NOBODY PUTS BABY IN A CORNER の BABYLONE

Leo se refusait de faire un bilan de la soirée avant de partir, ce bal était riche en rebondissements et il avait du mal à se figurer la fin de tout ça. D'un côté ce n'était pas plus mal, tout ça n'était pas constitué que de mauvaises surprises. Le jeune homme traînait sur la piste de danse, partageant des danses avec quelques unes de ses amies, tout ça ponctué de passage au bar, sans trop consommer, il se tenait plutôt bien ce soir. Il y avait beaucoup de monde sur la piste de danse, et plus le temps passait, moins les gens savaient se tenir, de vrais sauvages ! Il aurait peut-être mieux compris ceci s'il avait été dans le même état qu'eux mais ce n'était pas le cas. Leo se fit bousculer une nouvelle fois, il ne protesta pas, de toute manière, ce n'était pas la première et ce ne serait pas la dernière ce soir. Néanmoins, par pur réflexe, il tourna vivement la tête pour voir qui l'avait heurté. Stupéfait, le jeune homme lâcha la main de la fille avec qui il dansait pour se retrouver nez à nez avec Babylone. Son cœur eut un petit raté, sa main se crispa légèrement sur son costume. Le Mather ne l'avait pas vu depuis … longtemps, très longtemps, trop longtemps, il ne savait pas trop. Leo voulait tourner les talons, il ne pouvait pas ignorer l'amertume que cette rencontre lui procurait. Pourtant la curiosité l'emporta et il resta figé face à la jeune femme ce qui contrastait avec le chaos ambiant. « Salut. » dit-il à peine audible au dessus de la musique avant de détourner le regard.

Soirée désastreuse ? Totalement. Tu pouvais bien faire abstractions des bagarres incessantes de ta table ou bien de l'abandon total de ton cavalier -qui allait sûrement le payer très cher- ça ne changeait pas le fait que Valentin n'était pas avec toi. Non, il avait préféré inviter une autre fille de ta maison parce qu'avec elle y avait de "l'ambigüe". Et toi, pauvre fille que tu étais, tu ravalais ta fierté encore une fois puisque t'étais trop peureuse pour lui dire entre quatre yeux que t'étais dingue de lui. Fallait pas chercher à comprendre comment ça pouvait fonctionner dans ta tête mais, tu préférais largement souffrir en silence que te prendre le vent de l'année. Petite jalousie. Un verre à la main, tu louchais sur celui ci avant de boire le contenue cul sec. Bizarrement, t'avais l'impression que ce n'était pas la première fois que tu répétais ce geste. Ce qui du coup expliquerait probablement pourquoi est ce que ta tête tournait autant. Un bref haussement d'épaule et tu choisissais d'abandonner. Mais c'était toujours au moment ou l'on voulait rendre les armes que le combat commençait réellement pas vrai ? Alors bien sûr, tu voyais Val accompagné de miss princesse barbie pétasse et honnêtement, ça te filais la gerbe. Trop de politesse en toi, tu te retenais vraiment mais par la même occasion, tu te perdais. Dans tes pensées, dans tes envies, dans ta peine. Et tu le percutais. Peut être qu'il t'avais fallut un temps infini avant de le reconnaître, peut être que c'était juste ton cerveau qu'était un peu trop embrumé mais ça changeait pas le résultat. Léo. Lui, tu lui devais des explications. T'avais bu, c'était un signe non ? « J'veux te parler. »

Il y avait quand même beaucoup d'informations à analyser à la fois. Il se retrouvait face à son ex, pas n'importe quelle ex, l'ex avec un grand E, celle qui lui avait fait faire beaucoup de grosses bêtises. Qui ne lui semblaient pas en être sur le coup bien évidemment. Puis elle semblait en forme, enfin alcoolisée, mais en forme. Elle paraissait jolie, bien apprêtée. Bon d'accord elle était jolie, elle l'avait toujours été et elle était probablement ce genre de filles qui même vieille et ridée serait un belle femme. Vous voyez le genre de vieille qui attirent les réflexions du genre 'ah ce qu'elle devait être belle plus jeune', pareil, la même. Enfin pour l'instant, Babylone restait quand même une sacré garce aux yeux du jeune homme. Excusez-moi du peu, mademoiselle le plante quelques semaines après les fiançailles, elle le laisse tout seul, tout nul, aucune justification, rien. Il avait du retourner vivre à la Mather House comme un naze. Alors il lui en voulait, normal, elle était devant lui, jolie robe, jolie coiffure, et what a surprise, elle voulait lui parler. Très bien, génial, allons-y. Attendez ! Elle voulait parler de quoi ? Elle était sure, là, maintenant ? « Euh oui si tu veux, par rapport à quoi ? » Il se posait vraiment la question. Baby allait revenir sur leur relation ? Leo y croyait peu, après quatre ans sans nouvelles il serait peut-être temps. Si elle venait pour quelque chose d'autre, elle était sacrément gonflée.

Au moins c'était direct. Mais au fond, t'avais toujours voulu le faire. T'avais toujours eu envie d'en discuter avec lui, de rendre les choses mieux. Et à chaque fois, tu avais repoussé les choses aux lendemains. Encore et encore jusqu'à ce que les jours deviennent des mois puis des années. Et peut être bien que maintenant, ça ne servait plus à grand chose. Peut être même qu'il se fichait d'avoir le pourquoi du comment mais toi, tu te sentirais mieux. Ce que t'avais vécut avec lui, ça avait été puissant. Peut être un peu trop mais ça avait compté. Et bien entendu qu'il devait sûrement penser le contraire avec ta fuite et ton silence mais.. C'était faux. Il avait compté et t'avais pas été correct. Il était peut être temps de rattraper le tir. Ce qui ne voulait pas dire qu'il te pardonnerait mais au moins, t'aurais plus cette sensation de garce profonde. Parce que maintenant que t'étais face à lui, ça te revenais en plein visage et dieu ce que ça pouvait être violent. Et il semblait surpris, c'était pas étonnant. Après tout, personne n'aurait pu parier en tes confessions. Pas même toi. Mais tu lui devais ça. « A.. Nous ? Enfin, j'veux dire.. Tu sais de quoi. » T'avais bu et pourtant, t'étais nerveuse. L'alcool n'était-il pas censé te rendre la tâche plus facile ? Tu regardais autour de toi l'air gênée. T'avais pas pensé que ça puisse te faire cet effet. « Tu veux pas aller à l'écart ? » Pas forcément dehors mais au moins un couloir. Histoire d'être plus en "intimité". T'en avais besoin, c'était pas facile. Et c'était Léo, c'était pas n'importe qui. T'avais vraiment cru en votre histoire. Peu importe ô combien c'était rapide et irréfléchi, t'y avais cru. Et tu savais que si Valentin n'avait pas été ancré si profondément dans ton esprit que t'aurais probablement tout fait pour le garder.

Évidemment, son égo en avait pris un coup lorsque Baby avait claqué la porte. Enfin, c'était plus une image qu'autre chose parce que ça avait été la rupture la plus silencieuse à laquelle Leo avait eu à faire. Peut-être même la plus traumatisante du coup. Certainement parce qu'il n'avait jamais un niveau d'engagement aussi significatif avec personne avant et que ça ne s'était pas reproduit ensuite. Étrangement il avait été vacciné contre ce genre de choses. Puis à vrai dire depuis il n'avait pas été un exemple de stabilité. La faute à qui ? Non peut-être pas uniquement à Babylone, il ne devait pas tout lui remettre sur le dos, mais quand même ! Il avait confiance en elle et voilà à où ça les a mener. Le jeune homme l'avait aimé si fort qu'il se demandait pourquoi il n'était même pas capable de faire un pas de plus vers elle, avec le temps il aurait du oublier sa rancœur, non ? Pas vraiment, encore une fois, pas d'explications, il avait été dans le doute, c'était comme si la rupture n'avait jamais été consommée. Il fronça les sourcils, c'était donc bien ça, des années après, elle remettait ça sur le tapis. Leo hésita, il n'était pas certain que c'était une bonne chose, il ne voulait pas ressasser le passé, pourtant il voulait savoir ce qu'elle avait à dire de si important ce soir, alors que trois ans et demi plus tôt et n'avait même pas été capable de lui adresser un mot. « Je t'en prie parlons-en. » dit-il le plus calmement du monde avant de hocher la tête. « Allons-y » dit-il en cherchant un endroit tranquille du regard. Ils se dirigèrent vers un couloir un peu excentré, marchant à distance respectable l'un de l'autre. Finalement il s'arrêta, la regardant, attendant patiemment ce qu'elle voulait tant lui dire.

Peut être même que t'aurais du. En fait t'en savais rien. Même avec tout ce temps, t'avais jamais réussit à savoir si c'était une erreur ou pas. Enfin, tu savais que c'était une erreur d'être partit en silence sans te retourner. Tu savais aussi qu'il ne méritait pas ça et que t'avais vécut six mois magnifique à ses côtés mais.. Ce que tu ne savais pas en revance c'était bel et bien si tu aurais du rester avec lui. Après tout, peut être que même avec la précipitation, les choses auraient pu réellement fonctionner. Peut être que t'aurais pu être vraiment heureuse et qu'alors tu n'aurais plus été cette pauvre fille cramponnée à son meilleur ami qui lui, n'avait pas le moindre regard en ta direction. Mais c'était le genre de chose que tu ne pourrais pas découvrir. Pas après ce que tu lui avais fait. Pas alors qu'il devait te détester. Et tu le sentais vraiment mal pour la peine. Peut être que les années étaient passés mais tu le connaissais toujours et au fond, tu savais qu'il n'était pas aussi calme que ce qu'il voulait laisser paraître. Mais au moins, il acceptait d'aller à l'écart et tu le suivais jusqu'au détour d'un couloir le regard rivé sur le sol et les bras ballants. Ce n'est qu'une fois arrêté que tu osais redresser la tête jouant nerveusement avec tes mains comme si tu étais soudainement en proie au stress. « Je.. » Respire un grand coup, souffle, ça va aller. T'arrêtais pas de te répéter ces mots en boucles et pourtant, tu ressentais même pas un peu de soulagement. « J'suis désolée. Pour les silences, pour la fuite. Tu.. Tu méritais pas ça Léo. Tu méritais pas que je fasse ça et j'ai même pas d'excuse valable. J'ai juste eu la trouille de tout ça parce que ça allait trop vite et que.. J'étais trop jeune je suppose. Et j'sais que ça m'excuse pas mais j'suis désolée. Je t'aimais vraiment et j'aurais voulu que ça marche. »

Babylone gesticulait, le jeune homme aurait presque blâmé le bruit ambiant, il avait comme l'impression que cette conversation allait lui demander une concentration exemplaire, or tout ce qui se passait autour le détourner du sujet principal. Il fronça les sourcils, attendant qu'elle se lance, ça tardait à venir et il commença à croire qu'elle se foutait de sa gueule une nouvelle fois. Avant il avait laissé passer parce qu'il était amoureux, jeune et probablement que son cerveau n'était pas tout à fait bien formé, mais il avait quand même grandi même si c'était loin d'être flagrant. Le bal était déjà suffisamment houleux pour qu'en plus la jeune femme se permette de venir y ajouter son grain de sel. Puis la blonde commença, il était quand même troublé. C'était ce qu'il voulait entendre, en même temps ça ne lui suffisait pas. Ça le rassurait, néanmoins est-ce qu'elle disait tout ? Il trouvait ça trop simple, le planter, se pointer trois ans après, PIRE, le bousculer au bal de fin d'année où il était venu accompagné - soit dit en passant - pour lui dire ça. C'était bien, il pensait que ça venait d'un bon sentiment, Baby n'était pas non plus un monstre – quoique. Ça lui semblait une réplique toute prête piquée dans une fan fiction pas trop dégueu par rapport à la moyenne. Il n'en voulait pas, ça sonnait faux. « C'est simple non ? Tu trouves pas ? Moi je pense. J'y aurait éventuellement cru, mais pour tout te dire, j'ai un peu l'impression que tu as préparé ton petit discours, malheureusement pour toi, je le trouve vide de sens. Ça veut dire quoi tout ça ? Peut-être que j'y aurais cru quand tu m'as planté, là j'ai du mal. Je suis pas idiot, on aurait pu en parler tu sais ? Parce que je voulais que ça marche aussi. Je sais pas quoi te dire Baby, tu me prends au dépourvu, j'ai l'impression que tu te fous de ma gueule. »

Tu savais même pas si ce que tu disais était bien mais au moins, c'était sincère. Peut être que tu le faisais trop en retard, peut être que ça n'avait plus aucune valeur pour lui maintenant mais c'était sincère et ça, on ne pouvait pas te l'enlever. Bordel, c'était pas possible d'être aussi mal à l'aise pas vrai ? Peut être que si. Mais t'avais réellement l'impression que t'allais finir par passer dans les vapes. C'était toi ou il gardait le silence beaucoup trop longtemps ? Peut être que c'était toi. T'en savais trop rien au final mais t'avais réellement la trouille de ce qu'il pourrait répondre. Peut être parce qu'au fond, tu savais qu'il n'y avait rien pour t'excuser et qu'il était fort probable qu'il te dise d'aller chier. Ouais.. Et t'avais aucune idée de comment réagir de toute façon. Peut être que ça serait mérité. Non, ça serait forcément mérité. Puis il prenait la parole et ça te faisait l'effet d'une gifle en plein visage. T'aurais du t'y attendre. Il ne pouvait pas juste hocher la tête et te dire que tout allait bien. C'était pas le cas. Alors tu baissais juste la tête le laissant finir. Ses mots résonnaient dans ton esprit et t'avais aucune idée de ce que tu pourrais lui répondre. Peut être que pour une fois, fallait pas que tu cherches à répéter dans ta tête. Peut être que pour une fois, tu pouvais laisser les mots venir et tu verrais bien par la suite. « Je me fous pas de toi. » Tu l'avais jamais fait et tu détestais qu'il puisse penser un truc pareil parce que c'était pas la vérité. « Peut être qu'on aurait pu en parler et j'conçois que c'est mon erreur. J'te reproche rien. Et bien sûr que t'as le droit de m'en vouloir d'être partie. Tu peux même me détester mais tu peux pas me reprocher d'avoir eu peur. Ça allait beaucoup trop vite, j'me suis senti submergée et.. » T'inspirais un coup haussant les épaules avant de le regarder. « J'avais peur de pas t'aimer assez. »

Il n'avait jamais été du genre à mâcher ses mots et Baby le savait, elle le savait, il savait qu'elle savait mais il ne put s'empêcher de trouver ses paroles un peu dures. C'était trop tard, dit, assumé, il ne reviendrait pas dessus. Leo avait besoin de le dire, tout ça, ça lui pesait sur le cœur, il n'avait jamais eu l'occasion d'en parler à Babylone, jamais eu l'occasion de lui dire ce qu'il avait ressenti, l'abandon, celui qui fait mal, il s'était senti rejeté, cœur brisé, un peu déprimé. Mais il avait relevé la tête, il s'était tapé des filles super canons, tombé amoureux d'autres fois, malgré tout, il restait cet échec. Le jeune homme avait tant mis d'espoir en la Cabot ! Attention, il ne se voyait pas finir sa vie avec elle, il n'était pas de ce genre de romantiques là, mais il l'aimait assez fort, assez intensément pour se dire que la seule façon de lui prouver, c'était le mariage. Ça avait été naïf, enfantin, on voit le mec tout juste sorti de l'adolescence. Mais il y avait cru dur comme fer. La rupture n'avait jamais été consommée, pas d'explications, d'éclats, il avait l'impression que ça se jouait là maintenant, la vraie rupture, celle avec des mots qui font pas plaisir, des arguments qui ne convainquent pas, celle qui ne laisse pas de doutes possibles. Leo s'apaisa un peu, les paroles de la blonde semblaient sincères, du moins elle l'en assurait le Mather. Il n'avait pas eu besoin de son autorisation pour la détester enfin … l'avait-il vraiment détesté ? Il la regardait sans rien dire, ce n'était pas un regard désapprobateur, pas bienveillant non plus, il la fixait juste, rien ne devait laisser entrevoir ce qu'il pensait. C'était trop facile pour elle sinon. Les derniers mots de Baby tombèrent et provoquèrent une véritable onde de choc chez le jeune homme. « Pardon ? J'étais quoi alors ? Une occupation ? J'ai jamais douté une seule seconde que je t'aimais et tu me dis ça maintenant ? En fait ça aurait pas été pire que tu me le dises à l'époque, j'ai l'impression que tu es en train de gâcher les derniers bons souvenirs que j'avais de nous. C'est vraiment … nul. » sa voix vacillant un peu sur les derniers mots.

Peur de pas être à la hauteur, de tout faire foirer. En fait, s'il te demandait de quoi tu avais peur exactement, tu pouvais lui sortir des centaines de chose. Parce que ouais, t'avais clairement eu la trouille. De ne pas être à la hauteur, de le décevoir, d'être incapable de l'aimer comme il pouvait le faire. T'avais toujours été beaucoup trop secrète, sur ton passé, sur tes douleurs. Tu fuyais l'attachement comme la peste et il t'étais tombé dessus d'un coup. T'avais consommé cet amour comme jamais et d'un coup, la réalité avait fait surface. C'était à ce moment là que t'avais pris la fuite. Quand t'avais eu la sensation de n'absolument pas être à la hauteur de tout ça. A sa hauteur à lui. Et peut être que c'était la plus grande erreur de ta vie. Peut être qu'il aurait pu te faire oublier à quel point tu te sentais misérable sans l'amour de Valentin mais au lieu d'affronter les choses comme une adulte, t'étais retournée t'enfermer dans ton monde peuplé de tristesse et d'indécision. Et alors que tu pensais avoir choisit les bons mots, c'était tout l'effet inverse que ça avait sur lui. Encore une fois tu faisais face à son ton accusateur, à la rancune qu'il devait avoir accumulé pendant toutes ces années. « Non.. Pourquoi tu prends tout de travers putain ? » Tu croisais tes bras sur ta poitrine te mordant la lèvre inférieure avant de reprendre. « Je t'aimais ok ? Je t'aimais et.. J'voulais juste pas te décevoir. C'était.. Trop rapide. Tout est allé trop vite tu m'connaissais pas Léo. J'voulais pas t'épouser par précipitation. Et peut être que tu comprends pas mais j'suis sûre que toi aussi maintenant tu te rends compte que c'était pas la meilleure idée au monde. »