i just want you (agathe)

Je comprenais pas. J'étais partagé entre la colère et l’incompréhension. Je marchais rapidement, essayant de trouver une explication, essayant de comprendre quelque chose à ce qui était en train de passer, mais rien ne venait. Non, c'était clair, Agathe venait de me poser un lapin. J'avais attendu une heure devant le centre commercial, je lui avais envoyé des messages, j'avais essayé de l'appeler et je n'avais eu aucune réponse. C'était quoi ce délire ? Elle avait l'air si heureuse l'autre soir et là, elle ne voulait plus me parler ? Ou alors est-ce qu'elle avait eu trop de venir ? Ou est-ce que j'avais fait quelque chose de mal sans m'en rendre compte ? J'avais trop de questions en tête, beaucoup trop et je détestais ça. J'arrivais enfin à la Quincy House et je me faufilais entre les personnes, je ne réfléchissais plus vraiment, je voulais juste la vérité. J'arrivais enfin devant la porte de sa chambre et je me moquais bien de savoir si elle était occupée, si elle était avec quelqu'un, j'ouvrais la porte que je referme directement derrière moi. Enfin, que je faisais claquer pour être plus clair. « Bien, je vois que tu es encore vivante. » lâchais-je en la regardant, alors qu'elle était assise sur son lit, surprise de me voir. Elle devrait pas l'être pourtant, étant donné que l'on devait se voir, de base. « Pourquoi tu n'es pas venue Agathe ? » demandais-je en soupirant, essayant de garder au maximum mon calme.

Abattue. C'était ça le mot. T'étais prostrée dans un silence qui durait depuis un long moment déjà. T'avais pas pleuré ce qui était étrange venant de ta part. Peut être parce que tu ne réalisais pas. Peut être parce que tu ne voulais pas voir la vérité en face. Peut être parce que tu ne comprenais comment ça avait pu t'arriver à toi. Paraissait que les gens étaient punis pour leurs mauvais actes, est ce que tu avais été si mauvaise pour être punie de cette façon là ? Tu comprenais pas, t'avais mal, tu te sentais salie et par dessus tout, tu te détestais. Les mains tremblantes, t'étais assise sur ton lit depuis ce qu'il te semblait être des heures, incapable de faire quoi que ce soit d'autre. Jusqu'à ce que ta porte claque te faisant sursauter. Adriel se tenait face à toi, visiblement mécontent et.. Ce n'était pas le moment. Tu le regardais à peine, comme totalement déconnectée de la réalité alors qu'il prenait la parole. Vivante. C'était risible comme mot parce que toi, c'était pas vraiment ce que tu ressentais. Tu pliais tes jambes de sortes à caler ta tête sur tes genoux alors qu'il parlait une nouvelle fois. Je peux pas.. Ta voix tremblait légèrement et tu fermais les yeux pour garder une once de calmer. Va t'en s'il te plait. Tu voulais pas parler, tu voulais oublier. Tu voulais rester enfermé ici et ne plus voir la lumière du jour. Tu voulais ne plus exister.

J'avais besoin de savoir ce qu'il s'était passé pour qu'elle décide de ne pas venir. Je devais savoir, parce que je ne pouvais pas rester dans l'ignorance de cette manière, à me poser des milliers de questions sur toutes les raisons qui auraient pu la pousser à rester chez elle. J'avais tout prévu en plus, j'avais tout fait en espérant que tout ça lui plairait, que ce serait parfait pour elle. Je m'étais attendu à tout, mais pas à cette réaction là. Jamais. Je débarquais donc sur sa chambre, alors qu'elle était comme en boule dans son lit. Je l'observais un peu mieux et.. Elle n'avait pas l'air d'aller bien. C'était quand même pas à cause de moi ? Enfin, je n'avais strictement rien fait de mal cette fois ! « Tu peux pas quoi ? Explique-moi ! » disais-je en haussant un peu le ton. C'était plus fort que moi, je sentais la pression montait en moi alors qu'elle ne devrait pas. Elle avait le don de me rendre dingue et de m'énerver à une vitesse hallucinante. Mais je ne voulais pas d'une nouvelle dispute avec elle, je ne voulais pas risquer une nouvelle fois de la perdre. « Tu peux toujours rêver pour que je bouge d'ici. Je partirais pas tant que je n'aurais pas eu d'explications. » rajoutais-je le plus calmement possible. Elle croyait vraiment que j'allais partir tranquillement en disant "oh bah c'est pas grave, on se verra une prochaine fois !" Plutôt crever.

C'était probablement trop demander pour cette dernière envie. Mais comment était-il possible de surmonter un truc pareil ? Tu voyais vraiment pas. Pour toi, c'était typiquement le genre de chose qui ne s'effacerait jamais. Pour tout le monde d'ailleurs. T'arrivais même pas à prononcer le mot parce que c'était trop irréel pour toi. Putain, mais il était ton ami. Tu ne comprenais pas comment est ce qu'il avait pu te faire ça. Te droguer pour t'utiliser comme un jouet par la suite. Tu te souvenais de tout, t'avais absolument aucun oubli de cette nuit, t'avais juste été en incapacité de bouger. T'étais censé faire quoi maintenant ? Porter plainte ? Ca ne changerait rien puisque le mal était déjà fait. Puisque ça resterait quand même là. Puisque tu ne pouvais pas retourner en arrière. Arrête de crier. Que tu disais d'une petite voix comme si tu étais complètement terrorisé par ce changement de ton. Peut être que tu l'étais après tout. Peut être que t'étais trop fragile et que t'allais rester cloitrer par peur des autres et du monde extérieur. Tu relevais la tête vers lui, l'air un peu perdu, l'air un peu absent. Y a rien a expliquer. Puis quoi ? Tu pouvais pas lui dire. T'avais bien trop honte pour ça. Et ce n'était que maintenant que tu remarquais l'état pitoyable de la chambre, les bouteilles par terre, les vêtements au sol. Comme un sombre reflet de la nuit.

Je ne comprenais pas sa réaction. Elle me donnait pas d'explications, elle me regardait à peine. Mais qu'est-ce qu'elle avait bordel ? Pourquoi est-ce qu'elle était comme ça ? J'avais beau réfléchir, me retourner l'esprit, je ne voyais aucune explication logique à tout ça, à ce putain de bordel. Pourquoi les choses devaient être si compliqués ? « Je ne crie pas Agathe. » disais-je doucement. Je m'approchais d'elle, butant sur une bouteille.. d'alcool ? Elle avait bu ? J'observais un peu mieux le sol qui ne m'avait absolument pas préoccupé jusqu'ici, voyant les bouteilles et les vêtements. Mais il s'était passé quoi exactement ici ? Je m'asseyais sur le lit, à côté d'elle, essayant de me calmer. « Il s'est passé quoi dans ta chambre ? Tu as trop bu ? Tu as pas l'habitude ? T'es malade ? C'est pour ça que tu es pas venu ? » demandais-je doucement. Je posais beaucoup trop de questions d'un coup, mais je me posais aussi tellement de questions, mon esprit était totalement perdu et j'arrivais à rien. Elle avait l'air encore plus fragile que d'habitude, c'était vraiment étrange cette réaction. Je voyais bien qu'elle n'avait pas envie de parler, mais j'allais l'obliger. Je pouvais pas partir et la laisser comme ça, ni savoir la vérité. C'était au dessus de mes forces.

Peut être devrais tu ranger. Pour effacer ce que tu pouvais effacer. Tu détestais cet endroit maintenant mais tu n'avais nul part ou aller. On te poserais probablement des questions et tu n'avais pas envie d'y répondre. Tu ne voulais pas parler et pourtant, au fond, tu savais que tu n'aurais pas le choix. Tu ne pourrais pas y échapper, tu ne pourrais pas garder le secret jusqu'à la fin de ta vie. Un bruit se faisait entendre dans le couloir et tu sursautait une nouvelle fois comme si un rien te mettait dans un état de stress. Forcément qu'Adriel se posait des questions, fallait dire que tu agissais plutôt bizarrement. Tu fermais une nouvelle fois les yeux et quelques secondes après tu le sentais prendre place à côté de toi. Non, non et non. Tu te redressais soudainement quittant le lit comme si tu ne voulais pas qu'il t'approche. C'est rien d'accord ? C'est rien du tout. Tu ramassais rapidement quelques trucs observant au passage des marques bleutés sur tes poignets. Étrange puisque tu n'avais pas le souvenir de t'être débattu. Étau final, tu planquais tes bras derrière ton dos pour éviter des questions en plus. Mais il était pas bête pas vrai ? Au final t'étais presque sûre qu'il n'allait pas te laisser.

Je venais m'asseoir à côté d'elle, pour essayer de comprendre, en me disant que ça pourrait peut-être la détendre de me sentir près d'elle mais absolument pas. Elle se lève directement et commence à ramasser plusieurs choses dans sa chambre. « Si c'était vraiment rien, tu ne réagirais pas comme ça. » disais-je en soupirant, l'observant. Elle bloquait quelques secondes avant de mettre ses bras derrière son dos. Qu'est-ce qu'elle cachait ? Je fronçais les sourcils et je me levais pour m'approcher d'elle, de nouveau. « Montre-moi tes bras. » m'exclamais-je sur un ton ferme. Je ne savais pas ce qu'elle cachait, mais je comptais bien le découvrir. Elle pouvait toujours rêver pour que je laisse passer, sa réaction était trop étrange, tout était trop étrange. Il fallait que je sache, parce que si je quittais sa chambre sans savoir, ça allait hanter mes pensées toute la soirée et je n'arriverais strictement à rien. Puis je ne pouvais pas la laisser seule, elle n'avait pas l'air bien pour que je la laisse seule. Mais comme elle n'avait pas l'air d'avoir envie de me montrer ses bras, je lui attrapais de force. J'avais bien plus de force qu'elle, c'était donc très simple pour moi. J'observais ses bras, avant d'arriver à ses poignets. Je bloquais dessus, putain, pourquoi il y avait des marques bleutés ? « C'est quoi ça putain ? Dis-moi ce qui s'est passé Agathe et de suite ! » m'exclamais-je en haussant le ton. Ce n'était pas voulu, mais là, je sentais vraiment la pression montait en moi. Si quelqu'un lui avait fait du mal... Je préférais même pas imaginer.

Le problème, c'était que tout était bien trop compliqués. Tu pouvais pas en parler parce que t'avais honte, parce que t'avais peur, parce que tu ne savais pas quel mot employer, parce que c'était trop compliqué de toute façon. Et c'était frustrant puisque tu étais en train de repousser la personne que tu voulais le plus mais tu n'avais aucune idée de comment agir autrement. Puis t'avais raison, il ne laissait pas tomber. Il revenait à la charge ordonnant de lui montrer tes bras, ce qui prouvait que t'étais pas vraiment la reine de la discrétion. Secouant la tête en guise de négation, tu reculais mais qu'est ce que tu pouvais faire face à Adriel ? Et il perdait son calme une nouvelle fois en découvrant tes poignets blessés. Rien.. que tu répondais d'une voix tremblante. C'est un accident, laisse tomber. Sauf que t'étais pas crédible une seule seconde et que les larmes coulant des tes yeux venaient se mettre en totale contradiction avec tes paroles. Non, tu ne pouvais plus mentir, il n'allait pas te lâcher alors tu craquais tout simplement. Il m'a droguée tu sais ? Je.. J'pouvais rien faire, rien du tout. J'étais consciente mais je pouvais rien faire et.. ta voix se brisait, incapable de continuer.

Il fallait que je comprenne. Parce que la veille, elle disait qu'elle faisait tout pour me plaire, qu'elle me voulait moi et là, elle me repoussait. Elle essayait de m'éloigner d'elle mais sans me donner aucune raisons et ça, c'était pas acceptable. Je voulais bien qu'on me repousse, mais pas sans me dire la vérité. Alors je m'étais levé, comme elle cachait ses bras, j'me disais que ça me donnerait peut-être un début d'explications. Je lui attrapais de force et je perdais totalement mon calme en voyant les marques bleutés. Je n'arrivais plus à réfléchir, la pression était remonter en une seule seconde sans que je ne puisse rien contrôler. Je la fixais, alors qu'elle me disait que c'était un accident. Si elle croyait que j'allais gober ça, sans déconner. Mais elle fondait ensuite en larmes, ce qui me brisait le coeur. Je l'écoutais et je voyais rouge. « Il t'a drogué.. » répétais-je, serrant les poings. Putain, j'allais le tuer. J'imaginais déjà la suite de cette histoire et si ça se confirmait, j'allais vraiment le tuer. « Qu'est-ce qu'il t'a fait ? C'est qui ce connard ? » demandais-je fermement. Je tremblais. Ca faisait bien longtemps que je n'avais pas eu autant envie de tuer quelqu'un. J'avais laissé tomber tout ça, tout mon passé violent, mais là.. C'était juste pas possible. Je la prenais dans mes bras, pour essayer de la calmer. « Je suis là Agathe, calme toi, je te lâcherais jamais. » rajoutais-je doucement, caressant ses cheveux. Autant pour essayer de la calmer elle, que de me calmer moi.

Comment est ce qu'il était possible de raconter un truc pareil ? Toi' tu pouvais pas. T'y arrivais pas. Parce que c'était affreux et que c'était pas le genre d'histoire qu'on aimait entendre. Puis aussi parce que le dire à haute voix t'obligerais à te repasser en tête tout ce qui avait pu se produire la veille. Toi, tu voulais pas. Tu voulais pas qu'on sache, tu ne voulais pas y repenser, c'était comme ça. Mais t'avais l'impression d'être impuissante face à lui, comme si tu ne pouvais rien lui refuser. Je.. Il a.. Il m'a.. Tu fermais les yeux l'air dégouté. Tu ne pouvais pas employer ce mot et pourtant tu ne pouvais pas le remplacer par autre chose. Fallait que tu sois forte, c'était lui qui devrait avoir honte, pas toi. Il était supposé être ton ami alors non, tu ne devais pas te cacher à cause de ce qu'il t'avais fait. Les bras protecteurs d'Adriel venait s'entourer et tu tu blotissait ta tête contre sa poitrine laissant libre cours à tes larmes. Il m'a violé.. C'était dit et t'avais l'impression de s'effondrer. Tu avais été violé et ça ne ss'effacerais jamais. Tu ne pourrais jamais oublier cette nuit. Me laisse pas toute seule.. Jamais. Tu voulais plus être seule. Tu ne pouvais plus.