camilo ◇ we were bold and young.

Peut-être que Las Vegas est réellement une belle ville dans laquelle refaire sa vie, mais pour moi, c'est le lieu des péchés. Celle où je serais incapable de grandir correctement. Ça semble stupide comme ça, mais c'est de cette manière que je pense. Las Vegas n'est pas un endroit pour moi afin d'y vivre pour toujours seulement pour quelques jours. Pas plus. « Justement, c'est bien beau que tu puisses être qui tu veux, mais au final, tu te perds toi-même. » Je pivote la tête légèrement pour regarder son profil et j'hausse les épaules. J'en ai marre d'être debout alors je vais m'asseoir sur le lit en soupirant de soulagement. Ça fait du bien à mes pieds et à ma tête qui semble cesser de tourner. « Si tu en avais l'occasion, tu serais qui et quoi ? » Ma vilaine curiosité. Genre une imitation d'Elvis qui marie les gens saoulent dans une chapelle ridicule ? Personnellement, je serais une danseuse exotique comme ça, je pourrais continuer à danser.

Cet été m'avait transformé. Le Camilo sage et beau mais sans plus s'était transformé en homme charismatique qui essayait de gagner les coeurs et passer les cours en même temps. Grâce à Vegas. Je savais évidemment quoi lui répondre. Je serais comme je suis maintenant. Si je voulais être autre chose, alors j'essayerai de le devenir. J'allais me servir un verre d'eau moi aussi, il commencait à faire plus chaud étrangement. Et toi? T'aimerais rester belle, jeune, dynamique et spontanée comme tu es, ou devenir quelqu'un d'autre? Je souris, c'était à la fois une facon de lui retourner la question mais aussi de la compimenter. Ah desfois je me surprends moi même, cette spontanéité à être beau et charmant c'était, remarquable.

Malgré mon niveau d'alcoolisme, je dois dire que je suis étonnée de moi d'être dans la capacité de sortir des phrases légèrement philosophiques. Enfin, jusqu'à ce que Camilo me donne réponse à la question que je lui ai posé et je suis surprise. Ce n'est complètement fou comme manière de penser tout en chassant d'un geste de main les compliments qu'il me dit. Je peux facilement sentir mes joues se chauffer pour être légèrement teintées de rouge. « J'essaierais de vivre un peu plus. » Parce que je ne vis pas assez, mais dans cette vie, ça me va parfaitement. Puis, avec le mal de crâne que je vais avoir demain matin, c'est beaucoup mieux. « Et je deviendrais une danseuse comme dans Chicago sans la partie chant. » Avec la voix que j'ai, c'est mieux pour tout le monde. Je soupire en me laissant tomber sur le lit et admirant le plafond blanc, mais je ne reste pas très longtemps étendue sur le dos. Après quelques secondes, je me relève et me rapproche de Camilo me stoppant à cinq centimètres. « Et je ne suis pas si spontanée que tu le crois. » Je réfléchis toujours aux conséquences avant de faire quelque chose.

Elle pouvait dire ce qu'elle voulait, mais elle avait quand même laissé rentrer un quasi-inconnu dans sa chambre, malgré que l'inconnu sois assez bien foutu, ait agi comme un gentleman du début à la fin et avait une facon de réfléchir plus que sensé, tout en étant assez narcissique. Alors, c'était une danseuse, exotique peut-être? Elle m'intriguait, contrairement aux autres femmes que je connaissait elle ne voulait pas me sauter dessus dès qu'on se rapprochait. Elle se leva du lit, fit quelque pas doucement vers moi, mon coeur commencait à battre un peu plus vite mais je masquais ca par un sourire en coin, et elle me dit qu'elle n'était pas si spontanée, laissant un petit sous-entendu au passage. Je souris et me mordis la lèvre. Dans les films d'habitude c'est maintenant qu'il s'embrasse. Je ris légèrement avant de détailler son visage, ses yeux. Tu m'as laissé rentrer dans ta chambre pour mes beaux yeux ou pour autre chose? Ben oui, si ca se trouve elle veut même pas de moi.

On retrouve la même proximité que tout à l'heure sauf que cette fois, c'est moi qui l'a fait. Cette fois, je suis celle qui a traîné ses pieds jusqu'à me retrouver à quelques centimètres de son visage. Je détaille son visage, m'arrête à ses lèvres qu'il se mordille puis remonte les yeux jusqu'aux siens. Puis, je ris. Il n'a pas tort, dans certain film s'est le moment. « Non, dans les films ils sont déjà endormis en petite cuillère après avoir couchés ensemble. » Spécialement ceux qui se déroulent à Las Vegas. Qui est-ce qui tombe amoureux à Las Vegas ? Mise à part ceux qui s'y marient, personne. « Tes beaux yeux. » Dis-je en me moquant, mais en m'attardant sur ses yeux dont j'ignorais, jusqu'à maintenant, la couleur. « Toi on sait que t'es ici pour m'apporter un coup de main. Venir à mon secours. » Sauf que moi, mes intentions étaient plus flous. D'ailleurs, je n'ai toujours pas de raison pour laquelle je l'ai invité dans ma chambre. « À moins que ce soit complètement faux ? » Mon sourcil droit s'hausse et je le fixe.

Je ne savais pas si c'était l'alcool. Je ne savais pas si c'était moi, ou si c'était elle, mais on s'était retrouvés à une certaine proximité subitement, et aucun de nous n'était prêt à la briser, du moins pas pour le moment. Elle fit des remarques comme quoi si on suivait le modèle du film basique de Vegas, on aurait déjà fini l'un sur l'autre, nus, après avoir passé une nuit torride. Avant de complimenter mes yeux. Puis de dire que j'étais là seulement pour l'aider, sans en être sûre. Trop de blabla, trop de tentation et elle le savait. J'haussais un sourcil avec elle. Peut-être que oui, peut-être que non? Un sourire en coin se dessinait sur mes lèvres. Ma main se glissa sur sa joue, mon pouce caressa sa peau juste en-dessous de ses yeux d'un vert envoûtant et je penchais ma tête vers la sienne, avant de déposer un doux baiser sur ses lèvres en espérant qu'elle allait le prolonger. Coup de tête? Peut-être. Élan de confiance? Assurément.

Franchement, j'ai l'impression d'être une toute autre personne après avoir ingurgité cette quantité d'alcool. La vraie Palmyr serait probablement à quelques mètres de Camilo ou non, elle serait toute seule dans cette chambre. Elle n'aurait pas laissée entrer un inconnu avec un grand sourire sur les lèvres comme si la chambre était sa maison. La Palmyr du présent est tombée sur la tête. Peut-être que oui, peut-être que non est sa réponse ? Je ne suis pas surprise. Mes lèvres s'étirent en un mince sourire tandis que sa main caresse ma joue. Je suis le mouvement de son pouce du coin de l’œil sachant que trop bien la suite des événements puis se plonge dans ceux de Camilo. J'inspire profondément lorsque ses lèvres se décollent des miennes ayant l'impression qu'un volcan vient d'explosé dans mon bas-ventre. Pour ce coup, je ne réfléchis pas, je me colle davantage à lui et prolonge ce baiser. Et je me décolle de ses lèvres pour me mordiller la lèvre inférieure : « C'est une partie du remerciement. » Ou sa récompense de ne pas m'avoir laissé à mon sort ou de ne m'avoir étranglé dès que la porte s'est refermée.