Come on feel the noize : Moana

Quelque part, Noah appréhendait de recevoir un coup de téléphone de son père. Il allait arriver, c’était sûr, et le jeune homme allait avoir droit à une remontée de bretelles plutôt corsée. Il montrait la photo publiée sur le réseau social et sourit à la remarque de Moana : « Je te pensais plus intrépide que ça ». Pour ne pas avoir à subir une manifestation de son père ce soir, pendant cette soirée, le jeune homme éteint son téléphone et le range dans sa poche : « Inutile de la supprimer, mon père doit déjà être entrain de s’arracher les cheveux », dit-il en riant comme un enfant insolent assez fier du sale coup qu’il venait de faire. Puis, avec une malice et une espièglerie de plus en plus assumée, il convia Moana à un massage. C’était son prochain défi. Noah la fixait, droit dans les yeux, pour essayer d’y déceler quelque chose, n’importe quoi pour la comprendre. L’alcool et l’ambiance générale de la soirée le rendait un brin … taquin, voire séducteur : « J’ai de drôles de rêves, mais au moins l’un d’entre eux est sur le point de se réaliser » dit-il en souriant de plus belle avant de se jeter avec une nonchalance extrême sur le lit de Tate. La jeune fille entreprit son massage, Noah avait les bras croisés sous le menton, et pendant quelques secondes il ne dit rien. C’était diablement agréable ! Il eut un petit rire enfantin lorsqu’elle lui avoua ne plus avoir d’idée pour ses défis et Noah se tourna vers elle. Elle avait alors cessé de le masser, et lui allongé sur le flanc, la tête appuyé sur sa main, il finit par lui dire : « On peut seulement se contenter de noyer nos cerveaux un peu plus. Ou ... je peux te ramener chez toi si tu en as envie. ». Il se redressa avant d’attraper la bouteille de whisky aux pieds du lit, d’en boire quelques gorgées, et finit par la tendre à Moana. En la regardant, fixement comme il avait l’habitude de le faire, tout pour mettre les gens mal à l’aise, il finit par lui demander avec une curiosité presque malsaine assumée : « Une question d'abord : tu as un petit ami ? »

La tête embrumée, Noah commençait à sentir les effets néfastes de l’alcool. Comme s’il entamait déjà sa gueule de bois. Le massage que Moana le détendit. Peut-être un peu trop, puisque ses gestes se faisaient de plus en plus lents, de plus en plus nonchalants. Il aurait pu se réveiller en continuant de jouer au petit con, de défi absurde en défi absurde. Mais le manque d’inspiration de Moana tombait presque à pique en réalité. Ils allaient pouvoir, peut-être, se poser tranquille, discuter et autres banalités non moins intéressantes. Comme pour s’assurer du fait qu’elle veuille rester, qu’elle ne s’ennuie pas, qu’elle n’ait pas à rentrer, Noah lui proposa deux options : Noyer un peu plus son cerveau au whisky ou la raccompagner. Elle accepta le premier deal et lui n’en fut que plus ravi, esquissant un de ses plus larges sourires : « Je suis content de voir que tu ne t’ennuie pas trop avec moi ». La jeune fille but quelques gorgées de whisky, ça se voyait qu’elle n’appréciait que modérément le gout. Une chose que Noah n’avait jamais compris : comment les gens ne pouvaient-ils pas apprécier le gout à la fois fort et subtil de cette eau de vie ? Il rit légèrement en la voyant faire avant de dire d’un ton amusé : « La prochaine fois, je ferais attention à te préparer une bouteille de vin blanc ». Il attrapa la bouteille qu’elle lui tendait et en bu quatre bonnes gorgées avant de la reposer au sol. En fait, même lui grimaçait, pas à cause du gout, mais parce que whisky pur sur whisky pur, ça commençait à faire beaucoup, même pour lui qui était habitué à boire. Il regardait Moana avec l’insistance d’un chat, tentant de la comprendre, n’importe quoi. Lorsqu’elle éclata subitement de rire. Il se sentit instantanément gêné avant de voir les yeux de la jeune fille poser sur son front. Noah se mit à rire à son tour tentant désespérément d’effacer le mot inscrit sur son front, en vain : « Ah c’est malin, je ne peux plus avoir l’air sérieux avec ça », dit-il en calmant son rire petit à petit. Puis, tentant de reprendre difficilement un air sérieux, il lui posa la question sur son petit ami. Il n’avait pas beaucoup de tact, et ne daignait même pas faire semblant d’en avoir en fait. Il était curieux et assumait sa curiosité. L’air légèrement tourmenté de la jeune fille le fit sourire intérieurement, il avait probablement posé une question dérangeante : « D’accord … », répondit-il simplement, regardant le visage de la jeune fille avant de poser les yeux sur la bouteille de whisky au sol. Il bu encore quelques gorgées, oubliant complètement la grimace qu’elle lui avait fait faire quelques secondes auparavant, et refit exactement la même grimace : « Ah, mon estomac commence à souffrir », dit-il en se tournant vers la fille. Il s’attendait à ce qu’elle lui pose la même question en retour et Noah, sans prendre le temps de réfléchir, répondit avec un ton léger : « Je n’en ai pas vraiment », reprenant les mots de la jeune fille. Une fraction de seconde de silence, et le jeune homme s’avança un peu plus vers Moana, sourire malicieux en coin, la fixant, imperturbable : « Et ça tombe plutôt bien … je m’apprêtais à te défier de m’embrasser ». Pas farouche, le jeune homme finissait par mettre les pieds dans le plat, littéralement. Et qu’importe les conséquences, il y avait toujours des solutions de replies.

« La fatigue ou l’ivresse ? Je préfère la deuxième option, dans tous les cas, je suis un gentleman, je te raccompagne », répondit-il à sa première remarque en souriant. C’est vrai, hors de question de laisser une fille rentrer chez elle seule et ivre à cette heure-ci. Même s’il ne répondait plus complètement des tribulations de son esprit, Noah savait garder les pieds sur terre pour ce genre de choses : il l’a raccompagnerait, même en rampant s’il le fallait. « Toutes les filles adorent le vin blanc, vous manquez cruellement de goût » dit-il en riant d’un air gentiment moqueur avant de reposer les yeux sur elle.

Vint alors l’interrogatoire amoureux. Noah avait cette tendance à se montrer curieux sans trop de tact, peut-être un manque de politesse, peut-être une honnêteté trop marquée. Quand une question le taraudait, il n’hésitait pas une seule seconde à la balancer. Et l’air mystérieux de la jeune fille le fit encore plus sourire. Difficile à leurs âges d’avoir des réponses claires, il comprit instantanément qu’ils devaient probablement être tout deux enfermés dans le même genre de sphère chaotique. Noah lui avait clairement annoncé quelques heures plus tôt, lorsqu’elle le défia de faire une déclaration d’amour à son dernier contact téléphonique, qu’il avait rompu avec Amanda. Célibataire et perdu, c’est ainsi qu’il se considérait. Mais ce n’était pas tellement glorifiant comme aveux, alors il préféra répondre à sa question par mimétisme, en reprenant ses mots, comme pour lui dire : on est probablement dans le même cas, mais on passe une bonne soirée alors, fuck it. Et pourquoi avait-il encore bu ce foutu whisky ? Son estomac le tirait de plus en plus, criant famine presque. Il ne put s’empêcher de rire de concert avec Moana lorsqu’elle se mit à se moquer de lui : « Tu es sadique, tu ris de mes souffrances », dit-il d’un air amusé et faussement plaintif avant de reposer la bouteille au sol.

Sans grande cérémonie ni préavis, Noah s’approcha lentement de Moana avant de la défier de l’embrasser. Avec cet air à la fois inquisiteur et malicieux, affichant une assurance sur jouée de manière à ne pas se montrer trop peu confiant. Il n’était pas du tout confiant, en réalité, ne sachant pas quelles étaient les limites de sa relation avec Moana. Mais voilà : une chambre, qui plus est celle de Tate, de l’alcool et une jolie fille à moustache, il ne lui en fallait pas plus pour échauffer son esprit. Et puis Moana était belle, vraiment belle, typiquement son genre de fille physiquement, et sympathique de surcroit. Il sentit une certaine réticence dans l’attitude de Moana, et se sentit lui-même assez mal à l’aise. Evidemment, il n’en montra rien, se contentant de reculer légèrement, esquissant un sourire de plus en plus large pour ne pas se montrer déstabilisé. « Je croyais qu’on faisait plus de défis … », Noah hocha la tête en souriant, avant de se reculer complètement et de prendre la chose à la rigolade. Elle n’avait pas dit clairement non, ni oui non plus. Et face à une telle ambigüité, il hésitait à s’enfoncer dans ses avances détestant se montrer trop lourd ou trop brusque : « Alors je vais me contenter d’embrasser la bouteille, bien qu’elle soit moins jolie que toi », dit-il sur le ton de la plaisanterie avant d’attraper la bouteille de whisky et d’en boire deux gorgées. Nouvelle grimace, suivit d’un petit bruit de dégout avant un éclat de rire. Il se sentait un peu bête en réalité et n’osa plus dire grand-chose pendant quelques secondes, reposant la bouteille au sol et la fixant machinalement. Avant de relever la tête vers Moana et de sourire en l’interrogeant : « Pourquoi tu me regarde comme ça ? », dit-il en souriant avant de mieux monter dans le lit et de s’allonger à côté d’elle. D’un bras, il la tira vers lui et l’invita à en faire de même, à s’allonger dans le lit de Tate à côté de lui, et poursuivit : « Bon, puisque les défis sont terminés, on peut jouer au jeu des secrets ? Je t’avoue un secret, et tu m’en dis un à ton tour. Il va de soi que rien ne sort de cette chambre. Par exemple … Quand j’étais petit, j’ai accidentellement cassé le feu de la voiture de mon père en jouant au baseball. Et j’ai accusé mon frère qui s’est pris la raclé de sa vie. J’ai jamais dis à personne que c’était moi le coupable. », il tourna la tête vers Moana en riant légèrement avec ce rire enfantin : « Je me sens presque libéré d’un poids. A ton tour ! »