L'eau a coulé sous les ponts... (Alie)

Alie commenta la photo : apparemment elle était parfaite. Un plongeon plus tard, on se retrouva dans l’eau. Je l’interrogeai sur son séjour : team tente, caravane, chalet ? La demoiselle avait opté pour la dernière option, et elle avait donc la chance de profiter de la clim. « Je squatte aussi le chalet de ma meilleure amie, c'est vrai que la clim c'est agréable mais je trouve qu’il y fait étouffant quand même. J’imagine même pas les tentes ! » La brune fit quelques brasses vers moi en me faisant savoir qu’elle allait attendre une journée moins chaude pour se rendre dans le grand canyon. Mon regard déviait dangereusement sur son bikini qui mettait avantageusement en valeur sa poitrine. « C’est clair qu’aujourd’hui il fait très chaud… » Et là je ne me référais pas qu’au climat. Je n’oubliais pas comment on avait fini lors de notre première rencontre : dans le même lit. Et la demoiselle était toujours aussi attirante. Sauf que, ma situation avait changé. Je fis donc prudemment quelques mouvements pour nager un peu vers le bord et remettre une distance de sécurité plus raisonnable entre nous.

Je souris lorsqu’elle souligna qu’on était peut être voisins. « Faudra que tu me montres où se situe ton logement, mais oui, peut être. » Elle m’expliqua que son ami et coloc pour l’été l’avait lâchée. « T’es toute seule du coup dans ton chalet ? Tu t’ennuies pas trop ? » Parce que les vacances, le summer camp, c’était fait pour se reposer certes, mais c’était aussi et surtout fait pour s’éclater, faire la fête. J’eus un petit mouvement de recul lorsque la séduisante brune commença à nager dans ma direction. Une distance de sécurité s’imposait entre nous, surtout si on repensait à la façon dont on avait fini la dernière fois. La jeune femme me questionna alors sur les autres personnes que j’étais venu voir ici, en dehors de ma meilleure amie. C’était là le moment où je pouvais court à toute ambiguïté entre nous en lui annonçant le chamboulement qui allait arriver dans ma vie. Je me lançais donc : « Je suis venu voir Talya aussi… La mère de mon futur bébé. » Voilà l’annonce de ma future paternité était faite. Mes yeux se relevèrent, croisant les siens pour essayer d’y lire sa réaction. Elle m’avait connu volage et sans attache, du genre à même pas rappeler après une partie de jambes en l’air. Elle me retrouvait, plus calme, plus posé et futur papa. « Y’a eu pas mal de changements dans ma vie ces derniers temps. »

« On fera ça je te raccompagnerais tout à l’heure. » promis-je. Et puis une jolie fille comme ça seule dans un logement, ça pouvait attirer des personnes mal intentionnées, alors c’était surement plus prudent de l’escorter jusqu’à son chalet. La demoiselle n’y passait pas trop de temps, s’ennuyant un peu depuis le départ de son coloc. « T'as pas essayé de trouver quelqu'un d'autre ? » J’avais ensuite lâché l’info, celle concernant le chamboulement qui m’attendait pour fin octobre : l’arrivée d’un bébé dans ma vie. La surprise se lit sur son visage. Le changement était radical. Passer de coureur à père de famille. Elle me demanda quasi aussitôt si j’étais heureux, j’hochai la tête : « Oui, je suis super content. J’ai eu un peu du mal à me faire à l’idée au début. On s’est posé beaucoup de questions Talya et moi, parce que les circonstances n’étaient pas évidentes, on venait de se séparer, rien de tout ça n’était calculé. Mais au final maintenant j’ai hâte de rencontrer le bébé. » Encore quelques mois à patienter.

Alie semblait bien s’accommoder de son chalet pour elle toute seule. Au moins, pas de prise de tête avec son coloc comme ça, ça avait surement des avantages. J’essayais de lui résumer brièvement ma situation actuelle : le bébé –surprise-, ma séparation d’avec Talya, le fait que j’étais content malgré tout de la naissance à venir. Mais ce fut sur ma relation avec la blonde que mon interlocutrice m’interrogea, cherchant à en savoir plus. « C’est compliqué… En fait, on s’est beaucoup pris la tête, on s’engueule souvent, là on essaie de faire passer nos rancoeurs au deuxième plan, après le bien être et l’intérêt du petit. » Ca aurait été surement plus simple pour moi si je pouvais la détester mais la vérité c’était que j’étais toujours amoureux d’elle, ce qui ne m'aidait pas à tourner la page. Bref c’était le bordel. Cela me permit d’interroger Alie à son tour : « Bon alors, je te fais part des changements dans ma vie mais toi tu me dis rien… » fis-je en l’éclaboussant un peu pour la taquiner. « Tu as quelqu’un dans ta vie ? Des projets bien spécifiques ? Voyage ? Mariage ? Bébé ? » Je voulais en savoir plus sur la demoiselle et sur les tournants qu’avait pu prendre sa vie.

Je la regardais saisir une bouée et s’y hisser pour se laisser ensuite flotter, confortablement installée. Je ris : « Tu veux pas que je t’apporte un cocktail aussi ? » rigolai-je en la voyant faire sa princesse. Elle me confiait son envie de vivre au jour le jour, profiter, sans penser au lendemain. « Carpe diem ! T’as raison profite. » acquiesçai-je. C’était le genre de philosophie que je ne pouvais plus avoir désormais. J’allais être papa, j’allais être très vite rattrapé par mes responsabilités. Je ne pouvais plus me contenter de vivre d’amour et d’eau fraiche. Je devais commencer à tenir des comptes serrés, dépenser intelligemment, épargner aussi vu tous les achats que j’allais devoir faire pour l’arrivée du petit. C’était bien pour cela que je ne m’accordais que quelques jours de break au SC. Je nageai jusqu’à sa bouée histoire de la taquiner un peu en criant : « Attention Alie, y’a un requin qui t’attaque ! » et joignant le geste à la parole, je saisis les bords de son embarcation pour la faire chavirer dans l’eau turquoise de la piscine. Futur papa certes, mais encore grand gamin dans l’âme !