(FF) lying game (Vic)

Je fis un signe au barman pour qu’il amène un gin tonic à la demoiselle. « Et mettez ça sur ma note… » Qui d’ailleurs devait commencer à être bien longue… Entre les verres que j’avais bu avant l’arrivée de la jolie blonde, la bouteille de champ dégueu mais qui devait être malgré tout hors budget pour moi, j’allais finir par y laisser un bras… Mais je ne laissais rien paraître de cette crainte, restant dans mon rôle de snobinard confiant. Je pus m’empêcher d’avoir un petit regain de confiance d’ailleurs, lorsqu’elle me répondit qu’elle était bien ici. Je devrais surement pas le prendre pour moi, mais c’est pourtant ce que je fis, me faisant la réflexion que cette nouvelle technique d’approche, en jouant à être un autre, ça avait l’air de plutôt bien fonctionner, ne me doutant pas un seul instant que la demoiselle n’était pas dupe de mon manège. Je sortis les violons pour lui raconter ensuite l’histoire de la fiancée qui virait de bord. Bon, aucun mal à paraître sincère pour cette partie ci. Brynn m’avait pas vraiment largué, puisqu’on n’était pas vraiment ensemble, mais la déception de la découvrir en train d’embrasser cette fille était belle et bien là, pas besoin de simuler. La révélation surprit la jeune femme qui manqua de s’étouffer avec son champagne avant de m’interroger pour en savoir plus. « Depuis juin… » répondis-je. « Je crois que j’avais placé beaucoup trop d’espoirs dans notre relation. » Et ça ce n’était pas faux. Elle me resservit du tord boyaux et je la remerciais d’un petit sourire crispé. J’allais finir par être malade, je n’étais pas habitué au champ moi. M’enfin je pouvais pas refuser, fallait faire bonne figure alors j’amenais la coupe à mes lèvres alors que le barman déposait devant elle le cocktail demandé. Je repris ensuite la parole : « Et toi Lavinia, t’as quelqu’un dans ta vie ? » Parce que monopoliser la parole et ne parler que de mes mésaventures sentimentales risquait de la lasser. Elle avait ses amis pas loin, elle pouvait s’éclipser à tout moment, il fallait que je la retienne…

Depuis juin ? Et ça le mettait dans des états pareils ? Wow, il m'avait l'air de prendre les choses bien trop à cœur celui-là. Je crois aussi. Je n'avais aucune idée de la durée de leur relation avant les fiançailles, mais si sa demoiselle était allé s'en taper une autre six mois seulement après avoir promis de l'épouser, c'est que quelque chose n'allait pas, clairement. Le point positif, c'est que tu t'en soit rendu compte avant de lui passer la bague au doigt. Épouser une lesbienne, ça aurait été ballot. Le barman revint à ce moment là, un verre à la main qu'il posa sur le comptoir. Je l'attrapais et le portais à mes lèvres, non sans un petit regard vers Preston histoire de le remercier. J'aurais presque envie de rire sachant qu'il allait probablement finir la bouteille de champagne maintenant, et que j'en étais épargné. Et toi Lavinia, t’as quelqu’un dans ta vie ? Ahah, bonne question. Non, pas pour le moment. Est-ce que j'allais lui répondre que j'étais sur le point d'officialiser mes fiançailles avec mon meilleur ami, qui m'avait demandé de l'épouser par arrangement ? Hum .. Probablement pas. Déjà parce que ça ne le regardait pas, mais aussi et surtout parce que Preston ne semblait pas insensible, et que j'avais l'impression qu'il serait bien plus docile s'il me pensait libre. D'ailleurs, je préférais changer de sujet, et revenir à ses histoires de cœur à lui. Tu sais par rapport à ton ex-fiancée, il faut que tu te remettes en selle, que tu flirtes avec d'autres personnes et avec le temps, ça passera. Faut pas que tu restes là, avec ton air tout triste et ta bouteille de champagne pour toi tout seul, c'est juste trop triste. Pathétique aurait été plus juste, mais j'avais pas envie de me le mettre à dos avant d'avoir découvert ce qu'il cachait. Allez, on va fêter tout ça dignement hein ! J'approchais mon verre du sien, et trinquais. A ta promotion, et aux nouvelles opportunités qui s'ouvrent à toi. Et hop, un p'tit clin d'oeil, et un nouveau motif pour le faire boire d'avantage.

Joué la carte du fiancé abandonné sembla m’attirer un peu la compassion de la blonde qui se saisit de son cocktail, me laissant toute la jouissance de la bouteille de champagne. Joie. Et puisqu’on parlait de mes histoires sentimentales, j’en profitais pour la questionner sur les siennes. La demoiselle me fit alors savoir qu’elle n’avait personne et en grand naïf, je ne m’imaginais pas un instant qu’elle puisse me mentir, alors que j’étais moi même en train de la baratiner en m’inventant une vie fictive. Bref, je me dis que si elle ne me cachait pas son célibat, c’était encore un bon signe pour moi : c’était qu’elle laissait le champ ouvert. Puis la suite de ses paroles, quand elle revient sur mon –ex fiancée- cela ne fit que nourrir un peu plus mes espoirs. Car elle me conseillait carrément de flirter avec d’autres personnes, de ne pas rester seul, avant de trinquer, visiblement motivée pour me remonter le moral. J’approuvai donc, gagné par son enthousiasme : « Tu as complètement raison. Ce soir, on fête ma promotion et mon célibat ! » J’amenai mon verre à mes lèvres, retenant ma respiration au moment d’ingurgiter le tord boyaux, histoire de ne pas trop souffrir du goût âpre et écoeurant du pétillant, et je finis ma coupe d’une traite. Ne grimace pas Priape, imagine que tu bois une bonne bière. Déjà cette coupe passa mieux. L’effet peut être de la première et des autres verres qui avaient précédé. « Une chance que je sois tombé sur toi en fait. » lançai-je avec un sourire à la demoiselle. «Ca te dit qu’on finisse nos boissons et qu’on bouge de là ? » Mon regard vrilla sur ma bouteille, me re-servant un verre, le niveau baissa un peu plus mais il restait encore l’équivalent de deux ou trois coupes à l’intérieur. Si je les buvais aussi vite que les premières, j’allais surement mal finir. Mais peut être qu’avec un taux d’alcoolémie plus élevé, cela me donnerait l’aplomb d’être encore plus entreprenant avec ma cible de la soirée.

Je trinquais et portais mon verre à mes lèvres, me moquant intérieurement de son petit élan d'enthousiasme. Une chance que je sois tombé sur toi en fait. Je te le fais pas dire. C'est réciproque, je m'ennuyais bien trop avec les personnes avec qui je suis venue. Non pas que je m'amuse plus avec toi, mais je m'amuse de toi. Ça te dit qu’on finisse nos boissons et qu’on bouge de là ? Wowowowoooo ! Il était sérieux, j'avais l'air d'être le genre de nana à suivre des inconnus ? Il me prenait pour une fille facile ou quoi ? C'était vexant. Je lui lançais un petit regard légèrement froid. L'envie de le recadrer bien méchamment se fit sentir, mais j'optais finalement pour une solution plus douce. Et puis amusante pour moi. Bien sûr. Plus vite la bouteille sera finie, plus vite on pourra partir. J'aime pas gâcher. Tu parles. Le pauvre, j'avais déjà hâte de le voir terminer la bouteille à tout allure, excité comme tout à l'idée de passer le reste de sa soirée avec moi. Ceci dit, c'était compréhensible. Ça devait pas lui arriver souvent ce genre de situation.

hj:

Grand naïf que j’étais, je buvais ses paroles, avec un regard qui commençait à briller sous l’effet grisant des bulles de champagnes mais aussi à cause de ses mots. Je me sentais flatté qu’elle approuve et qu’elle avoue passer un bon moment avec moi. Je me sentais pousser des ailes, proposant même que l’on ne s’attarde pas dans ce bar. Puisque la chance semblait me sourire, puisque la technique –Preston Zachman- faisait visiblement ses preuves, ou du moins c’était ce que je pensais bêtement, autant tenter ma chance. Et mon sourire s’élargit en l’écoutant me répondre positivement, m’encourageant à vite finir l’horrible bouteille… Pense à la nuit torride qui t’attend, me répétai-je mentalement en attrapant ma coupe et en la vidant de moitié. Fallait pas me le dire deux fois, j’allais me magner histoire qu’elle ne change pas d’avis. Je fis une petite pause quand même en milieu de verre, pour reprendre mon souffle en retenant une grimace à cause du goût amer, et je croisais le regard de la jeune femme, qui sirotait son cocktail avec un petit air malicieux qui ne m’alarma pas un instant sur ses vraies intentions. Non, ça y est, j’y croyais, ma chance avait enfin tourné et ma nouvelle approche en mode mythomane semblait très efficace. Je finis mon verre et me servis une ultime coupe, terminant la bouteille. J’approchai ensuite ma bouche de l’oreille de la demoiselle pour lui souffler avec un petit ton dé défi : « Cap de sortir du bar sans régler la note ? » Voyons voir si la jeune femme était joueuse… Et puis c’était le genre de petite montée d’adrénaline que les femmes de son milieu ne connaissaient pas. Je reposai finalement mon verre vide sur le comptoir. J’avais enchainé les culs secs mais Lavinia en valait bien la peine non ?

Non mais sérieusement, ça devenait de plus en plus difficile de rester calme et impassible. Ce mec me tuait. De la petite lueur de joie dans son regard à son impatience à boire le champagne dégueulasse, tout chez lui me donnait envie d’éclater de rire. Paf, une dernière gorgée, et la bouteille était terminée. Cap de sortir du bar sans régler la note ? Ça puait l'embrouille son truc ; monsieur serait-il pauvre, en plus d'être un menteur ? J'arquais un sourcil, le regardant avec des yeux ronds. J'aurais bien eu envie de dire oui pour lui faire un sale coup ensuite, mais j'étais pas du genre à me mettre dans des situations illégales. Pour qui que ce soit, jamais, et même pour rire un bon coup. On aime l'adrénaline à ce que je vois. Je fis un pas vers lui, un petit sourire au coin des lèvres. Je te rassure, on en aura bien assez quand on partira d'ici. glissais-je avec un regard malicieux. Pour le moment par contre, mieux vaut faire les choses bien. Plus vite réglée, plus vite partis. Lui faire croire qu'on allait passer une soirée de folie pour le foutre dans la merde financièrement ? Check. Il n'avait qu'à pas mentir.

La demoiselle me jaugea du regard après ma proposition. Soyons joueurs ce soir et si ça pouvait m’éviter de payer une note astronomique pour un truc dégueu qui m’avait retourné le bide, moi j’aimais autant. Mais la jeune femme reprit la parole, soulignant d’abord mon goût pour l’adrénaline, ce que je confirmai d’un hochement de tête. Mon sourire s’agrandit en la voyant réduire un peu plus la distance entre nous alors qu’elle me promettait une dose d’adré encore plus forte une fois qu’on aurait quitté les lieux. Pas de sortie en courant donc. J’allais devoir passer à la caisse. Agrandissons un peu plus mon découvert pharamineux. Je tendis ma carte bleue au serveur, redoutant un instant que l’on ne me la refuse vu l’état pitoyable de mon compte en banque. Mais le paiement passa et je grimaçai lorsqu’il me rendit le ticket ensuite. Je retrouvais néanmoins bien vite mon sourire en croisant le regard de la jolie blonde qui allait embellir ma nuit… Ou du moins c’était encore ce que je pensais à ce moment là. Le temps d’être radin n’était pas bien choisi. J'enfournai donc l'addition dans ma poche, on verrait ça demain matin. Puis je me dirigeai vers la sortie et une fois à l’extérieur, je laissai ma main se glisser autour de la taille de Lavinia en demandant : « Alors tu veux aller où maintenant ? »

Je crois bien ne jamais avoir vu d'air aussi niais que celui qu'il venait de me sortir alors que je m'approchais doucement de lui. C'était ridicule au possible sérieusement. Bref, je sortais mes p'tites phrases magiques, et Preston allait régler l'addition, non sans un air pincé que je remarquais forcément. Un sourire malsain se dessina au coin de mes lèvres. J'attendis, satisfaite, tandis qu'il rangeait le ticket de caisse dans sa poche et nous emmenait vers la sortie. L'air était frai, et la nuit déjà bien avancée. Je regardais autour de moi, réfléchissant à un sale coup que je pourrais lui faire pour m'avoir prise pour une conne -et fait boire du champagne dégueulasse, ne l'oublions pas-, lorsqu'il s'approcha de moi et enroula son bras autour de ma taille. Houlaaaaaaaaa non. Non non non. J'eus un petit mouvement de recul, instinctif. Par là, viens. dis-je enfin après avoir repris un visage plus doux. D'un signe de tête, j'indiquais un départ vers la gauche puis je descendis la rue à ses côtés. Enfin, je pris un tournant vers une ruelle sombre, déserte, et l'embarquais dans un coin à l'abris des regards. Ferme les yeux. dis-je autoritaire. Ne les ouvre sous aucun prétexte, sauf quand je te dirais de le faire. J'espérais vraiment qu'il allait le faire, parce que j'avais une belle petite surprise en préparation pour lui.

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« Y’a quelque chose qui va pas Lavinia ? » m’inquiétai-je. J’allais trop vite pour elle ? Voilà ce qui m’effleura l’esprit lorsque je la sentis un peu se raidir au contact de ma main sur sa taille. Mais lorsqu’elle m’entraina avec plus de douceur, m’indiquant de la suivre pour que l’on se retrouve dans une ruelle déserte, je me dis alors que c’était simplement la foule et l’idée d’avoir des spectateurs de notre rapprochement qui l’avait refroidie. Parce qu’une fois seuls ici, elle semblait plutôt d’humeur joueuse. Elle me demanda de fermer les yeux. Un petite lueur amusée s’alluma dans mon regard. Je ne savais pas trop à quel petit jeu elle voulait s’adonner… Mais elle m’avait promis de l’adrénaline alors j’étais trop curieux pour discuter ses ordres. En grand naïf, je fermais donc docilement mes paupières. «Ok, j’attends…. » opinai-je, yeux clos, à sa merci mais un sourire niais et confiant aux lèvres, m’imaginant toute autre chose que la véritable surprise qu’elle me destinait.

Le regard de Preston s'illumina, pour mon plus grand plaisir. J'imaginais toutes les choses qui devaient lui traverser l'esprit en cet instant, et savoir qu'il allait bientôt vivre un bonne grosse désillusion me remplissait de joie. Il ferma les yeux alors qu'un sourire narquois s’étalait sur mon visage. Ok, j’attends… Je restais devant lui quelques secondes encore, avant de tourner les talons et de remonter la ruelle à pas de chat. A la base je voulais simplement partir, avec l'immense satisfaction de l'imaginer tout seul dans sa ruelle, un sourire niais sur le visage .. mais lorsque je vis un groupe d'hommes jeunes, bien alcoolisé, descendre la rue et venir vers moi, j'eus une idée bien plus intéressante. Excusez-moi ! J'avançais vers eux, l'air suffisant. Tu vois le type là-bas ? Cinquante dollars que tu ne peux pas l'embrasser plus de cinq minutes sans qu'il se rende compte que t'es pas une fille. lançais-je à l'un d'entre eux, qui, je le sentais, se sentirait l'âme aventurière ce soir. Le type regarda Preston au loin, puis moi, réfléchis un instant et .. acquiesça enfin. Pari relevé. Mouahahaha. Le type s'avança doucement vers Preston, retint un rire .. et s'avança d'avantage jusqu'à poser ses lèvres sur celles du brun. Si je n'avais pas dû me taire pour ne pas gâcher le moment, j'aurais probablement hurlé d'un rire jubilatoire. Le type continua, embrassant Preston avec plus de conviction, ce qui m'amusa d'avantage. Après de longues secondes à contempler le spectacle, je décidais enfin que ce n'était plus divertissant et quittais les lieux, sans donner les cinquante dollars au pauvre ivrogne.

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