Fraicheur nocturne • MARTIN

J'ouvre les yeux dans la caravane, il fait noir, Priam dort profondément. Il fait une chaleur de fou là dedans, je vais étouffer si je ne sors pas. Je me glisse en dehors du lit et je vais ouvrir la porte. Il fait plus frais dehors, il y a un petit air mais vraiment infime. Je ne sais pas si j'arriverais à me rendormir de suite alors je préfère prendre le tee shirt de Priam, l'enfiler et me poser sur la terrasse, en culotte et en tee shirt oui, il fait trop chaud pour mettre autre chose. J'allume la bougie sur la table pour ne pas me retrouver complètement dans le noir, je n'ai aucune envie de me faire kidnapper ou qu'il m'arrive quelque chose en ne voyant pas un fou arriver. J'entends d'ailleurs quelques pas, un jeune homme passe par là, il tourne la tête vers moi et je lui souris. Oui qu'il continue de regarder que mon visage parce que je suis toujours en culotte même si le tee shirt de Priam m'arrive jusqu'à mi cuisse et donc que ça cache. Je suis surement un peu bête de me dire qu'en plein milieu de la nuit tout le monde dort alors que c'est quand même le summer camp et que tout le monde en profite pour faire la fête sans se soucier des examens, de la rentrée et tout ce qui se rapporte à l'université.

Culotte et tee shirt sur la terrasse, je pense que j'aurais pu mieux faire mais j'étais quand même loin de me douter qu'il y avait encore du monde à cette heure dans les allées, comme si j'oubliais que nous étions au summer camp et qu'il y avait des fous, des étudiants, qui comptaient bien profiter de chaque moment et même s'il fallait aller jusqu'au bout de la nuit. Et puis il faisait chaud alors bon, à quoi bon sortir prendre l'air pour être mieux s'il faut qu'en sortant je me couvre ? Autant rester dans la caravanne à ce compte là finalement. Lorsque j'entendis une voix, je fus légèrement surprise mais je ne bougeais pas pour autant, après tout on ne voyait rien même si en se rendant compte de mon accoutrement il avait détourné le regard. « Trop chaud c'est peu dire ! Et toi ? Chaleur ou manque qui t'ont fait sortir à cette heure ? » Ouai parce que vu la gueule enfarinée qu'il avait et la voix qui déraille un peu, il avait dû dormir, il ne faisait pas parti des supers fêtards qui ne dorment jamais. « L'année prochaine, j'espère que le summer camp sera au Groenland et qu'on ne nous proposera pas de vivre dans des igloos ! » Le Groenland parce que ça ferait un peu pencher la balance de la fraicheur mais avec les igloos il allait faire trop froid, un peu comme dans les caravannes où il fait beaucoup trop chaud !

Fumait il une cigarette ou quelque chose d'autre ? Je n'en savais rien et il n'était pas assez près de moi pour que je sente ce qu'il pouvait recracher en fumée. Et puis au pire il faisait bien ce qu'il voulait non ? C'était ses poumons qu'il intoxiquait et non les miens, bien qu'il se rapproche un peu pour parler sans crier, après tout il est quand même trois heures du matin il faut être discret. « Tu devrais essayer de fumer dans ta caravane je suis sûre que ça tuerait tous les pauvres trucs qui y vivent ! » Ouai parce que maintenant qu'il était plus près je toussotais déjà à cause de la fumée. C'était ainsi, soit on aime soit on craint la cigarette, je faisais partie de celle qui n'aime pas cela, en même temps j'avais déjà une leucémie en rechute depuis peu alors je n'avais pas besoin de cumuler avec un cancer des poumons. Je finis par rigoler lorsqu'il reprend mes propos sur le groenland, purée ce que ce pays me fait rêver là maintenant tout de suite avec cette chaleur. « J'ai l'ours polaire déjà. Il dort actuellement lui alors je parie qu'il aurait froid au Groenland ! Mais pour rien au monde je ne le changerais ! Par contre de ton côté tu serais débarrassé des moustiques non ? » Oui clairement je cherchais à savoir si le moustique était une femme trop collante ou la véritable petite bête.

« Vous dormez à combien là dedans ? » Je fais la moue, sérieusement Priam et moi on est déjà deux et on étouffe alors je n'imagine même pas ceux qui dorment à plusieurs là dedans, j'espère juste qu'il existe différentes tailles de caravane parce que sérieusement avec cette chaleur c'est juste pas humain s'ils doivent tous s'entasser là dedans. « Mais si tous tes potes fument ça peut faire un bel aquarium... » Ce n'est pas parce que je ne fume pas que je ne connais pas certaines pratiques des gens qui vivent la clope au bec pour se donner un genre, tuer leurs angoisses ou je ne sais quoi d'autre. « Si tu veux t'en débarrasser à ce point, je crois qu'il va falloir que tu donnes du fric à quelqu'un pour qu'il le prenne ton moustique, moi je donne mon ours pour rien au monde, même s'il me tient chaud ! » Et ouai j'ai beau me trimballer en petite culotte sur la terrasse et avoir l'air d'avoir l'esprit assez ouvert, je ne suis pas ouverte à ce point là.« Et moi Joey. Enchantée ? C'est bien comme ça qu'on dit en général ? » Un petit sourire se dessine sur mon visage, c'est étrange comme rencontre quand même non ? « Tu veux boire un truc maintenant que tu t'es invité sur ma terrasse ? »

« Vire ta copine t'auras moins chaud alors ! » A deux c'est déjà la fournaise alors à plus je n'imagine même pas, surtout quand on a quelqu'un qui vient se coller à nous. Priam et moi c'est différent parce qu'on est un couple et qu'on a fait le choix de la caravane pour nos vacances, mais si c'était à refaire je crois qu'on prendrait surement le chalet pour que la chaleur évite de nous taper trop sur le système. « Je ne te prends pour rien du tout... Tu fais ce que tu veux ! Mais t'es sur les nerfs ? » C'est peut être l'effet de la drogue mais il n'en a pas du tout l'air, je devrais peut être essayer son truc pour me détendre et profiter définitivement du summer camp. Je rigole toute seule à cette idée, n'importe quoi. « Comment ça t'es pas d'ici ? Personne n'est d'Arizona là dedans je crois hein... Sauf les conquêtes de chacun des chauds lapins de Cambridge, mais elles ne restent jamais bien longtemps. » Je lève les yeux au ciel, parfois je me demande ce qu'il me prend à parler comme ça. « Donne moi ta main, on va se serrer la main, ça fera office de rencontre officielle. » Et c'est là qu'on peut se demander qui de nous deux est le plus perché, moi naturellement ou lui avec la petite aide qui l'a fait sortir de sa caravane ? « Je t'amène ça ! » Je me lève de ma chaise et vais à reculons vers l'entrée de la caravane, ouai j'ai très peu envie qu'il voit mes fesses en fait. Une fois dans la caravane je tire deux verres d'eau bien fraiche et je mets un short puis je reviens. « Avec un short, c'est plus pratique quand même ! A la tienne ! »