LUKANE ► BE MISTER HAPPIEST. YEAAH.

On a déjà tous senti cette sensation de ne plus du tout contrôler son corps. Moi, je m’étais retourné la tête après avoir compris que tout le monde s’en foutait complètement de me blesser. On me cachait des choses, on m’étourdissait complètement. Je ne savais même plus où donner de la tête avec toutes ces nouvelles qui arrivaient. Si on m’apprenait que j’allais tomber dans une crevasse dans la semaine, j’y croirais tout simplement. J’avais atteint un point intense, et je ne savais même plus comment faire demi-tour. J’avais achetée cinq bouteille d’alcool cet après-midi et depuis, j’essayais de tout mon cœur de les vider pour tout oublier. Contre toute attente, Naima m’avait trouvé avec la deuxième bouteille de scotch dans la bouche et elle avait décidé de me laisser dans ma merde une soirée. Alors oui, je ne vais pas le cacher, j’ai une bouteille entière dans mon sac accompagnée d’un sachet de marijuana. Celle que j’avais déjà commencé se trouvait dans une de mes mains, mon joint dans l’autre. La piscine me paraissait si proche que je m’y étais rendu sans même penser au fait que je pourrais tomber dedans sans que personne ne s’en aperçoivent. Je pourrais disparaître de la terre et la seule personne qui me pleurerait serait… Rico, mon chien. Les autres ne feraient que semblant. « Putain, elle est où cette piscine… » Je marchais depuis dix minutes réellement mais deux seulement à cause de l’alcool, donc dans ce monde magique où je me trouvais. Au bout d’un moment, je voyais la lumière se refléter sur le cristal de l’eau, et je sautillais vers cette dernière. Arrivant au pied de ladite piscine que je voulais tant trouver depuis tout à l’heure. Malencontreusement, je n’étais pas seule. Et ce garçon pouvait être un pur inconnu, je n’allais pas le laisser comme ça. J’avais un peu bu, mais mes esprits étaient encore là. Puis suite à la douche que j’avais prise en pleurant, j’avais complètement dessoûlé. Demain, j’aurais mal à la tête, je pouvais m’en assurer. En attendant donc ce moment fatidique, je me dirigeais vers lui, joint à la bouche. M’asseyant à ses côtés, je regardais vers l’eau, comme lui. Et ça m’ennuyait terriblement, alors je tournais ma tête vers lui. « Besoin de bonheur ? Prends ça. » Je lui tendais mon joint d’une main, posant ma bouteille derrière moi avec l’autre. Et je lui souriais. Je ne le connaissais pas du tout, mais j’avais se besoin d’être gentille avec toute les personnes que je rencontrais depuis mon déménagement. « En fait, moi c’est Bane. Mais tu peux aussi m’appeler Walkerson. » Je rigolais un peu, replaçant mon regard sur la flotte en face de nous, et je me tenais de préciser une petite chose sur la dernière phrase que je venais de dire. « Eum… Walkerson… C’est mon nom de famille en passant. » Je souriais. J'étais trop gêné de ce que je venais de dire, simplement parce que ça me rendait plus débile que je ne l'étais. Je ne savais pas comment m'y prendre pour paraître de nouveau normale à ses yeux.

Je ne savais pas comment ni pourquoi je me retrouvais tant dans une situation merdique. Mes jambes avançaient presque de leur propre chef et mes yeux voyageaient comme bon leur semblait. Mes bras se laissaient aller et j’avais juste envie de me laisser aller un bon coup. Apprendre que votre meilleure amie a une tumeur au cerveau n’est jamais une partie de plaisir. Et si vous vouliez tout savoir, je n’avais pas besoin de l’apprendre du tout. J’aurais carrément préférée qu’elle me le cache jusqu’au dernier moment. Je tenais tellement à elle que je n’arrivais pas à comprendre. Elle était si adorable, si prévenante. Et c’est elle qui devait souffrir selon la vie. Injuste. Oui, injuste. J’arrivais à la piscine, et avec ce pur inconnu, j’avais joué à la fille super contente de vivre, lui proposant mon joint pour se détendre. Il avait eu l’air trop sérieux à mon arrivée et je détestais les gens trop sérieux. Quand je voyais qu’il le prenait et qu’il le rallumait avec son propre briquet. Je souriais. Surtout parce que maintenant je connaissais son prénom à ce jeune homme. Luke. Comme Lucky Luke je pense. Mais c’était tout de même un prénom assez cool sur les bords. Plus que Bane. Tout le monde me fait le rapport au centaure d’Harry Potter, vous imaginez la poisse sur ma tête. Il c’était un peu moqué de moi, mais après tout qui ne l’aurait pas fait après cette présentation stupide. Même moi je m’aurais ri au nez. Lorsqu’il me faisait à nouveau parvenir le joint, j’en prenais directement deux lattes, gardant la fumée quarante secondes pour la relâcher timidement. Il me demandait pourquoi j’avais de l’alcool et je me sentais mal. Il allait me trouver bizarre, une fois encore, parce que j’allais devoir inventer l’excuse la plus bidon du siècle. Ou alors lui raconter la vérité. Puis, il me confirmait qu’on avait toujours une raison pour boire à la bouteille et ça me faisait sourire. « Ben… Pour être honnête je préfère ne pas me rappeler de cette journée, alors si pour cela je dois me soûler et vomir mes trippes… Je le ferais. » J’avais la voix tremblante, la gorge sèche. Juste parce que je repensais à Taylor. Et à ce qu’elle vivait chaque jour. Et d’un coup, un rire nerveux sortait sans la permission. Et je me tournais vers lui. Je me posais des centaines de questions, mais au fond je me devais d’en dire plus. Pour moi, pour me libérer. « Tu dois trouver ça fou que je souhaite être si mal au point. » J’esquissais un sourire en coin. « Mais quand les gens que tu aimes sont définitivement des hypocrites, tu préfères ne même plus y penser le temps d’une soirée. » Je pouvais être très coquette comme très mélancolique quand je prenais un joint. Ça dépendait tout d’abord de la discussion et de mon état d’esprit. Je savais bien à quel point je pouvais faire pitié à ce jeune homme, mais il avait l’air aussi à côté de la plaque que moi, donc tout roulait dans le meilleur des trois palmiers.

Quand on regardait bien, la nuit était fabuleuse ce soir. Le ciel était dégagé de tout nuage possible, la lune brillait de milles feux et me donnait presque envie d’être dans l’espace, et l’air était frais. On ne pouvait pas avoir chaud face à une telle situation. C’était presque trop parfait. Je n’étais pas une fille compliquée, je ne l’avais jamais été. D’habitude, je n’aurais jamais bu de l’alcool seule, sans personne. Oh non. Je préférais être bien accompagnée pour être sûr de ne pas finir dans les branches d’un arbre auquel je ne saurais descendre. Il me disait que ce n’était pas fou, ou que du moins si ça l’était, nous serions ensemble. Et je souriais en même temps que lui, parce qu’il arrivait à me réconforter. Il me faisait même rire en me disant que je n’avais qu’à lui dire qui c’était joué de moi pour qu’il aille le voir. Je n’arriverais jamais à rester sérieuse ce soir, c’était impossible. « Arrête… Tu ne peux pas aller voir une dizaine de personnes quand même ! Surtout à cause de moi ! » Je disais tout ceci sur un ton joueur parce que je savais bien qu’il n’y avait pas dix personnes avec lesquels je me sentais mal. Non. Juste deux ou trois maximum. Nous rigolions en cœur et j’adorais ce sentiment d’enfin être comprise. Je ne savais pas comment il avait fait ce miracle, mais il avait réussi à me soutirer un sourire sans grands efforts alors que j’étais partie pour me jeter dans une piscine en mal d’amour et bourrée jusqu’à la dernière cellule de mon corps. Il était fort. Je devais l’avouer. Même très fort. Le vent tapait sur nous et je frissonnais de bonheur, car j’adorais cette température ambiante. À la limite du froid et du chaud, juste comme il le faut. J’enlevais mes chaussures, décroisant mes jambes pour les laisser s’enfoncer dans l’eau. Luke me disait que je pouvais tout lui raconter, et il me demandait encore un peu de mon bonheur. Je rigolais en lui passant le joint. « Le bonheur ne tient qu'à une poignée de courage. » J’attendais qu’il le tienne bien avant de totalement le lâcher et attraper la masse de cheveux qui pendait dans mon dos, les attachants sous forme de chou au dessus de ma tête. Enlevant ma tunique pour laisser transparaître mon maillot brésilien. Je me laissais glisser dans l’eau pour finalement poser mes coudes sur le bord de la piscine. Là où mes fesses se trouvaient deux secondes auparavant. Je prenais ma bouteille de scotch, l’ouvrant pour y prendre deux bonnes gorgées et grimacer sur cette alcool qui passait lentement dans ma gorge pour se laisser sentir sur le long de son voyage dans mon intérieur. Waw, c’était pas les gorgées les plus faciles à avaler, mais au moins je n’étais pas déjà malade. En redéposant la bouteille je regardais Luke. « Tu sais, tu devrais me rejoindre, elle est vraiment bonne. » Je souriais franchement, voulant à tout prix qu’il me rejoigne. Je ferais tout pour qu’il plonge dans l’eau, juste pour qu’on se déstresse un bon coup. En plus de ça, il avait bientôt terminé le joint. Raison de plus pour ne pas rester inerte en une si belle soirée. Je le regardais en mordillant ma lèvre inférieur. « Allez viens, je te raconterais tout, promis. » C’est en lui disant ceci que je m’écartais lentement du bord, le regardant toujours, sauf qu’ainsi il avait une vue d’ensemble sur moi, et que moi je pouvais le voir sourire tout simplement. Je l’aimais bien, il était gentil et différent des autres.

L’eau était définitivement très bonne, et quand j’avais terminée par y plonger tout mon corps, j’avais été très surprise d’aimer ça. Je souriais même sans cesse tellement j’adorais la sensation de l’eau contre mon corps. C’était mieux que de simplement sentir le vent me caresser. Enfin, c’est ce qui me semblait le plus logique. Sur le moment. Dans mon côté débranché à cause des joints et de l’alcool. Bref. J’avoue avoir un minimum dragué Luke en rentrant dans l’eau, mais ça ne faisait de mal à personne. Personne. Il était tellement gêné qu’il faisait semblant de ne même pas être un bon nageur, ce qui me faisait rire intérieurement, c’était trop mignon de sa part. « Je suis sûr que tu nages comme un petit poisson. » Je lui faisais un grand sourire avant de tournoyer dans l’eau en m’éloignant du bord. Il avait précédemment gratté le dos de sa tête, et nous savions tous sans exceptions que quand les mecs font ça, c’est que soit ils sont gênés de quelque chose, soit ils essaient de montrer leurs biceps. Je lui faisais la promesse de tout lui raconter s’il venait dans l’eau, et d’un coup je le sentais plus serein, plus curieux. Il devait dans un autre monde penser à s’échapper en courant, mais là, entre nous, ça se passait plutôt bien. Il fallait l’avouer, plus je le regardais, plus je le trouvais mignon. Il avait se côté prude qui me plaisait beaucoup, et les bruns sont les garçons les plus fabuleux que je connaisse, je n’aimais presque que ça. Oui, je suis une raciste capillaire, et alors ? Il m’arrivait de faire des exceptions de temps à autre. Il enlevait son tee-shirt en m’annonçant que je le prenais par les sentiments. Je mordais ma lèvre inférieure en voyait son torse de mâle. Bane en chaleur, amicale ? Mode activée. Tout comme moi auparavant, il se laissait glisser dans l’eau, ressortant en secouant la tête. Je me protégeais des projectiles d’eau qui pourrait arriver dans mes cheveux, ou mes yeux. Mais je gardais envers et contre tout le sourire. Il commençait à nager en s’éloignant de moi, je m’approchais à mon tour quand il me demandait si j’aimais bien l’eau. Je rigolais à la question tellement c’était innocent et mignon. Quand j’arrivais en face à face à quelque centimètres nous séparant. « J’aime l’eau. C’est… relaxant. » Ma voix se faisait sensuelle d’un seul coup, puis je fendais un sourire pour me retourner et faire une bras de brasse. Je jouais avec lui comme si c’était la dernière chose qui m’était accessible, et pour une fois je me sentais en vie et aimée d’au moins une personne, mon ange gardien. Si je n’étais pas tombée sur lui, qui sait ce qui se serait passé. Personne. Même pas moi. Je m’étais éloignée d’un bon mètre et demi maintenant et je décidais de me retourner vers lui, les yeux batifolant sensiblement. « Je te prends par les sentiments, vraiment ? » J’aurais pu pousser le jeu de la séduction. Et à tout bien y réfléchir, c’est ce que j’allais faire. Je croisais mes bras, comme si j’avais froid, et j’attendais, la bouche entre-ouverte et les yeux perdus.

L’alcool et moi, on faisait ami ami depuis peu de temps. Simplement parce que je me sentais de plus en plus mal. Que ce soit à cause du déménagement, ou bien de mes amis. Et ça je le savais, parce que je ne buvais pas du tout avant, ou alors si peu. Quand je me retrouvais dans cette grande piscine, je sentais cette douceur et ce bien-être m’envahir. Je ne m’étais pas senti aussi sereine depuis bien longtemps. La lune devait jouer sur mon humeur parce que mes yeux se perdaient sur elle de temps à autre, l’admirant comme la première merveille du monde. Luke me semblait stressé. Je m’en rendais compte simplement parce que l’eau me faisait un grand bien et que je ne me sentais plus du tout à la limite de la nauséeuse. Je lui avais répondu, oui. Je lui avais dit que j’aimais l’eau et que celle-ci pouvait être très relaxante. Quant à lui, il n’avait fait que me confirmé ma vision des choses, ce qui me rendait un peu heureuse quand même. Peu de gens me donnait raison. La plupart du temps, il me contredisait comme si c’était naturel chez eux. Je voyais bien qu’il évitait mon regard. Et j’avais décidé de ne pas l’embêter plus en m’éloignant. Plus je nageais, mieux je me sentais par rapport à moi-même. L’eau faisait en sorte que j’oubliais tout ce qu’on pouvait m’avoir fait. Ou alors, c’était lui. Il était l’homme magique qui m’enlèverait toutes mauvaises pensées. Alors oui, je lui parlais sensuellement. Oui, je faisais deux trois sourire loquasse qui pourrait le mettre mal à l’aise. Mais au fond, je ne le faisais pas méchamment. Je le faisais naturellement. Il me disait être curieux et ça me faisait sourire timidement. Je n’avais même pas eu le temps de lui répondre qu’il reprenait la parole pour me dire qu’il avait un peu froid. Je le regardais ce rendre au bord de la piscine, dans ces escaliers petits et étroits. Je ne le suivais pas tout de suite, je relâchais simplement mes cheveux de cet élastique pour nager sous ce liquide transparent. J’arrivais aux escaliers quand je sortais ma tête de l’eau et que je lui souriais en sortant de cette dernière. Le prenant dans mes bras. « Merci. » Je le relâchais sans explications, allant jusqu’à mon sac pour me pencher vers celui-ci. Sortant une serviette pour m’essuyer. J’essayais de sécher mes cheveux avant mon corps, et je me dirigeais de nouveau vers lui. Laissant peu d’espace entre nous. « Je bois parce que ma meilleure amie est atteinte d’une tumeur au cerveau. Et que je ne peux rien faire pour elle. » Je lui disais cela sans même peser mes mots, je lui disais cela comme un robot sans émotions. Pourtant, j’étais si froide qu’il pourrait comprendre quelque part que ça n’allait pas du tout. Je ne le regardais même pas dans les yeux. Le sol était devenu ma seule préoccupation. Jusqu’au moment où une larme brûlait à son passage ma joue si froide. Je passais ma serviette autour de mes épaules, grelottant un peu à cause du vent qui soufflait. « Je ne suis pas quelqu’un de mauvais… Enfin je ne crois pas… Le suis-je ? » Je me posais tellement de question. Et s’il était vraiment mon farfadet géant rien qu’à moi, il y répondrait, même très vaguement.