On fait ce qu'on doit pour ne plus tomber, c'est toucher du bois parfois même prier ♥ PRIALYA

« Maintenant qu'ils ont décidé de m'accoucher demain, je suis pas sûre qu'ils nous en veuillent si on provoque les choses plus rapidement alors oui allons faire un tour... » Est ce que c'était une bonne idée ? C'était à double tranchant, soit ça me rassurait de savoir dans quel environnement notre bébé allait être pris en charge quand il sortirait de mon ventre, soit ce n'était pas du tout le cas, voir des bébés avec des sondes gastriques, une aide respiratoire allait m'affoler. Je ne savais pas quelle solution allait être la bonne, il fallait y aller pour savoir. J'engloutis mon bout de pizza, puis un autre, juste pour lui faire plaisir. Quant j'évoquais Caly je vis son expression changer et les larmes me montèrent aux yeux. Bordel ce que je me sentais bête. Ma main se dirigea vers celle de Priape et la serra. « Je sais pas pourquoi elle ne te l'a pas dit... Elle savait peut être que tu ne la laisserais pas baisser les bras alors qu'elle savait que je ne pourrais rien faire moi de mon lit d'hôpital... » De mon autre main je dirige son visage pour qu'il me regarde. « Si elle me l'a dit c'est pour que tu le saches Priape, elle savait que je te le dirais, elle ne m'a pas demandé de ne pas le faire. » Et dieu sait ce que Caly connaissait notre relation c'était surement celle qui la comprenait le mieux. En fait même si nous n'étions pas très proches, très amies depuis des années, je n'avais pas eu de mal à lui parler. C'était naturel comme relation, je ne savais pas expliquer pourquoi.

Dans quoi je me lançais… Guide touristique de la néo nat. Elle accepta, mais je sentis immédiatement une certaine pression sur mes épaules. Je ne devais pas flancher. Voilà, j’allais devoir tout lui montrer sous un œil très rassurant… Pourvu qu’aucun nouveau né ne fasse de malaise au cours de notre tour… Elle mangeait un peu puis elle m’interrogea sur Caly. Mon expression changea. Je sentis sa main s’emparer de la mienne alors qu’elle me répondait, tentant de me rassurer sur ce qui avait pu se passer dans la tête de mon autre ex, pourquoi avait-elle gardé le secret sur sa maladie. Mais d’après Talya, Caly lui avait révélé tout cela dans l’optique qu’elle me le répète. « Ca serait bien son genre de fonctionner ainsi… » C’était Caly quoi, elle voulait que je sache sans me le dire, alors elle trouvait un moyen détourné pour me l’apprendre. Un sourire triste étira mes lèvres. Mon regard trouva celui de la blonde alors que sa main sur mon visage m’avait fait redresser la tête. « Talya, je peux pas perdre Caly… Je peux pas. Tu m’as pas connu quand j’ai perdu ma sœur, j’étais rien, une loque, un déchet… C’est elle qui m’a aidé. Et quand j’ai perdu Arté, elle a été là aussi, malgré tous nos soucis de couple, elle a été là. » J’avais la gorge serrée, si bien que les mots peinaient à sortir. Je marquais donc une pause avant de reprendre : « Si j’ai traversé le monde pour aller la sortir de prison l’été dernier, c’est pas parce que je l’aimais encore, c’est parce que je l’aimerais toujours. D’un amour un peu particuliers rien à voir avec… » Avec celui que je te porte ? Non ça, il ne valait mieux pas en parler. « C’est un attachement particuliers, je peux pas l’expliquer… Mais je peux pas la perdre, je m’en remettrais pas. » Tout comme je ne pouvais pas perdre notre bébé. Y’avait eu trop de malheurs dans ma vie, le cota était atteint…

Je sentais la tristesse s'emparer de Priape, d'un Priape qui s'ouvrait complètement à moi laissant tomber les barrières, cessant d'être fort d'un seul coup, laissant apparaitre toutes ses craintes. Je poussais la table entre nous, au diable la pizza et venait vers lui au bout du lit. « Eh... eh... Stop Priape... Stop... Regarde moi... » Je plaquais mes deux mains sur ses joues pour qu'il garde la tête levée, je gardais mon regard planté dans le sien. Toutes mes craintes reléguées au second plan je ne voulais plus qu'une chose : le rassurer. « Priape tu ne vas plus perdre personne... Plus personne tu m'écoutes... ? » Mes yeux s'humidifient légèrement mais je ne veux pas flancher, je ne peux pas, il a besoin de moi. « Le bébé ira bien, tu ne le perdras pas, je ferais tout ce qu'il faut que pour tu l'aies au moins lui... Tu l'auras toujours d'accord ? Tu dois le choisir s'il se passe quelque chose d'accord ? » Mon enfant passait avant moi. Charlie serait orpheline mais je savais qu'elle grandirait avec de l'amour, que Priape serait là pour elle. Alors oui je voulais qu'il ait au moins notre bébé, et ma Charlie si jamais un truc devait arriver et qu'un choix devait être fait entre le bébé et moi. Le bébé lui serait bien plus utile pour garder la tête haute moi je ne faisais que lui enfoncer. « Et Caly ça va aller... Léo est là, je suis sûre qu'il essaie tous les jours de la faire changer d'avis... Je vais sortir d'ici et tout faire aussi, tout son entourage fera tout pour qu'elle se fasse soigner Priape... Elle devra assurer pour notre bébé en tant que deuxième marraine pendant que Elia sera trop occupée à pouponner... C'est pas rien ça, ça la fera tenir. » Je souris doucement alors qu'une larme coule le long de ma joue, je n'ai pas du tout envie de voir Caly se décomposer. Je baisse les yeux puis je les relève vers lui, encore plus emplis de larmes d'émotion. « Je.... Je comprends ce que tu ressens pour elle.... Ce qu'elle a été pour toi.... Tu as été cette personne là pour moi... » Il m'a aidé à relever la tête après le décès de mon mari et mon frère, il a été là pour m'accompagner, me soutenir... Tout comme Matthéo, tout comme Sienna, mais lui a été là d'une autre manière, comblant bien plus que les deux autres.

Mes paroles débitèrent soudain sans que je ne les contrôle vraiment, ce n’était pas ce que je voulais, mes appréhensions transpirant à chaque nouveau mot. Je n’aimais pas montrer cette facette de moi. Je préférais me fâcher, me mettre en colère, comme je l’avais fait dans un premier temps même si c’était clairement injustifié, plutôt que de laisser entrevoir mes faiblesses. Mais ce soir, cela faisait trop : la révélation de la maladie de Caly, l’annonce de la naissance prématurée de notre enfant prévue au lendemain, trop d’infos, trop de mauvaises nouvelles pour mon cerveau qui bouillonnait et la peur qui envahissait mes veines. Talya se rapprocha, se retrouvant alors dans une situation dans laquelle je n’avais pourtant pas souhaiter la mettre : obligée de me rassurer. C’était censé être à moi de la soutenir. Ses mains encadrèrent mon visage, ses yeux se plantèrent dans les miens alors que de ces mots, elle tentait de me rassurer. « Je suis désolé… » Le contact de ses doigts contre ma peau, les larmes qui envahirent ses yeux, le tremblement quasi imperceptible dans sa voix, sa volonté de se focaliser sur le bébé… Cela eut l’effet direct de me faire retrouver ma contenance. Je tendis ma main vers sa joue pour l’essuyer délicatement. « Je serais encore cette personne là pour toi Talya… Je serais là ok ? On va être deux pour écrire cette histoire. » L’arrivée de notre bébé n’était peut être pas aussi idyllique que ce que l’on avait pu imaginer mais nous allions traverser ça à deux, je ne voulais pas la laisser s’imaginer un seul instant qu’elle risquait quoi ce soit. Je voulais qu’elle se sente en sécurité, qu’elle ne craigne pas la suite des évènements. « Allez viens… On va en néonat… » fis-je en me levant, quittant la chambre un instant pour revenir avec un fauteuil. « Peut être qu’on peut mettre une option sur la plus belle couveuse du service… » Il fallait un incubateur quatre étoiles pour notre bébé…

« A mon tour de te demander d'arrêter de t'excuser. Laisse moi être là pour toi aussi un peu. » Je ne lui laissais pas franchement le choix en fait, je me suis approchée de lui et je ne suis pas prête à m'éloigner. Je veux qu'il puisse se reposer sur moi comme moi je peux le faire. Après tout c'est ce genre de relation qu'il veut qu'on mette en place non ? Qu'on puisse être là l'un pour l'autre, qu'on puisse compter l'un sur l'autre mais sans qu'il n'y ait rien de plus ? Dur pour ne pas dire impossible, mais il fallait au moins essayer. En quelques secondes, avec les paroles de Priape, je m'autorisais à m'approcher plus pour resserrer mes bras sur ses épaules alors qu'il en faisait de même avec les miennes, m'assurant qu'il serait toujours là pour moi, qu'on allait être deux pour écrire la suite de l'histoire. Ca sonnait un peu trop beau et romantique mais je le laissais dire sans relever, sans garder cette partie pour moi sachant très bien qu'il y avait de forte chance qu'elle soit moins belle en réalité que dans ses mots. « Aide moi à me lever, j'ai l'impression que ca fait une éternité que je ne suis pas sortie de ce lit ! » A chaque levée c'était une expédition ! Je m'installais sur le bord du lit et laissais mon ex déposer ma main sur ma taille pour me soutenir jusqu'au fauteuil. Maintenant que je savais que le bébé allait naitre demain, j’avais aussi peur que hâte, hâte de retrouver ma mobilité. Je posais mes fesses dans le fauteuil et op direction l'ascenseur. Une fois dedans je ne pus m'empêcher de dire à Priape : « Tu sais que c'est à double tranchant ? »

Peut être qu’elle avait raison, que ce genre de lien ne pouvait pas être à sens unique, que je ne pouvais pas être là pour elle, et la repousser quand à mon tour je me sentais flancher. Ses bras s’enroulèrent autour de moi, je fis de même, serrant un instant la jeune femme contre moi. Puis ce fut le départ pour la néonat. Bonne ou mauvaise idée ? Je pensais qu’il valait toujours mieux savoir… C’était mieux que de s’imaginer des choses, obscurcir une réalité qui était déjà suffisamment noire ainsi. J’aidai Talya à s’installer sur le fauteuil roulant et on quitta la chambre. La blondinette laissa finalement échapper son doute alors qu’on entrait dans l’ascenseur, direction le service qui accueillerait dès demain notre bébé. Ma main glissa alors contre son visage… « Ca va aller ne t’en fais pas.. C’est moins pire que ce que tu peux imaginer. » soufflai-je alors que le dos de ma main caressait doucement sa joue avant d’ajouter quand même une autre option : « Mais si tu préfère, j’appuie sur le bouton rez de chaussée et on file faire un tour de toboggan… » Petit souvenir de son anniversaire et de la glissade promise alors.

Je profite de l'instant où la main de Priape effleure ma joue, j'aime ces moments de tendresse entre nous, c'est plus fort que nous, comme l'étreinte qu'on vient de se donner pour se soutenir. Quand il me parle du toboggan je relève les yeux vers lui, il est tard et ce n'est pas très futé ce que je vais demander mais je le demande quand même, parce que j'ai besoin d'un peu de légèreté. « Je veux le toboggan Priape. » Je suis sérieuse, j'ai besoin d'un bon éclat de rire pour oublier l'aire glaciale dans lequel on a commencé notre entrevue et pour passer aussi la nuit qui va arriver à angoisser toute seule, avant de mettre au monde notre bébé. Je le vois hésiter ou me prendre pour une folle, je ne sais pas quelle solution est la bonne. « S'il te plait Priape... Juste un... » Un tout petit tour de toboggan.« Je te promets qu'après on ira en néonat après... » Est ce que je repousse le moment où je vais voir le futur habitacle de mon bébé ou est ce que j'ai juste besoin d'un moment de plaisir ? Je n'en sais rien, un peu des deux il me semble, Priape doit le comprendre mais il doit aussi me trouver insouciante.

Sentant la tension monter dans la cabine de l’ascenseur, j’avais proposé une alternative : descendre et retourner à l’air de jeux, se faire cette fameuse glissade dont on avait parlé au mois d’août, lors de ses 25 ans. Elle choisit cette option bien sûr. « Talya, je… » Mais elle anticipa mes mots, me promettant un seul tour et ensuite la visite si je le voulais… Mon regard croisa le sien… Ses yeux, ses yeux auxquels j’avais tant de mal à résister, et comme bien trop souvent, je cédai. Mon index pressa sur la touche RDC et l’ascenseur se mit en marche. Je ne savais pas si c’était une très bonne idée, mais puisqu’à présent tout était joué, ce n’était pas un petit tour de toboggan qui allait changer la donne. Les portes s’ouvrirent je poussais le fauteuil jusqu’à l’extérieur, jusqu’aux jeux, et je tendis la main à la blondinette pour l’aider à se relever. « T’es sûre que ça va aller ? Faut peut être que je te tienne comme Charlie… » me moquai-je avec un petit sourire.

Priape appuye sur le bouton du rez de chaussée et comme une sorte de réprimande je ne peux m'empêcher de lui dire en rigolant : « Monsieur Zacharias il va savoir être plus ferme avec votre futur enfant car je ne supporterais pas autant de laxisme ! » Petit clin d'oeil. Non mais en réalité il n'allait pas falloir qu'il passe son temps à défaire le cadre que j'allais donner à notre enfant, ou inversement, il allait falloir qu'on accorde nos violons, c'était comme ça voilà tout. M'enfin, en attendant, j'étais contente qu'il cède. Je saisis sa main pour sortir de mon fauteuil et me retrouvais planter devant lui les yeux dans les yeux, avec le sourire : « Tu peux juste être là au cas où je bascule en arrière dans un premier temps, et m'attendre en bas après. » Je monte doucement mais surement, je ne suis pas en chemise d'hôpital sans rien dessous hein, il ne faut pas abuser. Je m'installe en haut du toboggan et j'attends que Priape se positionne en bas. « Je crois que je suis lourde donc je vais moins m'envoler que Charlie en bas, mais tu me rattrapes hein ? » Je n'ai pas envie de prendre de gros risques, je veux juste un brin de folie.

« J’espère qu’il ou elle n’aura pas tes yeux alors… » répondis-je en rigolant alors qu’elle me taquinait sur mon laxisme. Parce qu’avec son regard, elle avait ce pouvoir de me faire céder sur à peu près tout… Pour notre enfant, j’espérais que ça serait différent. J’avais du mal encore à m’imaginer en tant que père : est-ce que j’allais être plutôt ferme et sévère, ou plutôt cool ? Et comment allions nous nous en sortir pour avoir la même ligne de conduite concernant son éducation ? Pour le moment, l’heure n’était pas à ce genre de questionnement mais à la détente. Talya descendit du fauteuil. Je restais derrière elle le temps qu’elle gravisse les quelques marches qui menaient au sommet du toboggan puis j’allais me positionner en bas, souriant à sa demande. « N’aie pas peur je suis là, je vais te rattraper… » Ok, la césar était demain mais on aurait l’air malin de devoir retourner en urgence dans le service pour un décollement placentaire. Je m’agenouillai donc devant le toboggan et écartai les bras, prêt à ralentir la fin de la descente de la blondinette.