Feldony ∞ When two people really care about each other, they always find a way to make it work.

J'avais regardé rapidement le chemin le plus court pour aller au Drink, sait on jamais que j'prenne plus long sans le savoir. J'me dirigeais sans réfléchir à vraiment ce que j'faisais vers ce bar à cocktail que j'appréciais. Mais ce soir, c'tait pas pour mon plaisir personnel.. mais bien pour Feldt. Ouai, c'était grave chelou de penser ça, mais pourtant c'était le cas. Elle avait besoin de moi et j'allais pas la laisser tomber malgré tout ce qui s'était passé depuis Mars, malgré les mots qui ont pu être dits, malgré tout ce qui s'était passé. Qui j'serai si je la laissais tomber à ce moment là ? Je serai une moins que rien, c'est tout ; je serai juste pitoyable. J'arrivais au Drink finalement, me dirigeant directement vers les toilettes. J'pouvais imaginer tout ce qu'elle ressentait à cet instant, j'pouvais avoir les mêmes pensées qu'elle. L'année dernière, en décembre, j'avais fait une crise de panique quand j'avais couché avec Wade, à cause de mon viol. Et pourtant, ça faisait sept ans que ça s'était passé.. alors pour Feldt qui n'avait même pas passé le stade des un ans, j'osais pas imaginer. Vraiment. Je tuais du regard tous les gars que j'voyais ahaha. Même si ils étaient tous sûrement innocents tsais mais rien que sur le principe. J'arrivais à la porte et je tapais doucement dessus. Feldt c'est Bri.. laisses moi entrer.

J’ai toujours cru dans ma vie, je pourrais tout régler toute seule, que je serais assez forte pour surmonter les problèmes de la vie. J’avais réussi a toujours remonter la pente d’un moyen ou d’un autre, bien que cela avait été difficile parfois. Aujourd’hui, je me sentais faible, minable, pitoyable, inutile, nul, la liste ne faisait que s’agrandir. J’avais cru être capable d’oublier ce qu’il s’était passé en Décembre. J’avais vraiment cru qu’a présent, je pourrais sortir avec mes amies, m’amuser dans un bar sympa, faire un peu la fête. Puis, l’angoisse a montré son visage, et j’étais tétanisée, impossible de bouger. Mon monde s’écroulait a nouveau petit à petit, alors que je croyais que je pourrais. Plus j’attendais que Briony arrive, plus je me sentais encore plus nul. Je demandais de l’aide à la personne qui m’avait blessé le plus, qui m’avait foutu un couteau dans le dos, quand j’avais eu besoin d’elle dans le passé. Quelqu’un toquait finalement à la porte de la cabine, et je tendais doucement mon bras pour l’ouvrir, laissant la porte s’ouvrir toute seule. Je savais même pas quoi lui dire. « Merci… »

J'savais pas ce que j'foutais là, est-ce que j'avais vraiment ma place ? Mon esprit m'disait de dégager mais mon coeur m'disait de rester. Feldt m'avait ptete blessée et abandonnée quand j'avais eu besoin de son soutien, elle restait humaine et tout l'monde a l'droit de faire des erreurs j'suppose. J'en sais rien. Mais mon coeur, je l'écoutais la plupart du temps, quitte à faire de mauvais choix. Alors j'allais rester. Plusieurs personnes attendaient devant la porte des toilettes et certaines me lancèrent un regard noir quand je les dépassais pour rejoindre la mather. Cette dernière ne tarda pas trop pour m'ouvrir. « Merci… » J'fis une petite moue, me mettant accroupie devant elle. Elle avait l'air tellement mal, au bout du rouleau presque, ça faisait mal au coeur. J'savais pas quoi lui dire. Tu veux en parler ? J'sais pas si c'tait bien comme phrase d'accroche, j'sais pas si j'devais la rassurer, la prendre dans mes bras... j'en sais rien.

Je devais faire chier tout le monde dans ce bar, parce que je monopolisais les toilettes depuis je sais pas combien de temps. Trop longtemps. Y avait une autre cabine de libres, j’en étais sure. Je voulais pas bouger d’ici, je pouvais pas montrer mes visages, mes yeux rouges, et mon mascara qui coulait. Je ressemblais juste à rien, et j’imaginais qu’on devait s’énerver derrière la porte. Je m’en foutais, j’allais pas sortir dehors, j’allais pas entrer dans ce bassin à requin. J’avais remonté mes jambes contre moi, laissant mes talons trainer par terre. Je regardais Briony d’un air perdu. « Tu peux me faire un câlin? » J’avais juste besoin de ma meilleure amie là.

J'ignorais comment me comporter avec Feldt, j'ignorais si j'devais me montrer.. moi vraiment ou si j'devais simuler que tout allait bien entre nous et etre la Briony d'il y a très longtemps ? Je sais pas trop pour être honnête.. je suppose que j'allais faire au feeling et surtout en fonction des besoins de mon ancienne meilleure amie. On était ptete pu autant en contact qu'avant.. mais elle restait très importante à mes yeux. Ca s'efface pas comme ça les amitiés. « Tu peux me faire un câlin? » J'acquiesçais en souriant un peu pour la réconforter avant de la serrer très fort contre moi. J'frottais doucement son dos. J'suis là et j'te protégerais. J'savais qu'il y avait une victimisation secondaire après le viol, que les victimes n'en parlaient pas, qu'elles étaient vu comme coupables, qu'on les aidait pas.. beh j'voulais être là pour Feldt. Personne t'fera du mal. Au moins pas ce soir.

Je m’en voulais vraiment d’avoir appelé Briony. On ne se parlait plus, cela avait été clair qu’elle et moi n’avions plus rien en commun. Pourtant, elle avait été la seule personne vers qui j’avais pu me tourner. Elle faisait partie des peu qui étaient au courant de mes antécédents. En vérité, elle était la seule fille. J’aimerai garder les choses comme cela. Je voulais pas aller publique quant aux agressions qui étaient survenus sur le campus. Briony vient me prendre dans ses bras finalement. Cela me faisait du bien, plus que je ne croyais. J'avais réussi à me prendre à peu près en main à nouveau, alors que nous étions restées comme cela pendant plusieurs minutes dans le silence. « Je suis désolée. J’aurais pas dû t’appeler. Je savais pas vers qui me tourner. » Je me doutais qu’après ce soir, on allait redevenir les deux anciennes meilleures amies qui ne se parlent plus du tout, que l’ignorance et l’indifférence allaient à nous régner sur moi. Pour ce soir, au moins, j’voudrais juste qu’on soit nous deux.

Prendre dans mes bras Feldt, ça m'donnait presque l'impression que tout pouvait s'effacer et qu'on pouvait reprendre à zéro. Mais ce n'était naturellement qu'une illusion, c'tait loin d'être la vérité mais j'aime bien me dire le contraire en fait. Pour ce soir, elle était ma meilleure amie et la réciproque était vraie. Elle avait besoin de moi plus que n'importe quand, c'tait normal que j'sois là. « Je suis désolée. J’aurais pas dû t’appeler. Je savais pas vers qui me tourner. » J'lui fis un petit sourire pour la rassurer, pour la conforter dans son choix. Si elle commençait à s'excuser maintenant, on n'allait pas en finir. Si je suis venue, c'est que ça m'dérange pas okay ? Jt'aurai envoyé chier sinon, tu le sais bien, tu connais mieux que quiconque cette partie de mon caractère. Bon.. essaies de mettre des mots sur ce qui s'est passé toute à l'heure.. Ca pouvait aider d'extérioriser de cette manière non ? J'lui tenais toujours la main, j'la lâcherai pas.

C’était tellement étrange d’être à nouveau dans les bras de Briony. Nous n’avions pas eu ce genre de moments depuis maintenant quasiment six mois au moins. Pour être honnête, je crois que la dernière fois avait été quand j’avais appris avoir été enceinte de mon violeur, en février. Ça m’avait tellement détruit, et à nouveau, je me retrouvais dans cette position où je me sentais inférieur à tout le monde. Je me sentais si pathétique, faible, inférieur au reste du monde. Je me demandais si je pourrais remonter la pente, si un jour j’arriverais à passer outre, et que je pourrais à nouveau refaire confiance à quelqu’un. J’avais pas vraiment la foi, je me disais que c’était impossible, et que j’allais finir seule pour le restant de mes jours. J’avais mes deux petits anges. Ça me suffirait, je pense. Dans les bras de ma meilleure amie, je retrouvais un certain calme, réussissant à me remettre doucement de mes émotions. Briony me demandait d’en parler. Je n’étais pas sûre que je pourrais, mettre des mots sur ce qu’il s’était passé. « On était entrain de s’amuser avec des filles de ma classe…puis y a un mec qui est venu…il a commencé à me parler…mais j’ai juste paniqué…j’suis partie…et…le reste…je sais plus…j’ai juste fondu en larme…le pire, c’est qu’il devait être sympa, et il était mignon…mais je sais pas…j’y arrive pas… » J’avais réussi entre mes pleurs, mes sanglots, et ma respiration saccadée.

J'savais que c'tait dur d'en parler. Parler de ce qu'on ressent à propos d'un thème que la société refuse de voir en face est vraiment compliqué. Il y a un déni tellement énorme de la part des personnes. C'est tellement affreux, on a tellement une grande empathie, qu'on essaie toujours de dire que c'est "pas grave", que le temps fera son effet et c'genre de choses pour rabaisser la gravité des choses et pouvoir essayer enfin d'aider la personne. Sauf que ça l'enfonce plus qu'autre chose, on est d'accord. Et j'voulais pas faire cette erreur avec Feldt, j'voulais qu'elle s'exprime vraiment. « On était entrain de s’amuser avec des filles de ma classe…puis y a un mec qui est venu…il a commencé à me parler…mais j’ai juste paniqué…j’suis partie…et…le reste…je sais plus…j’ai juste fondu en larme…le pire, c’est qu’il devait être sympa, et il était mignon…mais je sais pas…j’y arrive pas… » J'acquiesçais doucement, j'comprenais tellement bien ce qu'elle ressentait, j'me revoyais des années en arrière.. j'avais fini par tourner lesbienne. Ma foi, la meilleure des choses à faire. Tu fais confiance à aucun garçon ? Et Alex ? Et Elios ? J'sais pas ce qu'elle ressent, j'sais pas à quel stade elle en est dans son deuil de sa vie d'avant. J'lui caressais le bras doucement, pour l'apaiser, pour la calmer et lui faire comprendre que j'tais là.

J’avais déjà été sceptique que de sortir avec mes amies, mais je savais que je ne pouvais pas indéfiniment sortir l’excuse du « je devais m’occuper de mes enfants » alors que j’avais une babysitteuse, et puis, je savais aussi que cela devenait suspicieux. Je sortais souvent avant, avant l’incident. Partir à Tokyo, cela avait été facile pour dire que je ne pouvais pas, et tout cela. Mais a présent, j’essayais d’être une nouvelle personne, et j’avais complètement raté a cette mission. Je ne pouvais même pas passer une simple soirée sans que cela ne finisse en crise d’angoisse. J’arrivais pas à faire confiance à un inconnu. A chaque fois, il y avait cette peur qui revenait, qui m’envahissait et me rendait vulnérable. Je secouais la tête. « Je sais pas comment. » Chuchotais-je.