Oksanna&Misha - Too hard to find someone like you

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Oksanna&Misha
• "Putain ça fait dix minutes que j'attends mon putain de café, tu m'as zapé ou quoi ?!" Avais-je gueulé en direction de l'éspèce de serveur, celui avec la tête de kangourou. J'suis là, comme un con, à attendre qu'il ai l'envie de se sortir les doigts du cul et me servir mon café histoire que je puisse enfin bouger de cet endroit bourré de gens trop heureux pour moi qui ne passe leur temps qu'à réviser, qu'à avoir la gueule dans leurs livres de cours. L'autre abruti s'excuse, et, il finit par me servir assez rapidement. Bah putain, il était temps, j'ai bien cru que j'allais finir par devenir une statut dans cette pièce, et, que dans trois mille ans, des gamins viendraient m'étudier en pensant que l'homme de l'époque, c'était moi. Mon cul ouais. Alors, une fois mon café en main, je sors de la cafet et j'me rends directement sur le campus, il fait beau, et en plus, les oiseaux chantent, si j'pouvais d'ailleurs en buter un ou deux pour qu'ils ferment leurs gueules, ça me ferait du bien... J'vais m'installer devant la Eliot House, et, depuis quelques jours, j'y passais pas mal de temps. J'avais mon appartement en ville, mais, j'sais pas, j'aimais bien me poser sur la chaise longue et rien faire, attendre, enchainer les cigarettes pour me niquer les poumons et regarder les gens passer, saluer ceux que je connais, et envoyer chier ceux que je ne connais pas. Dernièrement, j'suis loin d'être dans le meilleur état qu'il soit. J'ai l'impression d'avoir tout perdu, et, à part un miracle ou une connerie du genre, rien ne pourra arranger la chose. Parfait, ça tombe bien, j'crois pas au miracle et à toutes ces merde moi. Alors, je m'allonge, gardant tout de même la tête un peu rehausser, et, j'allume une clope, je bois mon café, j'attends... C'est ça, j'attends que le temps passe, j'attends qu'on vienne me virer de mon perchoir. La fille que je pensais aimé, j'me suis rendu compte que c'était pas vraiment le cas, et, ma meilleure amie ne veut plus entendre parler de moi. J'pensais pas qu'un jour j'pourrais me faire baiser aussi facilement par les femmes à vrai dire, j'pensais pas que j'me retrouverais dans ce genre de situation, j'pensais pas qu'un jour, j'serais cette putain de victime. J'aime pas les féministes, j'aime pas toutes ces conneries qu'on leur rentre dans la tête tout ça pour qu'elles puissent nous marcher sur les pieds. Bref, j'pense que vous l'avez compris, en ce moment, j'aime plus rien... Déjà que j'aimais pas grand chose, là, c'est le pied, ma vie, c'est l'éclate. Et puis, au loin, j'vois une jeune femme qui attire mon attention. Directement, je chasse cette idée de ma tête, t'as rêvé mon vieux, compte même pas là-dessus. T'as oublié son visage, et dans cette période sombre, tu crois aux miracles. J'finis par reporter mon attention sur mon café, j'ai rêvé. •

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J'ai l'esprit quelque peu tourmenté ce matin depuis mon réveil. Je viens de passer l'une de mes premières nuits dans ma nouvelle colocation et je dois avouer que même si mes colocataires semblent très sympa, j'ai un peu de mal à me faire à ce nouvel environnement. Il faut dire qu'il y a encore quelques semaines j'étais en Russie, en train de me morfondre sur ma vie. J'en ai fait du chemin depuis. Je suis venue vivre aux Etats-Unis, tant qu'à dire le bout du monde, je me suis inscrite dans une Université où je ne connais pas grand monde, j'ai vécu dans une chambre d'hôtel avec un chat assez grincheux de ne pas pouvoir mener sa vie comme bon lui semble. Mais quand j'y réfléchis, je ne regrette absolument rien. Je voulais de l'aventure ? En voilà une bonne dose. J'ai toute une vie à reconstruire, un cercle d'amis à créer. Et de nombreux dossiers à remplir. Et c'est cette dernière préoccupation qui m'a forcée à sortir de mon lit ce matin dans la joie et la bonne humeur. Ou plutôt dans l'empressement et le stress total. En effet, j'ai des papier à ramener à la Eliot House dans laquelle je me suis engagée lors de mon inscription à Harvard. Je me doute que c'est important car quel document administratif ne l'est pas ? C'est donc après avoir avalé une pomme laissée par Moana que je me dirige avec hâte jusque devant la Eliot House.
J'ai beau être en pleine course, je fais de mon mieux pour toujours avoir l'air présentable. Ma mère m'a appris à ne jamais montrer mes faiblesses et à toujours être prête à rencontrer quelqu'un d'important. Si seulement j'avais su. Car à l'instant où je gravis les quelques marches qui me séparent de l'entrée de la Eliot House, je croise un regard. Un regard que je n'avais plus croisé depuis de nombreuses année. Cinq ans n'est-ce pas ? Cinq ans que je n'avais plus vu Misha, et pourtant le voilà, juste devant moi. Installé bien confortablement sur une chaise longue, à fumer comme un pompier et à fixer sa tasse histoire d'éviter mon regard. Mon coeur a faillit rater un battement la première seconde où je l'ai reconnu, mais j'ai immédiatement repris mes esprits. Je vois bien qu'il m'évite, sinon pourquoi détournerait-il son regard de moi ? A cet instant, j'ai envie de me ruer sur lui, de lui dire ce que j'ai sur le coeur et de le forcer à me regarder. Mais au lieu de cela, je vais faire ce que je sais faire de mieux. Je hausse la tête, le menton relever et marche jusqu'à arriver à sa hauteur. « Misha, cela faisait un bail dis-moi. » je lui dis le plus simplement possible. Je me doute qu'il ne devait pas s'attendre à un tel salut. J'ai fait comme si de rien n'était, histoire de ne pas déverser toute ma colère et mon manque sur lui tout de suite.

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• Un miracle. C'est comme ça que cette merde ce nomme ? Vous savez, le truc qui se passe mais qu'on avait seulement une chance sur je ne sais combien que ça arrive. Par exemple, que je sois toujours en vie après trois accidents, c'est un miracle ça. Se faire éclater par la foudre et avoir juste un ou deux neuronnes en moins, c'est aussi un putain de miracle. Mais, qu'elle soit là, est-ce que c'est un miracle, ou est-ce que c'est le passé qui a choisi une fois de plus de me retomber en pleine face ? Je ne sais pas. Sur le coup, j'me suis dit que ce n'était pas elle, que je rêvais, que tout ça, c'était le fruit de mon imagination qui, pour une fois, c'était permise de déborder. C'était impossible qu'elle soit ici, à Harvard. Pas elle. Elle qui autrefois faisait mon bonheur. C'était juste une blonde qui lui ressemblait, et, c'est pourquoi j'avais préféré détourner le regard, c'est pourquoi j'avais plutôt pensé que ce n'était pas elle, que c'était juste moi. Quel con. C'est ce que j'me suis dit sur le coup, y'a pas plus con que moi pour penser qu'elle débarque à Harvard après que j'ai pris la fuite. « Misha, cela faisait un bail dis-moi. » Je me lève, je remballe mes affaires, et je me barre, tel un lâche, je prends la fuite, je cours, loin, très loin, j'ai pas envie de la voir, j'ai pas le droit de la voir... Mais ça, c'est dans mes rêves, c'est ce qu'un connard aurait fait. J'suis là, allongé sur le canapé, sa voix m'a glacé le sang. Plusieurs choses se passent en moi en ce moment précis vous savez. D'un côté, j'ai envie de me lever, de la prendre dans mes bras, de la serrer le plus fort possible, de ne plus la lâcher, mais, je n'ai pas le droit, je n'ai pas le droit de lui faire ça après ce que j'ai fait, c'est pas quelque chose de faisable on va dire. Pendant plusieurs secondes, je la fixe, sans rien dire, avec un visage limite tétaniser, comme si tout me retombait dessus. Je sais qu'elle m'en veut, je le sais, j'ui en aurait voulu moi aussi, si ça avait été le cas contraire, je lui en aurais voulu. "Cinq ans ouais." Avais-je lâché. En réalité, je ne sais pas quoi lui répondre, je reste choqué, complètement figé, mon cœur devient de plus en plus rapide, c'est limite si mes mains ne tremblent pas. Putain, qu'est-ce que ça fait du bien de la revoir. Dans cette période sombre, un rayon de soleil vient jusqu'à moi, mais... Je la connais,et je sais que j'vais pas tarder à me prendre une rabasse sur la gueule. Cinq ans de remords à manger. "Excuse moi." Avais-je laissé glissé doucement entre mes lèvres, sans trop bouger la mâchoire. Oksanna était bien là, je n'avais pas rêvé. •

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Cinq ans oui. Cela faisait bien cinq ans que nous ne nous étions pas vus. Que dis-je ? Que je n'ai pas entendu parler de lui. Je n'ai plus eu la moindre nouvelle de mon ami, l'un de mes seuls amis d'ailleurs, depuis cette fichue lettre que j'ai retrouvé dans ma chambre. S'il y avait bien quelque chose à laquelle je ne m'étais pas attendue à cette époque, c'était ça. Après tout ce que nous avions vécu ensemble, partagé, il m'annonçait ne plus vouloir me revoir. Comme cela, de but en blanc. Même s'il n'avait pas précisé que l'idée venait de son père, j'aurais deviné que ce dernier était derrière tout ça. J'avais toujours senti qu'il ne m'appréciait pas. Je peux tout à fait comprendre que mon comportement envers Misha n'a pas toujours été exemplaire, mais je n'ai jamais vraiment voulu lui faire le moindre mal. Tout ce que je voulais, c'était lui en fin de compte. « Cinq ans sans nouvelles de ta part. » je ne peux m'empêcher de lâcher avec amertume. C'est difficile de lui cacher que je lui en veux. Je fais de mon mieux pour ne pas laisser paraître ce que je pense, mais il me connait bien. Je ne m'en suis pas rendue compte, mais mes poings se sont serrés au fur et à mesure que je restais plantée devant lui, couché sur sa chaise.
Puis il se passe quelque chose de tout autant imprévu que cette fameuse lettre. Quelque chose que je n'aurais pas forcément anticipé de si tôt. Des excuses. Misha vient de s'excuser face à moi. Il n'a pas besoin de dire pourquoi exactement, lui et moi savons très bien de quoi il en est. A cet instant, j'ai envie de craquer. J'ai envie de me laisser tomber, de pleurer, de crier, de le frapper, de le serrer dans mes bras. Comment se peut-il que je ressente autant de choses contradictoires à la fois envers lui ? Je sens ma gorge qui se noue et mon nez qui pique. « J'avais besoin de toi Misha. » je finis par articuler avec difficulté. Il fallait que je lui dise. Qu'il sache que pendant ces cinq ans, il n'y a pas un jour où je n'ai pas pensé à lui et regretté sa présence. Quand son frère est décédé, quand ma mère est décédée, mais aussi lors des beaux moments, lorsque je validais mes années, lors de mon anniversaire, le sien, tous ces instants de la vie quotidienne qui font que son départ a créé un vide dans mon coeur.

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• J'ai toujours voulu être un fils modèle aux yeux de mon père. J'ai toujours voulu qu'il me regarde avec le même regard qu'il posait sur mon frère. Sauf que moi, je n'y avais pas droit. Je savais qu'il m'aimait, j'le savais très bien, mais, il avait toujours préféré Vitaly, il avait toujours placé en lui le plus d'espoir possible, il avait toujours fait en sorte de le couvrir dans ces conneries, et moi, j'étais là, j'étais ce petit gamin qui ne comprenait pas trop ce qui se passait, qui faisait juste tout pour que son père soit fier de lui. Alors, pour lui montrer que mon seul désire était sa fierté, je l'avais écouté, comme un bon petit chien, je faisais tout ce qu'il me disait de faire, ou plutôt, j'ai fait tout ce qu'il m'a dit de faire. Lorsqu'il m'a envoyé à Harvard suite au décès de mon frère, j'y suis allé sans poser de questions, quand il m'a dit de suivre des études de droits pour prendre plus tard sa place, j'ai pas cherché à comprendre, je me suis inscrit en droit, et puis, quand il m'a demandé de ne plus parler à Oksanna, de ne plus la fréquenter car elle me tirait vers le fond, d'après lui, je l'ai fais, une fois de plus... J'étais lâche en réalité, face à mon père, j'avais toujours été ce môme paumé qui n'ose pas dire grand chose. Mais, ça avait changé, trop tard, malheureusement, beaucoup trop tard... Cinq annnée de retard. Et ça, elle venait de me le balancer en pleine gueule. Oksanna, si seulement tu savais. Si seulement tu savais le mal que ça m'a fait de te voir jouer avec mon frère, si seulement tu savais qu'à l'époque, je te désirais, mais que je ne faisais rien, car j'avais un énorme respect en vers mon frère, si seulement tu savais tout ça, si seulement t'avais su... Mais maintenant... Qu'est-ce qu'il se passe maintenant ? "Il c'est passé pas mal de merde en cinq ans..." Et, sa dernière phrase me fit comprendre que c'était pareil de son côté, qu'elle avait du vivre pas mal de mauvais moments elle aussi. Mais comment on fait maintenant ? On se saute dans les bras l'un de l'autre ? On fait comme si tout ça n'avait pas existé ? Comme si je m'étais échoué sur une île et que je venais enfin de pouvoir rentrer ? Comme si tout ça, comme si ce que j'avais fait n'avait jamais eu lieu ? Impossible, je connaissais Oksanna, et je savais que j'allais pas tarder à manger, qu'elle se retenait, peut-être, mais, qu'à un moment où un autre, j'me prendrais sa colère en pleine face. "Comment ça se fait que tu sois ici ?" Surtout devant la Eliot House. On est à l'opposé de chez nous. J'me redresse sur ma chaise, j'ai pas envie de rester allongé, j'sais même pas de quoi j'ai envie, en ce moment précis, tout devient flou. Est-ce vraiment elle ou le serveur du café m'a glissé un cachet qui me fait halluciner ? •

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Entre mes pics de colère envers Misha, il y a des moment où je me dis qu'en réalité, je méritais bien ce qu'il m'était arrivé. Après tout, c'est moi qui ai commencé à tourner autour du pot, à sortir avec son frère pour le rendre jaloux, bien que je ne sois pas sûre que ça ait réellement marché. Pourquoi ne lui ais-je pas dit dès le départ ce que je ressentais pour lui ? Etait-ce trop dur que d'être franche envers mon plus proche ami ? Il faut croire que oui, car j'ai gardé le silence pendant des années durant. Lorsque j'y pense, je me dit que j'ai été une belle idiote de jouer à ce petit jeu. Peut-être était-ce ce que son père me reprochait. Jouer avec les sentiments de ses fils, les mener l'un contre l'autre. Mais tout ça, Misha ne le savait sûrement pas. En effet, je n'ai jamais soupçonné qu'il ait vu clair en moi, puisque je doute qu'il m'ait un jour remarquée de la façon dont je le remarquais. Je suis pitoyable. J'ai envie de me gifler lorsque je me rends compte de toutes mes erreurs. Qu'aurait été notre vie si je n'avais pas fait ces choix ? Peut-être qu'il m'aurait brisé le coeur pour ne pas partager mes sentiments, mais au moins nous serions toujours amis. Mais le fait de nous retrouver est peut-être aussi une chance de nous rattraper. De réparer nos tords et de repartir sur de meilleures bases.
Lorsqu'il me dit qu'il s'est passé pas mal de choses en cinq ans, je ne peux qu'acquiescer d'un signe de tête. Je peux voir qu'il a beaucoup changé, il n'est plus le même garçon que je connaissais. Il y a quelque chose de plus sombre dans son regard, et cela m'attriste. Nous voilà donc réunis, deux âmes en peine qui souffrent encore de leur passé. Je me doute que la disparition de son frère a été horrible, mais jamais nous n'avons put en parler et je le regrette. J'aurais aimé que nous soyons là l'un pour l'autre pour surmonter cette épreuve. Enfin, Misha me demande qu'est-ce que je fais à Harvard. Excellente question. « Anatole m'a dit de venir. » je commence par expliquer. « J'avais besoin de quitter la Russie, puis j'ai des choses à régler ici. » je termine alors qu'il se lève pour me faire face. Je croise les bras sur ma poitrine, comme si ce simple geste lui montrerait le recul que je souhaite prendre par rapport à lui. Car il va m'en falloir un bon paquet pour lui dire ce que je m'apprête à lui dire. « Tu sais Misha, j'arrive toujours pas à comprendre pourquoi tu m'as fait ça. » j'ajoute, désireuse d'avoir une explication à ce propos.

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• J’me suis toujours demandé ce qu’il y avait après la mort. L’être humain a toujours eu envie de savoir ce qui pouvait s’y trouver, si c’est comme on le raconte, un endroit où nous revivrons sans cesse nos plus beaux souvenirs, un endroit merveilleux, sculpté à notre image, un endroit paradisiaque, en espérant que le Paradis veuillent bien de nous, et ça, c’est une toute autre histoire, j’vous l’assure… On est toujours intéressé par ce qui nous dépasse, en constante recherche de l’inconnu, on est bien con. A quoi ça sert de vouloir savoir ce qui s’y passe ? De se préparer à l’après ? Pourquoi ne pas tout simplement profiter de l’instant présent, de la chance que l’on ait d’être en vie ? On n’est pas branché à des putains de machines bordel, on n’est pas sans arrêt dérangé par une infirmière qui va venir changer nos perfusions, nous faire notre toilette. On n’est pas bloqué dans un putain de lit, à recevoir toute la journée la visite de notre famille, de nos amis, de nos proches. On n’est pas sans arrêt en train de se demander quand est-ce que tout ça va se terminer. On n’est pas là à cacher et à refuser l’inévitable, la mort. On n’est pas chaque jour en train de s’affaiblir, laissant les traitements et tous les médicaments qu’on nous fait ingurgiter prendre une totale possession de notre corps. On n’est pas des loques, on n’est pas là pour abandonner. On nait tous fort, d’autre moins, mais on est là pour se battre et pour s’affirmer, alors, expliquez-moi pourquoi vous voulez savoir ce qu’il y a après ? Pourquoi ? Pour savoir comment sera votre vie après ? Pour savoir ce qui va vous arriver ? Bordel, on en a complètement rien à foutre. En secret, j'ai désiré rejoindre l'autre côté, et ça, plusieurs fois, on peu pas me catalogué dans la catégorie dépressif, mais, j'ai eu ma période, ou tout allait mal, et pour moi, le seul moyen était soit de casser la gueule du premier gars qui passerait devant moi, de faire du mal pour me faire du mal, ou alors... D'en finir, tout simplement, d'abandonner, de tout laisser tomber. Pourquoi vivre une vie qui ne m'apporte pas grand chose ? J'étais bien con de penser ça, j'étais bien con vous savez. J'm'étais levé, et, directement, Oksanna avait croiser les bras façe à moi, une forme de refus, une forme de "ne m'approche pas", et, j'la comprenais, vraiment. Elle avait changé, en cinq ans, elle était devenue encore plus femme, elle était encore plus belle... Des choses à régler ici. J'savais même pas qu'elle connaissait des personnes ici, alors, j'me demande si ces choses c'est pas moi, et ça, surtout quand elle me demande pourquoi j'ai quitté la Russie, pourquoi je l'ai abandonné, en gros. J'me retourne, j'fais quelques pas autour de la chaise tout en allumant une cigarette, et, tirant dessus, j'me rapproche d'elle avant de lui répondre. "Tu sais très bien pourquoi j'me suis barré, tu l'sais..." Mon père. "J'pouvais plus continuer d'être le gars qui est au milieu de vous deux, vous regardez vous embrassez comme si tout ça c'était normal, comme si... Comme si vous étiez amoureux ! Et t'es au courant que mon père m'a poussé à t'écrire cette lettre, alors, comme j'étais encore facilement manipulable, je l'ai fais... Après, ça va pas excuser mes gestes, ça va rien excuser, mais, maintenant c'est fait et j'peux pas revenir dans le passé pour changer ça. Alors, si t'es là pour me descendre, pour m'insulter ou me frapper, vas'y... J'le mérite." J'en ai jamais voulu à mon frère, après tout, quand une belle fille vous fait des avances, c'est normal d'y répondre, j'ui en ai jamais voulu de vouloir s'amuser un peu, il avait été plus rapide que moi, tout simplement... •

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Je sens que cette conversation prend une tournure que je n'aurais pas pu suspecter plus tôt. Au départ, j'ai décidé d'aller voir Misha car je savais que je ne pourrais pas l'ignorer, qu'il m'avait vue et qu'un jour ou l'autre il m'aurait recroisé et n'aurait pas compris. Je pensais que je pourrais rester impassible face à lui, faire comme si toute cette histoire ne m'avait pas affectée. Rester forte. Oui, j'aurais aimé rester forte, ne pas montrer ma peine et ma colère, lui serrer la main et puis faire demi-tour en tirant un trait sur notre passé. Lui dire que tout était oublié. Mais ce n'était pas comme cela que cela devait se passer. Je me suis emportée une première fois lorsqu'il m'a rappelé depuis combien de temps nous ne nous sommes pas vu, et une seconde fois lorsqu'il m'a demandé ce que je venais faire à Harvard. Bien sûr que j'étais là pour lui. En y repensant, je comprends que j'ai parcouru la moitié de la Terre pour avoir une chance de recroiser son chemin. Et une fois chose faite, j'ai voulu ignorer. Je suis décidément stupide. Comme si j'allais rester calme alors que cinq ans de fureur grouillait en moi. Et quand viennent les explications, il faut que j'avoue que c'était exactement ce que j'aurais espéré que ce soit. Vitaly et moi, voilà ce qui n'avait pas plu à Misha. Il n'avait donc pas supporté de nous voir tous les deux et c'est pour ça qu'il a décidé de partir. Sur le moment, je garde les lèvres pincées, encore quelques secondes après qu'il ait terminé de parlé. Il dit comprendre si j'ai envie de le frapper. Si seulement il savait. Je ne sais pas si j'en veux plus à lui ou à moi-même pour avoir été aussi conne par le passé. « Pour sûr que tu le mérite ... » je siffle entre mes lèvres, juste assez fort pour que seul lui l'entende. Moi qui suis si loyale, je ne veux pas accepter qu'il ait écouté son père au lieu de venir me parler. Si seulement il était venu m'en parler bon sang. J'aurais quitté son frère sur le champs, je l'aurais suivit jusqu'au bout du monde s'il avait fallu. La preuve, me voilà aux Etats-Unis alors que je lui en veux à mort. N'est-ce pas une preuve que je tiens réellement à lui ? En fin de compte, peut-être aurais-je du me battre lorsque j'en avais eu l'occasion, ne pas le laisser disparaître, partir à sa recherche, au lieu d'attendre son retour les bras croisés. Mais comme il le dit si bien, ce qui est fait est fait. Nous ne pouvons plus faire marche arrière à présent, à notre plus grand malheur. « Tu aurais dut venir m'en parler. » je finis par dire. J'ai envie de lui donner la vraie raison de ma relation avec Vitaly. Mais je n'ose pas. J'ai l'impression d'avoir le cul entre deux chaise : la rancoeur et l'amour. « Moi aussi je suis désolée par rapport à Vitaly. J'ai été stupide. » je finis par admettre, mettant ma rancoeur de côté. Mon coeur se serre tout de même lorsque je prononce le prénom du frère de Misha. Même si je n'étais pas amoureuse de lui, j'éprouvais une profonde affection pour lui, c'était un ami. Encore un Ienchenski que j'ai perdu. « Il t'aimait tu sais. » je continue tout en posant ma main sur son bras. Je la retire presque aussitôt, me rendant compte de mon geste, gênée de m'être tant rapprochée de lui. Ce n'est absolument pas mon genre d'être tactile avec les gens, j'ai horreur de tout contact physique. Mais il faut que j'admette que Misha n'est pas n'importe qui.

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Oksanna&Misha
• On écrit pour raconter une histoire, expliquer un évènement qui aurait pu marquer notre vie ou non. On n’écrit pas pour faire jolie, non, juste pour parler de quelque chose, le faire savoir. Et, peut-être que cette histoire pourrait aider à comprendre pourquoi tel ou tel personne est devenu comme ça, pourquoi elle sourit tout le temps, ou bien alors ou contraire, pourquoi elle n’a plus gout à la vie, pourquoi elle préfère marcher tête baissé et mains dans les poches. Toutes personnes sur terre à une histoire à raconter, un moment de sa vie qu’il aime citer. Que cette histoire soit exceptionnelle ou non, intéressante ou non, drôle ou non, on s’en moque, on a tous une histoire qu’on traine, peut-être comme un boulet accroché à une chaine, mais on s’en tape, c’est ton historie, c’est ce qui a fait de toi ce que tu es aujourd’hui, alors accroche toi à ça, souviens-toi en de temps en temps, pour que tu saches d’où tu viens, ce que tu as vécu qui aurait pu t’empêcher d’en arriver là, mais, que tu auras surmonté. T’as beau avoir une vie basique, deux parents, logique aussi me direz-vous, mais je voulais dire, deux parents encore présent pour vous, peut-être des frères et sœurs, un chat, un lapin ou un chien, à vous de voir, une scolarité normale, sans trop de problème, une petite copine ou un petit copain, tout dépend de vos attirances sexuelles, les deux si vous avez eu envie… Et, même si tout ça est à peu près la vie de tous les adolescents de cet âge, je suis presque sûr et certain que vous allez avoir un évènement qui aura marqué votre vie, que ça soit le changement de style soudain que vous avez eu suite à un problème, à un film vu ou à une musique écouté. Cette histoire que vous trainerez avec vous et que vous serez fière, ou non, de raconter ou de cacher, que personne ne découvre ça. Mon histoire à moi était assez triste diront nous. J'avais eu une belle vie si on part du départ, si on en revient à ma naissance. J'ai failli y resté et ça, les premières secondes de ma vie, mais, on m'a offert une chance de m'en sortir, on m'a offert la chance de vivre, alors, comment est-ce que ma vie aurait pu tourner autrement ? Comment j'aurais pu m'enfoncer encore plus que ça, au point de me dire que même la mort ne me désire pas ? Oksanna faisait partie de mon histoire, que j'en sois conscient ou non. Elle avait presque toujours fait partie de ma vie, et, aujourd'hui, après cinq ans de silence radio, à cause de moi, elle était de retour, et, qu'elle l'avoue ou non, c'était pour moi, les choses à régler ici, c'était moi... Alors, quand elle me dit que j'aurais du venir lui en parler, je secoue la tête de gauche à droite. "J'étais pas prêt tu sais... J'voulais pas me dire que j'passe après mon frère, j'voulais pas me dire que j'allais devoir te faire subir mon état..." Alors, j'avais choisi la solution de facilité, écouter mon père, et ça, même si ça m'avait fait chier, même si j'm'en étais voulu d'abandonner Oksanna... Mais je l'avais fait. Et là, quand elle me dit que mon frère m'aimait, et quand je sens sa main contre mon bras s'enlever aussitôt qu'elle s'y était posé, je détourne le regard. "Il m'aime toujours... Et c'est le cas, pour toi aussi, p'tête pas comme il aurait du, mais ça l'était quand même..." Pour moi, Vitaly n'est pas mort, son corps n'est plus là, mais son âme si. "Son coeur bas toujours, j'sais pas si tu le sais ça, on me l'a greffé..." Et le mien était mort, je n'avais plus de coeur, j'avais le sien... Alors, est-ce qu'ont allaient pouvoir avancer ? Est-ce qu'ont allaient pouvoir crée quelque chose ? Aucune idée, pour le moment, je reste encore choqué qu'elle soit là, et, j'pense qu'au fond de moi, c'est un rêve, que j'vais me réveiller... •

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OKSANNA & MISHA

Je fais partie de ces gens qui n'aime pas les surprises. Quand je dis surprise, j'entends pas forcément le cadeau qui n'a pas été annoncé, non loin de là. J'entends l'imprévu, tout ce que je n'ai pas planifié, que je ne peux pas contrôler. J'ai absolument horreur quand quelque chose m'échappe, quand je n'ai pas prévu une situation dans laquelle je suis. Appelez cela manque de confiance, être maniaque, tout ce que vous voulez, mais ça reste quelque chose pour laquelle je ne rigole pas. Cela m'angoisse, me paralyse me donne envie de fuir. J'aime quand tout soit carré, cadré, rangé. A sa place. Quand je peux prédire ce qu'il va se passer, qui va parler, pour dire quoi. En général, quand je m'apprête à faire quelque chose d'important, je repasse tous les scénarios possibles et imaginables dans ma tête, avec un plan A, B C, une voie de secours, une réplique à placer, un acte à appliquer. J'ai acquis cette étrange manie principalement depuis le départ de Misha. Il était inattendu et désagréable pour moi, alors vouloir tout contrôler dans ma vie est devenu mon moyen de m'éviter de souffrir. Pas de bonne surprise, mais pas de mauvaise non plus, problème réglé. Certains diraient que ce n'est pas cela vivre, que la vie ne se résume pas à des plans, mais aussi à des imprévus. Le hasard, la chance, la malchance, le karma, toutes ces idioties. Selon moi, je suis la seule à contrôler mon destin et c'est pourquoi je me dois de le prendre en main. C'est logique après tout, pourquoi diable voudrais-je laisser ma vie à la dérive ? Je suis pas une barque, je suis un paquebot. J'ai une destination bien précise, réussir dans la vie, et je ne compte pas faire d'arrêt entre temps. Je ne compte pas me laisser perturber par des peines de coeur ou des prises de têtes.
Ainsi imaginez l'appréhension et la détresse qui montent en moi au fur et à mesure de ma discussion avec Misha. Plus il parle, plus je me décompose. Rien ne se passe comme je l'avais imaginé. Pourquoi est-il si imprévisible ? Je fronce les sourcils lorsqu'il commence à s'expliquer. Il n'aurait pas du résonner de cette manière, il avait tout faux, du début à la fin. Il aurait dut venir me voir, on aurait traversé cela ensemble. Puis il en vient à mentionner Vitaly au présent. Là encore mon visage trahi mon incompréhension, mais je suis vite submergée par l'émotion. Je sais à quel point c'est dur de perdre un proche et dans de tels moments, on essaye de se raccrocher à tout ce que l'on peut pour s'en remettre. Enfin, il aborde un sujet auquel je ne m'étais absolument pas préparée. Comment aurais-je pu ? Comment aurais-je pu m'attendre au fait que Misha avait été greffé du coeur de son frère aka mon ancien petit ami décédé. Je déglutis avec difficulté à la fin de sa phrase, puis me laisse tomber sur la chaise longue qu'il avait laissé quelques minutes plus tôt. Je passe ma main dans mes cheveux, tentant de reprendre mes esprits. Alors comme ça Misha avait failli mourir et il était greffé ... C'est trop pour moi. Trop d'informations, trop de drame. C'est pas croyable. Moi qui pensais pouvoir contrôler la situation, c'est foutu. « Non, je ne savais pas ... Tu viens de me l'apprendre. » j'arrive enfin à articuler avec avoir expiré deux ou trois fois. Puis je m'excuse auprès de Misha : « Désolée, mais cela fait beaucoup pour moi. Je suis un peu sous le choc, entre le fait de te revoir, puis toutes ces choses que tu m'as dit. » C'est peu dire. Il y a quelques semaines, jamais j'aurais pensé le revoir un jour, et me voilà face à lui en train d'aborder un sujet tout sauf anodin. Je me repasse en boucles ces dernières phrases, son départ, son frère, moi. Nous avons tous deux tellement souffert, c'est injuste. Nous n'avons rien fait à personne et pourtant j'ai l'impression que le sort s'acharne sur nous. Bien évidemment, Misha a eu énormément de chance d'avoir été greffé, mais je ne suis pas sûre qu'il le voie vraiment tel que c'est. Je soupire en pensant à tout cela. Aurons-nous droit au bonheur ? Au vrai bonheur, celui qui ne nécessite pas qu'on échafaude un plan pour l'obtenir. Le simple, le doux. Un bonheur qu'on pourrait partager à deux. Cette perspective me paraît tellement lointaine, cela remonte peut-être à notre enfance, lorsque nous étions amis et que rien ne semblait pourvoir perturber notre amitié.

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