(seth) do you need to talk ?

Seth me disait de ne pas m’en faire, mais je ne pouvais pas m’en empêcher. J’étais comme ça, et j’allais peut-être empirer les choses en appuyant sur sa blessure et je m’en rendais compte un peu trop tard, retirant ma main presque immédiatement après avoir vu une grimace se dessiner sur son visage. « On a deux choses en commun comme ça. » J’étais aussi maladroite que lui, ne serait-ce plus et tête en l’air ? Bien sûr que je l’étais, tout le monde l’est un peu à vrai dire. Seth et moi n’étions plus si proche l’un de l’autre, et je sentais une légère pression redescendre. « Toute la journée vraiment, tu ne crains pas que je te fatigue ? » Un sourire revenait sur mon visage, s’il disait ça, c’était que je n’avais pas à m’inquiéter pour lui. Pas trop. « Pizza. Pizza, pizza, pizza. » Il n’y a rien que j’aimais plus que la pizza sérieux, et j’adorais en partager une avec Seth. Je n’ai même pas hésité. « On devrait faire vite, il commence à pleuvoir. » Ouais, le solei avait laissé sa place à de gros nuages gris, et quelques perles d’eau venait d’arriver sur mon visage, j’avais aucune envie de finir tremper.

« Tu devrais, je vais te rendre fou. » répliquais-je, lui faisant un clin d’œil. En gentlemen qu’il était, Seth me laissa choisir le menu. Sans hésiter, j’avais choisi de la pizza. C’était mon plat préféré, et je n’avais envie que de ça à ce moment précis. Il acceptait, ou plutôt ne me contredisais pas et très vite il commençait à pleuvoir. Je ne répondais plus de mes cheveux une fois la pluie tomber, j’avais en plus fais l’erreur de les laisser sans attache. La remarque de Seth sur sa capuche me fait sourire, mais je le cache du mieux que je peux. Je n’ai pas le temps de dire ou faire grand-chose avant qu’il ne me prenne par la main et me dirige vers un restaurant à grand pas. La pluie tombait de plus en plus fort et mes cheveux en subissaient déjà les conséquences. Ce n’était pas grave, franchement, c’était même le dernier de mes soucis. C’était fait, je ne pouvais rien y faire : j’étais totalement trempé. « Volontiers… Merci. » J’adresse un faible sourire à Seth alors qu’il mettais sa veste autour de mes épaules. J’arrangeais sa veste et plaçais même sa capuche sur ma tête. « J’ai l’air aussi mystérieuse et attirante que toi ? » J’affiche mon air le plus énigmatique et ténébreux avant qu’un sourire remplace cette comédie. Je prends les devants et nous dirige vers une table qui venait de se libérer. « Avant que tu ne te tapes la tête tu m’as posé une question. Sur ce que je voulais faire plus tard et très honnêtement, je n’en sais trop rien. J’ai été actrice pendant un temps, toute mon enfance et maintenant je fais des études de psychologie pour éventuellement devenir psychologue, mais qui sait, ça pourrait changer. » Je soupire, fais une pause. « Et toi, qu’est-ce que tu vas faire plus tard ? C’est quoi ton plan « après Harvard » ? »

Je rougis. J’avais eu le courage, l’audace de plus ou moins lui dire que je le trouvais attirant et il me disait en retour que je l’étais aussi. « Merci. » Je baissais les yeux, le sol devenait soudainement très intéressant, et me permettait de cacher ma rougeur. Je n’aimais pas rougir, cela se voyait trop sur mon visage. Je lui tournais le dos et nous dirigeais vers une table qui venait de se libérer. Je répondais à la question qu’il m’avait posée quelques instants plus tôt, avec le plus de sincérité possible. « J’espère pouvoir jouer à un de tes jeux un jour. » Je lui fais un clin d’œil, je n’étais pas très jeux vidéo, mais je ferais un effort pour lui. Ce n’était pas surhumain et dans le pire des cas, je demanderais de l’aide au codeur… « Je suis à Boston depuis que j’ai 18 ans. Je suis australienne, ma famille est d’ailleurs toujours là-bas donc comme toi, le pays me manque parfois. » Une serveuse arrive pour prendre notre commande, et une fois que je décide de prendre une large pizza pour que nous puissions la partager, après nous avoir servi nos boissons, un verre de Coca-Cola pour moi, elle s’en va en nous disant que notre pizza arriverait dans une vingtaine de minute. « Donc, tu viens d’Egypte ? Tu es venue avec de la famille où la tienne aussi et resté là-bas ? »

Claarys a une peau pâle, ses émotions se camouflent difficilement ce qui la rend d'autant plus adorable. Je n'aurais jamais pu imaginer que le retournement de compliments puisse la toucher. J'ai l'impression de l'avoir vénéré et placé sur un piedestal. En fin de compte, elle n'est ni plus ni moins qu'une humaine. Je me sens tout à coup plus rassuré mais toujours autant impressionné. C'est l'effet Claarys, un point c'est tout. Je suis à mon tour touché lorsqu'elle entrevoit la possibilité de jouer un jour à un des jeux que j'aurais programmé.  J'apprends -de nouveau- par la suite qu'elle vient d'Australie. Le pays des kangourous et des Johansson. Nous sommes entrecoupés par la commande mais le courant passe si bien que nous rebondissons après s'être retrouvés seuls. C'est d'ailleurs la rousse qui m'interroge, je suis flatté que l'on s'intéresse à moi, c'est bien la première fois. " C'est ça, je suis né à Alexandrie mais depuis mes parents vivent à Le Caire. Mon frère et mes soeurs m'ont rejoint au fur et à mesure qu'ils aient atteint l'âge de faire des études. Je ne suis pas seul ici mais c'est tout comme... Je me comprend " Oui, bon, peut être que je suis trop pessimiste et négatif, il y a bien Ava qui est toujours là pour moi mais au fond, je me suis toujours senti bien seul. Je baisse les yeux, un peu affaibli par ce constat. J'avais pourtant l'impression que la demoiselle avait une soeur... Elle a sûrement oublié de le préciser ou bien elle a décidé de faire ses études ailleurs... La curiosité me monte au nez comme la moutarde. Je ne peux m'empêcher de dissimuler mes doutes à travers une nouvelle question. " Et tu n'as de frères et soeurs toi ? " demandais-je le plus innocemment possible.

J'avais l'impression d'être privilégiée. Privilégiée d'entendre son histoire, d'en savoir plus sûr lui. Il n'avait pas l'air d'être le genre de personne qui parlait facilement de lui-même, alors j'étais flatté qu'il réponde même à ma question. J'étais intéressé par lui, intrigué. Tout ce qu'il avait envie de partager, j'écouterais, sans jamais le jugé.  « Et qu'est-ce qu'il te faudrait pour ne plus te sentir seul ? » Mon regard ne quittait pas le sien, je ne rougissais plus, je ne pensais plus qu'à lui et à comment je pouvais l'aider. Il venait de me confier qu'il pouvait se sentir seul, il était naturel pour moi de faire quelque chose pour changer ça. C'est ce que tout bon être humain ferait, non ? «  Si... Une sœur jumelle. Elle a décidé de repartir en Australie vers le début de l'année alors... On peut dire que je suis seule ici moi aussi. » Bien que je ne me sente pas seul du tout, je suis assez entouré. «  Il ne t'es jamais arrivé de vouloir repartir ? Penser que tout serait beaucoup mieux si tu étais dans un milieu qui t'était bien plus familier ? »

Si ma famille me voyait, elle se foutrait bien de ma tronche. C'est bien rare que je me livre ainsi. Il faut bien démarrer un jour, je n'en peux plus de tout garder, à un moment, cela doit sortir. Claarys est une des seules personnes à qui je pourrais me confier, avec elle, cela me semble si... naturel. Elle doit avoir un don. Je me sens en sécurité, je lui fais déjà confiance. " Pour ne plus être seul ? Sûrement quelqu'un qui puisse me supporter à n'importe quel moment, quelqu'un qui me force à parler et à m'extérioriser " je détache mon regard du sien, gêné par mes confidences à deux balles. Pourtant, il ne s'agit ni plus ni moins de la vérité. L'argent ne me rendra pas plus heureux et entouré, je n'ai besoin que d'une seule personne qui me suive jusqu'au bout du monde. Après mon témoignage, j'apprend ce dont je me doutais, Claarys a une soeur, une soeur jumelle. Contrairement à moi qui ait toute ma fratrie, Claarys est quant à elle seule. Et pourtant, elle semble bien à l'aise dans ses chaussures vernies. J'aimerais avoir son aisance un jour. La demoiselle reprend ensuite la conversation et me questionne. Ce sentiment de familiarité qui passe entre nous me fait froid dans le dos. " Si, parfois, quand je pose enfin ma tête sur l'oreiller le soir. Mais j'aime les États Unis. Si j'étais retourné d'où je viens, je ne t'aurais pas rencontré " maladroit ou non, je crois qu'il est temps de lui déclarer en douce que je me suis attaché à elle au fur et à mesure de notre projet en commun. J'esquisse un sourire et à cet instant qui me paraissait magique, une serveuse vint déposer notre commande au centre de la table. Je la remercie avec un simple hochement de tête et frotte mes mains lorsqu'elle a le dos tourné. " Je crois qu'on va enfin remplir notre panse ! Prête ? " l'odeur de la sauce tomate m'appelle je ne vais pas pouvoir résister longtemps. Et il faut bien que j'occupe mes mains et mon cerveau à autre chose, sinon je vais finir par m'évanouir. Claarys me perturbe de plus en plus. Le pire, c'est de ne pas savoir ce qui peut bien se passer dans sa tête. En tout cas je ne me fais pas prier, j'attrape une première part et la déguste comme si je sortais d'un régime amincissant. Mon dieu que c'est bon. Certes, je viens de me brûler le palais, mais je me régale, et ce, en excellente compagnie. " Bon appétit en tout cas " dis-je la bouche à moitié pleine. Je sais, c'est mal élevé, c'est plus fort que moi.

« Et bien, si ça peut te rassurer, tu pourras toujours venir me parler à moi. Tu ne seras jamais seul si je suis dans le coin. » J’étais touché qu’il se confie à moi, il ne se confiait visiblement pas à tout le monde. Ça voulait sûrement dire que je comptais un minimum pour lui. Nous étions devenus proche avec le temps, et j’en étais heureuse. J’aimerais pouvoir être la personne qui le permettrait de s’extérioriser, de s’exprimer encore plus. Je n’avais pas envie de le voir seul, au contraire. C’était un homme brillant, et j’adorais sa compagnie, n’importe qui qui prendrait le temps de le connaître le saurait. Je l’avais très vite remarqué et j’étais heureuse de l’avoir rencontrer. Et puis, il me disait que lui aussi. On pouvait lire une légère surprise sur mon visage. J’étais flatté, heureuse. Je lui adressais un magnifique sourire et répondit : « Je suis contente que tu sois encore dans le coin. Il n’y en pas deux comme toi à Boston, je serais passé à côté de quelque chose. » J’étais plus qu’heureuse qu’il est proposé qu’on sorte après avoir terminé notre projet, je n’aurais jamais cru que l’on puisse avoir une conversation comme celle-là. « Toujours prête. » La serveuse venait de nous apporter notre pizza, et je voyais Seth sauter dessus comme un sauvage, ce qui m’amusait. Je prenais et entamais un part de pizza moi aussi. Et je ne pouvais m’empêcher de rire en voyant Seth me souhaiter un bon appétit. Il était mignon comme tout à parler la bouche pleine. Je voyais qu’un peu de sauce tomate était resté sur le coin de sa bouche, et naturellement, je prenais une serviette et avançais légèrement pour essuyer la petite tâche. « Tu t’en es mis partout. » Je remarquais une autre tâche sur son menton et l’essuyais aussi. « Tu dois aimer la pizza autant que moi. »

Je n'ai jamais vécu de moment comme celui-ci depuis une éternité. Ce qui est d'autant plus inquiétant pour un homme de mon âge. Je me sens poussiéreux et si... inintéressant. Pourtant, la jolie rousse avec qui je partage un repas ose me dire le contraire. Je crois que ce soir, je serais bien obligé de remercier mon dieu pour avoir mis sur mon chemin Claarys. Je ne sais pas si c'est trop tôt pour le dire, mais j'ai l'impression qu'elle et moi, nous nous complétons à merveille. Cet instant me permet d'oublier tout ce qui se passe autour de moi. Nous sommes sur la même longueur d'onde. Personne n'est vraiment sur la même longueur d'onde que Seth mais Claarys y est. Lorsque la pizza arrive, je me transforme en homme des cavernes et convie la demoiselle à en faire de même. Je crois que j'ai bien abusé puisque la jeune femme m'arrête dans mon festin pour m'essuyer les lèvres et le menton. Arrêt cardiaque en approche. Personne ne prend soin de moi ainsi et se hasarde à me toucher. Mes yeux doivent briller de mille feux et ma peau à dû prendre des couleurs. Moi qui me sentais fort, je crois que ce geste vient de m'anéantir. " Merci, oui, enfin, je ne fais pas attention aux apparences, ce qui fait souvent de moi un type honteux " je racle ma gorge et bois un bon coup pour faire passer ce que je viens d'avaler en une fraction de seconde. Claarys doit me prendre pour un vilain monstre dégoûtant. J'ai complètement oublié mes bonnes manières, je me sentais trop à l'aise. Voilà le résultat. Je termine ma part en silence et avec remords. " Je ne sais pas si je te l'ai déjà demandé, tu vis sur le campus ou bien un peu à l'écart ? Avec des colocs ? La vie étudiante est complexe de nos jours " déclarais-je en m'avançant un peu plus sur la table pour rendre l'instant plus intime. La curiosité est un vilain défaut, mais Claarys m'intéresse beaucoup trop et je ne voudrais pas tomber de plus haut en apprenant qu'elle vis ou fréquente un autre type. J'ai l'air gentillet mais au fond, je suis un homme qui n'attend que de se révéler. Aussi angoissant que cela puisse paraître, Claarys pourrait être la femme qui me fasse éclore.