Could it be worse? (Feldt)

Son ex, elle m’en avait encore peu parlé jusqu’à présent, ça restait un peu tabou mais voilà qu’il faisait son apparition dans notre conversation lorsqu’elle justifia ses exigences par le fait que ce dernier l’avait trop chouchoutée. C’était prince. « Il avait vraiment le titre ou c'est une façon de parler? » En même temps, c'était surement vrai, il n’était pas le seul personnage important du campus, et j’en savais quelque chose puisque je m’étais moi même épris de quelqu’un de la royauté… « Bon alors partage ton secret : comment on fait pour séduire quelqu’un de la haute société ? » rigolai-je mais quand même avide de savoir si Feldt avait des tuyaux à me donner dans le domaine, désespéré que j’étais de réussir un jour à plaire à Brynn. Puis c’était l’occas un peu qu’elle me parle de lui. Je repris d’ailleurs plus sérieusement : « Il s’est passé quoi entre vous ? Si tu veux pas en parler je comprends… » Etre parents et séparés, je savais désormais ce que c’était et combien ça pouvait être dur d’en parler. Trop de points communs entre Feldt et moi décidément. On parlait ensuite de ma fille, et je souris en entendant l’optimisme de la demoiselle. « J’espère que t'as raison… En tout cas elle est entre de bonnes mains. En néonat, au chaud dans sa couveuse. Même si j’aurais préféré la savoir encore dans le ventre de sa maman… » Le stress lié à la prématurité et à ses éventuelles séquelles ne me quittait pas. Je m’intéressais aux jumeaux de mon amie, apparemment heureux d’être rentrés. « Ils ont bien aimé le Japon quand même ? » Et ils allaient déjà avoir deux ans. Mon interlocutrice soulignait que le temps passait trop vite et j’ajoutai : « Je crois que c’est encore plus vrai quand on a des enfants, ou en tout cas on s’en rend d’autant plus compte. » La grossesse de Talya par exemple était passée à une vitesse folle, je me rappelais encore du spring break et du moment où elle me l’avait annoncé…

Je n’avais jamais beaucoup parlé de moi à Priape. Ce n’était pas que je ne voulais pas, mais j’aimais qu’il ne sache pas trop sur moi. Il savait déjà ce qui m’était arrivé en décembre, et cela me suffisait en quelque sorte. C’était surtout que je n’aimais pas parlé de moi, et c’était ce qu’il avait compris. Il ne me demandait pas de parler de moi, ou de mes relations passées. J’avais toujours eu besoin de temps avant de m’ouvrir à quelqu’un. « Oui oui, il a vraiment le titre. Il est même le roi de substitution pour le moment, comme son père est dans le coma. » Ouais, j’avais aussi eu du mal à le croire, mais visiblement, j’avais dû décrocher le gros lot, pas. Je mordis sur ma paille en essayant de me souvenir comment j’avais réussi à avoir Elios. « Devient stripteaseur. » Dis-je avec tout mon sérieux. C’était la vérité, mais je doute que c’était ce qu’il voulait savoir. Je continuais de jouer avec ma paille, alors que la réalité me rattrapait. « Il y a un an et demi environ, je me suis retrouvée à l’hôpital après un éboulement de terrain. J’avais une partie de mon cote gauche paralysée, et en me réveillant, on m’a dit qu’il était reparti en Italie pour s’occuper de son pays. Il m’a laissé comme cela, alors que je ne savais pas bouger, et depuis, on arrive plus à recoller les morceaux. On essaie d’être poli pour les jumeaux, mais si il revient ici, je pense pas que j’y arriverai, de lui pardonner de continuellement abandonner sa famille. » C’était comme cela que je le voyais. Elios avait sa vie en Italie, et moi, j’avais la mienne avec les enfants ici. « Oui, malgré la couveuse, il y a toujours cette incertitude que quelque chose peut arriver. » Je le voyais bien sur mes enfants. Ils étaient plus faibles, et surtout plus calme pour des enfants de leur âge. Avec l’hiver qui allait approcher, je devrais faire attention à leur santé. « Oui, beaucoup même. C’est la première fois qu’ils y vont et où ils peuvent faire plus que juste être dans la poussette, et je pense que ça leur a fait du bien, de faire autre chose. » Ils n’auraient pas le même attachement que moi. Toute fois, je restais convaincue que mes enfants aimeraient également mon pays. « C’est vrai. Je me dis deux ans s’est passé tellement vite, alors qu’au final, le temps ne change pas. »

Je ne savais pas trop si Feldt était à l’aise avec le sujet de son ex, le père de ses jumeaux… Mais après lui avoir laissé le choix ou non de m’en dire plus, mon amie se révéla un peu. Donc c’était un prince, un vrai, du moins de part le titre puisqu’apparemment, il n’en avait pas l’attitude, vu sa tendance à décevoir la jeune maman. Il l’avait laissé seule, dans un moment de grande vulnérabilité, alors même qu’elle aurait eu besoin de lui plus que jamais. Je grimaçais, peiné pour elle. « Je suis désolée Feldt, je ne voulais pas rouvrir la blessure… » Puis, pensant qu’elle déconnait sur sa technique de séduction, je repris sur un ton moins sérieux, en grand boulet, espérant ainsi détourner son attention de son ex et détendre l’atmosphère : « C’est quoi cette histoire de strip ? » On parla ensuite des petits. Mila. Les jumeaux. « Ils sont nés avec beaucoup d’avance ? » demandai-je. Les couveuses. Le stress de la néonat. J’allais devoir m’y faire ça risquait d’être mon quotidien pour les semaines à venir. En tout cas, mon interlocutrice retrouvait son sourire en me confiant les aventures japonaises de ses loulous. « Et le vol, ça s’est passé comment ? » demandai-je en essayant d’imaginer la mather, ses deux marmots et tout le paquetage de la petite famille dans l’aéroport, en l’observant avec une lueur admirative dans les yeux.

C’était la première fois que je parlais de ce qu’il s’était passé avec Elios, d’à quel point notre couple était tombé en morceaux. Aujourd’hui encore, cela me faisait mal d’en parler. Mon coeur saignait quand je parlais d’Elios. Je savais qu’il ne m’appartenait plus, que j’avais perdu. C’était peut-être mieux comme cela, que d’être ensemble pour les enfants, mais que la confiance ne soit plus là. C’était un bon compris me disais-je. Cependant, j’avais eu besoin de lui, mais il n’avait jamais été là à ses moments où je souffrais le plus. Je secouais la tête. « T’en fais pas. On a tous les deux merdé dans notre couple. Peut-être qu’on était juste pas fait pour être ensemble. » Je me convainquais de la sorte depuis maintenant un an. Juste pas fait pour être ensemble. Je laissais échapper un petit rire en parlant de cette histoire de strip. « J’étais strip à un moment, un peu ma façon de me rebeller. Je l’ai rencontré à une soirée où je bossais et puis voilà, c’est arrivé. Ma grossesse n’était pas voulu au départ. » Si je m’ouvrais à lui, autant le faire totalement, et ne pas lui cacher mon histoire. Je faisais confiance à Priape. Il n’allait pas en parler à quelqu’un d’autre. « Un mois et demi. Ils étaient dû pour début décembre. Et Mia? » Les naissances prématurées étaient toujours un grand risque, pour la mère et pour le bébé, et plus ils étaient en avance, plus ils y avaient de risques. Je pris une nouvelle gorgée de mon cocktail, bafouillant alors dans ma paille. « Je suis partie en jet. » Priape allait tellement croire que j’étais une énorme gosse de riche, alors que cela avait tout simplement été plus facile.

J’étais pas aveugle, je voyais bien dans ses yeux ce que le sujet Elios provoquait en elle. Et puis ce n’était pas trop compliqué pour moi de comprendre, il suffisait de superposer leur rupture avec celle de Talya et moi, et voilà, je saisissais aisément le déchirement que c’était de voir l’être avec qui on avait fait la plus belle chose de notre vie s’en aller et s’éloigner. Bref, j’étais malgré tout touché que la rouquine se soit un peu confiée à moi sur ce sujet délicat, d’une part car ça m’éviterait de faire des boulettes, et d’autre part, car cela voulait dire qu’elle me faisait un minimum confiance. Un petit sourire étira mes lèvres : « Y’a quelqu’un qui est fait pour toi quelque part, oublie pas ce que la gâteau chinois a dit. » ajoutai-je pour la faire sourire plus que par grande conviction en ces prédictions débiles. Je l’écoutais me raconter leur rencontre, surpris de découvrir que la demoiselle s’était adonnée au striptease. « Ta manière de te rebeller ? Waw, mademoiselle Crossroad ! » commentai-je impressionné. Elle faisait toute sage comme ça, je n’aurais jamais cru que la jeune femme avait ce côté sulfureux. Sa grossesse n’avait pas été programmée, j’hochai la tête… Mila était un bébé surprise aussi alors, pas de jugement. Et autre point commun : nos enfants étaient nés en avance. « Deux mois avant terme. » Elle allait donc surement passer encore quelques semaines au chaud dans sa couveuse… J’interrogeai ensuite mon amie sur son voyage, elle s’était rendue là bas en jet. « La grande classe ! » rigolai-je alors qu’elle paraissait presque gênée de cet aveu. Je terminai finalement ma boisson et jetant un œil à l’horloge du bar, je lâchai : « Je devrais retourner à l’hôpital, ça va être l’heure des soins de la petite je voudrais pas manquer ça. » Elle avait du connaitre ça elle aussi avec ses jumeaux. Partager sa vie entre la néonat et le monde extérieur. Je réglai l’addition, me levai et la saluai d’une bise : « J’espère que ta sœur va bien se rétablir. T’hésites pas à m’appeler si ça va pas, si tu veux aller trainer ou juste pour parler. » ajoutai-je avant de quitter l’endroit pour rejoindre l’hosto.