After the hurricane comes the rainbow ~ Noah

Après avoir raccompagné Amanda et s’être fortement disputé avec elle, Noah était retourné à la Gatsby où, pour oublier toute sa frustration et sa rage, il avait pris soin de se mettre la tête à l’envers et de s’amuser. Il devait probablement encore sentir l’alcool puisqu’il n’avait dormi qu’une heure, entre dix heures et onze heures, et qu’il n’avait clairement pas eu le temps de décuver. Il ne comprenait qu’à moitié ce qui s’était passé. Noah était quelqu’un de colérique, il avait depuis toujours cette rage viscérale en lui qui pouvait exploser à n’importe quel moment et le rendre véritablement cruel. Mais là, avec Amanda, tout était différent, et presque pire, puisqu’il ne supportait pas agir de la sorte avec elle mais qu’il n’arrivait plus du tout à retenir ses émotions. Si au moins il était encore le garçon froid et impassible que tout le monde connait, ça irait bien. Là, c’était impossible de déguiser quoique ce soit. Il avait toutes ces pensées néfastes en tête qui lui donnait envie de disparaitre à tout jamais : il est fou, complètement fou d’Amanda et a même était terrorisé à l’idée qu’elle le quitte hier soir. A la fois, il est terrifié par le fait d’être autant attaché à quelqu’un et de ne rien contrôler à la situation. Ce à quoi s’ajoute sa peur d’assumer sa relation pour lui, et face à tous les autres. Autant dire, un véritable sac de nœud d’émotions antagonistes venaient dresser sa potence.

Il n’avait pas dormi parce qu’il n’arrivait pas à le faire. Il avait été ivre tout le reste de la nuit, mais comme Noah pouvait l’être : c’est-à-dire, avec retenu, en ne faisant qu’accentuer sa nervosité. Il avait d’ailleurs bien faillit casser les dents de Ceasar qui avait une fois de plus insulté Amanda devant lui. Lorsqu’il reçut le premier texto d’Amanda, Noah se sentit paniquer. Elle était froide, et il détestait ça. Comme si elle allait lui annonçait une nouvelle qu’il n’avait aucune envie d’entendre. En comprenant qu’elle voulait parler de tout autre chose, et après qu’elle eut calmé ses inquiétudes, Noah lui proposa de la rejoindre dans les plus brefs délais au parc de Boston. Ne trouvant pas de taxi, il commanda à la réception de son hôtel une limousine se disant qu’il pourrait arranger sa gueule de déterrer et ses vêtements dedans. Il descendit à toute allure les escaliers, monta dans la limousine et s’installa sur le siège arrière après avoir indiqué au chauffeur sa destination. Il en profita pour arranger un peu sa tête, se recoiffer, même se brosser les dents une énième fois. La route est bien embouteillée à cette heure-ci de la journée et voyant sur le bas côté un magasin de disque, Noah dit à son chauffeur de l’attendre un instant. Noah entre chez le disquaire et s’avance vers le rayon pop-rock. A la lettre R, il trouve Radiohead et le single Creep qu’il avait fait écouter à Amanda lorsqu’ils étaient au phare. Il le paye et sort rejoindre sa limousine avant de reprendre la route vers le parc.
Vingt bonnes minutes plus tard, Noah arrive devant le grand portail du parc en question. Il est tellement immense qu’il se demande comment il va bien pouvoir réussir à trouver sa dulcinée. A la fois apeuré et excité, il marche avec beaucoup de frénésie, ce qui le rend très maladroit. Après avoir heurter quelques épaules et ranger le nouveau CD dans la poche arrière de son jean, il aperçoit Amanda au loin assise sur un banc. Il ralentit la cadence un moment tenant absolument à reprendre ses esprits. Il arborait sa démarche naturelle, supérieure et mécanique, comme s’il contrôlait le monde tout entier. Pour une fois, il ne portait pas de costume mais était habillé tout en jean, comme un citadin ordinaire ( Comme ça ).

Il voyait au loin Amanda se lever et se diriger vers lui : elle l’avait sans doute reconnu. Alors Noah pressa le pas de nouveau, ne pouvant s’empêcher de sourire comme si cela faisait mille an qu’il ne l’avait pas vu. Il se sentait tellement désolé de tout ce qui s’était passé, de son attitude, de ses mots. Il venait à l’instant, en la voyant là, assise sur ce banc, de se rendre compte que tout n’était que futilité et que la seule chose qui l’importait et qu’il voulait c’était être avec Amanda. Son Amanda. Amanda lui sauta dans les bras et le serra fort avant de se retirer. Noah ne put s’empêcher de la tirer de nouveau vers lui, se fichant complètement sur le moment de savoir si des gens qu’il connaissait pouvaient les apercevoir, et la serra encore plus fort, en basculant de droit à gauche comme un enfant. Elle se recula et lui dit en le regardant dans les yeux qu’elle était contente de le voir. Noah eut un rire nerveux, comme les premiers qu’il avait pu avoir avec elle, relâchant la pression et se rendant compte que non, définitivement, elle n’allait pas le quitter. Il la reprit aussitôt dans ses bras l’étouffant presque contre son torse et posant son menton sur le haut de son crâne : « Tu n’imagine même pas à quel point moi, je suis content de te voir ». Il la lâcha quelques secondes avant de déposer un petit baiser sur son front. Il se sentait soulagé a priori, ne pensant plus à la discutions qu’ils allaient forcément avoir dans quelques minutes. Tout ce qui comptait pour le moment, c’était de pouvoir être à côté d’elle, la toucher, la voir sourire, et l’embrasser : « Tiens, je me suis dit que les fleurs étaient passées de mode », il sort de la poche arrière de son jean le CD qu’il venait d’acheter et le lui tend en traduisant les paroles : « Et comme il dit, je suis un minable, je suis un type bizarre … et je te demande pardon ».

Apparemment, même sans se le dire, les deux jeunes gens avaient passé la même soirée : chacun triste, pensant à l’autre et espérant que cette première dispute ne marque pas le terme de leur relation. Noah n’avait absolument pas du tout l’habitude de ce genre de relation, aussi, il lui était très difficile de savoir comment réagir. Il était entrain de tout apprendre avec Amanda, comme une première fois, et compris alors que les disputes faisaient parties de ce genre de relation qu’il refusait encore d’appeler « couple ». C’était très paradoxal de sa part de réagir de la sorte : il voulait être avec Amanda, il le ressentait dans chacun des points de frisson sur son épiderme mais était encore incapable d’assumer ça. Peut-être parce qu’il avait peur de la perdre vraiment. Ou peut-être aussi parce qu’il avait peur de se perdre lui-même. Il savait au fond de lui sans se l’avouer du tout pour le moment, que s’il se mettait officiellement en couple avec Amanda, ce serait la fin d’un Noah qu’il construit savamment depuis sa plus tendre enfance. Et même s’il déteste ce garçon là, il fait partie de lui, et ce serait difficile de lui tourner le dos. La fin de ce gars mystérieux et robotiques qui n’accordent de prima bord aucune caution aux relations sérieuses. Et le départ d’un Noah sérieux, posé, qui serait à la limite de suivre le chemin de son père et de devenir un homme, et plus seulement un jeune. Il chassa toute pensée néfaste de son esprit trop heureux de retrouver sa dulcinée. L’alcool dans son sang le rendait plus émotif qu’à l’accoutumé alors il ne pouvait s’empêcher de la serrer dans ses bras et de lui faire des bisous partout jusqu’à l’étouffer.

Il lui tendit le cadeau un peu gêné, c’est étrange tout de même d’avoir ce genre d’attention quand on y pense, et Amanda vint déposer sur ses lèvres un baiser qu’il s’empressa de lui rendre au triple. Elle regardait l’emballage et se mit à lui dire qu’elle l’avait choisit pour ce qu’il était et qu’elle lui demandait elle-même pardon. Noah se gratta derrière la tête en faisant une mine un peu touchée avant de remettre ses mains dans ses poches machinalement : « T’as raison, on ne devrait plus en parler ». Cette réaction le satisfaisait amplement, au moins en apparence. Mais dans le fond, il ne pouvait s’empêcher de se dire qu’il faudrait bien qu’à un moment donné, même s’il n’en avait pas du tout envie, qu’ils aient une conversation sérieuse. Au moins pour mettre leurs doutes sur la table, discuter, et clarifier leur relation. Après tout, ils s’étaient fait la promesse l’un l’autre d’être toujours sincère et honnête. Mais là, les choses devenant trop sérieuse devaient sans doute terrifier autant Amanda que Noah et les pousser à couper court à toutes ces pensées.

Elle lui proposa d’aller manger et Noah fut soulagé par ce changement de conversation. On allait faire comme si rien n’avait existé et reprendre le cours d’une vie normale là où on l’avait laissé : « Oh oui, je meurs de faim ». Il sourit en se tapotant le ventre avant d’attraper Amanda par la main et de la tirer vers lui. Il déposa un baiser sur ses lèvres qui voulaient dire « tu es toute pardonnée et de toute façon, je suis trop dingue de toi pour t’en vouloir », avant de se redresser et de balayer l’environnement des yeux. « Par contre, je ne connais pas du tout le coin, alors je te suis ». Les deux jeunes gens firent volte-face et Noah se mit à marcher en sens inverse, en direction de la sortie, passant son bras autour du coup d’Amanda. Ils ne pouvaient clairement pas être plus proches que là, et leur position ne portait à aucune équivoque. Et puis tant pis, ils étaient à l’extérieur de l’école et Noah prenait le risque d’être démasqué, doucement, sans trop prêter attention aux conséquences de ses actes pour le moment.

Il tourna le visage vers Amanda et lui dit : « Au fait, tu es vraiment belle aujourd’hui. Encore plus que d’habitude. J’aurais dû faire un effort vestimentaire et faciale, au moins pour ne pas te faire honte dans la rue ». Il rit légèrement en la regardant. Il venait de retrouver son air attendris, amusé, et … complètement amoureux. C’était Amanda et pas une autre. Il n’avait aucune idée d’où cette relation allé les porter mais en tant que garçon bourré de certitudes instinctives, Noah ne pouvait s’empêcher d’être convaincu du fait qu’Amanda pourrait être, clairement, la fille, ou du moins le genre de fille, avec qui il pourrait faire sa vie. C’était terrifiant comme idée, mais il ne pouvait s’empêcher d’y penser. Il se sentait comme un adolescent amoureux pour la première fois et leur relation était si forte, si soudée, qu’il était impossible de penser qu’il ne s’agissait là que d’une passade.

Regardez-le ce petit couple marcher bras dessus bras dessous dans un parc. C’était vraiment étrange, une des très rares fois de sa vie ou Noah osait s’afficher comme ça. Il était même un peu gêné mais le sourire d’Amanda lui signifiait qu’il faisait bien et que ce geste, pourtant si simple en apparence, lui faisait plaisir. Elle lui désigna du doigt un petit snack et Noah ne laissa transparaitre aucune réaction bien qu’intérieurement il était intrigué. C’était étrange à dire, mais il n’avait jamais mangé ailleurs que dans des restaurants luxueux et étoilés, alors un snack c’était vraiment de la nouveauté. Comme il ne voulait pas mettre mal à l’aise Amanda, ni être mal à l’aise lui-même, il hocha la tête en signe d’approbation avant de lui dire : « D’accord ».

« Mais non t’es beau chaton … », cette phrase eut un léger effet de choc dans le ventre de Noah. Déjà, parce que les compliments d’Amanda lui faisaient toujours quelque chose, même pour un garçon, c’était agréable d’entendre de la part de sa compagne qu’il était beau. Et ensuite parce qu’elle lui donne un petit surnom. Le premier surnom qu’on lui donna de toute sa vie, et pour le coup, il devenait vraiment un de ces couples amoureux qu’on pouvait voir dans les films. Il ne put s’empêcher de rire nerveusement partant dans un léger fou rire, avant de toussoter et de se reprendre : « Chaton ? C’est … c’est mignon ». Il sourit de plus belle en regardant Amanda les yeux légèrement humide comme il venait de rire, avant de la serrer un peu plus contre lui. Il regardait devant lui, et avançait, tout de même assez fier sans l’avouer de marcher au côté d’une aussi jolie fille. Il lançait des regards provocateurs aux garçons qui osaient poser les yeux sur sa copine, et il trouva ça marrant en réalité, c’était vraiment comme dans un film : « Je vais finir par devenir jaloux, en vingt mètres trois garçons qui te mate …. », il tourne le visage vers Amanda avant d’ajouter en un sourire amusé : « Il faudrait leur faire comprendre que je ne partage pas ». Il se baissa légèrement pour déposer sur les lèvres de la jeune fille un doux baiser, se rendant compte une fraction de secondes plus tard qu’il venait de lui avouer, sans le vouloir, son désir de ne l’avoir que pour lui. C’est vrai, après tout, ils n’avaient jamais parlé ni de fidélité, ni d’exclusivité, deux concepts complètements étrangers à Noah qui n’avait jamais vraiment eu l’occasion de les pratiquer.

Arrivés au snack, Noah laissa Amanda passer devant lui et lui ouvrir le pas et la porte. Il était assez étourdi, il n’avait vu ce genre d’établissement que dans les films. C’était … normal. Pas de doré, pas de marbre, pas de couverts en argent, des gens qui parlaient fort, certains mangeaient même avec les doigts. Non définitivement, il avait changé de dimension. Un peu gauche, il suivit Amanda et s’assit sur la banquette en face d’elle, avant de tourner la tête et de faire un regard à 360° sur l’ensemble de la pièce. Il reposa ses yeux sur Amanda et fit comme elle, attrapa la carte et la feuilleta. Il ne savait même pas qu’il était possible de manger pour aussi peu en centre-ville. Il leva les yeux vers Amanda avant d’ajouter : « Tu vas rire mais … c’est la première fois que je viens dans un endroit comme ça ». Il se mit à rire de lui-même se rendant compte qu’il évoluait vraiment dans une autre dimension : « Je te laisse choisir pour moi, mais j’ai gros faim, alors je veux bien un supplément de frite en plus de la ration normale ». Il entendit un petit gargouillis et ne pu s’empêcher de rire tant il trouvait la réaction d’Amanda mignonne, adorable et complètement à croquer : « Tu veux qu’on rajoute une quatrième portion de frites ? », dit-il sur le ton de la plaisanterie avant de reprendre la carte. Il la regarda un peu plus sérieusement quelques secondes avant de redemander : « Les tenders, c’est bien du poulet, non ? …. ». A vrai dire il était complètement gêné. Il ressentait là probablement ce qu’avait ressentit Amanda en venant dans sa suite d’hôtel pour la première fois. Discrètement, il passa son bras sous la table, et comme la distance le permettait, il caressa le genou d’Amanda et finit par poser ses deux mains sur les genoux de la jeune fille. Il la dévisagea un instant avant d’ajouter d’un sourire mielleux et taquin : « On va faire une sieste ensemble après manger ? ».

Noah ne se sentait pas du tout comme un poisson dans l’eau. Il était comme un enfant curieux qui observait tout autour de lui et qui découvrait un autre monde. C’était étrange de se dire que sur la même planète, les gens pouvaient vivre dans des mondes complètement différents, et à vrai dire, même s’il ne l’avouait pas tout de suite, il fut prit d’un élan d’intérêt commençant à se dire qu’il était dommage de ne pas tout connaitre, de ne pas tout visiter. En plus d’être la petite amie idéale, Amanda allait elle aussi lui faire découvrir plein de nouveautés, peut-être même plus intéressantes que ce qu’il avait à lui apporter. Et c’était indéniable le fait qu’elle fût entrain de le changer petit à petit. Il se dit à lui-même, après avoir balayé la pièce du regard, qu’il avait bien fait de ne pas s’habiller en costume, pour une fois. Il posa les yeux sur sa tendre et douce avec un petit sourire enfantin, elle avait l’air amusé, et compris tout de suite en la regardant qu’ils étaient entrain de se dire la même chose. C’était impressionnant la manière qu’ils avaient ces deux là de se comprendre à travers de simple regard. C’était bien le signe d’une complicité très intimes. Elle lui affirma qu’elle avait bien compris que c’était sa première fois et dit en plaisantant que rien ne pouvait lui arriver. Ce à quoi Noah répondit sur le même ton enjoué : « Tu me protège de toute façon. Avec tes petits bras, je me sens complètement en sécurité ». Il rit quelque peu avant de jeter un nouveau coup d’œil à la carte et de laisser Amanda choisir pour lui. Lorsque son ventre eut un petit gargouillis et qu’elle répondit « Non, ça ira » pour l’autre ration de frites, Noah rit quelque peu avant d’ajouter : « Si mon ventre gargouillait à chaque fois que j’avais faim de toi, on n’aurait pas finit de rire ». Il lui fit un furtif clin d’œil suggestif en plaisantant avant d’écouter sa proposition. Un double cheese, c’était parfait : « Va pour le double cheese, et si c’est ce que tu préfère, rajoute une boite de tenders, je pourrais gouter comme ça, je ne connais pas du tout. Et un soda au cola ».

Après avoir choisit leurs menus respectifs, les deux jeunes gens se regardaient dans les yeux. C’était vraiment agréable comme sensation, et incroyable les connexions qui s’établissaient instantanément entre eux. Ils étaient comme dans une bulle, comme si rien autour n’existait. Deux âmes parfaitement complice et amoureuse qui n’avaient besoin de rien d’autre que l’une de l’autre. Il dit instinctivement, sans vraiment réfléchir avant de parler, complètement naturel et spontanée : « Si j’ai une fille un jour, je veux qu’elle ait tes yeux et ton sourire. Et je l’appellerai Lily Rose. Elle fera tourner la tête de tous les garçons ». S’étant entendu lui-même parler, il eut un effet de gêne direct, comme s’il venait de dire une bêtise, se rendant compte de ce qu’il venait de balancer. Il se contenta de sourire, faisant comme si de rien n’était, avant de passer ses mains sous la table et de les poser sur les genoux de la jeune fille. Elle les lui attrapait et les caressait, et Noah adorait le contact de leurs deux peaux. Il y avait toujours un petit frisson, un petit frémissement, et une chaleur qui venait instantanément l’envahir : « On a pris assez de tenders pour que tu puisses avoir des forces … ». Il la regarda avec insistance avant de prendre une petite moue boudeuse et de tourner les yeux sur le côté, en bas à droite, en ajoutant d’une mine faussement résignée : « Mais bon, si tu ne veux pas te joindre à moi, je serais seul … dans mon grand lit … en manque de toi … et … », il releva les yeux vers la jeune fille en disant à voix basse : « … tout nu ». Il rit légèrement avant de retirer ses mains et de se redresser. Une envie pressante, sans doute les effets encore sensible de la veille : « Tu sais où se trouvent les toilettes ? »

« Mais de quel monde viens-tu ». Noah ne put s’empêcher de rire avec Amanda, de toute façon, dès qu’il était avec elle, il était enjoué, bien et heureux, comme un petit garçon émerveillé. Et intimement il se dit qu’effectivement ils n’étaient pas du même monde, mais ça il l’avait déjà compris. Au départ, il avait très peur : soit qu’elle déteste ses origines, soit que lui n’arrive pas à s’adapter aux siennes. Mais finalement, plus le temps passait, plus cette crainte s’atténuait dans l’esprit de Noah. Après tout il était avec Amanda, et non pas contre elle. Dès lors, ils ne pouvaient que s’entraider l’un l’autre à découvrir des choses encore inconnues, c’était le propre d’une relation bien fondée et bien construite. Il fit les gros yeux en plaisantant : « Noooon, du foie gras et du caviar ? C’est très stéréotypé ». Il rit quelque peu avant d’ajouter : « Mais je n’ai jamais eu l’occasion de manger ce genre de chose, d’habitude c’est soit le restaurant soit le traiteur. En fait, je n’ai jamais vu ma mère cuisiner, ni ne sait ce que c’est que de manger avec les doigts ». Il dit ceci en regardant deux jeunes hommes une table à côté croquer goulument dans leurs hamburgers : « Mais je ne suis pas contre l’idée que tu me nourrisses, je ne suis même pas sûre de pouvoir faire des pates ». Il reposa les yeux sur sa petite-amie en les imaginant un instant cuisiner ensemble comme un vrai petit couple.

Quelle ne fut sa surprise lorsqu’Amanda continua de parler de leur potentielle petite fille. C’était étrange de parler du futur. Ça lui été sorti tout seul, instinctivement, ce pourquoi tout gêné il avait fait comme si de rien n’était. Mais comme il l’écoutait répondre, il se mit à sourire de nouveau, les yeux presque pétillants tant cette pensée était attendrissante. Amanda était exactement le genre de fille, si ce n’est la fille avec laquelle il pourrait finir sa vie. Ces élans romantiques lui étaient étrangers, mais Noah avait toujours rêvé d’avoir des enfants. Et il savait qu’une fille était spéciale dès qu’il arrivait à l’imaginer être la mère de ses enfants (ce qui pour lui est le plus beau compliment qui soit). Il n’y avait jamais pensé avant aujourd’hui, et Amanda fut la première fille de sa vie à qui il dit une chose pareille. Il prit un air faussement sérieux et répondit en plaisantant, à moitié : « On se dispute déjà pour l’éducation de notre progéniture ? ». Il sourit avant d’ajouter : « Bien sûre que ce sera toi sa mère. Et je tiens à garder Lily, j’adore les prénoms composés. Ne me force pas à l’appeler Noah Junior ». Il rit quelque peu avant de reprendre : « Et bien sûre que tous les garçons voudront lui courir après, ce sera la plus belle fille du monde. Mais j’écrabouillerai tous ceux qui essayeront, ne serait-ce que de lui toucher un cheveux ». Il ne pouvait s’empêcher de rire, en fait il était encore mieux, c’était marrant et vraiment agréable de fantasmer un futur ensemble. Cette idée l’emplissait de joie.

Elle finit par accepter la sieste et Noah eut un sourire satisfait. Il se leva légèrement de son siège, pour se pencher et l’embrasser mielleusement : « Promis je serais sage », lui dit-il avant d’hausser un sourcil cocasse.

Amanda lui indiqua les toilettes et Noah entreprit de s’y diriger : « Je reviens tout de suite ». Il se rendit à l’endroit indiqué. C’était assez terne comme endroit, assez bizarre, loin de ressembler aux toilettes de son hôtel. Il fit son affaire, se lava les mains, et sortit de la pièce laissant une autre personne entrer après lui. Il avança dans la salle sans vraiment faire attention autour de lui avant de lever les yeux vers sa table. Là, il se stoppa net en voyant un groupe de garçon parler à Amanda. Au début, il se dit que ce devait être des connaissances, mais voyant leur dégaine, et surtout l’air terrifié d’Amanda, il comprit que quelque chose ne tournait pas rond. Sans prendre le temps ni de se calmer, ni de respirer un bon coup, il se dirigea presque en courant à sa table et vint attraper le garçon qui parlait à Amanda par la veste : « T’as besoin d’aide ? ». A ce moment là, Noah ne contrôle plus sa colère. Il ne réfléchissait même pas au fait que ça pouvait effrayer Amanda, deux fois en l’espace de 24h qu’elle assiste à l’exaltation de sa partie la plus sombre. D’ailleurs il ne la regardait même pas. Son visage froid et fermé, ses épaules droites, son regard noir. Le garçon qu’il venait d’attraper sortit de son emprise et le repoussa d’un mouvement de bras tandis que le reste de sa bande venait le rejoindre et se mettre autour du jeune homme : « Tu disais ? », lui dit-il d’un air sarcastique prenant la confiance maintenant que ses camarade l’avait rejoint. Noah ne les regardait pas, fixant droit dans les yeux le garçon qui avait osé parler à Amanda. Il y avait tellement de monde dans le snack que très peu de gens s’étaient rendu compte de cette scène. Noah finit par laisser tomber, se tourna voulant les ignorer et reprendre sa place quand le garçon, pour se moquer de lui, lui lança dans le dos : « Elle doit prendre super cher pour se payer des chiens de garde ». Ni une ni deux, Noah fit volte face et fonça droit sur le jeune homme : de sa main gauche il attrape son col, de l’autre il lui met une grosse droite pile entre le nez et la joue en criant d’une voix qui aurait pu surprendre toute la salle : « C’est ma copine enfoiré ! ». Le garçon tomba par terre en arrière et Noah se jeta sur lui, à califourchon, laissant s’exprimer toute sa colère à travers ses poings : une droite, une gauche, une droite, une gauche, jusqu’à laisser son visage en sang. Dans le même temps, la bande du garçon se jette sur Noah et se met à lui coller des droites à leur tour, l’une d’entre elle lui explosant littéralement la lèvre. Des clients qui assistaient à la scène s’empressent de venir les séparer. Noah se sentit tiré violemment en arrière les bras coincés derrière le dos. Il respirait fort, le regard noir figé sur les autres jeunes gens que le patron était visiblement entrain de mettre dehors. La personne qui le tenait lui demanda si elle pouvait le lâcher. Noah, d’un coup d’épaule, se dégagea de son emprise en disant : « C’est bon, ça va, je suis calme, je suis calme ». Il jeta un dernier coup d’œil à la bande d’abrutis qui disparaissait dans la rue avant de revenir à sa table. Il attrapa une serviette et se mit à s’essuyer la lèvre qui pissait franchement le sang, sans regarder Amanda pour le moment, il avait beaucoup trop de colère en lui.