a little less conversation // Jude & Sheldon

« Je suis certains aussi que ça va bien se passer…il n’y a pas de raison après tout ! » « C’est bien la première fois que je me pose autant de questions sur une fille … » Je ne pus m’empêcher de rire, un peu tout seul. Roxanna était en effet la seule pour qui j’hésitais avant d’appuyer sur la touche « envoyer messages » de mon téléphone. Il m’arrivait même de demander à Caleb comment il se comportait avec sa propre sœur, et de prendre en quelque sorte exemple sur lui. Etre frère était un rôle dans lequel je ne me sentais pas encore tout à fait à l’aise, mais de ce que j’en avais vu, il me plaisait plutôt pas mal. Je me laissais glisser sur mon lit, passant de la position assis contre le mur, à celle d’allongé/affalé sur le même support, un bras derrière la tête, l’autre me servant à rapprocher mon soda de ma bouche et d’en prendre une gorgée. C’était une chaude journée, les chambres n’étaient pas climatisées, et je commençais vraiment à avoir chaud. A avoir envie de me baigner dans le lac. Je pourrais peut-être proposer à Roméo, Molly ou Apollinariya de m’y rejoindre plus tard dans l’après-midi quand le soleil aura baissé d’intensité. Lorsque j’évoquais le fait que Rox semblait pour moi faire sortir le bon côté des personnes présentes dans sa vie, Jude me raconta sa propre histoire, une partie de leur rencontre, le fait qu’elle n’en avait eu que faire de sa réputation et l’avait acceptée comme il l’était. « Malgré la réputation que je trainais, elle a quand même accepté de me rencontrer et… j’ai tout de suite vu dans sa façon de me regarder que ça n’était pas Jude le drogué suicidaire qu’elle avait en face d’elle mais juste….Jude. Et quand on a une réputation comme la mienne, crois-moi, ça fait du bien de voir qu’il y a encore des personnes qui sont capables d’essayer de nous connaître sans nous juger…» J’acquiesçais, un peu pensif. C’est fou comme ce petit bout de femme pouvait cacher des surprises. « C’est une vraie perle j’ai l’impression. » Je me rendais de plus en plus compte à quel point j’avais eu de la chance de la retrouver, et de l’avoir comme sœur. «C’est vrai qu’elle est un peu comme….une petite poupée fragile qu’on a envie de protéger mais…elle a vraiment un sacré caractère et elle peut très bien se défendre toute seule…enfin, à des attaques morales, parce que c’est pas du haut de ses un mètre soixante qu’elle va faire peur à un gars !» C’était vrai que physiquement, elle n’imposait pas vraiment. Petite, blonde, d’allure douce. Elle donnait vraiment envie de s’occuper d’elle, de l’étouffer. Je souris. « Mais j’suis sûr que tu arriveras à trouver un équilibre pour être là sans trop l’étouffer… » « J’espère être au point à la fin du Summer Camp, c’est l’occasion idéale pour qu’on fasse connaissance ici après tout, loin d’Harvard. » Je soupirais légèrement, même si j’étais persuadé qu’on arrivait à prendre nos repères d’ici la fin de l’été. Il y avait juste des fois où je me disais vraiment que toute cette histoire, toute notre histoire, sortait vraiment du commun, et un rien aurait pu complètement la faire changer.
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« Ouais voilà…c’est exactement ça, cette fille est une perle. » Une perle qui me donnait le sourire aux lèvres quand je la croisais. Qui me donnait un rôle différent de celui d’homme à femmes qui me collait à la peau ces derniers temps. Qui avec son couple heureux me donnait limite envie, et qui semblait parfois bien plus mature sur certains points que moi. « Ouais...c’est toujours mieux loin de la fac, même si on est jamais à l’abri des ragots. » J’avais justement l’impression que pas mal de ragots circulant en ce moment concernaient Roxanna, ou Jude, ou leur couple. Et je ne comprenais pas un tel acharnement. Surement parce que je me sentais proche de ma sœur et que ces réflexions désobligeantes à son sujet me blessaient aussi en quelque sorte. Et surtout, me faisaient voir rouge. Si un jour, j’avais en face de moi une personne à l’origine de ces rumeurs, je lui ferai passer un mauvais quart d’heure. J’avais une sainte horreur qu’on s’attaque à mes proches. «En espérant que ces mauvais plaisantins vous fichent un petit plus la paix ici. » Je leur souhaitais vraiment de passer des vacances tranquilles, pas stressantes. Et si je pouvais contribuer à leur tranquillité, je le ferai sans hésiter. Je me connaissais trop bien et savais que je détestais avoir les bras croisés. «Tu vas être tonton, tu as dû avoir vent de cette nouvelle non ? » Ce fut au tour de Jude d’éclater de rire, il prenait les choses à la rigolade, et c’était je pense, la meilleure des choses à faire. Je passais une main dans mes cheveux. J’avais effectivement entendu parler de ça, de simples maux de ventre et nausées qui se transformaient en une Roxie enceinte essayant de se cacher. Je me rappelais comme j’avais tapé du point sur la table en lisant cette « news » sur le blog de cette vipère. Et comment j’avais répliqué, de la seule façon possible sur le moment, par un commentaire. En agissant ainsi, je jouais un peu le jeu de la personne ayant lancé la rumeur, répondre signifiait avoir lu le blog, et s’y intéresser d’une certaine façon. « Je croirai ce genre de nouvelle quand Rox me le dira en vrai. Les gens ne savent plus quoi inventer … » Je soupirais, et vidait le reste de ma canette de soda, me redressant en position assise. Jude s’était aussi levé pour jeter la sienne. .

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«Ouais…mais bon, aujourd’hui avec internet et tout ça, les rumeurs vont vite… » Il n’avait pas tord. Le net avait des avantages et des inconvénients, et propageait surtout les rumeurs plus vite que la lumière, sans avoir le temps de les contrôler. Et je savais que même si j’avais envie d’éviter à Roxanna d’en être la cible, c’était pratiquement mission impossible. La meilleure chose à faire était de la défendre. «Et sinon...tu comptes faire quoi après tes études…de maths c’est ça ? » Il avait touché un point sensible, mais qui devait l’être pour une bonne partie des étudiants. Savoir quoi faire du diplôme pour lequel on avait étudié des années. J’avais choisi mes matières par affinité, et parfois, je me demandais ce que j’allais en faire. Même si ces derniers temps, il y avait deux grandes tendance qui se détachaient. « Maths et informatique oui. J’ai encore un an pour me décider. Peut-être informaticien ou professeurs de maths, je n’en sais encore rien. » En jetant un coup d’œil à Jude, je le vis grimacer. « En tout cas t’as du mérite, je déteste les maths, heureusement qu’on a des cours de cette horreur seulement en première année de médecine, sinon j’m’en serais jamais sorti ! » Je ne pus m’empêcher de sourire, vu que moi-même j’avais les mathématiques en horreur plus jeune, en partie parce que je n’y comprenais pas grand’chose. J’avais eu une sorte d’illumination grâce à un bon professeur qui savait prendre du bien pour expliquer les choses. Et une fois qu’on comprend un matière, qu’elle nous forcément, forcément on commence à l’apprécier. « Si on se serait connus plus tôt, je fais du tutorat en mathématiques pratiquement depuis que je suis à Harvard … » J’omis bien sur de préciser que je me servais de ce statut pour tenter de draguer les filles étudiantes en maths ou en informatique, il n’avait pas besoin de savoir cet aspect. Ni Roxanna d’ailleurs.

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« C’est vrai que ça m’aurait aidé ... mais j’ai fait en sorte de me rattraper à l’épreuve d’anatomie, donc ça a été ! » Les sciences n’étaient pas mon fort non plus au lycée. Ni la littérature. En réalité, peu de matières me convenaient, uniquement le sport, les langues étrangères, et plus tard, les maths et la physique. Je n’avais pas été un bon élève au début des études, j’avais trop besoin de bouger pour rester assis tranquillement en classe et écouter les professeurs parler pendant des heures. Les choses avaient bien changé en réalité. A présent assis sur mon lit, je vis Jude se lever, et ouvrir à nouveau le frigidaire, en sortant une canette pour lui. « Tu en veux une ? » « Je veux bien oui. » Je me débarrassais de la canette vide que j’avais toujours dans les mains en la lançant dans la poubelle. Elle cogna sur le bord avant de tomber dedans. Jude s’approcha et me tendit la mienne avant de reprendre place sur son lit. J’ouvris la mienne et en but une longue gorgée. Je pourrai boire tout au long de la journée avec cette chaleur. « Je ne pensais pas que ce genre d’études étaient aussi longues. » Je haussais les épaules. « J’aurai pu m’arrêter au bout de 4 …mais je me sentais bien ici. » C’étais la réalité, j’aimais le fait d’être un étudiant. C’était en quelque sorte u refus de grandir, de venir un adulte. J’étais un grand gamin parfois. Et ça se voyait dans mon incapacité à choisir, et à me poser avec la même personne. Je me convainquais que c’était parce que je cherchais la bonne personne, mais je n’étais tout simplement peut-être pas prêt à la rencontrer. Je secouais la tête, perdu dans mes pensées, pour écouter à nouveau Jude parler de ses études à lui. « Dans un sens, je me sens un peu moins maso, parce que je ne suis pas prêt d’avoir fini mes études moi non plus. Je dois finir médecine et après je vais me spécialiser dans l’oncologie alors c’est quelque chose comme BAC+11, les gens me prennent toujours les étudiants en médecine pour des fous mais sans médecins, ont seraient dans la merde .. » « Je trouve que ceux qui étudient la médecine sont courageux en réalité, justement à cause de ses études si longues. Ouais, franchement, je t’admire. » Et j’étais sincère.

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Quand j’évoquais le fait que j’admirais Jude pour s’être lancé dans des études longues et compliquées, je le vis hausser les épaules. « Tu sais tu vas certainement faire autant d’études que moi au final…tu n’as vraiment pas à m’admirer…» J’aurai pu m’arrêter au bout de 4 ans, une fois mon baccalauréat en poche. Mais j’ai poussé pour obtenir ma maîtrise, que j’aurai en juin sans trop de soucis, sauf exception. Un doctorat ne me servirait à rien, je ne voulais pas me lancer dans la recherche, les débouchés étaient trop peu nombreux. En réalité, je me voyais de plus en plus dans la peau d’un professeur. Peut-être même ici à Harvard … « Ma septième année d’études sera la dernière. Dans un an j’aurai un job… » Dans un an, je passerai dans le monde des adultes, et il allait peut-être falloir que je change certaines choses dans ma façon de faire. Peut-être même que j’arrête de jouer, de changer de petite amie tous les mois et que je me pose. Dans un an. J’avais encore le temps. Je tournais la nouveau la tête vers Jude, qui continuait à évoquer son parcours. « Et puis… quand tu passes une partie de ta vie à l’hôpital en tant que patient, tu finis par vouloir être de l’autre côté et de vouloir sauver des vies. » Oui, j’avais vite fait entendu parler de ses soucis de santé, mais je ne comptais pas les évoquer devant lui, parce que suffisamment de personnes devaient lui en parler. C’est pour cela que le fait qu’il me parler de des fréquents séjours à l’hôpital, m’étonna, tout en me faisant comprendre qu’il devait commencer à me faire confiance dans un sens. La première impression qu’il avait eue de moi était très loin dernière nous à présent. « Certaines personnes auraient envie de travailler le plus loin possible de l’hôpital et … certains comme moi veulent contribuer au progrès de la médecine. » Je hochais la tête montrant que j’étais d’accord avec ce qu’il venait de dire, tout en réfléchissant à ma propre histoire. Je n’étais passé par la urgence qu’une fois, suite à une bagarre alors que j’avais treize ou quatorze ans, et j’avais tout détesté dans l’hôpital : l’attente interminable, le fait de n’être qu’un numéro, les médecins qui vous voient entre deux portes, qui vous réprimandent pour vos bêtises alors que ce n’est pas leur rôle. J’avais finalement forcé mes parents à partir à peine mon plâtre fait, alors qu’il n’était même pas tout à fait sec. « Je fais partie des gens qui n’aiment pas vraiment l’hôpital, même si ce n’est que pour rendre visite. A cause de l’organisation pas vraiment organisée. » Je souris. « Mais comme dit, je trouve les gens qui y travaillent extraordinaires. » Car oui, même si la plupart avaient l’air blasés, certains sortaient du lit de façon extraordinaire, comme ce vieux médecin qui s’était occupé de ma grand-mère adoptive quand elle avait eu ses premiers soucis avec son diabète.
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