour d'elle. Toutes les cinq minutes elle a envie de pleurer mais elle essaye de se contenir... même si c'est dur. Lizie se sent partager, elle veut retrouver sa famille, mais ça lui fait mal au coeur de laisser ceux qu'elle aime ici. Elle a peur pour eux, pour tout le monde en fait. La rouquine est sortie de ses pensées lorsque son amoureux lui dit « Tu m’tiens au courant quand t’arrives okay ? » Oui. répond-t-elle avec un faible hochement de tête. Son regard se perd dans le masculin un instant. Elle essaye de s'imprégner de cette image de son visage qui va lui manquer. Elle ne sait pas combien de jours elle va partir, elle ne sait pas quand elle va revenir. Elle ne sait pas ce qu'il l'attend de l'autre côté de cet océan. Elle ne sait rien. Elle part vers l'inconnu total parsemé de dangers Fais attention à toi, promis ? d'habitude elle ne demandait pas des promesses, mais là, ça lui semblait important, même vital.

Il ne sait pas non plus dans quoi elle s'engage. La ville du romantisme est trop noir pour qu'elle y aille, mais l'obligation familiale et la douleur de l'incertitude la pousse à partir. Antwan ne contrôlera rien de Boston. Il sera au courant tardivement, ne pourra même pas l'appeler à cause du décalage horaire. Les prochains jours vont être stressants et il sera bien heureux d'entendre les pieds d'Elizabeth fouler à nouveau le sol de Cambridge. Fais attention à toi, promis ? Il lui sourit, acquiesce et vient l'embrasser. « Tout va bien se passer. Pour toi, pour moi et pour ton frère. » C'est facile de tenir ses propos. Bien moins simple d'y croire. Si lui devrait être en sécurité à Cambridge - quoi qu'on pourrait craindre des viols ou des bombes - Elizabeth va vivre dans un endroit bien plus noir. Il espere que tout le monde va bien chez elle, que son frère va se rétablir rapidement. Que toutes ses angoisses à propos d'une nouvelle attaque se dissipe et qu'elle revienne vers lui.

« Tout va bien se passer. Pour toi, pour moi et pour ton frère. Les mots se veulent rassurants, ils partent d'une bonne intention mais la réalité est loin d'être telle. Très loin. Lizie veut y croire à ses mots, pour une fois, elle crève d'envie de remonter sur son petit nuage et vivre d'amour et d'eau fraîche. Mais la douloureuse vérité la fait redescendre sur terre d'un coup brutal. Les bombes éclatent, les tirs visent de pauvres innocents qui n'avaient rien demander et les coeurs se brisent accompagné de larmes... Il vient l'embrasser et Lizie prolonge son baiser s'accrochant à lui pour éviter de défaillir. Elle ne veut pas quitter leur bulle, sans endroit de bonheur encore présent. Je l'espère. Dit-elle en se mordant les lèvres. Elle vient se blottir contre le torse masculine. Ses bras s'enroulent autour de lui et ses yeux se ferment. Elle espère qu'en les ouvrant à nouveau, elle se trouve dans un monde un peu plus beau. J'espère qu'on va entendre tes paroles et que toutes ces horreurs vont bientôt se finir. Ajoute-elle d'une voix qui trahissait sa tristesse. Elle savait que cela n'allait pas se passer dans l'immédiat... et ce qu'il lui faisait peur, elle avait peur de partir là-bas. C'est comme ci elle avait pris un ticket pour l'enfer. J'ai peur Antwan. avoue-t-elle en un murmure. Elle avait peur de tout, ce qui l'attendait la-bas, son frère qui était en danger... Tout.

Sa main vient glisser de haut en bas dans le dos d'Elizabeth. Il n'a rien de mieux pour la rassurer. J'espère qu'on va entendre tes paroles et que toutes ces horreurs vont bientôt se finir. Se finir à Paris, peut-être. Dans le monde c'est devenu une habitude. Tant qu'il y aura des tarés capable de détourner des propos religieux, il y aura des attentats et des morts. Espérer que les bombes épargnent Paris, Boston et Londres est une forme d’égoïsme qu'il assume totalement. J'ai peur Antwan. Si elle n'avait pas peur, il l'aurait pris pour une folle. Le garçon resserre son emprise sur elle. Comment voulez-vous qu'il la laisse partir quand elle est dans cet état ? « Ca va bien s’passer. » Il l’espère tellement. L'étreinte se desserre doucement et sa main vient se loger dans celle de la rouquine. Antwan s'avance vers les sièges pour s'y asseoir. Il reste une bonne heure avant l’embarcation. Se changer les idées paraient impossibles, mais il le faut. « Quand tu rentres, on fera ce que tu veux d'accord. N'importe quoi. » Pour ça, faut que tu reviennes vivante okay ?

« Ca va bien s’passer. » Elle essaye de sourire, tout de même. Sa main vient caresser le dos de la rouquine. Elle profite de ses instants. Derniers qu'elle peut encore partager avec son amoureux. Les minutes deviennent précieuses soudainement. Chaque geste compte, chaque parole ont de l'importance. Particulièrement dans ces moments où l'on se rend compte que chacun de nos proches est précieux. Chacun contribue à notre équilibre, mais dès qu'un de nos piliers se fissure, rien ne va plus. Lizie connait ça, c'est son tran-train quotidien. L'anglais se saisit de sa main et l'entraîne sur un siège. Elle ne quitte pas sa main. Ses doigts s'entremêlent aux masculins. « Quand tu rentres, on fera ce que tu veux d'accord. N'importe quoi. » Un sourire illumine enfin les traits d'Elizabeth. Un sourire qui avait disparu depuis ces derniers jours. Je veux aller à Vérone. J'ai pas oublié ce que tu m'as dit. répond-t-elle petit sourire aux lèvres. Oui elle n'avait pas oublié les mots qu'ils s'étaient dits quand ils s'étaient enfin avoués leurs sentiments respectifs.

Ca fonctionne. La tristesse se transforme en un fin sourire qui illumine le visage adverse. C'est beaucoup mieux. Elle est plus jolie. Je veux aller à Vérone. J'ai pas oublié ce que tu m'as dit. Entendre le nom de ville étonne l'anglais. Il lui a déjà proposé mais jamais ils ne sont partis si bien qu'il avait oublié ce potentiel voyage. Manque de temps, d'envie. Faut dire que les deux étudiants n'étaient pas en phase ces derniers temps. Les tensions créaient des disputes. Ca s’accumulait et au final, des projets comme Vérone ne venaient même plus titiller les esprits. « Okay. On ira. » C'est pas une promesse, parce qu'au final ils n'iront certainement pas. Mais il pourrait dire n'importe quoi pour qu'elle garde ce sourire. « Y a beaucoup de choses à voir là bas ? » Parce qu'il ne connait pas du tout l'endroit. Antwan a dû se rendre en Italie une ou deux fois. Et uniquement pour accompagné son oncle en voyage d'affaire. Pas étonnant que ce pays se résume à de l'ennui, de l'ennui, de la chaleur et de la bonne bouffe. Voilà.

La tristesse laisse place aux rêveries. Même si ce potentiel voyage à Vérone parait loin, cela donne de l'espoir à Lizie. Espoir que les choses iront mieux, qu'elle rentrera sain et sauve de son périple à Paris, qu'elle rentrera le sourire aux lèvres et non le coeur en mille morceaux. Y'a intérêt qu'on y aille. C'est pas beau une Lizie en colère. Dis-t-elle sur le ton de l'humour. Il en a déjà eu l'expérience de la Lizie hors d'elle, et c'est pas très jolie jolie. Qu'il retente pas l'expérience. Un conseil de Marie.   « Y a beaucoup de choses à voir là bas ? » Lizie ne peut s'empêcher d'émettre un petit rire. C'est fou ce qu'Antwan s'intéressait peu au monde qu'il l'entourait. Il préférait son petit monde d'eliot, bien rangé dans le luxe. Oui il y a pleeeeein de choses à voir. Et pour une fois, tu prendras ton sac à dos et tes baskets et tu oublieras tes suites de luxe. ajoute-t-elle pour l'embêter. Okey, ils auront le droit à une chambre que le dernier soir.

(Invité)