(palmyr) + see you again.

Ouf. J'étais soulagé. Je relâchai les épaules et me décrispai. A croire que je tenais vraiment à elle. Je me répétai alors ses paroles dans la tête. Sortir ? Se fréquenter ? Ou coucher ensemble ? Pendant une fraction de seconde, j'eus envie de répondre « Les trois. » mais je ne fis rien de tel. « Tu le sais très bien. Se fréquenter, Palmyr, se fréquenter. » Je la contemplai à nouveau, jusqu'à ce que je ne pus me retenir: « Je ne sais pas trop ce qu'il se passe entre nous, mais dans tous les cas, je veux faire les choses bien avec toi - ce n'est pas un hasard que tu m'aies manqué cet été. Mais pour faire ça, je devais connaître le fin mot de l'histoire concernant Royce, et les autres. » puis « Je veux juste m'assurer que c'est ce que tu désires réellement, nous deux, ou si tu as la tête autre part. » Ça sonnait très sérieux dans ma bouche, mais pour une fois, je n'étais pas contre un peu de sérieux parmi tout cet humour et nos taquineries. C'était un semi moment de vérité. Je n'avais vraiment pas l'habitude d'entretenir ce genre de conversation avec une femme. La dernière de ce type remonte à très longtemps, à une époque que j'aimerais oublier, enfouie dans mon passé. Je réalisai peu à peu que ce que je disais n'avait sans doute aucun sens. « Peu importe, j'suis ridicule. Oublie ça. »

Je l'écoutais attentivement, essayant d'enregistrer chacun de ses mots dans la tête. Je comprenais étrangement bien son discours, peut être parce que, quelque part, je me reconnaissais dans ce qu'elle disait. Qu'est-ce qui pouvait bien la terrifier? Sur le coup, la première chose qui me vint à l'esprit fut qu'elle avait déjà souffert d'une relation amoureuse et qu'elle avait peur de se lancer; qu'elle voulait se protéger. Je pouvais pas lui en vouloir pour cela. Quand elle eut fini de parler, je me mis à réfléchir à ce que j'allais bien pouvoir lui répondre. Je me devais de trouver les mots justes. Je me devais de la rassurer. Je ne peux nier le fait que ça me faisait très plaisir de savoir que je lui plaisais, elle ne me l'avait jamais dit aussi directement et l'entendre de sa bouche me fit sourire intérieurement. « Ça ne me gène pas d'attendre, Palmyr. Je te comprends. » Je fis une légère pause avant de reprendre. « Tu sais, pour moi non plus, ce n'est pas facile. Je suis loin d'être le genre de mec à courir après une tonne de filles pour alimenter mon ego surdimensionné ou pour combler un manque de compagnie. Des femmes, je n'en ai pas connues beaucoup. Je n'irais pas jusqu'à dire que ça me terrifie d'en fréquenter une, mais ça me fait bizarre. C'est nouveau pour moi. Je n'ai clairement pas l'habitude. Avec mon ex... ce n'est rien, laissons ça dans le passé. Mais une chose est sûre, c'est que s'il y a bien une fille, à l'heure actuelle, avec qui je pourrais être et auprès de qui je me sens bien, c'est bien toi. » Je m'arrêtais quelques secondes. D'une voix douce et calme, je poursuivis: « Je ne sais pas du tout ce qui te fait peur, mais saches que si tu veux en parler, je suis là pour toi, quelle qu'en soit la raison: un connard d'ex, un traumatisme ou simplement un trait de ta personnalité. Tu as de la chance, tu peux choisir entre parler à l'étudiant en psychologie ou juste à Adrian. Les deux, rien que pour toi. » J'essayai de faire de l'humour pour ne pas complètement plomber l'ambiance. Je voyais bien que mes paroles la touchaient, probablement parce qu'elles lui rappelaient des souvenirs en tête, plus ou moins mauvais. « Un jour, tu m'en parleras ; quand tu seras prête. Jusqu'à lors, n'oublie surtout pas que je suis là. Vraiment, j'insiste. » 

« Alors, tu viens toujours me chercher à 9 heures ? » Je restai figé un instant, le temps de comprendre sa question qui n'avait absolument rien à voir avec ce que l'on disait. Lorsque j'eus enfin les idées en place, je réfléchis. « Hum » Je regardai ma montre. « Et putain, je suis en retard. » Dis-je d'une voix posée, essayant de cacher mon affolement. Ni une, ni deux, je me mis à marcher, m'éloignant peu à peu d'elle, sans même lui dire au revoir. « Et oui, je viendrai bien te chercher vers 9 heures! » Lui dis-je en criant, pour être sûr qu'elle m'entende. Je lui souris et d'un mouvement de la main, je lui dis au revoir. Je me retournai et repris la route. Quelques mètres plus loin, je me retournai vers elle à nouveau. Elle n'avait pas bougé d'un centimètre. Je ne pus m'empêcher de faire demi-tour. Je courus vers elle et, arrivé à sa hauteur, je lui embrassai délicatement le front. « A tout à l'heure Palmyr. » J'avais prononcé ces mots d'une voix calme. Je revins en arrière en courant presque immédiatement après, manquant de me prendre un arbre et de trébucher, le sourire aux lèvres. J'avais hâte d'être à ce soir. Vraiment.