i will try to fix you (Baby)

J’avais un peu le sentiment qu’on allait passer une soirée merdique. Comme quoi, le bal de fin d’année on en faisait tout un plat pour pas grand chose. J’eus une petite pensée pour Feldt partie à l’autre bout du monde. Peut être que c’était elle qui avait raison au final. Je n’avais aucune envie de retourner à ma table, surtout après le coup que m’avait mis Théo. Il allait falloir que je m’explique avec ce dernier mais je ne pouvais pas le faire sans prendre un peu de force avant, et par force j’entendais faire grimper un peu mon taux d’alcoolémie. Un verre à la main, je balayais du regard la piste de danse située un peu plus loin. Au milieu des danseurs, c’est avec un petit sourire que je reconnus Valentin et Baby. Mon sourire s’effaça néanmoins bien vite puisqu’en y regardant plus attentivement, les deux jeunes gens semblaient être en train de se disputer. Je vis ensuite la blonde s’éloigner de l’italien pour marcher avec précipitation vers les toilettes. Probablement qu’elle voulait s’isoler, être seule… Mais mon esprit embrouillé par l’alcool n’était pas capable de comprendre cela. J’abandonnais mon verre et m’empressais de rejoindre la demoiselle. Je poussais la porte des sanitaires, ne prenant pas en compte le petit logo –dames- qui y était affiché, et je m’annonçais : « Baby, qu’est-ce qui se passe ? Ca va pas ? »

Oui c’était surement idiot, cette manie qu’on avait tous de demander –ça va pas- aux personnes dont le visage exprimait clairement que tout allait mal. Alors ce fut avec un brin d’ironie que la blondinette, agrippée au lavabo, ravalant ses sanglots, me répondit sous forme de question, me demandant si je pouvais la croire si elle me disait que ça allait. Je fis quelques pas vers la jeune femme. « Et bien, si tu me trouves une bonne excuse pour justifier ça… » fis-je tout en tendant un bras, mes doigts venant essuyer doucement l’une de ses joues, encore toute humide de larmes. « Tu peux essayer de m’embobiner en me racontant que t’as passé ta soirée à éplucher des oignons. J’suis pas à jeun, et puis j’suis crédule comme mec alors on sait jamais je pourrais te croire… » Tenter de faire un peu d’humour pour voir si je pouvais lui soutirer un petit sourire. C’était un peu aussi le moyen de savoir à quel point la situation était mauvaise. Mais pas la peine de jouer les innocents plus longtemps, j’avouais finalement : « Je vous ai vu sur la piste de danse avec Val tout à l’heure… Qu’est-ce qui s’est passé ? C’est lui l’oignon c’est ça ? »  

Ses joues étaient complètement inondées, et je la regardais avec un regard peiné. J’avais un peu espéré m’être trompé, que Val ne soit pas à l’origine de cette profusion de larmes, mais à peine avais-je posé la question que Baby me rétorquait qu’elle ne voulait plus entendre parler de lui… Et elle m’expliqua alors ce qui s’était passé : la déclaration d’amour, ses sentiments de la blonde envers l’italien que tout le monde pressentait depuis un moment, tout le monde sauf lui apparemment puisqu’il avait mis un vent monumental à la jeune femme. Une grimace déforma son visage : « Peut être qu’il a était déstabilisé, peut être qu’il s’attendait pas à ça… » Et puis elle y allait fort en qualifiant Rory de pétasse : « Tu sais qu’il n’y a rien entre eux. » Il nous l’avait encore assuré à table, alors si ce dernier point pouvait consoler Baby et calmer un peu ses sanglots, je tentais. Et je gardais bien sûr pour moi que j'avais croisé Rosa et que l'ex de notre homme venait de faire son come back à Harvard... La cabot était déjà suffisamment bouleversée...

J’avais essayé de trouver des excuses à val, mais la blondinette n’était pas dupe. Elle savait qu’il savait, qu’il ne voulait juste pas l’entendre. Il y avait des non dits qui n’étaient pas fait pour être bousculés… Et à nouveau, je ne pouvais m’en empêcher, il fallait que je trouve des excuses au grand béta qui me servait de meilleur ami : « C’est pas ça… Tu sais il t’adore. » Et peut être même plus… « Mais c’est pas le bon timing pour lui cette révélation. Il y a Amy qui est revenue avec son gosse sous le bras, maintenant elle a même viré de bord… Il est perdu le pauvre… » Voir son ex femme changer d’orientation sexuelle, ça avait de quoi le perturber. Alors oui, j’en étais sûr, y’avait certainement une chance pour que Valentin et Baby forment un joli couple, mais le moment n’était juste pas le bon. Je sentais que la jeune femme était horriblement déçue, je la comprenais… Elle se montra jalouse en évoquant Rory, puis Rosa… Ha elle savait donc que la brune démoniaque avait fait son grand retour. Je grimaçais. Mais cela fit néanmoins germer une idée dans ma tête de cupidon en herbe : « Tu sais le problème Baby ? C’est que lui il est toujours entouré et toi tu l’es pas… » Oui, le soucis était là. Peut être que si la blonde s’affichait elle aussi avec quelqu’un de son bras, cela réveillerait les sentiments que je soupçonnais chez mon meilleur pote. « Il faut que tu stimules sa jalousie. Si il réagit comme toi en te voyant au bras d’un autre, tu sauras que malgré tout ce qu’il a pu maladroitement te dire ce soir, il tient à toi plus que tu ne le penses. »

« Arrête dis pas ça Baby… » Je voulais lui dire de s’accrocher, que ça valait la peine. Parce que c’était Valou quoi. Il méritait toute l’attente du monde même si c’était horriblement long, toutes ces années à aimer quelqu’un et à devoir sauver les apparences pour ne paraître qu’une amie. « Je comprends ce que tu ressens… » Ouais j’avais aimé Caly pendant un moment avant d’avoir enfin la chance de former un couple avec elle. Donc je comprenais, complètement. Et même si ça n’avait finalement pas marché avec ma blonde, j’étais content du petit bout de chemin qu’on avait fait ensemble. Si je pouvais être aussi serein par rapport à Calypso aujourd’hui, c’était bien parce qu’on avait eu l’opportunité d’essayer elle et moi. « Mais crois-moi, tu dis que tu laisses tomber mais non tu peux pas. Tu crois que tu vas le faire mais c’est faux, tant que vous n’aurez pas testé lui et toi tu pourras pas tourner la page. Il sera toujours là dans un coin de ta tête et de ton cœur. » La preuve, elle disait être incapable d’être avec quelqu’un d’autre que lui. Et elle me raconta qu’elle avait tenté de réveiller la jalousie de l’italien, elle conclut que cela n’avait pas fonctionné, que ça l’avait juste mis en colère. « Attends attends attends… » la stoppai-je alors. « Répète un peu ça : il s’est mis en colère ? » Non, parce que moi, si l’une de mes copines se mettait à fréquenter quelqu’un, j’étais juste content pour elle, sauf si elle choisissait un gros c**. Mais dans tout les cas, je ne me fâchais pas. « Et tu crois qu’il s’est énervé pour quelle raison ? Moi personnellement, j’aurais été ravi pour toi. » Donc, oui, cela confirmait ce que je pensais : il y avait plus que de l’amitié, et du côté de Valou également. Le garçon n'en avait juste pas conscience pour le moment. « Raconte moi ce qu’il s’est passé et ce qu’il t’a dit ? »