(joshenzie) t'aurais pu garder tes spermatozoïdes au calme.

Tu sais que je t'aime ? que tu t'exclamais soudainement en poussant la porte de la chambre de Joshua. C'était quoi ? La deuxième fois que tu venais ici ? Ouais, un truc du genre. Et là, t'avais pas pris la peine de frapper ni même de le prévenir de ton arrivé. T'avais pas le temps pour ça. T'étais dans un état de panique assez conséquent et forcément, tu pouvais pas t'embarrasser de futilité du genre. Un test, deux test.. T'avais continué à espérer que c'était juste un foutu déconnage et puis t'avais opté pour la prise de sang. Positif. Fucking positif. Alors ouais, t'avais la lettre dans les mains, tu tremblais peut être un peu trop et tu faisais irruption dans la chambre de ton petit ami comme une dingue. Je t'aime mais t'as merdé. J'ai merdé. On a merdé. FAIS CHIER. Tu lui balançais le papier au visage et celui ci venait s'poser tranquillement par terre. Fuck la feuille aussi. Dis moi ce que je fais maintenant. Dis le moi hein. Un mois. T'étais en cloque de presque un mois. C'était quoi ce foutu délire hein ? Parce que dans ton petit monde, c'était le genre de truc qui arrivait pas alors pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Merde.

Ouais, des fois il se peut que je révise dans ma chambre à la Quincy. C'est genre super rare depuis que je suis avec Mackenzie, mais je le faisais quand j'avais vraiment besoin de concentration. Et c'était le cas, puisque ça traitait d'un domaine assez particulier. Mais quoiqu'il en soit, j'étais très vite coupé dans mon élan de concentration quand Mack débarquait comme une furie paniquée dans cette même chambre où je révisais. Elle était déjà venue quelques fois, genre au début de l'été, avant de partir. « Je... » Je la voyais perdre tous ses moyens et moi, j'étais sans mot. Comment ça j'ai merdé ? Enfin elle nous, qu'importe. Il se passait quoi là ? Je ne comprenais rien et voilà qu'une feuille était en train de tomber au sol. Je fronçais les sourcils, me redressant pour aller la ramasser pour lire ce qui était écrit dessus. Au fur et à mesure que mes yeux traversaient le contenu de la feuille, mon visage se décomposait, mon esprit trouvant que c'était le bon moment de faire des flashback de mon passé à Dublin. Je lâchais la feuille, le visage livide et tout ce que je trouvais à faire, c'était de me laisser tomber assis sur mon lit.

Faudrait peut être que tu gardes un tant soit peu ton calme. Parce que là, ça allait certainement pas t'aider à avoir une conversation d'adulte vu l'état dans lequel tu te mettais. Mais c'était beaucoup plus facile à dire qu'à faire. Comment t'étais censé rester calme alors que tu venais d'apprendre que t'étais enceinte ? Hein ? Tout était parfait, t'avais l'homme de tes rêves, t'étais tombée amoureuse et c'était réciproque et puis paf, t'étais enceinte. C'était pas possible. Tu venais à peine d'avoir ton diplôme, t'avais même pas encore de boulot alors non, c'était pas le moment. Et puis Josh, il était encore aux études alors c'était quoi le délire. Tu quoi ? Non mais c'était pas le moment qu'il se dégonfle, t'avais carrément besoin d'aide là. T'étais au bord de la crise de nerf pour le coup et non.. Fallait qu'il dise quelque chose. Je suis en-ceinte. Tu seras papa, je serais maman et hop, notre vie est foutu. C'était un bien beau résumé de ta part mais là, t'avais pas envie de chercher des trucs positif. T'as forcément quelque chose à dire Josh, t'as pas le droit de te taire.

Non mais c'était clairement une blague..? Parce que j'suis pas d'humeur à rigoler. Un enfant c'est pas rien, je le sais, j'en suis bien conscient. Mais je ne pouvais pas l'accepter... bordel. Je pouvais pas être papa. Je suis encore qu'étudiant. En médecine. Comment j'allais pouvoir tout gérer, les cours n'étaient pas simples et.. non, ça allait être compliqué. Même si j'aimais Mack, je savais que ça allait être un coup dur pour moi cette nouvelle. Pour elle aussi, je le voyais, mais j'étais bien trop focalisé sur moi là. J'agissais pas du tout comme un Quincy pour le coup. La feuille était à terre, mon regard bloqué dans le vide et mon esprit ne cessait de répéter les mots lus. Enceinte. Mackenzie était enceinte. J'allais être papa. Et... j'allais forcément assumer. Je n'avais pas le choix. C'était pas comme si j'étais un gamin de dix-sept ans qui allait s'envoler pour les États-Unis à la rentrée prochaine. Je levais le regard vers elle, complètement perdu et paniqué. « Je... »

Non mais fallait qu'il parle. Qu'il dise quelque chose pour te rassurer ou.. Peu importe en fait. Mais qu'il ne se terre pas dans le silence parce que t'allais pas le supporter. T'avais besoin de soutien là, t'avais besoin de lui. Il pouvait pas te laisser tomber dans un moment comme celui là, c'était juste pas possible. Et encore une fois, un pathétique "je" sortait de sa bouche sans rien de plus. Toi, tu te mordais juste l'intérieur de la joue avec violence sentant les larmes commençant à te piquer les yeux. Putain mais non. Pourquoi il faisait ça ? Tu croisais tes bras sur ta poitrine reculant d'un pas comme si tu voulais rejoindre la sortie et t'enfuir. Ouais, peut être que c'était le mieux. Parce que là, ça ne rimait absolument à rien. J'ferrais mieux d'aller voir Joa, il me laissera pas tomber lui. C'était fourbe mais c'était ton dernier moyen de le faire réagir. Et s'il ne le faisait pas, t'aurais pas d'autre moyen que d'aller voir ton grand frère peu importait la colère que ça pouvait déclencher. Il ne te laissait pas le choix pour le coup. T'es pas censé me laisser comme ça là.

Si je lui explique ma situation... elle comprendra ? J'en sais trop rien, trop dur à deviner. Et j'avais peur qu'elle le prenne encore plus mal en fait. J'étais muet et ça avait tendance à l'énerver encore plus. Je le savais, je le sentais. Mais j'étais incapable de dire quoique ce soit. Mon coeur battait bien trop vite, ma vue se troublait et je cherchais quoi dire, quoi faire. Mais j'étais comme tétanisé. Incapable... J'étais faible, je me laissais submergé par les émotions, la peur, l'angoisse. J'avais l'impression d'être pris au piège. Ça ne faisait que quatre mois que nous étions ensemble. Quatre mois. Comment on avait pu en arriver là. Elle prenait la pilule pourtant, c'était assez efficace en temps normal. Puis l'annonce du prénom "Joa"... ouais non, ça m'électrisait, me remémorant la conversation que nous avions eu avec lui pour nous officialiser. « Non, attends je.. » Encore ce putain de "je". « Excuse moi.. J'flippe, j'ai.. » Je passais une main dans mes cheveux, me redressant pour aller la rejoindre, laissant la feuille à terre. « J'dois t'dire quelque chose » Comment lui dire que je n'avais aucune famille.. que j'ai pas eu de constante dans ma vie et que j'aurais préféré en avoir une avec elle, sur plusieurs années avant d'envisager fonder une famille ? Ouais, c'était compliqué tout ça.

En fait, tu savais même pas ce qu'il était censé réellement faire. Parce que t'avais pas le mode d'emploi pour ce genre de situation et que pour le moment, t'avais juste la trouille. Alors peut être que tu paniquais un peu trop, peut être que tu t'emportais mais fallait te comprendre là. Ce genre de nouvel c'était comme faire 32 ice bucket challenge d'affilé et très honnêtement, t'avais l'impression que t'allais finir par passer dans les pommes tant t'étais dépassée par tout ça. Mais ta dernière solution avait marché. Au moins, il parlait. Pas pour dire grand chose mais il parlait et il était venu te rejoindre. T'aurais tellement aimé trouver refuge dans ses bras à ce moment là. L'entendre dire que tout irait bien. Mais t'avais la sensation que ça serait pas le cas. Et tu reculais encore d'un pas quand il disait avoir quelque chose à te dire. T'avais le temps de te faire un million de film dans ta tête pour la peine. Tu te mordais la lèvre inférieure l'air assez sceptique avant de prendre d'une voix tremblante. Je t'écoute. Au point où t'en étais de toute façon, t'avais pas grand chose d'autre à faire qu'écouter ce qu'il pouvait bien avoir à dire et là, t'avais encore plus la trouille.

Comment lui dire tout ce que j'avais à lui dire. Tout ce que j'avais sur le coeur, que je retiens d'exposer au monde entier. Personne ne pouvait savoir ce qui s'était passé quand j'étais à Dublin et j'aimais pas le dire. Mais là, je devais le lui dire... parce que ça avait un impact sur notre vie actuelle. Comment être un bon père quand on a pas eu d'exemple dans notre enfance ? Face à elle, je la regardais, le regard presque suppliant. Elle était mal elle aussi, et c'était compréhensif. Pour beaucoup, cette nouvelle était une bonne nouvelle. Pour nous.. pas tant que ça. On était encore jeune et pas prêts. « Je... J'ai pas eu une enfance facile. » disais-je en me rapprochant et en attrapant ses mains pour avoir un contact avec elle. J'en avais besoin. « J'ai eu douze famille d'accueil en quinze ans. Puis je me suis fait émanciper » J'étais loin d'être l'enfant facile que les gens s'imaginaient en me regardant. Turbulant, en colère tout le temps. C'était compliqué pour les familles de me gérer et au final, ils abandonnaient tous. Sans exception. « Et j'ai failli être père à dix-sept ans.. j'ai flippé j'ai pas assumé et elle a perdu le bébé dans un accident de voiture » Peut-être j'aurais du y aller doucement. Trop d'informations d'un coup, ça pouvait mal passer. J'espérais pas en fait, j'avais besoin qu'elle reste, elle aussi.

Est ce qu'il voulait te quitter ? Parce que c'était typiquement ce que tu étais en train de penser pour le coup. Et t'avais envie de pleurer, envie de le supplier. C'était pas de ta faute, t'avais pas fais exprès, tu voulais pas tout ça. Mais t'attendais juste. T'attendais simplement qu'il dise ce qu'il avait à dire et probablement que tu t'effondrerais par la suite. Et en fait non, c'était bien loin de ce que tu t'attendais. Le regard concentré, tu ne le lâchais pas des yeux alors qu'il commençait à parler de son passé. Famille d'accueil, émancipation.. T'étais bouche bée. Comment t'avais pu ne pas être au courant de tout ça après quatre mois de relation ? Mais l'pire, le coup fatal, c'était la partie sur le gosse perdu. Il avait attrapé tes mains et toi, tu te dégageais. C'était pas possible. T'avais l'impression de te retrouver face à.. Face à un inconnu. Ouais, c'était ça. Un inconnu, tu ne le connaissais pas. Comment t'as pu ? Tu reculais encore butant presque contre la porte. J'te connais pas. T'es.. Je.. C'était à ton tour de ne plus trouver les mots. Parce que t'étais trop abasourdi pour le coup. J'suis amoureuse de quelqu'un que je connais même pas. Triste conclusion.

Je m'étais fait violence et je lui avais alors donné des informations sur moi. Des informations que je ne donnais qu'à très peu de personnes, dans le sens où je savais que peu de personnes pouvaient comprendre et ... j'avais simplement du mal à donner ma confiance à qui que ce soit. Oui, c'était ma petite amie et je lui faisais confiance. Mais pour moi, mon passé restait quelque chose qui appartenait au passé et n'avait pas lieu d'être dans une conversation anodine sur "qu'est-ce qu'on peut faire aujourd'hui ?". Mais là je lui avais dit tout, ou presque, et sa réaction ne faisait que briser mon coeur. Elle s'éloignait de moi, coupant le contact que j'avais essayé d'établir entre elle et moi pour me donner du courage. « Mack.. j'suis toujours le même mec » disais-je avant de soupirer et de tenter une nouvelle approche vers elle. « J'suis celui qui t'a fait craquer en Écosse et qui a passé l'été à te faire des petites attentions. Je suis le même.. tu me connais » Je me mordais l'intérieur de la joue avant de reprendre. « C'est mon passé et ça change pas la personne que je suis justement » Au contraire, c'était grâce à tout ça que j'étais comme ça en fait.